Alessandra fit un pas de côté.
Shelly, elle, ne bougea pas. Elle avait senti un changement chez Alessandra. La jeune Latina s’était transformée en une petite fille timide et troublée. Le commentaire aurait dû ravir Alessandra et la flatter.
« J’espère que je ne t’ai pas contrariée. Je ne veux pas aller trop loin », s’excusa-t-elle.
« Tout va bien. »
La voix d’Alessandra était pourtant teintée d’inquiétude.
« Nous pourrons planifier une séance à l’avenir, si ça te dit ? » », proposa Shelly. « Enfin, sauf si tu es à l’aise pour la faire maintenant ? »
Alessandra se dirigea vers une autre photo accrochée au mur.
« Parle-moi de celle-ci. »
Shelly conserva une légère distance avec Alessandra, s’assurant de ne pas l’effleurer.
« Du ski dans le Colorado. »
« Ce n’est pas Luna. »
« Je n’ai pas revu Luna depuis le jour de la plage. Et ce n’est pas anormal. Le mannequinat est éphémère. Cette mannequin, Elisa… »
Shelly plongea son regard dans la photo surdimensionnée, se remémorant les circonstances. « Elle n’avait pas la même vibe que Luna ou toi. C’était difficile de travailler avec elle. Elle pensait qu’elle me faisait une faveur en étant là. Ça a coupé tout net la connexion. »
Alessandra jetta un coup d’œil à Shelly. « Tu m’imagines plutôt sur la plage ou à la montagne ? »
Shelly sourit. « Tu m’as dit que vous tu te sentais comme une fille de la rue. Peut-être devrions-nous commencer par là. »
« Tu veux que je pose à l’arrêt de bus ou dans une épicerie ? » demanda Alessandra.
« Non, je pensais plutôt me tenir au milieu de la route sur la ligne blanche, ou même – écoute bien – au centre d’un carrefour et arrêter la circulation, mettre toute la vie en suspens avec toi au centre. »
« Il faudrait d’abord appeler les flics pour que personne ne m’écrase », dit Alessandra en riant. « Je veux dire que je ne serai sans doute pas capable de faire stopper tout le monde. »
« Il y a des fous du volant, c’est certain. Mais tu arrêteras tout le monde. »
« Deux femmes ensemble, nous devrions être capables de repousser les hommes, comme Luna et toi l’avez fait à Puerto Vallarta. »
Shelly rit et tapota l’épaule d’Alessandra. « Les hommes sont insatiables, même lorsqu’ils savent que les femmes ne sont pas intéressées. »
« Puisque tu as déjà en tête l’endroit où tu pourrais me faire poser, qu’est-ce que tu me suggères de porter au milieu du carrefour ? »
« Des grosses baskets et une robe. Un conflit de styles. »
Alessandra resta silencieuse, s’imaginant dans la rue, arrêtant la circulation, forçant toute vie à s’arrêter.
« J’ai un autre client qui m’a demandé un modèle que personne n’avait jamais vu auparavant. Tu pourrais être cette fille. » Elle s’arrêta brusquement, comme si elle repensait à ce qu’elle venait de dire. « Mais non. Cela ne marcherait pas. »
« Non ? Tu m’écartes aussi rapidement alors que tu me trouves amusante et que nous avons une connexion ? »
« Une connexion ? » Shelly la regarda avec méfiance, puis son visage se fendit d’un large sourire.
« Oui, je la sens. Je l’ai sentie. »
Shelly secoua la tête et rejeta l’idée de son client. « En fait, je pense juste que le tournage irait trop loin pour toi. »
Alessandra croisa les bras sur sa poitrine.
« Tu es sûre ? Tu ne peux pas savoir ce que je ferais. »
Shelly jouait les sceptiques mais elle était visiblement intriguée par sa nouvelle amie et mannequin potentielle.
« Qu’y a-t-il de si bizarre dans cette séance photo ? » insista Alessandra.
Shelly se dirigea vers le premier pied d’éclairage et éteignit la lumière brûlante. Elle jeta un coup d’œil par-dessus son épaule en éteignant l’autre lampe.
« Alors ? » redemanda Alessandra.
Shelly éteignit les parapluies photo, assombrissant d’un coup le studio. Seule la lumière du soleil couchant traversait les grandes fenêtres.
Shelly finit par répondre à Alessandra. « C’est trop, beaucoup trop. Le client a une imagination débordante. » Elle fit tourner son sur la tempe et roula des yeux, mimant la folie.
« Un truc fou, c’est ça ? »
« Oh, oui, j’ai déjà refusé certaines demandes de photos de clients parce qu’elles allaient trop loin, même pour moi. »
« À ce point-là ? »
Les deux femmes restèrent silencieuses.
« Maintenant que j’y pense. Le client avait une demande raisonnable – enfin presque raisonnable -. Nous pouvons essayer de la mettre à la mode. » Shelly fit les cent pas dans le studio en réfléchissant à la façon de « mettre ça à la mode ».
« Je veux le faire, quoi que ce soit. Tu m’as intriguée. » Alessandra tapotait ses poings l’un contre l’autre comme une petite fille.
« Nous devons profiter des derniers rayons du soleil », dit Shelly.
Shelly ouvrit la porte du placard du studio. Elle y plongea la main, mais ne sortit pas ce qu’elle tenait. « Tu en es bien sûre ? »
« Oui ! » cria Alessandra.
Shelly sortit un manteau de fourrure blanc surdimensionné.
Alessandra s’illumina encore plus à la vue de ce manteau gigantesque. Elle glissa ses bras dans le manteau et fit une pirouette, laissant le manteau se soulever jusqu’à sa taille.
Alessandra serra le manteau contre elle et blottit son visage contre sa douceur.
« Alors sortons. Allons-y. Je vais marcher dans la rue comme un mannequin de mode. »
Shelly fit un signe du doigt. « Encore une chose… », dit-elle prudemment.
« Le client veut toujours que le mannequin soit nu. Donc tu t’exhiberas devant tout le monde dans la rue. C’est ce qui m’empêchait de te proposer ça. »
Alessandra replaça une mèche de cheveux noirs derrière son oreille. Elle plissa les yeux lors de sa pause. « Totalement nue ? »
Shelly acquiesça. « Totalement nue. »
« En effet, c’est peut-être aller un peu loin… » Alessandra avait dégagé un de ses bras du manteau. Mais pas le deuxième. « Attends ! Je peux le faire. Laisse-moi aller derrière ce rideau un instant. »
Shelly écoutait Alessandra qui était à présent hors de vue. Alessandra souffla en enlevant sa chemise. Le claquement de son soutien-gorge. Le bruit de ses chaussures de course sur le sol. Le zip de sa fermeture éclair. Le relâchement de son short lorsqu’il tomba sur le sol. Le claquement de sa culotte contre sa peau.
« Remets tes chaussures, » lui dit Shelly. « J’aime bien ces Puma. De la fourrure blanche et des Puma dorées. J’adore l’idée. »
Enveloppée dans le manteau géant, Alessandra sortit de derrière le rideau et dit : « Ton client aime que ses mannequins portent des chaussures ? Il s’agit d’un fabricant de chaussures ? »
« Je lui fournit plein d’images différentes. Je ne pose pas beaucoup de questions. »
Shelly saisit un autre appareil photo et y accrocha un grand flash. « Allons-y avant que le soleil ne laisse place à l’obscurité. »
Les deux femmes se précipitèrent dans la cage d’escalier et dans la rue animée.
Shelly donna quelques indications à son modèle.
« N’oubliez pas que c’est toi qui contrôles l’intersection. Tu es la pièce maîtresse. La vie tourne autour de toi. Tu es le soleil. » Shelly poussa ensuite la fourrure blanche dans laquelle Alessandra était enveloppée jusqu’aux genoux vers le centre de l’intersection.
Alessandra sautillait alors que tous les lampadaires devinrent brièvement rouges. Comme Shelly l’avait dit, la circulation s’arrêta. Alessandra fit une pause lorsqu’elle atteignit le centre du carrefour, au croisement de toutes les intersections. Elle leva le menton avec assurance et se mordit les lèvres.
Aucune voiture ne bougea lorsque le feu passa au vert. Elle contrôlait le carrefour. Les conducteurs la fixaient comme les hommes ne quittent pas l’effeuilleuse des yeux dans un bar à strip-tease.
Elle se tourna vers chaque embrachement comme une reine remerciant ses serviteurs pour leur servitude et s’assurant qu’ils connaissaient la place importante qu’elle occupait dans leur monde. Alessandra continua.
Les orteils dans une Puma dorée touchèrent élégamment la bouche d’égout en fer au centre de l’intersection. Un genou noueux apparut à travers la fourrure, une cuisse étroite fut mise à nu. Mais la jambe se replia, couverte par le manteau.
Les longs doigts d’Alessandra tirèrent sur le grand col du manteau, l’écartant lentement, intriguant les conducteurs qui attendaient. Elle écarta le manteau et révéla le décolleté de ses seins.
En un rien de temps, les voitures klaxonnèrent à tout va. Même un semi-remorque prit part au concert, faisant retentir son klaxon à un rythme régulier.
Elle écarta ensuite le revers de la veste pour dévoiler un petit téton brun.
Le carrefour se transforma en un maelström de klaxons. Ces klaxons n’étaient pas rageurs mais bien excités, créant un tumulte de sons qui se répercutaient entre les grands immeubles.
Alessandra réussit à tenir tout le monde à distance pendant un certain temps. Elle dévoila ses seins. Lorsque seule sa partie la plus intime restait cachée, les chauffeurs exigèrent qu’elle soit montrée. Elle ouvrit complètement son manteau et tourna sur elle-même afin que tout le monde puisse la voir.
Pendant ce temps, Shelly prenait des photos, rassemblant le plus grand nombre possible de clichés de ce nouveau modèle.
Alors qu’Alessandra se retournait, une Mercedes s’engagea plus en avant du carrefour et se glissa à côté du modèle. La vitre fortement teintée s’abaissa et le conducteur prit une photo sur son smartphone, sans doute destinée aux réseaux sociaux. Shelly saisit des images de l’interaction entre Alessandra et la voiture noire. Après le passage de la Mercedes, d’autres voitures reprirent leur route. Alessandra était toujours au centre, mais la vie reprenait ses droits devant elle.
De retour au studio, Alessandra était en pleine forme. Elle n’arrêtait pas de parler, de sautiller sur la pointe des pieds et de taper des mains. Elle racontait qu’elle était le centre du monde et ce que lui avait dit le chauffeur de la voiture noire.
Shelly se laissai emporter par son excitation. Alessandra était le nouveau modèle que le client aimait déjà.
« Donne-moi votre numéro. Je veux te contacter pour d’autres shootings. Et j’aurai aussi tes sous dès demain. »
Elles échangèrent leurs numéros et leurs adresses électroniques.
Shelly la serra dans ses bras. Elle tenait les mains d’Alessandra dans les siennes. Avant de la lâcher, elle lui dit : « Tu ne sais pas à quel point je suis contente que tu aies été en colère aujourd’hui. »
« On se reparle le plus vite possible. »
« Oui, oui. J’en ai bien l’intention. Un dîner, d’autres séances photos, l’amitié… »
Alessandra embrassa Shelly sur la joue.
Plus tard dans la nuit, Shelly s’assit devant l’écran lumineux de son ordinateur, la lumière faisant disparaître les couleurs de son visage. Elle fixa Alessandra, zoomant sur ses seins et ses mamelons durs.
Shelly écarta les jambes et se frotta la chatte. Elle déplaça l’image pour se concentrer sur le mont de Vénus rasé de la jeune femme, placé entre ses deux longues jambes et cet énorme manteau de fourrure.
En étudiant chaque image, Shelly sentit la chaleur familière bouillonner puis éclater en elle. Ses doigts s’enfoncèrent profondément dans sa chatte. Son autre main massait ses gros seins, écrasait bientôt la chair lourde et tirait sur ses mamelons tandis que son corps s’agitait de soubresauts jusqu’à l’orgasme.
Lorsqu’elle se coucha, fatiguée, Shelly rêva de la prochaine séance photo avec Alessandra. Il y avait tant de choses que Shelly voulait, tant d’endroits et tant de tenues à lui faire porter. Mais aussi pas de tenues du tout.
Alessandra irait-elle aussi loin que Shelly l’imaginait ?
Elle avait bien l’intention de le découvrir.
* Cette fiction érotique a été écrite en anglais pas Claire Woodruff. Pour la lire dans sa version originale, c’est par ici !
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