Une séance de yoga sur le toit – Partie 1 – Fiction érotique

Shelly s’était dit qu’elle devait s’échapper.

Les jours passés dans son petit appartement lui avaient fait perdre la forme et l’esprit.

Elle se débarrassa de son T-shirt Mickey Mouse trop grand, enfourna ses seins lourds dans une brassière de sport et remonta un legging de sport extensible le long de ses cuisses. Attrapant son tapis de yoga roulé, elle se rendit sur le toit de son immeuble.

En comparaison de la lumière artificielle des lampes et l’air du ventilateur du plafond, la lumière chaude et lumineuse du soleil était aussi fraîche qu’un bain dans un jacuzzi bouillonnant. Le soleil sur le toit donnait une belle lumière mais Shelly savait que ce n’était pas Xanadu. Mais elle était quand même plus proche du paradis que de l’enfer qu’était devenu son appartement.

Elle déroula le tapis rose sur le faux gazon du patio et se mit dans la position de l’enfant. Les gros orteils alignés, les genoux écartés, les mains tendues vers le bord du tapis. À la recherche de sa santé mentale.

Elle respirait mieux et son stress était refoulé et se confondait avec la chaleur. Son esprit s’était recentré et la vie lui apparut meilleure – dans une certaine mesure.

Les hanches et le dos détendus, elle se cambra pour prendre la pose du chien tête en bas. La tête pendante, ses jambes se détendaient. Puis elle se mit en position de flexion avant debout, essayant d’atteindre ses chevilles mais n’atteignant que le dessous de ses genoux. Elle ne resta qu’un instant dans cette position, puis relâcha ses muscles à l’étroit. La pression du travail et de la vie glissa le long de ses épaules, s’accumula dans ses mains et coula de ses doigts. Elle sentit même la mauvaise énergie s’exfiltrer de ses talons dans le tapis.

Elle venait de trouver la paix.

Elle sourit – cela ne lui arrivait pas souvent ces derniers temps. Le ciel et le soleil – et même la vie – lui apparaissaient plus lumineux. Les rayons du soleil réchauffaient sa peau – on aurait dit un jour parfait à la plage. Tout ce qui manquait c’était le bruit de flux et de reflux des vagues.

La porte d’accès au toit fut soudain ouverte très violemment et une jeune femme se mit à crier : « Bordel de merde ! Merde ! Merde ! Merde ! »

Ces cris sortirent Shelly de son état de bien-être tout juste atteint, détruisant son « shanti ». Shelly se redressa.

La jeune femme jura en apercevant Shelly et lui dit : « Désolée. Si j’avais su… Je vais y aller. »

« Pas de problème » répondit Shelly. Elle regarda autour d’elle alors que lui revenaient tous les bruits de klaxons, de sirènes de police et celui des palmes d’un hélicoptère à proximité.

Le soleil tapait fort à nouveau. Elle sentait la transpiration se former au-dessus de ses lèvres. La chaleur était comprimée sous ses aisselles.

Elle souleva les cheveux qu’elle avait devant les yeux et s’avança. « La liberté est ce dont nous avons tous besoin. Je sais que je l’ai refoulée. » Puis lui tendant la main : « Je suis Shelly ».

« Bonjour. Je suis Alessandra. » Pas d’excuse pour avoir interrompu Shelly.

Shelly apprécia la poignée de main d’Alessandra. Ferme, en dépit de ses doigts fins.

« Si j’avais su, Shelly, que tu étais en train de faire du yoga ici, je ne serais pas venue. Je t’aurais laissée tranquille. »

« C’est…ok. » la rassura-t-elle, en essayant de paraître crédible.

« C’est juste que – la vie me dépasse un peu en ce moment. Ruptures amoureuses, problèmes d’argent, mensonges, disparitions… » Elle courba le dos en expirant.

Sa frustration ne serait pas uniquement soulagée par le cri qu’elle avait poussé en arrivant.

Shelly dit : « Viens, installe-toi sur mon tapis. Tu as besoin de faire du yoga. Je me sens beaucoup mieux après seulement quelques minutes. Ou disons que ça m’est arrivé. »

« Je suis prête à tout. » Alessandra semblait pleine d’espoir. Elle enleva ses chaussures de course blanches New Balance et ses chaussettes courtes et prit place sur le tapis rose et moelleux.

Son débardeur laissait voir ses épaules noueuses et ses bras grêles. Ses cheveux d’un brun profond tombaient sur ses épaules et sa poitrine. Alessandra se tenait droite et se fit une queue de cheval. Son corps commençait déjà à relâcher un peu de la tension qui avait provoqué son accès de frustration.

Shelly s’approcha d’elle. « Est-ce que tu acceptes que je te touche ? » demanda-t-elle.

Alessandra jeta un coup d’œil confus à la yogi, puis sourit. « Il y a quelques mois, j’aurais trouvé cette question étrange de la part de quelqu’un qui s’apprêtait à me faire prendre une pose de yoga. Aujourd’hui, ça me semble une question habituelle. »

Elle aimait déjà Shelly.

Cette dernière poursuivit la séance de yoga.

« On commence par la pose de la montagne. Nos postures jouent un rôle sur la façon dont nous respirons et sur notre humeur. Trouve ton équilibre. Rapproche tes pieds. Laisse tomber tes bras le long du corps et essaie de toucher le matelas. »

Shelly devait secouer les bras tout raides d’Alessandra pour les détendre. Elle lui toucha les hanches pour la faire se plier au niveau de la taille. Alessandra se tendit à ce contact.

« Je ne suis pas un yogi » admit Alessandra, consciente de sa rigidité. « Je suis plutôt un joggi ».

Les deux femmes sourirent puis éclatèrent de rire. Ce rire acheva de combler la distance entre elles qui venaient de se rencontrer par hasard.

« Je peux dire en revanche que tu cours beaucoup. » Shelly passa sa main sur le triceps d’Alessandra. « Tu as un beau corps, sain. »

Shelly se demandait si elle n’y était pas allée un peu trop fort en touchant ainsi Alessandra. Elle ne voulait pas la brusquer.

Gardant ses mains à distance, elle se remit à lui indiquer la marche à suivre.

« Plus haut. Plus droit. »

Ne recevant aucun signal négatif de la part de la coureuse, Shelly fit glisser ses mains le long de ses bras et posa une paume sur l’estomac tendu d’Alessandra. Le torse de cette dernière se tendit à ce contact avant de se détendre. Les seins voluptueux de Shelly, qui bouillonnaient dans son soutien-gorge de sport, frôlèrent Alessandra. Le corps d’Alessandra se tendit à nouveau. Au même moment, le cœur de Shelly s’accéléra. Elle se calma du mieux qu’elle put.

Shelly guida Alessandra vers la posture du chien tête en bas.

Son short de sport gris laissait entrevoir le renflement de ses jolies fesses bombées. L’idée de frapper une de ses fesses lui permettrait de déterminer à quel point Alessandra était disposée à être touchée. Cependant, Alessandra interrompit les pensées de Shelly.

« Tout mon sang se précipite vers ma tête » dit-elle.

Shelly rit : « Tu m’étonnes. »

Elle regarda Shelly à travers ses bras, incrédule : « Je ne rigole pas. »

« Ta tête est un peu rouge mais tout va bien se passer. »

Alessandra jeta à nouveau un coup d’œil entre ses bras pour regarder Shelly. Les yeux de la yogi étaient toujours fixés sur elle.

« Mets-toi à quatre pattes », dit Shelly.

Alessandra se mit sur le tapis. « Que veux-tu que je fasse ensuite ? »

« La posture de l’enfant. Il s’agit de se détendre, de canaliser quelque chose de paisible. »

« Ce sera difficile à trouver. »

« Ne le rendons pas cet exercice plus allusif qu’il ne l’est avec nos mots et ce que nous disons. »

Alessandra s’installa dans la pose, son dos s’arrondissant élégamment, comme une tortue, bien qu’elle soit plutôt un lièvre, en tant que coureuse. Mais la tortue était un animal que Shelly adorait.

Shelly remarqua les orteils d’Alessandra, tout mignons et serrés les uns contre les autres. Ils n’étaient pas peints. Peut-être qu’en tant que coureuse, elle n’en voyait pas l’intérêt.

Shelly détourna son regard. Elle souhaitait s’installer à côté d’Alessandra sur le tapis pour retrouver un semblant de paix. Mais le tapis était trop étroit pour qu’elles tiennent à deux et les graviers du toit bien trop inconfortables.

Bientôt, Alessandra devint une femme différente. Elle exhala toute trace de frustration persistante et inspira la paix. Le cri qu’elle avait poussé plus tôt appartenait au passé. Elle parlait doucement, les épaules détendues et le visage rayonnant.

« Merci », dit-elle simplement.

« Je vois que tu vas beaucoup mieux que tout à l’heure. »

« C’est comme si on m’avait retiré un poids des épaules. »

« Tu as dû passer une mauvaise journée », dit Shelly.

« Oui, mais tout va bien maintenant. »

« Heureuse de l’entendre. »

« J’ai l’impression d’avoir une dette envers toi. »

« Le simple fait de voir ton sourire et de savoir que tu te sens mieux me suffit. »

Shelly regretta aussi tôt d’avoir dit quelque chose d’aussi stupide ou d’aussi peu spirituel.

« Que fais-tu ce soir ? Il y a un merveilleux restaurant pas très loin d’ici que j’avais envie de tester. Je serais ravie de t’y emmener, à condition que tu n’aies rien d’autre de prévu. » Alessandra regarda Shelly avec des yeux pleins d’espoir et des joues hautes.

Shelly aurait volontiers accepté mais elle avait une deadline urgente à honorer. Elle ne pouvait plus rien remettre au lendemain.

« J’adorerais mais je ne vais pas pouvoir. Je dois rendre une mission demain. » Shelly fronça les sourcils. « J’ai un modèle qui vient demain matin tôt dans mon studio et je dois tout préparer ce soir. »

« Un modèle et un studio ? » demanda Alessandra

« Je suis photographe. Le modèle, c’est pour un shooting pour une montre pour femme. »

Shelly s’illumina avec l’idée qui venait de jaillir dans son esprit. « Que dirais-tu de venir au studio avec moi ? On pourrait peut-être boire un verre une fois que j’aurai fini les préparatifs ? »

« Super ! »

Chacune d’entre elle regagna son appartement pour se sécher et se changer. Shelly fut tout excitée quand elle entendit toquer à sa porte. Elle boutonna sa blouse, laissa quand même apparaître un peu de son décolleté au cas où quelqu’un serait intéressé.

Elle ouvrit la porte. Alessandra était superbe, ses vêtements mettaient en valeur son sourire paisible. Elles sortirent ensemble.

Quelques rues plus loin, Shelly déverrouilla la porte de son studio et conduisit Alessandra à l’intérieur. « C’est ici que la magie opère, que la vie réelle se transforme en fantasmes. »

Alessandra regardait autour d’elle pendant que Shelly se préparait. Elle inséra l’appareil photo sur son trépied et disposa les boîtes à lumière. Elle leva les trépieds et fixa les parapluies translucides. Enfin, elle déroula le drap blanc qui servirait de toile de fond. Pendant ce temps, Alessandra arpentait la pièce en regardant les images affichées sur les murs.

« Tes photos sont impressionnantes. Et ta créativité évidente », dit-elle. « Depuis combien de temps es-tu photographe ? »

« Depuis le lycée. J’ai toujours aimé photographier les gens. » Shelly ajusta la lumière vers le bas, en direction du support sur lequel le mannequin stabiliserait ses bras pour mettre en valeur la montre-bracelet.

« Capturer les gens, hein. C’est une bonne façon de le dire. Tu as certainement « attrapé » pas mal de mannequins ».

« Je capture aussi des gens dans la rue. Capter la vie réelle est très important. Les choses changent si vite. Je n’ai que peu de temps pour photographier ce qui se passe aujourd’hui dans la culture ou dans mon quartier. »

Shelly termina de préparer le décor pour le lendemain.

Alessandra se tourna vers elle.

« Alors, qu’est-ce que je serai : un modèle-mannequin ou modèle de la rue ? dit Alessandra, posant son menton sur ses mains et battant des paupières avec humour.

Shelly rit. « Définitivement un mannequin. »

« Je ne te crois pas. Je suis une femme de la rue. »

« Celle qui hurle bordel de merde ? »

« Et qui est folle. Oui, c’est bien moi. »

Shelly prit les bras d’Alessandra et les déplaça. Alessandra ne bougea pas, comme si elle était un mannequin de couture.

« Être mannequin, c’est une question d’humeur, d’apparence, mais surtout de capacité à poser selon les besoins. C’est ce que l’expérience m’a appris. »

Alessandra sembla surprise. « Pas seulement la beauté ou le fait d’être grande et maigre, mais d’être capable d’avoir de l’audace ? »

« Une actrice qui n’écoute pas le metteur en scène perd rapidement son emploi », dit Shelly. « Tu pourrais être mannequin. Viens ici. »

Shelly attacha une montre en or sertie de diamants au poignet d’Alessandra. Elle plaça ensuite les mains d’Alessandra devant la caméra et sous les lumières. Elle ajusta les doigts d’Alessandra.

« Maintenant, fais glisser ton doigt le long de ton avant-bras. Lentement, élégamment, comme si la montre en diamant était la tienne et que tu voulais rendre jaloux tous ceux qui la verrait. »

Alessandra s’exécuta.

Shelly prit quelques photos. Et le tour était joué. « Et voilà. Un modèle-mains en devenir. »

Elles vérifièrent les photos sur l’écran de l’ordinateur situé à l’autre bout du studio. « Elles ne sont pas mal du tout. Des doigts longs et fins, des ongles de couleur simple, un joli teint de Latina. Ni trop clair, ni trop foncé. Tes mains sont exquises. Ça te dérange si je garde ces photos pour les montrer à mon client ? »

Alessandra acquiesça. « Je ne me suis jamais imaginée mannequin. »

« Attends-toi à tout. »

Alessandra regarda Shelly, incrédule et troublée par ces mots. Préparée à tout ? Une percée soudaine vers les sommets du monde du mannequinat, avec couvertures de magazines, vêtements glamour et style de vie extravagant.

« Il est encore tôt, mais ça te dit d’aller dîner ? » demanda Shelly.

Alessandra sortit de sa torpeur. « Oui, oui. Dîner serait parfait. »

« Il y a ce restaurant à quelques rues d’ici que tu voulais essayer. »

« Je suis toujours partante pour essayer des nouveautés. »

Les deux femmes mangèrent légèrement, discutèrent et burent quelques verres de vin. Après avoir signé l’addition et laissé un pourboire, Shelly déclara qu’elle avait apprécié de rencontrer Alessandra.

« Lorsque tu as ouvert la porte du toit, je ne m’attendais pas à une soirée comme celle-ci. » Shelly tapota la main d’Alessandra.

« Je ne m’attendais pas non plus à devenir mannequin. »

Shelly fit une pause et demanda lentement : « Pourrais-je arriver à te convaincre d’être mannequin une fois de plus ce soir ? Je suis toujours à la recherche de nouveaux visages à offrir à mes clients. Tu es vraiment tout ce que les clients veulent. »

« Mon visage ? » Elle toucha ses joues, qui se réchauffèrent et prirent une teinte rosée. « Ce visage ? »

« Oui, ce visage. Et le reste de ton corps. »

« J’aimerais beaucoup. » Elle gloussa : « Je suppose que je peux faire semblant d’être un mannequin de mode parisien. »

« Je n’ai pas de podium dans mon studio. Tu as vu comme il est petit. »

« Je peux trouver différentes façons de jouer au mannequin, » dit Alessandra.

Cette déclaration troubla Shelly. Plus encore, elle l’intriguait. Elle ne savait pas exactement ce qu’Alessandra avait en tête ni comment elle pourrait jouer avec. Néanmoins, Shelly devait d’abord éviter d’y voir trop clair.

Dans l’atelier, Alessandra examinait les œuvres d’art et les photos, dont certaines mesuraient plusieurs mètres de large. Une image la frappa. Une femme sur la plage

« Shelly, qui est-ce ? »

« J’étais à Puerto Vallarta, au Mexique, sur la côte Pacifique. J’ai rencontré Luna dans un bar de la ville. Nous avons bu quelques margaritas et nous avons fait connaissance. Au début, nous nous sommes servies l’une de l’autre pour repousser les hommes. Ce sont des requins affamés. Puis il y a eu une étincelle. La séance photo et celle-ci qui a gagné un prix sont arrivées de manière inattendue, sans crier gare. »

Alessandra se pencha pour étudier les détails de la photo. « Est-ce le lien entre vous et sa présence dans ce décor qui est à l’origine de ces photos ? »

« Je vais te faire une non-réponse. C’était un peu les deux. Si nous n’avions pas été à la plage, les photos n’auraient pas eu ce paysage incroyable. Mais sans un modèle avec ses formes – et le plaisir qu’elle transmettait – l’océan n’aurait été une baignoire bleue. »

Shelly s’approcha d’Alessandra, son épaule frôlant celle de cette dernière, plus petite.

« Il y a un lien subtil entre l’arrière-plan, le modèle et moi, la photographe » dit Shelly.

Shelly pointa du doigt les lignes dans le sable et les vagues de l’océan.

« Vous dégagez le même genre de sentiment de plaisir et d’amusement Luna et toi. »

« Non, je ne suis pas amusante. J’ai crié tout à l’heure, j’ai gâché ton yoga. Tu t’en souviens ? »

« Toutes les photos ne sont pas faites pour s’amuser et pour la plage. Vraiment, un modèle a besoin d’une connexion avec le photographe. Ils travaillent en tandem. »

« Je peux essayer de m’amuser, mais qu’en est-il de la plage ? Je ne veux pas être dans une baignoire. »

« Une baignoire avec toi dedans, voilà qui ne serait pas si mal. »

 

* Cette fiction érotique a été écrite en anglais pas Claire Woodruff. Pour la lire dans sa version originale, c’est par ici !

La suite est ici :

* Partie 2

* Partie 3

* Partie 4

* Partie 5

* Partie 6

* Partie 7

* Partie 8