Elle avait emménagé dans la petite chambre de bonne juste au-dessus de chez moi quelques temps auparavant, mais je ne l’avais encore jamais croisée. Une étudiante en art, d’après la gardienne qui mettait un point d’honneur à tout savoir des habitants de l’immeuble. Ce soir-là, comme chaque fois que je rentrais du travail, je m’arrêtai au pied des escaliers pour enlever mes chaussures à talon et retrousser un peu mon tailleur avant de grimper les cinq étages qui menaient à mon appartement.
Elle avait dû entrer juste derrière moi car je ne l’avais pas entendue. Aussi je sursautai quand elle me lança par dessus mon épaule :
« Ma tante s’est cassée une cheville à cause de ses talons aiguilles… Je suis désolée, je ne voulais pas vous faire peur, je pensais que vous m’aviez entendue. »
Elle avait un petit sourire en coin ravageur et des yeux d’un marron presque rouge qui finissaient de lui donner un charme indéfinissable. Dans sa robe à fleur légère qui tombait juste au-dessus des genoux, elle paraissait encore plus jeune qu’elle ne l’était et même si son décolleté échancré laissait deviner qu’elle ne portait pas de soutien-gorge, elle dégageait une forme d’innocence touchante.
« Je m’appelle Chloé » poursuivit-elle en me tendant une main que je serrai un peu trop précipitamment. « Et moi Sandrine » balbutiais-je en tentant vainement de cacher mon trouble.
Par la suite, nous nous rencontrâmes souvent dans les escaliers, parlant de tout et de rien, de choses futiles et générales. Elle avait 20 ans et étudiait effectivement l’art, j’en avais 27 et travaillais pour une grande marque de vêtement : nous n’avions pas grand chose en commun. Mais j’attendais toujours avec impatience de la croiser dans le hall, et je me surprenais quelques fois à guetter son passage devant ma porte pour sortir et la rencontrer « par hasard ».
Elle devint bientôt une obsession. J’aurais tout donné pour l’embrasser, la serrer dans mes bras, découvrir son corps, prendre dans ma bouche ses tout petits seins dont les tétons venaient régulièrement pointer sous ses vêtements… J’aurais voulu remonter doucement le long de ses jambes blanches, fines et douces pour aller goûter à la fraicheur de son sexe. Je ne pouvais m’empêcher d’essayer d’imaginer à quoi il pouvait ressembler, au dessin de ses poils pubiens si elle en avait, aux teintes de ses lèvres, au goût de son clitoris… J’aurais tout donné pour m’allonger nue sur elle, pour saisir son visage innocent et le poser contre mes seins, pour sentir nos deux corps s’enlacer chair contre chair, nos deux sexes se frotter l’un à l’autre, nos langues se mêler avant de s’aventurer chacune dans le sexe de l’autre…
Elle hantait mes pensées jour et nuit et parfois, à mon bureau, quand j’étais certaine d’être seule, je rehaussais mon tailleur jusqu’à la ceinture, j’enlevais ma culotte, et mes fesses ainsi nue sur mon siège, j’écartais les cuisses au maximum avant d’enfoncer deux doigts dans mon sexe pour calmer ce désir insatiable. Je les faisais virevolter sur mon clitoris, appuyais avec force sur mon point G, comme pour éteindre une fois pour toute ce feu qui m’habitait. Je jouissais en l’imaginant dans mes bras, atteignant parfois des orgasmes d’une intensité que je n’aurais pas cru possible en solitaire. Mais ces escapades certes agréables ne parvenaient pas à épancher ma soif d’elle. Le problème étant que les femmes ne l’intéressaient pas, je l’avais compris rapidement.
Le destin joua finalement en ma faveur un soir d’hiver. L’étudiante était là depuis six mois et mon désir commençait à me faire dépérir, monopolisant ma pensée et m’empêchant d’avancer. Mais ce soir-là, alors que je m’apprêtais à franchir la porte de chez moi, elle passa en courant derrière moi en me saluant et en m’expliquant qu’elle courait acheter son diner avant la fermeture de l’épicerie. Comme je la regardais descendre les marches par dessus la rampe d’escalier, je remarquai en levant la tête qu’elle n’avait pas pris la peine de fermer la porte de son petit studio.
Sans réfléchir, je grimpai les quelques marches et entrai dans cette petite chambre. Elle était assez ordonnée malgré quelques crayons et dessins sur le sol, probablement en cours, mais pas d’habit trainant au sol ou de vaisselle dans l’évier. Je m’approchai de son lit et plongeai ma tête dans son oreiller, humant de toutes mes forces comme pour me remplir de son odeur. En me redressant, consciente de l’absurdité de mon comportement, je constatais que sa table de chevet était entrouverte. Dans le tiroir, il y avait un superbe vibreur « rabbit » noir. Je l’observais, comme hypnotisée, jusqu’à ce que je sois sortie de ma torpeur par le son de la voix de l’étudiante et de celle de la gardienne en bas des escaliers. J’attrapai le sex-toy, sortis à toute vitesse de sa chambre et me précipitai dans mon appartement. Quelques secondes plus tard, je l’entendais passer devant ma porte.
Je contemplais le vibreur dans ma main sans réaliser ce que j’avais fait. J’allai dans ma chambre et le posai au milieu du lit. Je me déshabillai intégralement puis sortis vers la salle de bain où je pris une douche chaude. Je me séchai consciencieusement avant de retourner en peignoir dans ma chambre. J’enchainais toutes ces actions dans une forme de somnolence, comme si je m’étais trouvée dans une autre réalité. J’enlevai mon peignoir et m’allongeai sur le lit, le « rabbit » dans les mains.
Combien de fois cet objet avait caressé son intimité ? Combien de fois était-il entré au plus profond de son sexe ? Combien de fois l’avait-il fait jouir ? Mon corps tremblait, ma respiration s’accélérait, je sentais monter le désir dans mon sexe alors que je ne faisais rien d’autre que contempler ce sex-toy. Je l’approchai de ma bouche et l’engloutis le plus profondément possible, presque à m’en faire vomir. Je le suçais abondamment, mordillant la tige externe destinée au clitoris, léchant chaque recoin de cet objet qui avait été là où je rêvais de m’abandonner, dans ce sexe qui me rendait folle. Je léchais même le manche, ne délaissant aucun recoin de l’objet, dans une rage de désir inconsidérée, imaginant le liquide acide et doux qui s’était plusieurs fois déposé là.
Après avoir encore longuement senti la douceur du silicone sur ma langue et au fond de ma gorge, j’allumai finalement le vibreur. Même si son ronronnement était discret, la puissance de ses vibrations était impressionnante. Allongée sur le dos, parfaitement détendue pour la première fois depuis des mois, je fis descendre lentement le masseur le long de mon corps. D’abord dans ma nuque, sur mes épaules, puis sur mes seins, le faisant rouler doucement sur mes aréoles et mes tétons durcis par le désir, puis je me dirigeais lentement vers le nombril, les cuisses, les fesses… Et puis enfin, sur mon sexe.
J’écartais à peine les jambes, jouant avec le bout du vibreur sur mon clitoris et je sentais déjà l’orgasme s’approcher. Mais je le retenais, je voulais prendre mon temps. Je retirai quelques secondes le sex-toy puis l’enfonçait doucement dans mon sexe, juste quelques centimètres, réglant l’intensité sur la puissance minimale, et l’enfonçant toujours un peu plus en augmentant petit à petit l’intensité. De ma main gauche libre, je me caressais les seins, le ventre, je faisais courir mes doigts sur les poils de mon sexe, cherchant à retenir encore l’explosion de plaisir par des jeux de sensualité. J’enfonçais finalement tout entier le masseur au sommet de sa puissance, sa tige faisant trembler dans le même temps mon clitoris. Je me cambrais d’extase, j’hurlais mon plaisir sans retenu, les yeux fermés, et je pouvais voir mon étudiante dévorer mon sexe avidement, se caresser devant moi, criant son désir pour moi, s’envolant avec moi dans des cieux rouges et marron, comme la couleur de ses yeux…
Mon corps n’était plus qu’un brasier, j’avais lâché le manche du sex-toy prisonnier dans mon sexe et vibrant de toutes se forces, et je serrais les cuisses au maximum pour l’empêcher de glisser. Je me retournai sur le ventre, mes mains saisissant mes fesses alors griffées par mes ongles, puis je m’emparai à nouveau du manche pour créer un mouvement de va-et-vient dans mon sexe à un rythme de plus en plus effréné.
Dans tout mon corps je le sentais monter, mes jambes étaient légères, ma peau brulait, mon bassin irradiait, des flots de cyprine coulaient de mon sexe, des soubresauts me saisissaient déjà et soudain… Je fus littéralement, complètement, dans les moindres recoins de mon corps, submergée par un orgasme spectaculaire comme je n’en avais jamais connu. Je ne pouvais même plus crier, l’espace et le temps se figeaient autour de moi, j’étais comme en apesanteur, soulevée par la jouissance de tout mon être. Pour la première fois le septième ciel prenait un sens réel.
J’étais toujours sur le ventre, mes fesses pointant vers le plafond, ma tête enfouie dans mon oreiller, la bouche ouverte, et mon corps tout entier comme saisi par la puissance extatique de l’instant. J’ignore combien de temps dura cet orgasme, plusieurs secondes, plusieurs minutes, mais il me fallut un certain moment avant de redescendre et comprendre où j’étais, ce qui m’était arrivé.
J’arrêtais le vibreur et m’allongeais sur le dos, contemplant le plafond, l’objet magique entre mes deux mains posées sur mon ventre, mes fesses reposant sur la couverture trempée par mon plaisir. Jamais je n’aurais cru mon corps capable d’une telle jouissance. Je sentais mon cœur battre dans tous mes membres. Je n’avais évidemment jamais imaginé faire l’amour à ma voisine de cette façon, mais je savais que je n’aurais pu atteindre un tel niveau de plaisir avec elle. Le fantasme est plus fort que le réel et ce sex-toy m’avait donné l’opportunité de relier le rêve à la réalité dans un cocktail érotique unique.
Je remis l’objet discrètement en place dès le lendemain, excitée à l’idée qu’elle allait l’utiliser à son tour sans doute bientôt. Mais à partir de ce jour, je fus libérée définitivement de ce désir qui m’avait rongée et je croisais ma voisine avec encore plus de plaisir. Elle déménagea finalement pendant l’été pour aller poursuivre ses études ailleurs, emportant avec elle ce cher vibreur, sans jamais qu’elle sache que pour un soir, il nous avait réunies.