Quand je suis entrée dans la chambre, il avait la tête entre les jambes de sa secrétaire. Il lui dévorait le sexe avec une fougue remarquable. Je suis restée un instant interdite, incapable d’accepter ce qui se déroulait devant moi. La secrétaire gémissait bruyamment et quand finalement elle m’a aperçue dans l’embrasure de la porte, plutôt que de crier, de s’excuser, de se cacher sous la couverture, elle a appuyé la main sur la tête de mon mari, comme pour l’encourager à y aller encore plus fort et elle m’a souri. Je crois même qu’elle m’a fait un clin d’œil. Mais c’était peut-être un tic nerveux de plaisir. La dernière fois que mon mari avait avalé mon sexe avec cette énergie, c’était il y a au moins… Je ne sais même plus.
Je ne m’étais jamais posé la question de la douleur éprouvée face à un tel spectacle. J’étais persuadée que cela ne nous arriverait jamais. L’image de sa tête remuant dans tous les sens entre les cuisses de cette femme… J’avance dans la rue, titubante, et au fur et à mesure que je prends conscience de la situation, la rage monte. Contre lui, évidemment, mais pas seulement. Contre moi aussi. Je suis en colère de n’avoir rien vu venir, je suis en colère d’être une énième femme de quarante ans trompée par son mari après dix ans de mariage, je suis en colère d’être comme tout le monde.
Je me suis laissée happer par la vie, je me suis habituée à mon quotidien de femme mariée avec deux enfants sans jamais me plaindre, en me contentant de plaisirs simples et je croyais que ça suffisait, que le bonheur c’était ça. Mais je n’avais jamais réalisé à quel point cet équilibre était fragile. On peut tout gâcher en une fraction de seconde. Pourquoi a-t-il eu besoin d’aller se taper sa secrétaire ? On formait une famille unie, réjouissante, que tout le monde enviait… Et il a tout ruiné. On va divorcer, les gamins vont nous en vouloir, on va vendre la maison pour en acheter deux plus petites, on va…
Non, je refuse de tout perdre parce qu’il n’a pas su résister à l’appel de la chair fraîche. Il n’y a aucune raison que je paye pour son dérapage. Moi aussi, j’aime ce foyer durement construit. Je ne peux pas renoncer à ce bonheur pour un coup qu’il n’a pas pu s’empêcher de tirer. Ou plusieurs peut-être… Ça va être difficile de lui pardonner.
Il ne me quittera pas pour cette jeunette, c’est certain. Lui aussi il fera tout pour conserver son foyer parfait et sa famille idéale.
Dans l’immédiat, l’idée de lui pardonner est impensable. Le seul élément qui joue en faveur de sa rédemption, c’est d’imaginer le cœur de sa secrétaire en charpie en l’échange de mon pardon…
Je réalise soudain que je ne les ai même pas arrêtés dans leur galipette. J’ai du mal à comprendre ce qui a bien pu me retenir. Pendant que j’évoque la possibilité de pardon, il est en train de lui faire l’amour tranquillement.
Je fais demi tour et fonce vers la maison. J’entends les hurlements de la secrétaire depuis le rez-de-chaussée. Je remonte dans la chambre et quand je retrouve ma place dans l’embrasure, mon mari est à genoux sur le lit, sa secrétaire est allongée sur le dos, les jambes écartées, il en tient une dans chaque main et la pilonne de toutes ses forces. Au moment où j’ouvre ma bouche pour signaler ma présence, je me ravise.
Quelque chose se passe en moi. Peut-être que c’est l’absence d’effet de surprise, peut-être que c’est parce que je suis revenue décidée, mais ce tableau de mon mari qui en baise une autre prend soudain une autre tournure. D’une façon à la fois douloureuse et jouissive, à la façon d’un plat trop épicé qu’on ne peut s’empêcher d’engloutir, je crois que de le voir comme ça me fait de l’effet.
Une douce excitation monte en moi et j’ai la gorge sèche. Je recule un peu pour ne pas être vue et je pose la main droite sur mon ventre. Une chaleur envahit mon bassin. Ma respiration s’accélère, un sentiment de fureur et d’excitation mélangées me prend au ventre et se transforme bientôt en un désir foudroyant. Je glisse ma main dans mon jean et j’agite le doigt vigoureusement sur mon clitoris électrisé. Je ne comprends pas ce qui se joue en moi, ma culotte est bientôt trempée d’excitation et une poignée de secondes plus tard à peine je dois mordre ma main gauche pour ne pas hurler de plaisir.
Un orgasme vertigineux vient de me traverser tous le corps.
Je baisse mon pantalon jusqu’aux genoux et m’accroupis pour avoir les jambes plus écartées. Mon mari a maintenant retourné sa secrétaire et la pénètre en levrette. Elle pousse un cri aigu à chaque coup de bassin bref et vigoureux. Je m’allonge finalement sur le dos pour les observer par en-dessous. Je peux voir le sexe de mon mari entrer et sortir entre les lèvres inondées de la secrétaire. J’enfonce deux doigts dans mon vagin que je fais aller et venir au même rythme que lui. Quand il accélère, je l’imite, quand il s’enfonce au plus profond, je suis le mouvement et je participe de cette façon à leur union charnelle à distance. Il me baise à travers elle, la sensation est unique. Je me sens à la fois salie et comblée. Je n’ai jamais joui à ce niveau d’intensité entre ses bras. Peut-être qu’il n’a jamais mis autant de puissance dans nos ébats. Ou alors seulement au début. Un râle profond indique qu’il est en train d’exploser dans le corps de sa secrétaire. Je me relève en silence, me rhabille à la hâte et tâche de retrouver une respiration normale. Ma figure doit encore être rouge de plaisir, mais ça passera pour de la colère.
Je prends mon élan, entre dans la chambre et fait un scandale.
Les choses se sont déroulées comme j’avais prévu. Il a licencié sa secrétaire, a coupé tout lien avec elle et a promis de se tenir à carreau. Il est au petit soin avec moi et nos rapports sexuels ont pris un nouvel entrain. Je ne lui ai évidemment jamais parlé de mes orgasmes de voyeuriste, mais j’ai trouvé un moyen de renouer avec ce plaisir si particulier. En passant de l’autre côté de la barrière… Nous faisons l’amour parfois dans des lieux publics, une ruelle, un parc… et je m’assure toujours qu’on peut nous voir. Et si quelqu’un passe par là au moment où il a sa tête entre mes jambes, j’appuie sur le crâne de mon mari pour qu’il me dévore encore plus fort et je souris au spectateur de passage.