Mani s’était réveillé avec l’envie féroce de sodomiser quelque chose. Son chibre pointait durement vers le nord, comme un signe que c’était par là qu’il fallait chercher. Il réfléchit un moment à ce qu’il trouverait en avançant dans cette direction. Dans un premier temps, après avoir descendu les escaliers en faisant bien attention de ne pas cogner son pénis contre la rambarde parce que ce serait douloureux, il tomberait sur la gardienne de l’immeuble.
C’était une grande femme d’une cinquantaine d’années, munie d’un fessier prometteur et que Mani avait plusieurs fois lorgné avec concupiscence. Ce n’était pourtant pas ce qu’il avait en tête. Il n’avait pas une idée précise de ce qu’il désirait, mais son corps avait été limpide sur un point précis : il voulait sodomiser quelque chose et non quelqu’un.
Certes, il aurait pu oublier la présence de la gardienne derrière ses fesses énormes qui la dissimulaient, mais Mani était un romantique. Il ne pouvait faire abstraction de la personne quand il s’occupait de ses fesses. Non, son envie était claire, il devait trouver une chose.
Le soleil brillait haut en cette matinée d’été et il n’avait emporté son imperméable que pour dissimuler la protubérance sous son pantalon. Il le portait en boule devant lui, comme un promeneur prudent soucieux d’éviter de se faire surprendre par une averse pourtant improbable. Le choix de l’imperméable avait répondu à une logique semi inconsciente qui se dévoilait maintenant à Mani. C’était l’accessoire par excellence du pervers.
Il fut troublé par cette révélation sur lui-même. Il n’assumait pas son désir matinal, il le considérait comme déviant. Il avait pourtant le goût du stupre et n’avait jamais éprouvé de honte à courir après le plaisir. Encore une fois, c’était bien la réification de son désir qui le perturbait. Son envie de choses plutôt que de gens.
Il avait goûté à des corps en tout genre, des femmes jeunes, vieilles, estropiées, des hommes aussi, sculptés, bedonnants… Il n’avait jamais rechigné à donner de la joie charnelle ou à en recevoir. Mais chaque fois avec des êtres vivants. Il aurait même pu comprendre une attirance soudaine pour un animal. Il avait un penchant pour les bergers allemands et les lièvres de Patagonie, même s’il n’avait jamais rien tenté ni avec l’un ni avec l’autre. C’était l’absence de certitude d’un désir réciproque qui l’avait freiné. Ainsi que les difficultés pratiques et une envie somme toute assez relative. Une idée qui l’avait effleuré plus que vraiment tenté.
Il chercha parmi les événements récents de sa vie pour tenter de comprendre ce qui pouvait le pousser ainsi à vouloir sodomiser quelque chose, mais rien de probant n’en sortait. Il ne s’était rien passé de particulier. C’était une envie aussi puissante que mystérieuse.
Les rues de Paris ne sont pas bien pourvues pour combler ce type de besoins. Mani avait entendu parler de ces gars, des américains certainement, amoureux de leur voiture au point de leur faire l’amour. Il imaginait que c’était par le pot d’échappement parce qu’on a tendance à visualiser les rapports sexuels en termes de positionnements et d’orifices. Il pensait par ailleurs que c’était de cette façon qu’il aurait procédé. Les jolies cylindrées ne manquaient pas sur les places de parking du bourgeois cinquième arrondissement. Mani n’éprouvait pourtant aucune envie de batifoler avec l’une d’elles. Il en était soulagé. Il se serait certainement attiré des problèmes s’il avait cédé à une pulsion automobile. Beaucoup de ces jolies voitures dans le quartier appartenaient à des députés ou à d’autres mafieux du même acabit.
Il poursuivit son exploration, son braquemart visant toujours le nord sous la gabardine. Il trouverait bien quelque part l’objet de ses rêves, celui qui lui permettrait d’assouvir cette pulsion impromptue. Il s’arrêta dans une librairie. Il aimait bien les livres. Peut-être son futur amant se trouvait là, parmi les rangées de littératures en tout genre.
Il éprouvait des difficultés à se mouvoir parmi les rayons, son chibre encombrant butant dans les piles des bestsellers exposés. En ramassant l’un d’entre eux qui avait atterri par terre, le titre lui sauta au visage : « Mon cul sur la commode ». Cet énorme succès de la rentrée littéraire était un signe que lui envoyait le destin. Il transpira beaucoup en payant l’ouvrage à la caisse. Son argent était enfoui au milieu d’une poche de son imperméable et il fallait dégainer sans se livrer.
Satisfait de son achat compulsif, un goût de trop peu le saisit pourtant dès qu’il retrouva le trottoir. Il avait toujours autant envie de sodomiser et ce n’était pas ce livre qui lui faisait envie. Il continua vers le nord que son pénis intraitable continuait d’indiquer.
En traversant la Seine par le Pont St-Michel, il fut saisi par la beauté de Paris et s’arrêta un moment pour regarder les péniches. Et écouter ses désirs. Comme ces enfants qui jouent à « tu chauffes, tu brûles… » pour faire trouver leurs trésors, Mani sentait que l’objet de sa convoitise lubrique se rapprochait. Quelque part au-delà de la Seine, il allait sodomiser.
Il avait l’impression qu’on l’observait, que les passants le dévisageaient. Comme s’ils avaient pu lire sur son visage ce qu’il cherchait, où il allait et ce que son imperméable dissimulait. Il avait l’air coupable parce qu’il ressentait cette culpabilité.
Au niveau de la rue Montorgueil, il s’arrêta dans un bar au hasard, commanda un café au comptoir et s’excusa auprès du tenancier : une envie pressante le tiraillait. Mani fonça aux toilettes, s’enferma à double tour et sortit son chibre à l’air libre. Il ne désenflait pas et l’organe au garde-à-vous commençait à le faire souffrir.
Mani était fier de son pénis. Il était plutôt gros, joliment veiné, le gland était bien proportionné par rapport à l’ensemble… Il n’était pas rare qu’une maitresse de passage lui adressa quelques félicitations. Mani saisit son joli pénis et entama des va-et-vient sans conviction au-dessus des toilettes usés de ce petit bar de la rue Montorgueil. Il n’aimait pas se masturber n’importe où, il avait besoin de confort, de contexte. Et même si le désir sexuel le brûlait en cet instant, il était toujours orienté vers la sodomie d’une chose. L’onanisme spontané ne menait à rien. Pire, elle attisait la sensation de fatigue qu’il ressentait maintenant dans toute la hampe. Quand il vit la peau rougie de son sexe à force de secousses inutiles, Mani abandonna. Et la colère commença à monter.
Il y avait bien quelque part autour de lui un objet suffisamment sexy pour satisfaire son envie absurde ! Il donna un coup de pied rageur dans la cuvette des toilettes et son sexe gifla sa cuisse dans le mouvement. Au lieu de l’énerver encore davantage, la douleur au contraire l’apaisa d’un coup. Il venait d’avoir une idée… Mieux qu’une idée, une solution !
Lire la suite :
[related_article id= »25173″ size= »full » readmore= »Découvrir la suite… » target= »_blank »]