Quand la porte de la salle de bain s’ouvrit, Déborah ferma les yeux pour ne pas voir son visage. Elle désigna la cagoule noire posée sur le bord de la baignoire.
– Enfile-la.
Sans discuter, l’homme s’avança dans la direction indiquée.
– Quand ce sera fait, enlève tous tes habits et jette-les dans la baignoire. Quand tu seras nu avec rien d’autre que la cagoule, mets ta main sur mon épaule. Je ne veux pas entendre le son de ta voix. À aucun moment. Ni maintenant, ni plus tard.
Déborah entendit un bruit de tissus qu’on manipule, il s’écoula une poignée de secondes, puis la main se posa sur son épaule. Elle frissonna. La pression des doigts était à la fois douce et virile. Elle aurait pu ouvrir les yeux maintenant que son visage était dissimulé, mais elle voulait savourer encore l’instant. Les deux mains posées sur la machine à laver, elle lui tournait le dos, il ne pouvait pas voir qu’elle souriait, qu’elle se mordait la lèvre pour dissimuler sa satisfaction. Elle respira lentement, profita de l’attente pour confirmer son pouvoir. Il ne tenterait rien tant qu’elle ne lui en aurait pas intimé l’ordre.
Le désir la rongeait depuis déjà plusieurs heures. Et même plusieurs jours. Certes, les caresses avaient commencé vers vingt-et-une heure, lorsque la fête commençait à prendre, mais le désir avait entamé l’invasion de son corps dès qu’elle avait eu l’idée de cette mise en scène.
Très lentement, à la fois pour savourer ce moment préparé avec minutie et aussi pour exciter le mâle qui attendait dans son dos, elle souleva sa jupe et dévoila ses fesses dissimulées derrière une culotte en coton rose.
– Reste où tu es. Tu ne me toucheras que lorsque je te donnerai le signal.
Elle entendait sa respiration, elle sentait son excitation, et son désir n’en était que plus grand. Dans des gestes toujours maitrisés, elle descendit sa culotte jusqu’aux chevilles, dévoilant ainsi ses fesses rondes et fermes. Elle savait que ses fesses faisaient l’admiration de la gente masculine dans son lycée. Et bon nombre de filles les jalousaient. A commencer par sa meilleure amie, Séverine, qui ne tarissait pas déloge sur ces deux rotondités. Elle riait chaque fois en répétant :
– Le premier gars qui va avoir la chance d’aller les tâter, ces deux-là, il va avoir du mal à s’en remettre !
Et justement, le premier homme qui allait la toucher se tenait à quelques centimètres d’elle. Elle n’était pas certaine de son identité, il y avait une chance sur deux.
Elle resta ainsi un long moment, son postérieur blanc à l’arrondi parfait pointant vers le quasi inconnu cagoulé. Sans le voir, elle savait qu’il contemplait l’offrande, qu’il mourrait d’envie de pouvoir s’en approcher. Elle était si excitée par cette situation qu’elle avait savamment orchestrée. Tout se déroulait parfaitement. Elle imaginait le sexe dressé dans le pantalon, pointant dans sa direction tel un bateau indiquant le cap. Son sexe à elle était trempé, elle le sentait dégoulinant. Peut-être même que l’homme voyait la fine ligne transparente couler le long de sa cuisse.
Elle émit un soupir de plaisir bruyant, et sentit aussitôt la silhouette derrière elle remuer. Il s’impatientait. Elle sourit. Elle aurait voulu que cette parenthèse dure toujours et en même temps, son corps réclamait l’étreinte. Cette union des corps qu’elle n’avait encore jamais connu. Dans quelques instants, elle ne serait plus vierge.
Quand elle avait émis l’idée à Séverine, son amie avait cru qu’elle plaisantait.
– Ce ne serait pas plus simple de choisir ?
– Pourquoi choisir ? Les deux me plaisent autant…
François et Damien étaient sans conteste les deux garçons les plus beaux du lycée et sur le podium d’en face, Déborah n’avait guère de concurrente. Elle était de loin la plus belle fille du lycée et tous les jeunes hommes qui la croisaient ne pouvaient s’empêcher de voir leurs jambes flageoler. Elle était grande, blonde, élancée et son rire arrêtait le temps… Une fraicheur absolue dans un corps sublime. Outre ses fesses admirées de tous, ses seins qu’elle tentait de cacher maladroitement attisaient également les convoitises. Sous ses tee-shirts amples, on devinait qu’ils étaient grands, fermes, lourds. Son corps tout entier était une promesse sensuelle que la jeunesse et l’innocence rendaient d’autant plus exceptionnelle.
Au début de l’année, à son entrée en terminale littéraire, elle s’était sentie très vite attirée par François. Un magnifique ténébreux avec des airs de poète maudit, qui cachait sous sa tignasse faussement désordonnée un visage d’une pureté infaillible. Son arrogance, son insolence, avaient fait craqué aussi le cœur et le corps de Déborah. Il était si sûr de lui, tellement en avance sur eux tous qui n’étaient que des gamins. Un jour, il lui avait dit :
– Déborah, je ne sais pas quand ni comment ni dans quelles circonstances, mais un jour, toi et moi, nous ferons l’amour et ce sera beau.
Elle était restée sans voix, muette de colère. Elle l’avait trouvé incroyablement prétentieux, sans gêne, d’autant que le sexe était un sujet qu’elle détestait aborder. Elle se masturbait souvent depuis quelques mois, découvrant les possibilités superbes de son corps, mais elle en avait honte. Et elle avait été incapable de ne pas rougir après cette déclaration de François. Il l’avait vu et il avait souri.
Puis tout au long de la journée, sa phrase qui lui avait paru grossière apparaissait douce, amusante, tentante… Surtout, ce qu’elle retenait et qui parvenait à modifier son humeur, c’est qu’il avait dit que ce serait beau. Cela la touchait. Elle rêva bientôt qu’il lui faisait l’amour tendrement, sur le pont d’un bateau sous un tapis d’étoile, alors que la mer était d’huile et qu’une brise tiède caressait leurs corps nus.
Chaque fois qu’elle le retrouvait en classe, ce doux fantasme lui revenait et des frissons de désir lui parcouraient l’échine. Elle tachait de ne rien lui montrer. Enfin presque. Parfois une œillade trahissait son intérêt, mais elle l’évitait soigneusement. Le rêve de plaisir est souvent meilleur que le plaisir lui-même songeait-elle. Ils avaient abordé ce thème en cours de philo, il lui avait semblé illustrer parfaitement sa situation.
Et puis Damien était arrivé. Un nouveau qui débarqua en cours d’année à cause du travail de son père qui avait été muté dans les environs. Il était en filière scientifique, mais la rumeur de son arrivée se répandit à toute allure dans le lycée. Il se murmurait qu’Apollon en personne avait rejoint la classe de terminal S1. Séverine, qui ne savait rien des désirs de Déborah pour le beau François, imaginait déjà sa meilleure amie dans les bras du nouvel arrivant.
– La Déesse et le Dieu. J’espère que vous allez vous reproduire !
Déborah rit des plaisanteries de son amie jusqu’à ce qu’elle voie le demi-dieu de ses propres yeux, à la cantine. Et elle eut un véritable choc. Il était beau à en tomber par terre. Grand, musclé, un sourire à faire chavirer n’importe quel cœur… On aurait dit qu’une star hollywoodienne était venue se fondre dans la masse quelconque de leur lycée. Sauf qu’il ne pouvait pas se fondre tant il sortait du lot.
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