Il la besognait. C’était le terme qui lui semblait le plus adéquat. Il était sur elle, en position du missionnaire, elle avait les cuisses écartées pour l’accueillir et il la pilonnait à un rythme d’une régularité militaire. Pas une once d’érotisme ou de fantaisie. Il la besognait.
Cela lui rappela cette scène du film « Les Valseuses », quand Depardieu et Dewaere s’acharnaient à faire jouir Miou-Miou… Elle rit en y pensant. Il s’arrêta un bref instant pour savoir ce qu’il se passait, mais elle lui fit signe de continuer. Il haussa les épaules et et reprit sa « besogne ».
Elle tâcha de penser à des choses plus prosaïques pour ne pas se remettre à rire. Elle n’avait pas tant peur de le vexer que de rallonger encore la séance de va-et-vient. Il faudrait changer le lit de place pensa-t-elle… En le décalant plus à droite, il suffirait ensuite de pousser ce petit meuble là… À moins qu’en enlevant simplement la chaise, ils gagnent suffisamment de place.
Le grognement interrompit ses pensées. Il était en train de terminer, répandant sa semence en elle. Il avait pris soin d’enfoncer son sexe au plus profond pour jouir et il resta un moment dans cette position pour reprendre son souffle et leur donner plus de chances de réussir. Cela faisait six mois qu’elle essayait de tomber enceinte. Son médecin lui avait dit que ce n’était pas beaucoup six mois, qu’il fallait qu’ils soient patients. Ils étaient jeunes encore. En faisant l’amour une fois tous les deux jours, ils finiraient par y arriver.
Mais elle se lassait de ces culbutes sans charme. Elle s’allongeait sur le dos, entièrement nue, il la doigtait quelques minutes pour humidifier son vagin, pendant ce temps, elle remuait un peu son pénis pour qu’il se mette au garde-à-vous, et dès que les deux sexes étaient parés, ils se mettaient en position. Il la besognait consciencieusement, sans même plus se soucier de leur plaisir.
Au début, ils avaient réussi à mêler l’utile à l’agréable en faisant l’amour avec entrain. Mais les mois passant et la grossesse ne venant pas, la déception avait miné leur désir. Alors la galipette était devenue une case à cocher dans la liste des choses à faire dans la semaine. Ils avaient cessé toute nouveauté, tout jeu autour de leur vie sexuelle. Il jouissait en elle tous les deux jours et aussi profondément possible, ensuite, elle gardait les jambes en l’air un moment pour aider la semence à parvenir à bon port.
Il se redressa et se dirigea aussitôt vers la salle de bain pour prendre une douche, tandis qu’elle gardait ses jambes surélevées. Elle se demandait s’ils n’allaient pas tuer pour toujours leur vie sexuelle avec ces mois de sexe sans plaisir. Cette pensée lui donna envie de pleurer. D’autant que depuis quelques semaines, elle avait senti évoluer ses désirs…
Peut-être était-ce la frustration qui lui donnait de nouvelles envies, ou peut-être qu’elles étaient en elle depuis toujours et qu’elles se manifestaient seulement maintenant. Elle aurait aimé… elle ne savait pas comment l’exprimer exactement, mais ce qui venait en elle spontanément, c’était l’envie qu’il la violente. Qu’il la besogne s’il voulait, mais alors sans ménagement, en l’écrasant de tout son poids et en la giflant même quelques fois.
Elle rougit en l’imaginant au-dessus d’elle et la giflant pendant qu’il la pénétrait. Cette évocation la rendait un peu honteuse en même temps qu’elle faisait naître une pointe d’excitation en elle. La douche coulait, il était en train de se laver. Tout en gardant les jambes relevées, elle se frappa la cuisse. Elle rougit à nouveau. C’était une toute petite claque, elle pouvait faire mieux. Elle se donna une nouvelle claque, plus forte, et elle gémit de plaisir.
Alors elle recommença, encore plus fort. Elle frappa cinq fois de suite au même endroit. Puis elle griffa sa peau douloureuse du bout de ses ongles. Elle sentait le désir monter en elle, ses lèvres intimes qui se gorgeaient de sang… Alors qu’elle venait de faire l’amour. Elle cessa dès que la douche s’arrêta de couler.
Elle s’habilla et tenta de penser à autre chose. L’aménagement de la chambre pour le futur bébé était, par exemple, une agréable évasion. Elle lui fit part de ses idées pendant le petit déjeuner, et il l’écouta d’une oreille distraite. Il refusait de réfléchir à leur vie avec un bébé alors qu’ils ne parvenaient toujours pas à en faire un. Mais il ne disait rien pour ne pas l’attrister. Il pensait à leur vie sexuelle.
Il avait l’impression de se masturber dans son vagin. Certains jours, l’idée lui plaisait, il trouvait excitant de voir ces cuisses ouvertes offertes à lui qui n’attendaient que sa semence… Mais il aurait aimé parfois retrouver de l’énergie érotique qu’ils avaient eue dans les premiers temps. Ils avaient essayé de nouvelles choses, rien d’extraordinaire, mais le simple fait d’avoir varier leurs plaisirs avait rendu leurs tentatives de bébé très agréables.
Il avait envie d’aller plus loin, d’en faire plus, de ne pas se contenter d’être au-dessus d’elle à la cajoler en attendant qu’il termine. Il avait envie de la malmener, de la prendre violemment, peut-être même de la fesser parfois… Mais jamais il n’oserait. Elle n’était pas de ce genre-là, et cela ne lui semblait pas du tout en adéquation avec leur sexualité orientée bébé.
Il l’embrassa sur le front et partit pour le bureau. Puis, lorsqu’elle eut terminé de se préparer, elle ne tarda pas à quitter leur appartement pour se rendre, elle aussi, à son travail. Elle s’y consacra sans repenser à leur vie sexuelle atone, enchainant consciencieusement les tâches données par la hiérarchie.
Mais en début d’après-midi, elle fut prise d’un violent mal de crâne qui la poussa à rentrer chez elle. Sur le chemin de leur maison, elle lui envoya un message en lui demandant où était rangée la boite de médicaments contre la migraine. Il lui répondit aussitôt qu’ils étaient dans le tiroir de sa table de nuit, et promit au passage de rentrer tôt pour s’occuper d’elle.
Elle se précipita dans leur lit, encore habillée, les yeux fermés par le mal de crâne qui la paralysait. Elle attrapa deux gélules dans le tiroir, les avala sans même prendre le temps de se servir un verre d’eau, puis elle s’allongea et se massa les yeux. Puis plus rien. Rien d’autre que le noir profond.
Pas de rêve, pas de douleur, pas de pensées… juste un long couloir obscur et qui semblait infini. Puis des sursauts, des appels, du mouvement, la lumière revenant peu à peu.
Quand elle se réveilla enfin de son étrange sommeil comateux, il était sur elle et la giflait de toutes ses forces. Elle ne sentit pas les premières claques, mais rapidement, la douleur enflamma ses joues et l’excitation grimpa en flèche.
Mais il s’arrêta aussitôt qu’elle fut réveillée. Il cria qu’il s’était inquiété, qu’elle s’était trompée de gélule et avait pris des puissants somnifères. Elle revint à elle petit à petit, submergée par l’envie qu’il continue de la frapper. Mais jamais elle n’oserait lui dire qu’elle voulait être maltraitée, être sa chose, qu’il fasse d’elle son objet sexuel sans limite.
En revanche, ce coma de somnifère venait de lui donner une idée… Elle ne put s’empêcher de glousser en l’imaginant se concrétiser. Il lui demanda, soulagé, pourquoi elle avait l’air si contente, et elle commença à lui exposer son plan.
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