Faire l'amour en mer

Un Plaisir Chavirant

 

Partir à l’autre bout du monde et y vivre le plus bel orgasme de sa vie, ce n’était plus le genre d’aventure qui risquait de m’arriver. Jeanne venait de terminer son histoire d’extase à Tokyo et je l’enviais un peu. Cette aptitude à partir seule à plusieurs milliers de kilomètres, loin de tout repère et pourtant suffisamment à l’aise pour y vivre le plus spectaculaire des plaisirs, j’aurais voulu en être capable. Mais depuis le drame, c’était terminé. J’avais repris une vie normale et tout le monde avait été surpris par mes capacités à rebondir, mais les voyages lointains n’étaient plus possibles. Jeanne et ses boules de Geisha m’avaient rappelé ce souvenir à la fois doux et douloureux.

Faire l'amour en mer

« Camille ? Encore un peu de café ? » me demanda Caroline.

Je devais contempler le fond de ma tasse depuis un moment déjà car lorsque je relevai la tête, Jeanne, Ana et Caroline me regardaient en riant. Je tendis ma tasse à Caroline machinalement, un peu confuse d’avoir été plongée dans mes pensées si longuement. Tout en remplissant ma tasse, Caroline entama son interrogatoire comme elle savait si bien faire.

« Un regard qui erre dans le fond d’une tasse après un récit d’orgasme fulgurant, je ne sais pas ce que vous en pensez les filles, mais je crois bien que l’entrejambe de notre petite Camille a également une confession à nous faire… »

Elles rirent de plus belle et je les accompagnai dans cet élan de bonne humeur en justifiant mon air distrait :

« L’histoire de Jeanne m’en a fait penser à une autre. Du plaisir encore.

– J’en étais sûre, s’exclama victorieusement Caroline. Je sais repérer les anecdotes orgasmiques en scrutant le fond des yeux.

– C’était avec Marc, lors de notre croisière en bateau. »

Mes trois amies s’arrêtèrent aussitôt de rire. J’avais interrompu bien involontairement leur élan hilare.

« Je vous assure que j’en parle sans tristesse, sans regret. C’est un très beau souvenir. Marc m’avait préparé une surprise pour notre premier soir à bord. L’énorme bateau sur lequel nous nous apprêtions à passer une dizaine de jours était amarré à Rome. Il y avait une ambiance euphorique : la lumière du soir, la température douce, le début de vacances qui s’annonçaient magiques… Les passagers se saluaient poliment, s’entraidaient, s’échangeaient des sourires radieux, alors lorsque nous sommes arrivés dans notre petite cabine charmante, nous étions dans ce même état de bonheur communicatif. Nous avons défait nos valises, excités par la perspective que cette cabine allait être notre nid d’amour le temps de quelques nuits, et alors que nous nous apprêtions à partir visiter le bateau, Marc m’a tendu un paquet. Avec son petit sourire en coin et son air vaguement coupable, j’ai immédiatement compris que ce n’était pas le genre de cadeau que l’on ouvre en public.

J’avais vu juste : c’était un joli petit œuf vibrant accompagné d’une télécommande permettant de contrôler les vibrations de l’objet à distance… Marc voulait pimenter notre visite du bateau. Sans prononcer un mot, je glissai mes mains sous ma jupe et je fis descendre tout doucement ma culotte en prenant soin que Marc ne puisse qu’imaginer sans rien voir. J’insérai ensuite doucement le petit accessoire rose dans mon intimité, en regardant Marc dans les yeux et en essayant tant bien que mal de ne rien montrer de l’excitation qui commençait déjà à monter. Je sentis le petit œuf caresser mon clitoris tandis que je l’introduisais plus profondément et je me mordis la lèvre pour ne rien dévoiler à Marc. Je remontai tout aussi doucement ma petite culotte, mis la télécommande dans sa main et ouvris la porte de notre cabine pour entamer la visite.

J’avançais lentement mais d’un pas décidé, comme pour défier Marc qui me suivait de près et je tenais chaque regard qui se posait sur moi pour me convaincre moi-même de mon assurance. Nous avions déjà presque atteint le pont avant et aucune vibration n’avait encore été déclenchée. Je sentais pourtant le petit œuf en moi et cette présence bien qu’agréable, manquait un peu de vivacité. Nous continuions notre découverte du bateau et je jetais quelques fois un regard dans la direction de Marc qui tenait fermement la télécommande dans sa poche. Comme il avait dû déceler un peu de déception dans mon regard, il m’expliqua que la batterie avait sans doute besoin d’être rechargée, la télécommande n’envoyant aucune vibration. Arrivés dans la grande salle de réception, nous fûmes éblouis par la beauté du lieu. De superbes lustres ornaient les plafonds et un buffet princier avait été installé. Le capitaine était présent, serrant les mains des voyageurs et leur souhaitant la bienvenue. Il s’approcha de nous pour nous demander comment nous trouvions son bateau.

A l’instant où j’allais lui dire mon émerveillement, une terrible et délicieuse secousse traversa mon entrejambe. Je me retins au buffet voisin pour ne pas tomber et fermai la bouche pour ne pas crier. Comme le capitaine me demandait si je me sentais bien, Marc le rassura et lui dit que j’avais le mal de mer. Il nous souhaita un bon voyage et poursuivit ses salutations. Je me retournai vers Marc, furieuse de la situation embarrassante dans laquelle il m’avait mise, mais aucun son ne put sortir : une nouvelle vague de vibration se propageait dans mon sexe. Marc souriait à pleine dents, trop heureux de son coup. Il m’avait trouvée trop sûre de moi au sortir de la cabine et il avait attendu patiemment le moment idéal pour reprendre le contrôle…

Je traversai tant bien que mal la grande salle pour rejoindre la sortie vers les balcons du bateau, des frissons de plaisir parcourant mes cuisses, mon sexe et remontant le long de mon dos. J’étais partagée entre l’envie que les vibrations s’arrêtent pour reprendre mon souffle et celle qu’elles ne cessent jamais d’irradier mon bassin de leurs secousses exquises… Comme nous avions presque atteint la sortie, Marc me tira par le bras et m’entraîna dans un petit couloir avant de pousser la première porte venue. Nous étions vraisemblablement dans le vestiaire des serveurs en train de s’activer autour du buffet. Marc se tenait derrière moi, il me poussa contre le mur, saisit mes mains tremblantes et les posa sur deux crochets de porte-manteau, il glissa ensuite sa main sous ma jupe où les vibrations continuaient de me submerger de bouffées délicieuses, il baissa ma culotte et avant de pouvoir lui demander si personne ne risquait de venir, je sentis ses doigts retirer le petit œuf qui vibrait toujours. Je n’eus cependant qu’un bref instant de répit puisque quelques secondes plus tard, son sexe dur et puissant entrait en moi, son ventre musclé se collant contre mon dos. Je poussais un râle de plaisir, oubliant la peur qu’on nous surprenne. Marc allait et venait en moi avec une rage virile qui faisait grimper mon excitation et il ne s’écoula pas longtemps avant que je sente monter un orgasme, puis un autre, puis encore un autre… Je sentais le fruit de mon plaisir couler le long de ma cuisse tandis que Marc allait et venait toujours un peu plus profondément en moi. Au bout de quelques minutes durant lesquelles je jouissais plusieurs fois, Marc explosa finalement, ivre de plaisir.

Je repris mon souffle dans ses bras, remis ma tenue en ordre et alors que je m’apprêtais à sortir du vestiaire, Marc m’arrêta pour me signifier que j’oubliais quelque chose. Je regardai autour de moi, ne comprenant pas de quoi il parlait. Il me tendit alors le petit œuf en me faisant signe de le remettre en place. Il avait un sourire radieux et son regard pseudo autoritaire me faisait craquer, je remis donc le petit œuf là où il le désirait.

Nous avancions maintenant main dans la main, nos corps encore émus par cette petite parenthèse orgasmique au milieu de notre promenade. Le soleil était sur le point de se coucher et la lumière orange sur le pont donnait une allure parfaitement romantique que la brise tiède venait parfaire. Nous étions maintenant assis à la pointe du bateau, contemplant la mer, ma tête posée sur son épaule. Un message diffusé à travers les haut-parleurs invitait tous les passagers à se rendre dans la salle de réception afin d’écouter le mot de bienvenue du capitaine. Les quelques passagers autour de nous commencèrent à se diriger vers ce point de ralliement. Au bout de deux rappels, je m’apprêtais à me lever quand je fus saisie par une nouvelle secousse vibrante retentissant dans mon sexe.

Marc me regardait avec satisfaction. Il m’expliqua qu’on partirait de cet endroit quand il l’aurait décidé et que le détenteur de la télécommande était le maître du jeu. Son air de gamin fier m’amusait et je restais assise à côté de lui. Il augmenta un peu plus les vibrations. Comme il n’y avait presque plus personne autour de nous, j’écartais un peu les jambes et contractais mon sexe pour décupler le pouvoir des vibrations qui recommençaient à faire monter en moi de délicieuses vagues de chaleur. Je regardais autour de moi, une petite dizaine de personnes étaient toujours présentes. J’enlevai doucement ma culotte, la glissai dans la poche de Marc puis je me mis debout, l’œuf œuvrant toujours à propager des spasmes de plaisir dans mon bassin. Mon sexe ainsi à l’air libre et soumis aux assauts répétés et vibrants, je me dirigeai vers les passagers mâles autour de nous. A l’un je demandais s’il savait à quelle heure ils servaient le petit-déjeuner, à un autre je m’intéressais au temps qu’il ferait demain, à un troisième, je demandais son nom et s’il voyageait seul… Tout cela sous l’œil amusé et excité de Marc.

Après encore un nouveau rappel, les derniers passagers rejoignirent la salle de réception et Marc et moi fûmes enfin seuls sur le pont. Il éclata de rire et me félicita pour le sang froid exceptionnel. J’enlevais ma robe et dégrafais mon soutien-gorge, j’étais maintenant entièrement nue et Marc avait cessé de rire. Il me regardait sans rien dire, jetant un œil derrière moi pour s’assurer que nous étions effectivement seuls. Je m’approchais ensuite de lui, déboutonnais son pantalon, et lui ordonnais de pousser les vibrations de l’œuf à la puissance maximale. Il s’exécuta immédiatement et je fus traversée par un frisson de plaisir qui irradia les moindres recoins de mon corps. Tout en subissant ces puissantes vibrations dans mon intimité gonflée par le plaisir, je plongeais le sexe de Marc dans ma bouche. Après quelques minutes à le caresser langoureusement à l’aide ma langue, j’allongeais Marc sur le dos et m’asseyais à califourchon sur lui. J’enlevai l’œuf et fis pénétrer son sexe dans le mien. Je me cambrais sous le plaisir en remuant mon bassin avec vigueur pour sentir toute la force de son sexe me remplir et caresser rageusement les zones que l’œuf n’avait pu atteindre et qui me démangeaient. Du plus profond de mon corps, je le sentis alors monter doucement, fiévreusement, progressivement, il était exceptionnel, extraordinaire, unique, explosif… Il arrêta le temps, bloqua ma respiration, fit tout chavirer autour de moi : c’était l’orgasme le plus puissant que je n’avais jamais connu et qui laisserait à jamais une trace indélébile dans mon corps. »

Les trois filles me regardaient, silencieuses, les yeux ronds, incapables de prononcer un mot.

« Après avoir passé une demi-heure sur le pont à reprendre nos esprits, Marc me prit dans ses bras et me porta jusqu’à notre cabine, exténués par tout ce bonheur qui avait rythmé notre promenade. La suite, vous la connaissez : au petit matin le bateau heurta un rocher, prit l’eau, et dans la panique, Marc et moi fûmes séparés et aujourd’hui encore, il appartient toujours à la liste des « passagers disparus ».

– C’était un bel adieu, murmura finalement Caroline pour briser le silence pesant.

– C’est vrai Caroline, je lui répondais. Nous avons su profiter des derniers instants sans savoir qu’ils étaient les derniers. »

Les larmes coulaient maintenant sur mes joues, ce qui fit pleurer Ana, craquer Caroline et fondre Jeanne : une crise de larme générale. Devant le ridicule de cette effusion lacrymale, les rires reprirent bientôt le dessus et la conversation tourna en un cours plus plaisant. J’arrêtai donc mon récit ici, omettant volontairement ce qui se passa ensuite.

Peu de temps après le sauvetage, un psychologue de la police vint me trouver pour m’expliquer que les chances de retrouver Marc vivant étaient maintenant très faibles. J’étais effondrée, perdue, et tandis que je m’asseyais pour encaisser la nouvelle, je sentis quelque chose dans ma poche. C’était l’œuf vibrant. A l’idée que le corps de Marc était quelque part en mer, avec peut-être la télécommande sur lui, je fondais en larme. A cet instant précis, l’œuf se mit à vibrer. Je le serrai fermement dans le creux de ma main pour bien sentir les vibrations. Et depuis ce jour, chaque année à la même date et à la même heure, je glisse l’œuf dans ma main et il se met alors à vibrer quelques instants.

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