Lire le début de l’histoire : Team Building – Partie 1
Nous étions arrivés à l’hôtel mercredi matin pour un séjour team building avec toute la business unit Innovation (qu’il faut prononcer avec un accent anglais). Il y avait l’équipe qui avait travaillé sur le projet que nous venions de breveter et dont le lancement à la vente avait été annoncé le matin.
Notre groupe était ordinaire et ennuyeux. Il y avait les Geeks du projet, les chefs de projet, les directeurs de projets ainsi que le PDG qui passa pour assister à l’annonce de lancement. Nous étions près de cent personnes de la même boîte dans le même hôtel, en comptant aussi deux filles des RH, un mec des achats et tous les commerciaux.
Si en tout il y avait vingt femmes, c’était le maximum. Si on enlevait celles qui n’avaient manifestement pas envie de s’amuser autrement qu’en regardant les autres s’amuser, il devait rester une poignée de filles à draguer. J’étais l’une d’entre elles, mais nous ne nous faisions pas draguer. Les directeurs étaient trop attachés à leur image, et s’ils en débordaient, leurs assistantes les auraient ramenés à la raison.
Les chefs de projets sont mariés et d’une fidélité contrainte par un appartement à crédit en proche couronne. Les Geeks ne sont pas des êtres sexués. Les commerciaux boivent, déconnent, rient, dansent, mais lorsqu’ils draguent, c’est une forme de courage d’ivrogne. Tout monde ne restait pas le week-end, même si c’était pris en charge par la boîte (sauf l’alcool) ; certains avaient plus de problèmes avec leur femme que ne laisse croire leur humour.
J’avais donc prévu une robe de soirée, des bas, des sous-vêtements sexy, pour rien. J’étais déçue par mes collègues. Pas un seul n’avait le profil d’une histoire sans lendemain. Moi, les chiffres, les procédures, les annonces, je m’en foutais. Ou plutôt, je ne pensais pas que ça vaille le sacrifice de soirées et d’un week-end de vie personnelle. Je ne voyais dans ce genre d’événement que le prétexte pour s’amuser autrement, vivre autre chose avec ses collègues, avoir une autre vie l’espace d’un soir. Mais là, rien ne se profilait de mieux que danser sur des musiques des années 80, dans une boîte occupée par des collègues coincés, après avoir bu du Côte du Rhône trop jeune. Ainsi tout ce que j’avais prévu n’aurait pas servi s’il n’y avait pas eu le beau businessman des toilettes.
Je l’avais repéré dès mercredi soir dans la salle du restaurant. À part notre groupe, il y avait une table de Hollandais avec des chaussures de marche et des chemises à carreaux, qui parlaient entre eux à tour de rôle sans jamais se regarder. Il y avait aussi deux couples d’à peu près mon âge, en t-shirt et survêtement, l’un d’entre eux avait un bébé plutôt calme dans sa poussette. En les écoutant de loin, je compris qu’ils étaient de la région et qu’ils ne venaient que pour dîner, profitant du menu avec entrées et desserts à volonté la semaine.
Et puis il y avait cet homme d’affaires. Toujours proprement habillé, sans cravate, vérifiant régulièrement que sa manche de chemise n’empêchait pas sa Rolex de respirer. Il mangeait vite et terminait le repas sur une bouteille de vin qu’il buvait lentement en regardant autour de lui. Nos regards s’étaient croisés. Plusieurs fois. Jeudi matin je ne l’avais pas vu au petit-déjeuner. Jeudi soir il était à une autre table, plus loin ; je ne l’avais pas tout de suite vu. Quand je l’entr’aperçus, c’était en fin de repas, il terminait sa bouteille lentement et me fit un signe du regard. Le vendredi soir, avant le dîner dansant privé organisé au sous-sol par ma boîte, je me rendis au bar (où pouvais-je aller si je voulais prendre du plaisir). Il y était (où pouvait-il être ailleurs s’il désirait me revoir). Il vint s’assoir au comptoir à côté de moi pour m’offrir un verre.
Je n’ai pas le feu au cul. Je ne suis pas une fille volage, mais j’ai un fiancé. J’ai un fiancé et avec lui ça devient sérieux, très sérieux. Nous habitons ensemble et depuis qu’il a eu son CDI, il me parle d’arrêter la pilule. Coucher avec un autre mec, ce n’est pas un moyen pour vérifier si c’est sérieusement sérieux, si je ne regretterai pas ou je ne sais quoi. Je le trompe pour savoir que je l’ai trompé. Je crois avoir besoin d’une histoire sans lendemain pour le jour où il me trompera, lui. Ce jour-là, je me sentirai trahie, déchirée, humiliée, et notre amour anéanti, à moins que moi aussi j’ai eu une histoire. Je souffrirai moins si je n’ai pas le sentiment qu’il a eu un avantage sur moi. Je pourrais mieux juger la situation et peut-être même lui pardonner. Prévoir est le maître-mot du mariage. Je prévois le prévisible.
Après l’histoire contre le lavabo, je remontai dans ma chambre pour enfiler une robe. Puis je descendis au sous-sol rejoindre les collègues, les petits-fours, le champagne et la musique des années 80. Passé minuit, un commercial me draguait en dansant collé à moi, la main sur mes fesses et une ivresse telle qu’il ne pouvait plus parler. Le pauvre ! Je l’aidai à s’avachir dans un fauteuil dans un coin, avant qu’un de ses potes ne le prenne en photo pour se foutre de lui lundi matin. Puis je montai me coucher les esprits clairs.
La journée du samedi, nous avions quartiers libres. La plupart étaient partis en ville en groupe ou en petits groupes, et moi j’avais prévu de passer l’après-midi au spa de l’hôtel. Nous n’étions que trois ou quatre à déjeuner à l’hôtel, dans la lassitude de ces buffets à volonté où tout a toujours le même goût de frigo. Pendant que je me servais une assiette de fruits, je vis mon businessman au buffet d’en face attendant une assiette wok. Il était en tenue plus décontractée, il restait beau, j’étais contente d’avoir été prise par un si bel homme. Mon secret. J’avais cru comprendre qu’il ne restait pas le week-end, et mon cœur balançait entre la décision prise que cette histoire était finie et la possibilité qui s’offrait à moi de rallonger un peu mon infidélité. Nos regards se croisèrent et il fit mine de ne pas me reconnaître. Je m’approchai de lui tout doucement, pour vérifier le terrain, et il continua de m’ignorer. Je me fis une raison : le week-end serait, comme prévu, un calme bien-être au spa. Je le regardai retourner à sa place, détendu, l’assiette chargée de poissons, et s’assoir en face d’une femme. Une femme.
Pendant que je prenais un thé, de temps à autres je jetais un coup d’œil à leur table. Manifestement, c’était sa femme, son officielle. Elle venait de le rejoindre. Elle semblait heureuse de l’hôtel et de tenir par moment la main de son mari. Drôle de situation.
Mon histoire méritait de se terminer de cette façon, mais sa femme me rejoignit au spa. Elle arriva pendant que j’étais au vestiaire, apparemment elle n’avait commandé qu’un massage, mais elle y passa l’après-midi. Hormis la masseuse, nous n’étions que toutes les deux à profiter du lieu. Le soleil avait dû attirer les autres clients à l’extérieur. Je la croisais quelques fois entre la piscine, le jacuzzi et les salles de soin, jusqu’à ce qu’elle me retrouve au sauna.
La température était élevée mais supportable. Je profitais de ce moment assez particulier dans les saunas quand tout le monde se tait, que l’on n’entend que le bruit intermittent de l’électricité dans les résistances, que l’on sent l’odeur du pin, que l’on regarde notre sueur se former avant de perler, où l’on fait comme s’il n’y avait personne d’autres, alors que nous sommes deux, l’une à côté de l’autre, silencieuses. Dis comme ça, ça peut paraître enivrant, mais la chaleur finit par exiger le relâchement que l’on est venu chercher. Le temps passe.
Au bout de quelques minutes, elle me demanda si elle pouvait verser un peu d’eau sur les pierres et j’acquiesçai. La vapeur fit redescendre la température et une conversation lente et espacée s’engagea. Nous échangions sur le plaisir du sauna, ensuite sur la nécessité de faire du sport régulièrement ; puis elle me dit qu’elle fumait trop, je la rassurai que moi aussi, elle me dit qu’elle était plus âgée que moi, je lui dis que le plus important était de sentir bien dans sa peau… Les banalités que l’on échange dans un sauna. Après une douche rafraîchissante, nous reprîmes nos conversations, assises et découvertes, les serviettes restaient sur les bancs du sauna, et nous parlions de nos vies. Je lui racontai l’histoire du projet innovant qui serait en vente lundi, elle me racontais ses responsabilités chez Condé-Nast. Elle me dit qu’elle me trouvait sympathique et jolie, que son fils était jeune mais qu’il ne m’aurait pas plu.
Pendant une grande partie de l’après-midi je me disais qu’elle savait que j’avais couché avec son mari, et qu’elle attendait l’occasion pour se venger, pour me frapper, ou pour faire assassiner son mari en me faisant porter le chapeau. En fait, j’étais loin du compte : ce n’était pas une femme jalouse, c’était une femme communicative, intelligente, heureuse et généreuse de son bonheur. Son mari s’appelait Xavier, il voyageait beaucoup pour son travail, et de temps en temps, quand c’était possible, elle le rejoignait pour passer le week-end avec lui et changer de l’air de Paris. En général ils se promenaient dans la ville, mais, cet hôtel ayant un golf, Xavier faisait un parcours pendant que sa femme profitait du spa. Elle était bavarde mais sincère.
Pendant que nous prenions notre dernière douche fraîche je la regardai, trouvant qu’elle était bien plus désirable que moi, qu’elle était voluptueuse, les seins un peu lourds avec deux belles galettes rondes en leur milieu, sa peau était brillante et ses cheveux volumineux régulaient le flux d’eau directement en haut de sa cambrure. Elle me surprit à l’observer et elle crut que je la trouvait vieille. Elle me dit en souriant que bien habillée elle ne laissait pas indifférents les hommes, parfois même des garçons de mon âge, mais qu’elle n’avait plus la beauté de la jeunesse, ou qu’elle n’en avait plus besoin. En nous séchant les cheveux elle m’exposa ses théories sur les hommes ne cessant de me demander mon avis éclairé par mon expérience de fille de vingt-cinq ans.
Au fur et à mesure, notre conversation était devenue entraînante, ce n’était plus de la politesse. Nous ne nous connaissions pas quelques heures auparavant, nous ne nous reverrions plus, alors beaucoup de choses que l’on ne dit pas commençaient à sortir. On poursuivit dans ma chambre pour éviter le retour du golf de son mari. En chemin, elle passa dans sa chambre et remonta une bouteille de rhum blanc, La Perle Rare, qu’elle comptait offrir à son mari.
Nous l’ouvrîmes et prîmes un verre chacune, dégustant la rondeur du goût de canne en nous remaquillant ensemble dans le grand miroir. Comme de naturel, elle m’interrogea sur mes fréquences sexuelles avec mon fiancé. J’étais gênée. S’en apercevant elle me dit à quelle faible fréquence son mari la baisait. Elle pensait que pendant ses déplacements il devait faire appel à des professionnelles plus jeunes qu’elle. Elle termina en m’empruntant mon parfum et en me parfumant avec le sien, tout en déclarant qu’elle espérait que son mari couchait avec des filles au moins aussi jolies que moi, puis silence. Après deux troublantes secondes, elle s’assit sur le lit, nous resservit à chacune un verre que nous bûmes d’une traite, et elle me montra trois sextoys qu’elle avait discrètement apportés ; ses « amants » comme elle les appelait.
Le premier se posait sur le clitoris et en vibrant il déclenchait l’orgasme. « Tu veux essayer ? ». La situation était particulièrement étrange. Bien sûr que j’avais envie, mais pas là, pas maintenant, pas de cette façon… ça ne se demandait pas. Enfin… je ne la reverrai plus, elle ne me jugeait pas, nous nous amusions. Intriguée par l’idée d’avoir si facilement un orgasme, je me décidai. J’ouvris ma robe, enlevai mon slip, et appliquai l’amant.
Il me fallut moins d’une minute pour jouir ; je me mis à rire de joie. Elle était contente de me voir en extase. Elle me dit qu’elle l’avait trop essayé et que maintenant ça mettait plus de temps à faire trembler son bouton. Sans gêne, elle se mit entièrement nue et commença à se masturber avec le sextoy. Les yeux fermés elle ne cessait de râler. De peur que l’on entende depuis les couloirs, je mis de la musique. En la regardant je voyais tout son corps se tendre, ses cuisses se frotter l’une à l’autre, son souffle s’accélérer remontant ses seins étalés généreusement autour de son superbe sautoirs Van Cleefs & Arpels… je crois que j’en mouillais.
D’une main elle faisait résonner son sexe, de l’autre elle se caressait les seins, de plus en plus brutalement, jusqu’à pincer puis tirer violemment son téton gauche. Je m’assis à côté d’elle. Sans y réfléchir je me mis à la caresser du bout des doigts. Elle me demanda de pincer son téton droit. Je le fis avec plaisir : ses seins étaient si bons à caresser. Elle sentait bon. Je m’allongeai à côté d’elle oublieuse de tout, je me pris à lui mordiller le sein, elle en frémit, puis en jouis. J’eus un petit cri de joie.
Après un soupir de bonheur, elle sortit un autre sextoys en forme de U qu’elle plaça dans mon vagin et mon anus, elle le mit en route en me demandant l’autorisation de caresser puis d’embrasser mes seins qu’elle trouvait beaux et doux. Ainsi, de découvertes en rires, nous échangeâmes toutes nos indiscrétions. Pendant près d’une heure nous nous sommes touchées, tripotées et branlées dans un jeu de dînette sexuelle, à moitié saoules et pleine d’orgasme. Ça a duré quelques verres de rhum, puis nous nous sommes endormies chacune engluée dans la joie de l’autre, et belles.
En début de la soirée, elle retourna dans sa chambre avec un sourire et en me chuchotant un dernier compliment. Puis je sortis machinalement du lit pour me remettre en état de dîner, comme si de rien était, comme un retour de mission secrète, la tête légère.
Au restaurant de l’hôtel, je rejoignis mes collègues en train de vanter les folles découvertes qu’ils avaient faites en ville. J’étais à l’extérieur en train du fumer une clope lorsque je la vis de loin sortir avec son mari. Elle était bien maquillée, recoiffée, avec une belle robe et de beaux bijoux. Il l’emmenait certainement au restaurant. Je ne les revis jamais.
Fin
Article écrit par Bénédicte
Parisienne de 25 ans, de tendance bi, Bénédicte s’habille d’un minimum de tabou, pour vivre ses expériences amoureuses.
Journaliste lifestyle et sexo sur Ô Magazine, elle joue de cet espace privé pour vous raconter sa sexualité curieuse, intense et parfois dangereuse.
Philosophe excentrique, Bénédicte n’est pas qu’excitante, elle est un piège.