« Si au moins il me touchait encore. » Léa fut surprise d’avoir exprimé cette pensée intime à voix haute. Seule dans sa voiture, elle ne risquait pas de dévoiler ce regret personnel à quiconque, mais la sensation demeurait étrange d’entendre sa voix prononcer pareilles confidences.
Cela ne faisait que la conforter dans son choix arrêté maintenant depuis presque un mois : elle allait rompre avec Xavier dans à peu près quatre heures si la circulation restait clémente. Au mois de mars, chaque année, Xavier louait le même chalet où ils conviaient quelques amis pour une semaine de ski et de franches rigolades. Léa devait reconnaître qu’elle y avait passé des moments inoubliables. Avec leurs amis évidemment, mais aussi tous les deux, dans ces instants où ils se retrouvaient pour profiter l’un de l’autre.
Léa savait par exemple qu’elle regretterait amèrement ce jacuzzi bouillant et bouillonnant où ils avaient passé de délicieuses heures tous les deux. Après une longue et harassante journée à skier, engoncés dans leurs combinaisons étouffantes, quel bonheur de se plonger entièrement nu dans les bulles chaudes… Comme un rite obligé avant chacun de ces bains, il l’attendait, assis dans cette baignoire haut de gamme, entièrement nu, son torse aux muscles saillants sortant de l’eau, ses bras solides accoudés au bord du basin. Léa apparaissait alors, dans un peignoir blanc, s’approchait lentement de lui dans une démarche provocante, puis faisait tomber ce maigre habit pour laisser apparaître son corps entièrement nu également. Un corps sculpté à la perfection. De petits seins aux mamelons clairs, d’une pâleur argentée comme les décrivait Xavier, et une taille dessinée sans défaut sous laquelle une petite toison brune et aérienne venait parfaire sa silhouette.
Léa savait combien elle était belle. Tout le monde le savait. Elle entrait ensuite langoureusement, jouant la Vénus délicate s’immergeant, et s’asseyait juste en face de lui, dans la même posture, ses seins partiellement dissimulés par les bulles. Xavier n’avait pas grand chose à envier à sa beauté et elle n’avait aucun mal à imaginer la facilité avec laquelle il avait pu enchainer les conquêtes. Outre son corps parfaitement musclé, il avait des yeux noirs profonds plantés dans un visage aux traits fins sans défaut. Il la regardait de ses yeux perçants, puis prenait une profonde respiration, calmement, consciencieusement, avant de disparaître sous l’eau. Quelques secondes plus tard, Léa sentait sa langue fouillant dans son intimité à la recherche de son clitoris au milieu des bulles. Bien souvent elle avait déjà joui au moins une fois quand il la prenait quelques minutes plus tard, lorsque ses gémissements l’invitaient dans de longues supplications de désir. Il plaçait ses deux mains sur ses fesses, faisait légèrement basculer son bassin, puis il la pénétrait lentement et sans mal, Léa étant au comble de l’excitation. Elle poussait alors un murmure de soulagement gourmand qui se muait bientôt en un gémissement plus violent au moment où il commençait à remuer son bassin, lui faisant l’amour avec force dans cette eau qui rendait leurs corps plus légers. Le sexe puissant de Xavier qui allait et venait en elle était encore plus doux et plus chaud que toute cette eau bouillonnante et son plaisir explosait.
A l’évocation de ce souvenir de leurs corps enlacés dans une succulente frénésie, Léa sentit le désir la saisir petit à petit, installant dans son entrejambe une envie de plus en plus pressante d’être caressée, titillée, excitée…
« Si au moins il me touchait encore. » C’était la deuxième fois qu’elle prononçait cette phrase à voix haute. Xavier lui manquerait malgré tout et elle lui en voulait aussi pour ce bonheur qu’il avait su lui donner. Pour ne pas flancher, pour ne pas revenir sur sa décision à cause de la nostalgie d’une époque révolue, elle songea à toutes ces autres filles qu’il avait dû mener dans ce même jacuzzi et avec lesquelles il avait probablement montré les mêmes compétences exceptionnelles pour l’apnée… Un mélange de rage et de désir agitait maintenant son corps. Elle ne se pardonnait pas de n’avoir rien vu toutes ces années, elle ne lui pardonnait pas de l’avoir trompée presque dès leur première rencontre il y a huit ans. Mais dans maintenant un peu moins de deux heures, elle le trouverait au chalet, le quitterait, et se rendrait à l’hôtel où elle avait réservé une chambre.
Au milieu des flocons de neige qui se faisaient de plus en plus intenses et que les essuies glaces balayaient tant bien que mal, elle aperçut dans son rétroviseur la lumière bleu d’un gyrophare. Son compteur de vitesse indiquait les 150 kilomètre-heure bien franchis. Elle avait pressé la pédale d’accélérateur sous le coup de la colère sans réaliser son excès de vitesse et le gyrophare lui était indéniablement destiné.
Dans sa malchance, la prochaine sortie d’autoroute était celle qu’elle aurait dû emprunter quoiqu’il advienne. Elle s’inséra dans la voie, vérifia dans son rétroviseur qu’elle était toujours suivie, puis elle se gara sur le bas-côté dès qu’elle en eut l’occasion. La neige tombait à très gros flocon, et maintenant qu’elle avait quitté l’autoroute, elle remarquait pour la première fois à quel point le paysage était blanc. Le gendarme vint toquer à sa fenêtre, il était sans cesse obligé de cligner des yeux à cause des flocons qui l’aveuglaient.
« Je suis désolée, j’ai complètement dépassé la vitesse autorisée. Je pensais à des souvenirs désagréables et la rage montant, j’ai oublié de vérifier mon compteur. Je suis sincèrement désolée. »
Le gendarme fut décontenancé par cet aveu aussi franc et soudain. Il n’avait pas l’habitude que les conducteurs reconnaissent leur faute et il ne savait plus comment entamer sa leçon de moral. Son trouble était d’autant plus grand que cette conductrice était de surcroît particulièrement jolie.
« C’est d’autant plus dangereux qu’il neige fort mademoiselle. »
Il n’avait plus aucune envie de la verbaliser ni même de la sermonner, il cherchait un moyen d’abréger la conversation et de laisser repartir au plus vite cette demoiselle qui avait admis son erreur. Il remarqua la valise à l’arrière et la paire de ski sur le siège passager.
« Je vous déconseille de prendre la route vers la station de ski, la neige tombe de plus en plus et le soleil est sur le point de se coucher. Il y a un petit hôtel à trois kilomètres. Vous devriez y passer la nuit. Demain la météo sera plus clémente. Et faites attention à votre compteur cette fois-ci… »
Il la salua poliment, rejoint sa voiture encore sous le charme de cette conductrice définitivement très jolie et se remit en route.
Léa reprit ses esprits quelques secondes. Elle avait échappé de peu à une contravention méritée. Peut-être à cause de son corps encore échauffé par ses souvenirs, elle pensa que ce gendarme était fort agréable à regarder et qu’elle n’aurait pas hésité à tenter le numéro de charme s’il avait voulu lui mettre une amende. En revanche, pas question d’attendre jusqu’à demain pour quitter Xavier, elle voulait arriver au chalet dès ce soir. Une vingtaine de minutes plus tard, elle empruntait la route de montagne sous une neige qui semblait venir à la fois du ciel et de la terre dans ce vent qui soufflait de plus en plus fort.
Après quelques virages un peu délicats, il arriva ce que le gendarme lui avait plus ou moins prédit : elle ne voyait plus rien, la route et le paysage n’étant plus qu’un seul bloc blanc dans ses phares. Elle arrêta la voiture pour réfléchir à la situation. C’était trop dangereux de s’aventurer sur une route invisible et qu’elle ne connaissait pas particulièrement bien. A regret, elle dû admettre qu’elle n’avait pas d’autre choix que de faire demi tour et de rejoindre ce petit hôtel dont le gendarme avait parlé.
Mais la voiture ne bougea pas. Elle avait beau appuyer de toutes ses forces sur l’accélérateur, les roues patinaient et la voiture restait immobile. Après quelques minutes de tentatives vaines, Léa prit une grande inspiration et hurla de toutes ses forces pour soulager la colère qui la submergeait. Elle n’était pas du genre à céder à la panique, et cet arrêt imprévu la nuit, au milieu d’une route de campagne isolée, ne l’inquiétait pas particulièrement. Ce qui l’enrageait, c’était de ne pas avoir suivi les conseils de ce gendarme, de ne pas pouvoir aller dire ses quatre vérités à Xavier, de ne pas pouvoir profiter d’un bon bain chaud après ces heures de routes à maugréer toute seule…
Elle avait fait le plein il y avait moins d’une heure et la jauge était à peine entamée, elle pourrait garder le moteur allumé toute la nuit pour avoir du chauffage. Elle se doutait bien qu’elle ne croiserait personne sur cette route avant le lendemain matin, elle était certainement la seule à avoir tenté une ascension aussi stupide. Il n’y avait rien d’autre à faire que de prendre son mal en patience. Elle passa sur la banquette arrière, ouvrit sa petite valise et en sortit quelques affaires en guise de couverture. Allongée sur le dos sur la banquette arrière, elle n’entendait rien d’autre que le ronronnement discret du moteur de la voiture et le vent qui soufflait de plus en plus fort.
Enfin un peu au calme, fixant le plafond gris, elle respirait maintenant tranquillement, en essayant de vider complètement son esprit pour parvenir à se détendre. Bientôt, elle bougea la main et vint la poser au niveau de son sexe. Du bout de l’index, elle commença à gratter un peu, doucement, fermement au niveau de son clitoris par dessus son jean. L’envie ne l’avait pas quittée et sans doute grisée par cette solitude aussi originale qu’imprévue, elle avait envie de sentir son plaisir exploser. Elle se souvint que dans sa trousse de toilette l’attendait un bel objet noir dans son étui : un vibreur que lui avait offert sa meilleure amie après avoir évoqué son désert érotique. Elle n’avait jamais osé l’utiliser parce qu’il était trop gros et qu’il l’effrayait un peu, mais à cet instant où elle n’attendait plus que du plaisir sans concession, il était l’accessoire de la situation. Elle trouva facilement l’objet en glissant sa main dans la valise sous le siège et le sortit de son étui. Noir, légèrement arqué, avec un anneau argenté séparant le manche de la zone de plaisir, elle ne put réprimer un petit rire de surprise lorsqu’il se mit soudainement à vibrer.
En passant ses doigts sur l’objet vibrant, elle trouva la sensation agréable et n’hésita pas longtemps avant de passer aux choses sérieuses. Elle déboutonna son jean, le fit glisser le long de ses cuisses en même temps que sa culotte de dentelle et seul un pull en cachemire qui lui servait de couverture reposait sur son sexe. Le contact de la laine sur son pubis était doux et son envie de plaisir violent se mua en un désir plus sensuel.
Elle glissa l’objet ronronnant le long de son cou, puis le fit descendre lentement, entre ses seins, autour de son nombril, puis sur le haut des cuisses, ses jambes, retardant l’instant où elle plongerait ce délicieux masseur dans son intimité. Elle positionna l’extrémité de celui-ci contre son clitoris et poussa un petit grognement de plaisir. Après avoir ainsi caressé ses lèvres quelques secondes, elle fit pénétrer doucement le vibreur dans son sexe. Elle fut surprise de la facilité avec laquelle celui-ci s’enfonça. Chaque fois qu’elle esquissait un mouvement pour le faire bouger, elle sentait des vagues de plaisir la submerger. Bientôt, dans son esprit embrumé par le plaisir, elle revit le gendarme, elle l’imaginait venant la secourir au milieu d’une tempête de neige, il la prenait dans ses bras, l’entrainait dans un chalet en bois où il la réchauffait devant un feu de cheminée crépitant… Un jacuzzi apparaissait soudainement devant la cheminée et il lui faisait l’amour avec une douceur infinie dans cette piscine géante à bulles. Un cliché érotique dans toute sa splendeur mais d’une efficacité redoutable au vu des fourmillements de délices qui montaient progressivement dans son corps.
Elle visualisait parfaitement les mains puissantes du gendarme se promener le long de ses courbes et elle imaginait son sexe la transperçant avec vigueur jusqu’au fond de son intimité. Elle pouvait presque sentir ses fesses rebondir sur les cuisses de son amant imaginaire chaque fois que son sexe venait disparaître complètement, comme avalé entre ses jambes. L’orgasme montait progressivement à travers les douces vibrations du masseur et lorsque l’explosion extatique arriva enfin, elle poussa un long gémissement de délice dans une lumière éblouissante qui l’aveuglait… Elle mit quelques secondes à réaliser que cette lumière n’était pas en lien avec son plaisir, mais qu’elle venait des phares d’une voiture garée juste derrière la sienne. Elle rassembla quelques affaires pour couvrir son sexe et ouvrit la fenêtre lorsqu’elle entendit la phalange cognée contre la vitre.
« Ils ne vous avaient pas vu à l’hôtel. Et de toute façon, il est complet. J’étais certain que vous alliez continuer malgré ma mise en garde. Prenez quelques affaires, je vous amène chez moi, on y appellera les hôtels du coin pour voir s’il y a de la place. Vous récupérerez votre voiture demain. »
Léa regardait le gendarme avec les yeux encore dans le vague, son corps tout engourdi par le plaisir. Elle avait certes eu un orgasme fabuleux et qu’elle désirait depuis longtemps, mais elle sentait qu’elle avait encore en elle du désir à revendre.
« Chez vous, il y a un jacuzzi ? »
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