Il y avait là tout le gratin de la bonne société parisienne. Politiques, actrices, acteurs, écrivains, entrepreneurs, mais aussi sportifs de haut niveau, hommes et femmes de la nuit… Tout ce beau monde réuni sous la splendide voute du Petit Palais.
Les petits fours et les coupes de champagne circulaient dans la bonne humeur et tout le monde ne parlait que de la raison pour laquelle ils étaient présents ce soir : la sortie d’un tout nouveau sextoy aux capacités extraordinaires.
Fait dans une texture totalement modulable, l’appareil pouvait aussi bien épouser la totalité du vagin des dames tout en gardant une extension au niveau du clitoris, ou à l’inverse enrubanner un pénis et ses testicules, s’adaptant aux dimensions de chacun et grandissant en même temps que les érections. Un matériau intelligent capable de se mouler tout seul sur le sexe volontaire.
Et pour parfaire encore cette invention unique, une petite télécommande aux allures de bracelet montre permettait d’envoyer des vibrations dans sa structure ou de modifier la température pour l’amollir ou au contraire la solidifier d’avantage.
À l’entrée de cette soirée d’inauguration un peu spéciale, un portique de sécurité avait été commandé par la marque organisatrice de l’événement. L’objectif n’étant pas de s’assurer qu’aucun objet dangereux ne serait introduit durant la soirée, mais de vérifier que tous les convives portaient bien leur accessoire de plaisir… Car c’était là la condition pour valider son invitation. Si bien que tout le monde portait sous ses vêtements ce sextoy d’un genre nouveau, et cette unanimité réjouissait les convives qui s’en amusaient beaucoup.
L’hôte de la soirée, le directeur de cette marque de sextoy innovante, se promenait parmi les invités pour s’assurer du bon déroulé. Et quand on l’interrogeait :
– Pourquoi nos montres télécommande ne fonctionnent pas ?
Il répondait alors avec un sourire malicieux :
– Patience, à 22H00 exactement, elles seront toutes actives.
Alors en attendant, on profitait du moment pour partager ses impressions et dévoiler ses espoirs de plaisir en riant de bon cœur.
Et lorsqu’enfin, l’heure approcha, le directeur grimpa sur une petite estrade installée au milieu de la salle sous un tonnerre d’applaudissements.
– Merci à vous d’être venus si nombreux pour célébrer la sortie de « Mutator », le tout premier sextoy mixte capable de prendre automatiquement la forme de toutes les intimités. Ce prodige est le fruit de plusieurs années de labeur et je voudrais commencer par remercier les équipes d’ingénieurs qui sont parvenus à de tels résultats.
Toute la salle raisonna sous de nouveaux applaudissements et les ingénieurs installés devant l’estrade de leur patron saluèrent la foule avec humilité.
– Vous les remercierez encore plus quand vous l’aurez essayé !
La salle rit de bon cœur à la plaisanterie du directeur, avant de redevenir silencieuse pour le laisser conclure son speech.
– Dans moins d’une minute maintenant, il sera 22h00 et toutes les montres seront actives, vous permettant de tester les possibilités uniques de ce sextoy. Je vous propose de compter avec moi jusqu’à ce moment que vous attendez tous depuis le début de la soirée. 10 ; 9 ; 8…
Et toute la salle accompagna avec enthousiasme le directeur énumérant les dernières secondes, les yeux fixés sur sa montre. Et lorsqu’il fut enfin 22h00, tous les convives observèrent leur bracelet télécommande, attendant de le voir s’allumer.
Mais il ne se passa rien.
Il y eut quelques rires, des plaisanteries sur le petit retard, et le directeur assura qu’il ne devait s’agir que d’un léger contretemps. Mais comme les montres ne s’allumaient toujours pas, il prit à partie ses ingénieurs.
Ils sortirent des genres de boitier de leur poche, pianotant à tout va, de plus en plus paniqués…
– C’est incompréhensible, ils devraient être tous allumés …
Le directeur se retenait de dire à son équipe ce qu’il en pensait, tachant de ravaler sa rage pour garder une contenance devant le parterre qui les observait d’abord avec amusement, puis avec une certaine impatience.
Quand tout à coup, une clameur envahit la salle. Pendant une poignée de secondes, toutes les personnes présentes avaient ressenti de vives vibrations dans l’entrejambe. Quand elles s’arrêtèrent, il y eut un silence suivi d’éclats de rire et d’applaudissements.
Puis la sensation reprit et les invités se plièrent en deux, autant de surprise que de plaisir.
La vague dura cette fois un peu plus longtemps et lorsqu’elle s’arrêta, certains invités ne riaient plus.
– Je croyais qu’on pouvait contrôler ce machin, cria une voix dans la salle.
Et des murmures se soulevèrent de toute part, avec d’un côté les amusés et de l’autre ceux qui n’aimaient pas que les vibrations soient imprévisibles.
– Qu’est ce que c’est que ce merdier ? souffla le directeur à l’oreille d’un ingénieur.
– C’est incompréhensible, je vous jure il n’y a aucune raison ! Tout devrait fonctionner…
L’ingénieur ne termina pas sa phrase car il fut interrompu par une voix qui venait d’au-dessus d’eux.
– C’est ça que vous cherchez ?
La foule leva la tête et découvrit qui prenait ainsi à parti le directeur et ses ingénieurs.
L’homme était accroché dans les hauteurs à une des colonnes en pierre qui ornait l’endroit. Tandis qu’il se maintenait là en enserrant la colonne de son bras, il brandissait fièrement une grosse télécommande de l’autre main.
Ses yeux étaient dissimulés derrière un masque noir qui faisait ressortir encore davantage son sourire immaculé. Il était habillé de façon élégante, comme les convives qui l’observaient médusés, avec un complet noir et un noeud papillon. Il se différenciait cependant par le chapeau haut-de-forme qu’il arborait avec une classe certaine même si la touche anachronique frisait le ridicule.
– Soren Coquin ! Hurla une voix dans la foule.
– C’est vous, commissaire ? Je suis bien content de vous trouver ici.
– Qu’est-ce que vous êtes encore en train de manigancer, Soren ? Descendez de là que je vous arrête !
Pour toute réponse, Soren Coquin activa un bouton sur sa télécommande et tous les invités se plièrent en deux sous l’effet des vibrations.
Il riait de bon cœur en observant le visage du commissaire passer du plaisir à la colère par oscillation.
Cette fois-ci, il laissa les vibrations vrombir, contemplant du haut de sa colonne l’extase généralisée avec une satisfaction certaine.
Toute cette élite en proie au plaisir le plus intime, incapable de cacher sa jouissance, donnait un sentiment de puissance comme jamais Soren n’en avait connu.
Il y avait cet acteur célèbre qui faisait fantasmer les adolescentes, allongé au sol, se débarrassant de ses habits, les yeux à demi clos, jusqu’à être complètement nu. Il n’y avait plus que son sexe qui demeurait vaguement dissimulé sous le « Mutator ». Il bavait maintenant de jouissance, sans plus même essayer de résister, caressant son corps avec une sensualité un peu précipité, mais qui le rendait malgré tout assez désirable.
Il observa ensuite cette sportive de haut niveau, célèbre gymnaste, mannequin à ses heures, dévoilant ses seins fermes et rebondis à son entourage immédiat en gémissant de plaisir. Tout comme l’acteur célèbre, elle retira ses habits, cherchant probablement à se débarrasser de cet engin qui faisait autant son bonheur que son malheur. Mais une fois ses habits déchirés et jetés au hasard, elle ne parvint pas à retirer le « Mutator ».
Ce n’était pas la force qui lui manquait, mais l’envie. Des orgasmes la secouaient dans tout son corps et Soren contemplait avec plaisir ses jambes écartées qui dévoilaient son sexe d’où sortait une petite tige bleuté, signe de la présence du « Mutator ». La gymnaste attrapa un député bedonnant qui passait par là pour l’obliger à mettre un sein dans sa bouche. L’homme s’exécuta sans peine, même si le mari de la gymnaste était à leur côté, lui-même dévasté par les orgasmes à répétition… Le député descendit encore d’avantage jusqu’à dévorer le clitoris de la jeune femme en même temps que le faisait le « Mutator ».
Une véritable orgie était en train d’avoir lieu devant les yeux médusés de Soren Coquin. Il n’avait pas prévu de les laisser aussi longtemps à profiter du « Mutator », mais il était comme hypnotisé par ce qu’il voyait. C’était au-delà de tout ce qu’il avait pu imaginer. Toutes ces célébrités hurlant leur plaisir, nus, se caressant, s’embrassant, se léchant mutuellement sans plus même chercher à stopper la terrible machine… Le « Mutator » était plus qu’un simple sextoy. Et le désir commençait à titiller Soren.
C’est la voix dans son oreillette qui le sortit de sa contemplation.
– On fait quoi maintenant, chef ?
Le show ne faisait que commencer. Soren Coquin reprit ses esprits et annonça à la foule qui ne l’écoutait plus :
– On passe à la phase deux, mes lapins !
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