Le très sérieux magazine « New Scientist » qui s’intéresse à la science et aux nouvelles technologies pour faire avancer le monde vient de publier une série d’articles, fruits de différentes enquêtes, mais dont le thème de prédilection est le même : vaincre le chagrin d’amour…
A l’origine de bien de nos plus beaux poèmes, musiques exceptionnelles ou romans bouleversants, le cœur brisé reste cependant une véritable souffrance aux dégâts physiques et moraux parfois lourds de conséquences. « Une de perdue dix de retrouvées », « ça ira mieux demain » ou « chagrin d’amour ne dure que jusqu’au prochain amour » sont autant de dictons inutiles face au désarroi d’un amour qui finit prématurément.
Alors dans ce domaine de la remise en course d’un cœur piétiné, voyons un peu ce que dit la science.
Prévenir plutôt que guérir : une pilule contre l’amour
Le Docteur Earp et son équipe se penchent depuis plusieurs années sur l’amour et les relations humaines du point de vue neurologique et ils n’excluent pas qu’il soit possible un jour de créer des médicaments qui aident à rompre pour se sortir d’une histoire bancale qui peut devenir néfaste pour la santé…
L’amour agit comme une drogue
Visions assez peu romantique, l’amour est le résultat d’un cocktail d’hormones spécifiques qui agissent directement sur le cerveau (l’amour rend aveugle). Il peut être perçu comme une drogue dans son sens le plus dévastateur : addiction, dépendance, souffrance, perte de confiance et de repères, etc…
L’amour n’est pas toujours ce qu’il devrait être
Le Docteur Earp prend l’exemple des femmes qui subissent des mauvais traitements de la part de leur conjoint mais qui se refusent à les quitter par peur, mais aussi par perte de rationalité et de conscience de ce qui est bien pour elles.
La pillule anti-amour
Un traitement pourrait ainsi voir le jour qui aiderait à surmonter cette dépendance pour finalement quitter une personne néfaste. Le docteur Earp précise qu’il faudrait alors faire preuve de la plus grande vigilance dans son utilisation avec notamment le consentement total de la « victime ».
La voie naturelle privilégiée
Le docteur Earp rappelle qu’il est d’abord nécessaire de suivre le chemin plus classique pour se sortir de ce type de relations, à savoir couper complètement les ponts avec la personne que l’on quitte, physiquement mais aussi sur les réseaux sociaux. Le médicament doit être un dernier recours, lorsque la personne est incapable de s’en sortir seule.
Le problème éthique
Le docteur Earp note que le danger repose sur une systématisation de l’amour comme un problème par des sociétés pharmaceutiques qui chercheraient à vendre ce médicament pour défaire les couples au moindre prétexte. L’autre risque est celui que ce médicament soit utilisé pour « soigner » des amours jugés inconvenables dans des sociétés traditionnels où les mariages sont encore arrangés ou encore pour défaire des couples homosexuels.
La référence cinématographique
Avec une pilule qui efface l’amour, difficile de ne pas penser au film « Eternal Sunshine of the spotless mind » de Michel Gondry dans lequel une société propose d’effacer des pans de mémoire pour oublier complètement son amour.
Après la rupture : les médicaments contre le chagrin d’amour
Désillusion, dépression et parfois suicide, remettre un cœur brisé en une seule pièce est parfois difficile et le temps a parfois du mal à réparer les blessures. Certains chercheurs, comme le Docteur Young et son équipe, étudient les effets de l’amour sur le cerveau pour essayer de comprendre comment fonctionne un cœur brisé.
Définition scientifique de l’amour
Selon les scientifiques, l’amour n’est ni un oiseau rebelle ni un bouquet de violettes, mais une manifestation neurobiologique responsable de trois sensations. Le désir, l’attraction et l’attachement, toutes trois permettant d’assurer la reproduction de l’espèce…
Contre le désir, la sérotonine
Hormone de plaisir à l’origine de la sérénité et du bien-être, on a noté que son niveau était très bas lorsque les couples croulaient sous la passion amoureuse. Au contraire, lorsque la passion s’estompe, elle réapparait alors dans de plus grandes quantités. Déjà employé dans certains antidépresseurs, la sérotonine pourrait ainsi être utilisée pour baisser le niveau de désir et ramener les personnes « à la raison »… Mais augmenter la sérotonine ne servirait qu’à bloquer le désir, pas vraiment l’amour.
La méthode radicale : bloquer la dopamine et l’ocytocine
Plusieurs expériences ont montré qu’en privant le corps d’ocytocine, il perd tout sentiment d’attachement… Le problème est qu’en baissant le niveau d’ocytocine, on jetterait l’amour en même temps que le chagrin, ce qui n’est pas tout à fait le but recherché…
La corticolibérine
Hormone qui permet de réguler le stress, l’équipe du Docteur Young a noté qu’elle était sécrétée en grande quantité chez des rongeurs monogames en cas de décès de leur partenaire. Elle pourrait ainsi permettre de lutter contre la douleur de la perte de l’être aimé également en cas de rupture.
Un médicament déconseillé
Le Docteur Young est persuadée qu’un marché serait possible pour ce type de médicaments, mais elle le déconseille fortement. Elle rappelle que le temps reste le meilleur allié pour vaincre un chagrin d’amour, son équipe étant la première à avoir étudié les amours qui s’estompent. Elle explique ainsi que l’activité cérébrale liée à l’attachement est plus forte chez les « victimes » d’un chagrin d’amour que chez les couples heureux, mais que cette activité décroit avec le temps.
Le syndrome de stress post-traumatique
Plutôt que l’utilisation de médicaments qui jouent avec nos hormones, le Docteur Young pense que l’on pourrait soigner les chagrins d’amour avec un accompagnement psychologique similaire aux accompagnements des personnes vivant un stress post-traumatique. Elle pense ainsi qu’on pourra peut-être un jour accélérer la guérison en stimulant le cerveau pour réduire le temps nécessaire à se remettre d’un traumatisme.
La référence littéraire
La privation d’ocytocine pour empêcher l’amour et donc le chagrin d’amour rappelle « Le meilleur des mondes » d’Aldous Huxley où tous les habitants prennent une drogue, le soma, qui annihile les sentiments pour un bien-être factice que rien ne vient altérer.
L’amour avec un très petit « a »
Les chercheurs interrogés par « New Scientist » semblent ainsi d’accord sur le fait que l’utilisation de médicaments pour gérer ses relations amoureuses n’est pas qu’une bonne idée et que s’ils pourront permettre de sortir une personne fragile d’une relation toxique, ils pourraient jouer avec nos sentiments et réguler nos vies amoureuses de façon extrême. De la science-fiction dans toute son horreur la plus subtile…
Et pour éviter de briser son cœur, le magazine suggère sinon de vous tourner vers les bras réconfortants d’un robot que vous pourrez programmer pour qu’il ait le caractère qui correspond à vos attentes. Vous pourrez ainsi vous aimer pour le meilleur uniquement, jusqu’à ce que la mort ou une défaillance technique vous sépare…
Sources :