00 h 12
Quand elle se réveilla, la télévision projetait des images grises sur le mur de sa petite chambre. Avant de l’éteindre et de se retourner, elle se redressa dans son lit et jeta un coup d’œil par la fenêtre.
Un plafonnier était allumé dans l’appartement situé de l’autre côté d’une ruelle profonde, un étage plus bas que le sien. Elle sourit. Puis elle remonta sa couverture chaude jusqu’à son menton et s’y blottit.
La lumière qu’elle cherchait se trouvait dans la pièce d’un grand immeuble. Aucune autre lumière parmi les centaines de fenêtres éclairées n’avait d’importance pour elle. Elle ne rêvait jamais mieux ni aussi vivement que lorsque cette seule lumière était allumée.
Cette unique lumière laissait un éclat sur son imagination et une chaleur plus profonde et plus satisfaisante que n’importe quelle couverture chauffante. La lumière signifiait que de bonnes choses pouvaient se produire. Elle la faisait fantasmer et rayonner, même dans son sommeil.
Pour elle, l’appartement semblait à portée de main, mais en réalité, elle en était à des kilomètres.
2 h 27
Se redressant sur son coude, elle regarda à nouveau par la fenêtre. Le plafonnier était éteint. À la place, elle vit le scintillement familier de l’écran de télévision. Elle sentit un soubresaut d’espoir dans sa poitrine. Qu’y avait-il à regarder à la télévision à cette heure-ci ? Peut-être que la télévision n’était qu’un bruit de fond pour quelque chose d’autre. Quelque chose qui pourrait être en train de se dérouler.
Enthousiasmée, elle se mit à visualiser ce qui se passait, même si, à cette heure-ci, elle n’avait guère de chance d’y participer.
Elle savait ce qui s’était passé dans cette pièce par le passé. Elle en avait été témoin. Et c’était peut-être en train de se produire à nouveau, s’il y avait la moindre chance de cela, si une puissance supérieure existait, il fallait croiser les doigts. Elle ne pouvait que le souhaiter.
3 h 58
La lumière vacillante s’était transformée en une douce lueur bleue dans l’appartement. Il était fort probable que cela se déroulait à présent dans la chambre à coucher. Un éclair d’énergie érotique frappa son cœur, augmentant ses pulsations. L’énergie s’éleva jusqu’à lui serrer joyeusement la gorge.
Des visions commencèrent à traverser son esprit.
Lui, un téléphone dans une main, parcourant des vidéos sur le web, se caressant lentement sous les draps avec l’autre main, faisant grandir son sexe. Sa bouche marmonnant des ordres aux femmes dans les vidéos, sa main se déplaçant plus rapidement, la transpiration tapissant son front et sa nuque à mesure qu’il approchait de l’orgasme.
Elle se mit à imaginer plus vivement.
Lui, excité par l’idée de sucer sauvagement les seins lourds d’une femme, tirant sur les mamelons avec ses dents, saisissant chaque sein à tour de rôle avec ses mains rugueuses.
Lui, léchant les petites lèvres d’une femme, les doigts de cette femme lubrifiés par l’humidité de la chatte d’une autre femme, et encore une autre femme mordillant et caressanr de gros seins.
Ou peut-être portaient-ils leur attention sur ses propres seins, sur sa chatte rose.
Peut-être était-elle au centre de l’attention de toutes ces personnes.
Elle, les écoutant sucer.
Elle, sentant leurs morsures.
Elle, savourant l’agonie.
Elle, se faisant baiser par sa grosse bite.
Ou peut-être était-il en train de l’enfoncer profondément dans sa chatte ; une bite noire surdimensionnée lui baisant le cul sans relâche, l’étirant largement ; un homme déterminé, au torse large et poilu claquant sa bite contre sa joue.
Elle, arquant son cou pour lécher ses couilles qui traînaient sur ses lèvres, contre ses narines, et qui venaient se poser sur son front. L’odeur virile, comme une preuve de sexualité sauvage.
Elle, saisissant et caressant deux bites en érection, en suçant une troisième. Elle, plaisant aux hommes, les amenant à leur apogée et sentant ensuite des jets de sperme chaud glisser le long de ses seins.
Elle, sentant la pression soudaine des cuisses frissonnantes d’une femme se resserrer autour de sa tête au moment où elle atteint l’orgasme.
De retour dans son lit dans sa petite chambre, elle rejette la lourde couette pour permettre à son corps brûlant de se rafraîchir.
De nombreuses nuits elle s’était imaginée à se rendre dans son appartement. Apparaître à l’improviste. En portant si peu de vêtements que son intention serait évidente.
« Enfin », dirait-il en réponse à son avance silencieuse. « Il a fallu tant de temps pour que tu viennes ici. J’ai fait tant de choses au vu et au su de tout le monde pour attirer ton attention. »
« Et j’ai apprécié chacune d’entre elles », répondrait-elle.
« Comme beaucoup d’autres personnes, mais je n’attendais que toi. »
« Je suis là maintenant », répondrait-elle.
Puis il répondrait simplement en l’entraînant dans son appartement, en l’embrassant comme s’il risquait de perdre cette femme s’il laissait ses lèvres se détacher des siennes.
Elle pensait que ce scénario était possible, bien que peu probable. Incroyablement peu probable.
Pourtant, elle rêvait et observait sa fenêtre.
Elle se languissait de cet éclair d’électricité, comme lorsqu’il lui avait ouvert la porte de l’entrée de l’immeuble. Elle avait souri, l’avait frôlé, sans le vouloir. Il avait un parfum frais. Ses cheveux étaient mouillés et en désordre. Il portait un sac de sport en bandoulière.
Une autre fois, il avait volontiers porté plusieurs de ses sacs d’épicerie jusqu’à l’ascenseur. Il avait souri et hoché la tête. Elle avait marmonné un remerciement, mais la journée avait été trop horrible pour qu’elle puisse lui répondre comme elle le ferait maintenant.
La prochaine fois, elle aurait l’occasion de répondre par un remerciement érotique, insinuant qu’elle l’autoriserait à lui faire n’importe quoi. Absolument tout.
Elle calma à nouveau sa respiration dans sa petite chambre, se rappelant qu’elle était seule, mais elle ne pouvait pas arrêter les pulsations à l’intérieur d’elle, la chaleur, l’humidité. Elle ne pouvait pas calmer les battements et les palpitations, l’espoir et l’agonie.
Puis la passion surgit en même temps que ces titillations. Elle sauta du lit avec détermination et se dirigea vers la porte de l’appartement. Mais son T-shirt Mickey Mouse trop grand et ses pantoufles roses Minnie Mouse la retinrent.
Fichu Disney, pensa-t-elle.
5 h 13
La lumière de son appartement était éteinte, l’endroit était sombre. Mais elle avait encore un peu de temps pour dormir, pour rêver.
Elle rêvait de simplement toucher, légèrement, sa bite durcie. Sa main douce posée sur son gland épais. Des doigts frais sur une bite surchauffée, saisissant sa longueur, la caressant à peine. Elle désirait le plaisir que cela lui procurerait à elle autant qu’à lui.
6 h 30
Son réveil sonna. La lumière de sa chambre s’alluma. La sienne était toujours éteinte.
Peut-être une autre nuit. Bientôt, espérons-le. Cette fois, Mickey et Minnie ne l’arrêteraient pas.
* Cette fiction érotique a été écrite par Claire Woodruff. Pour la lire dans sa version originale, c’est par ici.