« J’ai envie de sexe. » Voilà le message sans équivoque que j’avais adressé à l’un de mes anciens amis-amants.
Nous nous connaissions si parfaitement que je savais qu’il ne serait pas offusqué par l’absence intentionnelle de formules de politesse. Je savais que ce côté direct l’exciterait. Cette histoire s’est passée il y a des années de cela par une après-midi d’été alors que je travaillais dans l’immobilier. Je m’ennuyais, j’avais envie de sexe et il fallait que j’agisse pour remédier à cette situation.
Il était mon double masculin et il était mon plan cul depuis des années. Je n’avais jamais rencontré quelqu’un qui me comprenne si bien. Certains de nos amis respectifs se demandaient pourquoi nous ne nous mettions pas ensemble pour de bon tant il était évident que nous nous adorions. Nous étions convaincus que nous installer en couple mettrait fin à la magie qui existait entre nous. Et qui pourrait avoir envie de cela ?
Sa réponse fut immédiate : « Je serai chez toi à 20h30. »
J’ai à peine eu le temps de prendre une douche en rentrant du bureau. En outre, je devais préparer mon déjeuner pour le lendemain. J’avais l’habitude de toujours préparer un panier-repas pour le travail. Ce n’était pas seulement pour économiser de l’argent, mais aussi parce que les options de restauration végétarienne dans le quartier où je travaillais étaient pratiquement inexistantes.
Après avoir évalué le contenu de mon réfrigérateur, j’ai opté pour la réalisation d’une tarte aux épinards. Il me fallait faire bouillir les épinards et décongeler la pâte feuilletée en même temps. Je devrais ensuite étaler les épinards bouillis sur la pâte feuilletée. Je recouvrirais le tout de fromage et de tomates et je poserais une autre pâte feuilletée sur le dessus, pour couvrir la garniture. Je la ferais cuire au four jusqu’à ce qu’elle soit dorée et croustillante. Une fois cuite, je devrais la laisser refroidir avant de la ranger au réfrigérateur pour la nuit, prête à être emportée au travail le lendemain. La procédure était simple et comportait plusieurs étapes. Je devais faire tout cela et assouvir mes besoins sexuels en un temps limité car je ne voulais pas me coucher trop tard un soir de semaine.
Des orgasmes multiples en accomplissant différentes tâches. Voilà la seule conclusion à laquelle j’aboutis.
Je décidais de faire de ces contraintes une opportunité. J’enfilai un tablier vichy rouge, des talons hauts et rien d’autre. Lorsque j’entendis la sonnerie de la porte retentir, j’étais déjà excitée à l’idée de ce qui allait arriver. Lorsque j’ouvris la porte, il eut l’air impressionné et me parcourut du regard de haut en bas alors que je me tenais là dans ma tenue sexy de cuisinière.
« Il faut que je prépare mon déjeuner pour demain » lui dis-je. Puis je m’avançais dans le couloir vers la cuisine, exposant mes fesses nues. Il les caressa alors que je m’éloignai de lui.
De l’avis général, il est parfaitement impoli de commencer à cuisiner juste après avoir accueilli un invité, surtout s’il s’agit d’un repas qu’il ne va même pas déguster. Mais il savait pertinemment que le seul plat au menu ce soir-là, c’était moi.
Une casserole d’eau était déjà posée sur la cuisinière. J’ai allumé le gaz et j’ai commencé à la faire chauffer. Nous nous sommes embrassés et il s’est déshabillé tout en caressant mon corps presque nu. Il était dur en un rien de temps. Je lui ai tendu un préservatif, lui ai tourné le dos et fait face à la cuisinière, me penchant légèrement en avant, me rendant ainsi disponible pour lui. Il n’y avait aucune raison de poursuivre les préliminaires, j’étais impatiente d’être possédée.
Notre vie sexuelle se définissait par la pénétration et pas grand chose d’autre. Quelque chose de magique se produisait chaque fois que nos corps se connectaient comme les pièces d’un puzzle. C’était hypnotisant. J’avais souvent lu dans les magazines féminins que la plupart des femmes avaient besoin d’une stimulation du clitoris pour atteindre l’orgasme. J’étais l’exception à la règle, car avec lui, je jouissais à chaque fois par la seule pénétration.
Il entra en moi doucement et quand il fut complètement à l’intérieur, je soupirai de soulagement. Oui, c’était précisément ce à quoi j’avais pensé toute la journée. Pas étonnant que je n’ai pas réussi à me concentrer au travail. C’était ce dont j’avais eu tant envie. Il commença à bouger tandis que je contractai les muscles de mon vagin, contre son sexe, en rythme, nous stimulant tous les deux. Je ne pouvais pas m’empêcher de gémir, exprimant mon extase, même si j’étais encore loin d’avoir atteint l’apogée.
Je profitai ainsi pendant un moment, mais en entendant l’eau qui commençait à bouillonner, j’ai ouvert les yeux. Je me suis approché du congélateur qui se trouvait à ma droite et j’ai sorti un bloc d’épinards congelés. J’ai retiré l’emballage plastique et ai jeté les épinards dans la casserole d’eau presque bouillante. Pendant ce temps, mon amant ralentit pour que je ne perde pas l’équilibre pendant cette tâche culinaire si importante.
Ensuite le rythme de la pénétration augmenta. Je dus me mordre la lèvre pour essayer de retarder mon orgasme car je voulais que ce moment dure le plus longtemps possible. Quelques instants plus tard, j’ai été distraite à nouveau par le bruit de bouillonnement des épinards qui commençaient à bouillir. Ils n’étaient plus un bloc gelé, ce dernier s’étant partiellement désagréger. Je les remuai rapidement et baissai légèrement le feu.
J’avais à peine reposé la cuillère en bois, qu’il recommença à accélérer le rythme. Il faisait presque nuit et la seule chose qui éclairait la cuisine était la flamme bleue du gaz. Le son des bulles en ébullition, le sifflement de la flamme du gaz et nos corps s’entrechoquant frénétiquement à un rythme de plus en plus rapide ainsi que nos respirations profondes étaient comme une symphonie érotique. Ma cuisine sentait le sexe et les épinards. Une combinaison inhabituelle mais hypnotique qui me fit basculer alors qu’il me tenait par les hanches et mordillait ma nuque.
J’abandonnai toute résistance, je me laissai aller à l’instant présent et j’accueillis mon orgasme imminent alors que nous gémissions à l’unisson. J’étais possédée par le plaisir, les spasmes et nos bruits érotiques. Plus rien ne comptait à ce moment-là. Pas même mon déjeuner.
Une fois notre souffle récupéré, il retira le préservatif et le jeta. « C’était incroyable », nous étions tous les deux d’accord. Nous venions de vivre une autre rencontre orgasmique réussie à ajouter à notre répertoire sexuel déjà bien étoffé. Je lui offris un verre et nous nous installâmes dans le salon pour échanger des nouvelles de nos vies pendant que ma tarte aux épinards cuisait. Lorsque la minuterie du four a sonné, nous nous sommes dit « au revoir » en nous promettant de nous revoir bientôt.
Le lendemain au bureau, à l’heure du déjeuner, j’avais hâte de goûter enfin ma tarte aux épinards. Je la réchauffai dans le micro-ondes du bureau et plusieurs collègues me complimentèrent sur ma création maison. Quelqu’un me dit : « Ça sent très bon ». « Tu dois me donner la recette », me dit un autre. Je souris de satisfaction, car la tarte aux épinards me rassasia d’une manière à laquelle les paniers-repas préparés avec des aliments surgelés provenant de supermarchés peuvent rarement prétendre. En la dévorant, je me rappelai les étapes de sa fabrication et il me fut à nouveau difficile de me concentrer sur autre chose.
* Cette fiction érotique a été écrite par Venus O’Hara et traduite par nos soins. Pour la lire dans sa version originale, c’est par ici.