Propagation, fission, mitose : depuis la nuit des temps, les choses se reproduisent d’une façon ou d’une autre. C’est ce qui fait tourner le monde. C’est ce qui permet à l’ADN de passer d’une génération à l’autre. C’est le cycle de la vie qui se perpétue.
Penchons-nous à présent sur la sexualité telle que nous la connaissons. Incroyablement amusante et plaisante, des industries riches de plusieurs milliards de dollars se sont construites autour d’elle. Elle est même l’un des éléments les plus importants de bon nombre de nos relations. Comment sommes-nous passés d’une cellule qui se divise en deux à cela ?
Si la reproduction peut être la force motrice de nombre de nos besoins sexuels, le sexe a évolué bien au-delà. De nombreuses personnes ne souhaitent pas se reproduire ou n’ont tout simplement pas de relations sexuelles avec des partenaires avec lesquels elles peuvent biologiquement se reproduire. Comment en sommes-nous arrivés là ? Comment le sexe tel que nous le connaissons a-t-il été inventé ?
Biologie
Ainsi, qui sont les premières créatures à s’être plongées dans le stupre et la fornication ? La réponse se trouve sous la mer. Mais tout d’abord, une petite leçon de biologie.
Il existe deux grands types de reproduction : la reproduction sexuée et la reproduction asexuée. La première ne signifie pas nécessairement ce que vous pensez qu’elle signifie. En termes simples, la reproduction sexuée crée une progéniture unique à partir du matériel génétique de deux parents, tandis que dans la reproduction asexuée, un organisme crée une progéniture génétiquement identique en se copiant lui-même.
À l’époque (et nous voulons dire – à l’époque), tous les organismes étaient capables de se reproduire de manière asexuée. À un moment donné, les cellules ont évolué et sont devenues des gamètes, ou cellules haploïdes, qui ne portent que la moitié du matériel génétique nécessaire à la reproduction, au lieu de la totalité.
Cela signifie qu’au lieu de s’auto-multiplier, les organismes devaient s’associer à d’autres organismes pour obtenir un jeu complet de chromosomes. C’est ce qu’on appelle la reproduction sexuée.
La terre avant le temps
La reproduction sexuelle peut être aussi simple que du pollen qui se déplace et fait germer des bébés plantes à gauche et à droite. Mais quand le sexe -en lui-même- a-t-il commencé ?
Nous allons remonter le temps jusqu’à un lac écossais, il y a 385 millions d’années, où les restes fossilisés d’un poisson nommé Microbrachius dicki ont laissé la plus ancienne preuve de rapports sexuels avec pénétration sur la planète Terre. Avant de reprocher aux scientifiques leur immaturité à nommer ces fossiles (dick = bite en anglais), nous tenons à préciser qu’ils ont été nommés d’après l’Écossais Robert Dick, qui a déterré les restes du petit dicki.
Les études scientifiques menées sur les fossiles ont révélé l’existence d’un « membre génital osseux en forme de L » utilisé pour transférer les spermatozoïdes des mâles aux femelles et appelé « clasper ». Ils ont également découvert de « petits os jumelés » destinés à maintenir les organes mâles pendant – appelons-le sexe ? Cette étude révolutionnaire a permis de découvrir le plus ancien exemple connu de copulation et de fécondation interne.
Contrairement aux nombreuses positions sexuelles dont nous disposons aujourd’hui en tant qu’êtres humains, ces poissons copulaient probablement en nageant côte à côte, entrecroisés, un peu comme dans un quadrille.
Un chemin vers le plaisir
Ce poisson bizarre a introduit un nouveau type de reproduction sexuelle : la fécondation interne. Mais cela ne veut pas dire que les deux protagonistes y ont pris plaisir. Il s’agit plutôt d’une transaction commerciale. Un pacte primitif visant à assurer la survie de l’espèce pour des raisons biologiques. C’est encore le cas pour de nombreuses espèces qui ont recours à la fécondation interne aujourd’hui.
Alors, quand le sexe est-il devenu un plaisir ?
Les scientifiques avancent l’hypothèse selon laquelle si le plaisir et le consentement ont probablement été très différents de ce qu’ils sont aujourd’hui, il y a probablement toujours eu un élément de récompense dans la copulation – pour au moins l’une des parties impliquées. Sinon, pourquoi risqueraient-elles leur vie et leur intégrité physique pour s’engager dans des activités aussi précaires ?
Si vous avez déjà participé à des activités hétérosexuelles, vous avez probablement remarqué qu’il est beaucoup plus difficile pour les femmes cis ou les personnes ayant un vagin d’avoir des orgasmes que pour les hommes. Bien que l’orgasme féminin ne soit pas nécessaire à la reproduction, c’est peut-être la raison pour laquelle il s’est développé au cours de l’évolution.
L’une des théories scientifiques sur l’orgasme féminin est que nos ancêtres, il y a bien longtemps, avaient peut-être une ovulation déclenchée par l’orgasme. Ils en ont déduit que la poussée hormonale qui se produit lors de l’orgasme féminin est similaire à celle qui se produit chez les espèces dont l’ovulation est provoquée. Lorsque l’ovulation a commencé à se produire d’elle-même, l’orgasme a alors joué le rôle secondaire que nous lui connaissons.
Tout n’est pas qu’une question de reproduction
S’il est logique d’envisager l’histoire du sexe sous l’angle de la reproduction, ce ne peut pas suffire. Le sexe est un outil social. Il sert à établir des liens, à résoudre des conflits et est parfois utilisé à des fins transactionnelles. De nos jours, pour la plupart des gens, quelle que soit leur orientation sexuelle, le sexe n’a pas pour but de faire des bébés,.
L’homme n’est pas la seule espèce à se reproduire par la copulation, mais il semble que nous soyons l’une des rares à y prendre plaisir. Nous possédons également les structures sociales les plus complexes et les mieux définies de la planète.
Notre relation au sexe et notre relation à l’autre vont de pair. L’un des rares exemples que nous ayons dans la nature est celui des chimpanzés bonobos. Comme les humains, les bonobos utilisent le sexe, souvent occasionnel, pour tisser des liens sociaux et arbitrer les conflits. Ils pratiquent également le baiser et le sexe oral, et connaissent l’orgasme. Les bonobos ont également des relations homosexuelles, tout comme les dauphins, les orangs-outans, les moutons, les chauves-souris frugivores, les coléoptères et, bien sûr, les humains.
Sexe et société
Bien que cela n’explique pas pourquoi le sexe est devenu un plaisir, cela montre comment il a évolué bien au-delà d’un simple outil de reproduction. Au-delà du plaisir physiologique que nous ressentons pendant les rapports sexuels, nous éprouvons du plaisir et toutes sortes d’autres émotions grâce au rôle qu’il joue dans nos relations et dans la société dans son ensemble.
Pour quelque chose qui semble si simple, le sexe est incroyablement complexe. Nous avons parcouru un long chemin depuis les poissons préhistoriques qui s’accouplaient sur le fond d’un lac écossais et nous continuerons probablement à évoluer. Le sexe est l’un des meilleurs outils dont nous disposons pour mieux nous comprendre, approfondir nos relations amoureuses et tirer le meilleur parti de notre corps.