Nous sommes nombreuses et nombreux à savoir ce qu’est un orgasme génital – nous l’avons même pour beaucoup d’entre nous, déjà expérimenté. Nous sommes peut-être un peu moins nombreux/nombreuses à savoir ce qu’est un orgasme tantrique ? Ou un orgasme d’énergie ? Combien sommes-nous à savoir que l’on peut atteindre l’orgasme sans aucune stimulation ? Et enfin, qui dans la salle, a déjà entendu parler de l’orgasme de la peau, autrement appelé orgasme tactile ou épidermique ?
Bonne nouvelle : les chances de l’atteindre sont élevées. On parle aussi de frisson.
Cet article a pour ambition de vous en apprendre un peu plus sur le sujet. Vous découvrirez notamment que l’orgasme de la peau a beaucoup à nous révéler sur votre personnalité et la façon dont fonctionne votre cerveau. Intrigant non ?
Qu’est-ce qu’un orgasme de la peau ?
Un orgasme de la peau renvoie à la sensation que vous pouvez éprouver lorsqu’une œuvre d’art comme une chanson, un film, une peinture, de la danse mais également un livre vous émeut au point de provoquer une réaction physique.
Des recherches sont actuellement en cours pour essayer de comprendre pourquoi certains éprouvent ce frisson quand d’autres non. Il semblerait que celles et ceux qui parviennent à l’expérimenter aurait un trait de caractère particulier et des connexions neuronales un peu différentes des autres.
Qu’est-ce que ça fait d’éprouver un orgasme de la peau ?
L’orgasme épidermique a été décrit comme une vague de plaisir envahissant tout le corps, en parcourant la peau comme un orgasme. Un mouvement positif de sensations remontant rapidement le long du dos, comme des frissons parcourant la colonne vertébrale.
Il s’agit d’une réaction physique involontaire que les psychologues de la musique Psyche Loui et Luke Harrison décrivent comme « une sensation agréable, paradoxalement à la fois universelle et variable ».
Certains le décrivent comme des picotements de la peau et des frissons, pouvant parfois s’accompagner de chair de poule et de dilatation des pupilles. Pourquoi cela se produit-il ? Tout serait lié au système de récompense et au système nerveux sympathique de chaque personne.
Dans le cas du système de récompense, il s’agit du noyau accumbens, du cortex orbitofrontal et du cortex insulaire (siège supposé des émotions), qui est une région responsable de la production de la reconnaissance du plaisir.
Concernant le système nerveux sympathique, il a été démontré que lors d’un orgasme de la peau, on observe une augmentation de l’activité électrodermale. Il s’agit d’une réponse galvanique de la peau lors de laquelle le corps émet une variation continue semblables à des manifestations électriques de la peau.
Les orgasmes de la peau, ou « frissons », ne durent généralement que quelques secondes, ils sont très brefs.
Qu’est-ce qui provoque un orgasme de la peau ?
Il est intéressant de noter que, bien que des recherches aient été menées sur l’orgasme de la peau, celui-ci a souvent été négligé par les chercheurs car il était systématiquement associé au sexe. En réalité, même si le mot « orgasme » figure dans son nom, cette expérience n’est pas de nature sexuelle. Les organes génitaux n’interviennent pas du tout et la sensation ressentie n’a rien à voir avec celle de l’orgasme sexuel.
Néanmoins, il a été découvert qu’un orgasme de la peau est déclenché par une réaction émotionnelle à un stimulus inattendu dans l’environnement, en particulier la musique. Des éléments tels que les harmonies, les changements soudains de volume ou l’entrée vibrante des solistes déclenchent souvent des frissons, car ils surprennent l’auditeur de manière positive.
Prenons l’exemple d’un violoniste qui jouerait un morceau émouvant et qui atteindrait soudainement une belle note aiguë. L’auditeur peut ressentir qu’il s’agit là du ou d’un des points culminants du morceau et se sentir chargé d’émotions. Cet afflux d’émotions peut également déclencher un frisson à cause de la surprise surprise ressentie et devant l’exécution d’un morceau aussi difficile.
Un orgasme épidermique est plus susceptible de se produire lorsqu’une personne prête une attention particulière aux stimuli. Mais comme nous l’avons mentionné, il semble que l’orgasme de la peau se produise particulièrement chez les personnes ayant un certain type de personnalité et des connexions neurologiques particulières.
En termes de traits de personnalité, une étude a montré que les personnes qui expérimentent souvent des orgasmes de la peau ont généralement un score élevé dans la catégorie « ouverture à l’expérience ». Elle regroupe notamment ceux qui trouvent de la beauté dans la nature, et qui aiment la variété et recherchant de nouvelles expériences.
Sur le plan cognitif, l’orgasme épidermique peut survenir chez les personnes qui ont une imagination active et celles qui ont tendance à réfléchir profondément à leurs sentiments.
En revanche, un orgasme cutané est plus susceptible d’être ressenti par les personnes qui font des prédictions mentales sur le déroulement de la musique ou par celles qui laissent libre cours à leur imaginaire musical (comme la rêverie) que par celles qui possèdent les composantes de l’« ouverture à l’expérience ».
Ce sont les personnes qui s’immergent intellectuellement dans la musique au lieu de la laisser se dérouler qui ont le plus de chances de connaître un orgasme cutané.
Les orgasmes de la peau sont-ils fréquents ?
Vous avez l’impression d’en avoir déjà éprouvé ? Il y a en effet de fortes chances pour que ce soit le cas. Les études estiment qu’entre 55 et 86 % de la population en ont déjà connu.
Est-ce que cette chanson vous donne des frissons ?
Si vous avez du mal à voir précisément à quoi peut bien ressembler un orgasme de la peau, nous ne saurions trop vous recommander d’écouter ou de réécouter la performance de Susan Boyle en 2009 sur le plateau de Britain’s got Talent sous le regard médusé du jury qui (comme le public) s’attendait à tout sauf à cette claque musicale.
Des scientifiques suggèrent que la chair de poule pourrait être un héritage de nos premiers ancêtres (plus poilus), qui se réchauffaient grâce à une couche endothermique de chaleur conservée sous les poils de leur peau.
Le fait d’avoir la chair de poule après un changement rapide de température (comme l’exposition à une brise fraîche inattendue lors d’une journée ensoleillée) fait temporairement monter puis descendre ces poils, ce qui réinitialise cette couche de chaleur.
Depuis que nous portons vêtements, nous avons moins besoin de cette couche de chaleur endothermique. Mais la structure physiologique est toujours en place, et il se peut qu’elle ait été recablée pour produire des frissons esthétiques en réaction à des stimuli émotionnellement émouvants, comme la grande beauté de l’art ou de la nature.