Mme Mower entendit la voix de baryton du Principal Simmon.
« Mme Mower, dit-il d’un ton mesuré, il y a un message pour vous. »
Elle était en train d’écrire un texto à son mari. Elle s’arrêta tout net.
Il posa une enveloppe carrée très élégante sur la pile de ses livres de maths.
« Pas d’inquiétude. On voulait juste vous offrir une bonne soirée à l’extérieur. »
« Nous ? »
« Oui. Mme Simmon et moi-même. » Il détourna le regard.
« Vous et Mme Simmon ? »
« C’est ça » lui dit-il en souriant face à son trouble.
Mme Mower lança un coup d’œil suspicieux à son supérieur par-dessus son bureau. Après tout ce qu’ils avaient fait ensemble et tout ce qu’il connaissait d’être : à quoi cela pouvait bien rimer ? Il avait vu la vidéo de ses ébats avec M. Rungard. Ils s’étaient donné plusieurs fois rendez-vous dans son bureau après les heures de cours où il l’avait questionnée sur le déroulé de cette fameuse soirée. Ils avaient rejoué le scénario dans son bureau la première fois puis dans sa classe la deuxième et la troisième fois dans le vestiaire des filles. Et maintenant il voulait que sa femme rencontre sa maîtresse ?
« Je le lirai plus tard » lui dit-elle.
« Tenez-moi au courant » lui répondit-il en acquiesçant et en quittant la pièce.
Toute la journée durant, la petite enveloppe blanche était restée sur son bureau. Toute la journée, elle avait eu cruellement envie de l’ouvrir. Toute la journée, elle s’était demandé si l’ouvrir était la bonne chose à faire. Elle se disait que les conséquences pourraient être lourdes. Mme Mower imaginait Mme Simmon avec de longs ongles, prêts à lui écorcher le visage. Mais si au contraire ses longs ongles peints en rouge étaient enfoncés dans quelque chose de doux et chaud ? Elle secoua la tête pour chasser sa pensée réalisant que certaines choses avaient meilleur compte à rester fermées.
Après la sonnerie qui marquait la fin de la journée, elle rangea un peu sa classe devenue une zone sinistrée après que les étudiants s’y soient rués pour y entrer et en sortir. Elle retourna vers son bureau et saisit l’enveloppe gaufrée. Un léger parfum s’en dégageait qui resta collé à ses doigts. L’odeur était un mélange de bois, de bergamote et de rose. Mystérieuse mais intrigante. Elle ne pouvait retenir ses doigts. Ses ongles glissèrent sous le papier pour décacheter l’enveloppe.
A l’intérieur, de la dentelle noire était retenue par un ruban doré brillant. Elle ne pouvait plus s’arrêter à présent. Elle fit glisser le ruban. Ouvrir les pans en dentelle était comme ouvrir les portes d’un château. L’invitation était rédigée avec une très jolie calligraphie :
Le meilleur cadeau que l’on puisse se faire après cette année, c’est du temps passé ensemble.
M. Matthew Simmon et Mme Laura Beth Simmon
Prient M. et Mme Mower
De se joindre à eux à l’occasion de leur dîner de Noël
Le 17 décembre
A la Town School
Cravate noire exigée.
____ Nous acceptons avec plasir.
—- Nous déclinons à regret.
Mme Mower ricana. Une jolie carte, bien écrite, un peu collet-monté pour une invitation à un événement en plein cœur de New York ? Elle rit en pensant qu’elle n’avait pas de quoi se payer le voyage jusqu’à New York. M. Simmon devrait sacrément m’augmenter. Elle rangea l’invitation dans son sac.
En quittant le bâtiment, elle passa rapidement devant le bureau de M. Simmon mais c’est dans le couloir qu’elle tomba sur lui.
« Mme Mower, vous avez pu lire l’invitation ? »
« Oui et je vous en remercie M. Simmon. Malheureusement, mon mari et moi allons devoir décliner l’invitation. »
« Vraiment ? Oh non, c’est trop dommage. J’imagine que je vais devoir recourir à la stratégie de Laura Beth. » Il sourit. « Nous avons déjà réservé les billets d’avion pour vous et votre mari ou pour la personne qu’il vous plaira d’emmener. »
« Sa stratégie consiste à nous acheter des billets ? »
« Oui et l’hôtel est réservé également » ajouta-t-il.
Mme Mower se couvrit la bouche, abasourdie.
« Tout est déjà payé ? »
« Oui, c’est un événement que Laura Beth et moi n’aimons pas rater. Nous n’aimons pas non plus y assister uniquement tous les deux non plus. »
« Euh, je suis… annôna-t-elle, surprise. Je vais en parler à mon mari. Je ne peux rien vous garantir… »
Il sourit. « Parlez-en lui s’il-vous-plaît. Laura Beth et moi serions ravis de vous avoir à nos côtés. »
*********
« Est-ce que j’ai bien entendu ? Ils nous payent le billet jusqu’à New York pour une nuit ? Et ça ne nous coutera pas un centime ? »
Mme Mower leva ses yeux pleins d’inquiétude vers son mari : « Oui, c’est ça. »
Il tournait et retournait le carton d’invitation, passait ses doigts sur la dentelle.
« Qu’est-ce que tu as fait pour mériter ça ? »
Mme Mower haussa les épaules. « Je ne suis pas le professeur de l’année à ce que je sache. Je n’en ai pas la moindre idée. J’imagine qu’il a vu mon travail avec les étudiants et peut-être que je vais bientôt prendre la tête du département de Mathématiques ? »
Des flash-backs lui traversaient l’esprit. Elle, à genoux, en face de lui. Elle, assise sur son visage te pressant sa chatte contre son nez et sa bouche jusqu’à ce qu’il ait du mal à respirer. Lui, la baisant fort en lui tirant les cheveux. Son sperme coulant entre ses seins nus dans les vestiaires des filles à l’école. C’était sans doute la raison de l’invitation. Elle pensa ensuite aux longs ongles de Mme Simmon lui lacérant les joues de colère à cause de ce qu’elle avait fait avec son mari.
« Je suis un peu réservée à l’idée d’y aller, lui dit-elle. De quoi allons-nous parler avec les Simmon hein ? Je redoute de devoir faire la conversation avec eux : mon supérieur et sa femme. »
« Est-ce que tu ne ferais pas un petit effort pour un voyage gratuit à New York ? » Il ricana et lui proposa la chose suivante : « On pourrait partir avec eux avant de « se perdre » dans la grosse pomme et ne plus jamais les retrouver. Ça serait marrant. »
Elle haussa les épaules. « Pour toi peut-être. Tu ne le reverras jamais. Je suis la seule qui devrait le revoir et répondre de nos actes. »
Il lui caressa l’épaule et la regarda dans les yeux : « C’est toi qui décide. Les deux options me vont. »
« Je n’arrive pas à me décider. »
« Dans ce cas, je t’aide à choisir : on y va. » Il sortit de la pièce sans ajouter un mot.
« Oh non ! Certainement pas. » Elle se précipita derrière lui et lui attrapa l’épaule pour le faire se tourner vers elle : « On n’y va pas. C’est trop bizarre. Trop étrange et trop effrayant pour moi. »
« Qu’est ce qui est trop effrayant ? Faire la conversation ou aller à New York ? »
« Je n’ai aucun problème avec New York. Le problème, c’est eux. »
« Tel que tu en parles on dirait qu’ils sont fous. »
Il lui prit la main et la caressa gentiment. « Écoute, je pense que je peux tenir une conversation avec n’importe qui. Et il y a toujours un moyen de s’en débarrasser. J’imagine qu’il y aura plein d’autres couples dans cet événement. Ce n’est pas juste un plan à 4 pour un dîner. Ça va bien se passer Karen. J’ai vraiment envie d’y aller. »
L’appréhension même remisée était toujours présente à son esprit. Elle savait qu’à tout moment elle pourrait refaire surface.
Avant la première sonnerie le vendredi matin, Mme Mower entendit M. Simmon l’appeler depuis l’autre bout du couloir. Il souriait en approchant.
« Laura Beth et moi-même avons bien reçu votre réponse. Cette soirée s’annonce grandiose. Je n’étais pas sûr que vous accepteriez. Le lieutenant Mower et vous nous avez rendus très heureux. »
Mme Mower ignorait que son mari avait répondu à l’invitation. Mais à bien y repenser, elle n’avait plus vu l’invitation dans la maison.
« Nous sommes très excités nous aussi, » mentit-elle.
« Dans votre casier, vous trouverez une enveloppe. Elle contient vos deux billets d’avion ainsi qu’un document important pour la soirée. »
Mme Mower se força à sourire : « J’irai voir un peu plus tard. Merci encore. »
« Je vous en prie. Je suis content que vous rencontriez Laura Beth, elle attend votre rencontre avec impatience. » Il partit ensuite en souriant.
Impatiente de me rencontrer ? pensa-t-elle. Mme Mower essaya de faire bonne figure et ses lèvres se fendirent en un sourire faux. Une fois parti, elle relâcha son visage et ses épaules tombèrent.
Elle envoya un texto à son mari : « Salaud ! A cause de toi on part à NY. Tu aurais dû me demander mon avis avant de répondre ! »
Il lui répondit : « Il fallait le faire mon cœur. »
*********
L’avion obliqua vers Manhattan au coucher du soleil et se posa doucement sur le sol. Les Mower sortirent de l’avion rapidement. Leurs bagages les attendaient sur le tapis roulant. A leur grande surprise, un chauffeur en costume noir les attendait, portant une affichette « Lieutenant et Mme Mower ».
Karen attrapa son mari par le bras : « Ils nous ont réservé un chauffeur ! »
Le chauffeur, stoïque, s’empara de son sac et guida le couple vers une berline noire. Pendant le trajet, les Mower étaient détendus et regardaient les lumières de la ville se refléter dans les vitres de la voiture. Elle posa sa tête sur son épaule : « Merci d’avoir pris la décision de venir. »
Il l’embrassa sur le front : « Je suis sûr que nous n’avons pas encore tout vu. »
La berline s’arrêta devant une immense et très haute résidence sur la 76e East Street. En sortant leurs bagages du coffre, le chauffeur leur indiqua la réception où ils obtiendraient plus de détails concernant la soirée.
Une heure plus tard, Mme Mower mettait un point final à sa coiffure et M. Mower polissait le dernier bouton de manchette de son uniforme bleu marine.
Il se tourna vers elle : « Tu es belle à croquer. »
Elle vit son regard s’attarder sur ses seins lourds, maintenus serrés dans sa robe du soir.
Elle lui donna une petite tape et lui dit, joueuse : « Vous n’êtes pas mal non plus Lieutenant Mower. »
« On y va ? » lui dit-il en lui tendant son bras droit. Elle y glissa sa main.
« On y va. »
Il la conduisit vers le hall. Ils sortirent ensuite de l’immeuble et dans l’entrée juste à côté, ils furent accueillis par une jeune femme, vêtue d’une robe bleue longue, transparente jusqu’à mi-cuisse.
« Puis-je prendre votre châle, Mme Mower ? » lui proposa-t-elle.
- Mower lui retira et le lui tendit.
« Vous avez l’air d’être prêts pour ce soir. Vous êtes très beaux. » les complimenta l’hôtesse.
Mme Mower rougit sous le coup d’un mélange d’émotions : l’excitation d’être à New York, l’inquiétude à propos de la conversation à venir, celle d’oublier la bienséance, à propos de la maladresse face à l’apparat, à propos de la colère d’une épouse bafouée, à propos du risque d’un crêpage de chignon ou de celui de dévoiler ses secrets…
« Si vous voulez bien me suivre, je vais vous indiquer votre table. »
La jeune femme guida les Mower à travers une pièce éclairée à la bougie, emplie du bruissement des gens qui discutaient et riaient. La pièce était remplie de tables rondes recouvertes de nappes blanches. Leur nom était indiqué sur la table. Mme Karen Mower. Et à sa droite Lieutenant Derek Mower. A sa gauche : Mme Laura Beth Simmon. Les ongles rouges la lacérant lui revinrent en mémoire. Elle espérait que la mécanique se gripperait et l’empêcherait d’être si proche de Mme Simmon.
« J’ai besoin de boire quelque chose de fort, je suis stressée. »
« Installe-toi, je m’occupe des boissons », lui dit M. Mower.
Mme Mower regarda son mari disparaître dans le noir. Elle était seule, mal à l’aise, redoutant toujours un possible crêpage de chignon avec Mme Simmon ou un combat de coqs entre son mari et M. Simmon. Elle avait joué ses scénarios plus d’une fois dans son esprit et les avait laissé prendre de l’ampleur à mesure qu’elle s’y plongeait. Tous ses scénarios se terminaient par une explosion de colère et de coups de poings.
Elle avait l’impression que sa robe la comprimait encore plus et qu’elle lui cisaillait la peau sous les bras. Elle craignait que la robe lui fit des grosses fesses.
« Je n’aurais pas dû mettre cette robe » maugréa-t-elle.
Elle était convaincue que ce voyage était une grisse erreur. Elle était en colère contre Derek d’avoir accepté cette invitation et en colère contre elle-même pour lui avoir parlé de cette invitation.
Elle prit une gorgée d’eau dans le verre à pied posé sur la table, espérant rafraîchir et calme son corps.
« Mme Mower. »
Son dos se raidit en entendant prononcé son nom. Il résonna dans ses oreilles. Le moment qu’elle redoutait était arrivé.
“Mrs. Mower.”
Elle se leva, lentement mais gracieusement. Elle était sur la défensive. Prête à protéger son visage.
« Mme Simmon », dit-elle froidement.
« Karen, je suis si contente de vous rencontrer enfin ! »
Mme Mower inclina légèrement la tête sur le côté en entendant cette phrase.
La femme, blonde, était adorable. Un corps en forme en sablier, des bras toniques, des yeux bleus mis en valeur par la robe rose clair. Lorsqu’elle s’avance vers Mme Mower, sa robe ondule, la rendant longue et gracieuse. Mme Simmon posa ses mains chaudes sur les épaules de Mme Mower l’attira vers elle. Avant de déposer une bise sur chacune de ses joues rouges.
L’éloignant pour mieux la regarder, Mme Simmon lui dit : « Matthew m’a beaucoup parlé de vous. Il est très satisfait de votre travail. »
Mme Mower était abasourdie. De quel travail en particulier était-il fier ?
La plus grande surprise venait du fait qu’il ait parlé de son travail à sa femme. Lui avait-il parlé d’elle comme d’une collègue ou d’une amante ? Le Principal Simmon n’était pas du genre à complimenter les professeurs sur leurs aptitudes. Il n’avait jamais mentionné son travail, à part celui qu’elle avait réalisé avec M. Rungard. Il n’avait jamais laissé entendre qu’elle était plus qu’une prof de maths un peu moyenne. Mais surtout, il lui semblait inconcevable qu’il ait parlé à sa femme de ce qu’ils avaient fait dans son bureau et un peu partout dans l’école. Aucun homme marié n’agirait de la sorte et aucune femme ne serait contente de rencontrer la maitresse de son mari.
Mme Mower finit par répondre : « Le Principal Simmon est un bon chef. »
« Je vous en prie, appelez-le Matthew. Il n’est plus Principal en dehors de l’école. Et appelez-moi Laure Beth, pas madame. »
M. Mower vint mettre un terme au malaise de Karen : « Karen, voici ton verre. »
Elle prit le petit verre et en bue une grande gorgée. Elle toussa tellement le whisky était fort.
Il dut se présenter lui-même à la jolie blonde.
Karen se reprit et s’excusa : « Désolée mon chéri. Voici Madame… Enfin je veux dire, voici Laura Beth, la femme de Matthew. Laura Beth, voici mon mari, Derek.
« Derek, dit-elle en lui tendant la main, j’aime les hommes en uniforme. »
Derek prit sa main et la porta à sa bouche. Il la tint un peu trop longtemps au goût de Mme Mower. Elle attrapa donc son autre main et la serra.
« Asseyons-nous Karen et faisons connaissance, » suggéra Laura Beth.
La blonde énergique parlait de sa vie avec Matthew et offrit même quelques anecdotes amusantes sur le Principal. Très rapidement, les deux femmes riaient ensemble, même si le rire de Karen était un peu forcé. Lorsque M. Simmon apparut, Laura Beth se calma.
« Est-ce que tu es en train de révéler tous mes secrets à Mme Mower, Laura Beth ? » lui demanda-t-il gaiement.
« Parce que tu as des secrets ? » lui répondit-elle avec sarcasme et une stupéfaction feinte.
Mme Mower sentit l’inquiétude la gagner à nouveau. Elle en oubliait les anecdotes et les rires. Elle savait que Matthew Simmon avait de nombreux secrets.
« Tu peux l’appeler Karen. Pas de Mme Mower ce soir. On pourra en revanche donner du Lieutenant à Derek. »
Matthew sourit et s’assit à la gauche de Laura Beth. Derek à côté de Karen. Très vite, un autre couple vint compléter leur table.
« Ravi de vous revoir cette année Monsieur » dit un homme vêtu d’un costume noir et d’une ceinture de flanelle à M. Simmon. Sa femme tendit sa main à Laura Beth, comme à une vieille connaissance.
« En effet M. Bailey. Je ne manque jamais cette soirée, » répondit Matthew.
« Et je vois que vous êtes venu avec des amis cette année. »
« Tout à fait. Voici Karen Mower et son mari le Lieutenant Derek Mower. »
Les deux couples se saluèrent.
Quelques minutes plus tard, un ballet de serveurs et de serveuses habillés en noir servit les assiettes dans cette immense salle. A la table qui nous intéresse, tous les convives furent servis en même temps. Des petites bouchées de poisson blanc, trois fines tranches de carpaccio, un écrasé de pommes de terre ainsi que deux asperges. Les sommeliers servaient du vin rouge ou blanc selon les envies de chacun.
« Il n’y a pas grand-chose à manger. On devra sans doute aller ailleurs après car j’aurai encore faim » murmura Derek à Karen. Elle lui donna un coup de coude. Elle était toujours inquiète et avait hâte que la soirée se termine. Elle ne voulait pas aggraver la situation à cause d’une gaffe de son mari.
Un ensemble de cordes jouait délicatement pendant tout le diner. Les couverts en argent cliquetaient contre les assiettes alors que les convives mangeaient et buvaient. La plupart des conversations se passait à voix basse mais tous les convives d’une même table y prenaient part.
Laura Beth se pencha : « Il faut que vous sachiez… »
Karen recommença à angoisser. Qu’avait-elle à savoir ?
« Nous participons à cette soirée depuis plusieurs années et les Bailey depuis encore plus longtemps que nous. Nous sommes toujours assis à leur table mais c’est la première fois que nous avons amenés des invités. »
Karen acquiesça.
« Ces derniers mois, Matthew n’arrêtait pas de me dire qu’il voulait que votre mari et vous veniez avec nous. Je me posais des questions à votre sujet mais plus il me parlait de vous et plus j’étais là : Mais oui ! Il faut qu’on les emmène avec nous ! »
« Il vous a parlé de moi ? » Un frisson la parcourut des épaules au bas du dos.
« Oui, il m’a…»
« Qu’est-ce qu’il vous a dit ? » lui demanda-t-elle en tremblant.
« Karen, vous avez l’air très tendue. » Elle plaça sa main droite sur le haut de son dos et lui massa la base du coup. « Tout va bien se passer. Il n’a dit que des choses bienveillantes à votre propos. Rien de méchant. Il vous aime vraiment vraiment bien. »
Mme Mower regarda Laura Beth puis M. Simmon puis son mari. Ces deux-là étaient en train de discuter avec l’autre couple.
« Détendez-vous Karen, nous allons passer une bonne soirée. On est à New York, dans la Town School. Cette soirée est tellement select que personne ne saura jamais ce qui s’y passe. Et personne n’est sensé partir avec le moindre regret. »
Karen rencontra ses yeux bleus. Laura Beth se mordit les lèvres pendant quelques instants.
« Écoutez, rangez dans un coin de votre tête le fait qu’il soit votre supérieur. Il ne vous arrivera rien, je m’y engage. Et ce soir et à l’école. Il fait ce que je lui demande. Comme Derek n’est-ce pas ? C’est vous qui portez la culotte à la maison. »
Silence. Karen ne répondit pas.
Laura Beth posa sa main gauche sur l’épaule de son mari. « Matthew, je reviens dans un moment. J’emmène Karen avec moi. »
« Ne fais rien trop tôt sans que je sois là » lui répondit M. Simmon.
« On fera ce qui nous plaira » lui répondit-elle en souriant. Elle posa sa serviette sur sa chaise. Une serveuse arriva et replia la serviette sur la table, à la place de Mme Simmon.
Karen adressa un regard à son mari, les yeux emplis de peur, le suppliant de la sauver, comme si elle était une prisonnière emmenée par son geôlier. Il se contenta de hocher la tête et de lui adresser un petit signe de la main.
* La suite la semaine prochaine !
** La nouvelle a été écrite par Claire Woodruff et traduite de l’anglais. Pour la lire en version originale, c’est par ici.