L’idée de pleurer après un rapport sexuel peut sembler embarrassante ou tout simplement bizarre pour beaucoup de gens. Mais en réalité, c’est plus courant que vous ne le pensez ! En fait, de nombreuses personnes pleurent après un rapport sexuel… pour un certain nombre de raisons ! Mais avant de les évoquer, examinons les tenants et les aboutissants de ce phénomène.
Tout d’abord, il est important de distinguer les pleurs après un rapport sexuel de la dysphorie post coïtale (DPC). On parle de dysphorie post coïtale lorsque certaines personnes éprouvent inexplicablement des larmes, des pleurs, de la tristesse ou de l’irritabilité après un rapport sexuel. Elle semble plus susceptible de se produire pendant des périodes de détresse psychologique, lorsque quelqu’un éprouve une difficulté sexuelle actuelle ou chez les personnes ayant des antécédents de traumatismes sexuels. Ainsi, si certaines des raisons de pleurer citées ci-dessous peuvent relever de la DPC, ce n’est pas le cas pour d’autres.
Ce qui nous amène à la prochaine grande question que certains peuvent se poser…
Pourquoi est-ce que je pleure après un rapport sexuel ?
Pleurer de bonheur
Pleurer après l’amour n’est pas forcément une mauvaise chose ! Il peut simplement s’agir de larmes de bonheur, comme lorsque vous êtes par exemple totalement connecté.e à votre partenaire – corps, esprit et âme – ou lorsque vous venez d’avoir le meilleur rapport sexuel de votre vie.
« Pleurer après un orgasme intense est une excellente raison de pleurer », explique Claudia Six, sexologue clinicienne. « Il peut s’agir simplement d’une libération supplémentaire d’énergie, ou de joie et de gratitude pour avoir éprouvé une telle sensation extatique. Vous pouvez avoir l’impression de perdre le contrôle, mais il s’agit d’un relâchement de la tension ».
Une surcharge physique ou mentale
Parfois, lorsque l’on s’engage dans quelque chose d’intense ou de nouveau, comme un jeu de rôle ou un nouveau type de fantasme sexuel, l’expérience peut être un peu intense et accablante lorsqu’elle arrive à son terme.
Le voyage lui-même crée une sorte de montagne russe pleine d’émotions diverses. En passant de l’anticipation à l’excitation, puis à l’intrigue et enfin au retour sur terre, l’excitation elle-même peut provoquer des larmes.
Physiquement, le fait de vivre quelque chose de nouveau ou de plus intense que d’habitude peut provoquer des pleurs. Par exemple, si vous éjaculez pour la première fois, si vous avez un orgasme plus fort que d’habitude ou si vous enchaînez plusieurs orgasmes à la suite.
Dans le cas contraire, vous pouvez avoir accumulé une telle excitation sexuelle que l’expérience elle-même ne répond pas à vos attentes. Cela peut entraîner de la frustration, voire des larmes.
Il y a aussi le rôle que jouent les hormones pendant les rapports sexuels. Par exemple, lors de l’orgasme, la dopamine et l’ocytocine sont libérées (les hormones de l’amour). Après l’acte sexuel, ces niveaux chutent et certains émettent l’hypothèse que la baisse subséquente de ces niveaux pourrait provoquer des sentiments de tristesse.
Des traumatismes passés
Bien qu’il n’y ait pas beaucoup de recherches indiquant que les personnes ayant subi des abus dans le passé soient plus enclines à pleurer après un rapport sexuel, de nombreuses recherches indiquent en revanche que les abus émotionnels, physiques et/ou sexuels dans l’enfance peuvent conduire à des dysfonctionnements sexuels à l’âge adulte.
Ainsi, le sexe peut agir comme un déclencheur pour certaines personnes, qui se sentent alors exposées et vulnérables. Par la suite, des souvenirs d’expériences traumatisantes, voire une réaction émotionnelle liée au traumatisme avant qu’ils/elles n’aient consciemment reconnu ces souvenirs, peuvent survenir.
Inconfort physique
Des affections telles que la dyspareunie (douleur pendant la pénétration) peuvent survenir chez environ 8 % des femmes. Il est clair que la douleur et la frustration de ne pas pouvoir avoir de rapports sexuels sans douleur peuvent provoquer des larmes. Si vous souffrez de douleurs sexuelles, quelles qu’elles soient, consultez un médecin spécialisé en santé sexuelle.
Problèmes relationnels sous-jacents
Parfois, il est possible de sangloter après un rapport sexuel en raison de problèmes qui affectent une personne à l’intérieur ou à l’extérieur de la chambre à coucher. Le sexe est un acte intime qui peut faire remonter à la surface des sentiments et des émotions sous-jacents.
Comme le dit Six, pleurer après un rapport sexuel « peut être dû à une relation sexuelle qui n’a pas été agréable, physiquement ou émotionnellement – ou peut-être que la personne n’est pas avec le partenaire qu’il/elle aimerait avoir ».
Ou bien encore comme l’a dit Gigi Engle, coach sexuel :
« Chaque fois que j’avais un orgasme, c’était comme si je libérais l’angoisse émotionnelle profonde de ma relation défaillante. C’était triste, douloureux et déprimant. Au lieu de surfer sur une vague de plaisir, je me retournais et pleurais tranquillement jusqu’à ce que je m’endorme, perdue dans ma tête et mon chagrin d’amour ».
Émotions refoulées
Comme nous l’avons mentionné, l’orgasme a le pouvoir de créer des changements radicaux dans l’esprit et le corps d’une personne. Pour certains, l’orgasme peut être une libération du stress ou des émotions.
Ainsi, le fait de s’autoriser à pleurer après un rapport sexuel peut parfois s’avérer salutaire. Il s’agit de laisser aller activement les émotions refoulées et de les laisser se dissolver.
Stress, peur ou anxiété
Quelle que soit l’expérience vécue, les pleurs peuvent accompagner l’anxiété. Lorsque l’on est en proie au stress pendant les rapports sexuels, il peut être difficile de « se déconnecter » et de se concentrer sur le moment présent.
Pendant l’acte sexuel, le corps peut être dans l’action, tandis que l’esprit vagabonde. Cela peut très bien conduire à la frustration et à une anxiété encore plus grande après l’acte sexuel, ce qui peut entraîner des pleurs.
Certains points de stress peuvent être liés au sexe, comme l’anxiété de performance (qui, selon une étude, touche environ 6 à 15 % des femmes et 9 à 25 % des hommes). Un lien a été établi entre les hommes qui connaissent des problèmes sexuels stressants, tels que la dysfonction érectile et la DPC.
La culpabilité et la honte qui entourent le sexe
Il existe différentes raisons pour lesquelles une personne peut éprouver un sentiment de culpabilité et/ou de honte lorsqu’il s’agit de sexualité. Peut-être lui a-t-on appris en grandissant que la sexualité était saleou une mauvaise chose. Peut-être que sa religion lui fait croire que c’est un acte honteux (avant le mariage) ou qu’elle a eu des expériences sexuelles négatives dans le passé, ce qui l’a gênée ou lui a fait éprouver un sentiment de culpabilité.
Il peut aussi s’agir d’une lutte intérieure, comme un problème de confiance en soi ou de relation à son corps, ou bien encore le sentiment que le type d’acte sexuel qui intéresse une personne (ceux qu’elle pourrait avoir envie de pratiquer) ne correspond pas à ses valeurs ou à sa morale. Toutes ces raisons indiquent une relation négative à la sexualité et peuvent expliquer pourquoi une personne pleure après un rapport sexuel.
À l’opposé, il existe une chose appelée « dacryphilie ». Il s’agit d’une personne qui éprouve de l’excitation en voyant quelqu’un d’autre pleurer ou en voyant quelqu’un d’autre manifester une libération émotionnelle qui accompagne les pleurs.
En résumé, l’acte de pleurer est une réaction humaine normale à toute une série de stimuli différents. Pleurer après un rapport sexuel est une chose qui arrive et dont il n’y a pas lieu d’avoir honte. Au contraire, en cherchant à comprendre la raison sous-jacente des pleurs, on peut se sentir plus fort émotionnellement et peut-être plus satisfait sexuellement.