L’île de Mabul était restée longtemps un petit ilot paisible foulé seulement par quelques pêcheurs avant de devenir au fil du temps un point de départ réputé pour des plongées exceptionnelles. C’était dans cette minuscule bande de sable située en Malaisie, au large de Bornéo, que nous avions décidé d’aller passer cinq jours de vacances avant de retourner en Australie où nous habitions tous.
Il y avait Sébastien, mon copain, William, son meilleur ami, ainsi que Julia et Andrew, un couple que nous avions connu dès notre arrivée à Sydney il y avait maintenant cinq ans. Les hommes rêvaient de cinq jours de fête sur la plage alors que je comptais bien profiter de ces vacances pour mettre à profit notre certificat de plongée et découvrir les eaux du coin à la réputation internationale. Julia quant à elle avait envie de mêler fêtes et exploration sous-marine, elle espérait pouvoir me suivre dans toutes mes plongées tout en profitant de ses soirées… Si je ne voulais pas passer pour la rabat-joie du groupe et me retrouver seule contre quatre à chaque orientation du programme de nos vacances, j’avais intérêt à me mettre Julia dans la poche.
Je n’étais pas inquiète, nous étions très proches et je savais qu’elle ne me laisserait pas tomber si je le lui demandais expressément.
L’idée de vacances dans un site de plongée avait semblé un bon compromis à tous, les clubs dédiés ayant la réputation de faire couler l’alcool à flot et de ne pas être avares de fêtes jusqu’au bout de la nuit.
C’était donc sur les bases de ce terrain d’entente que nous avions posé nos valises dans un petit club de plongée monté sur pilotis. Il n’y avait que trois chambres prévues pour les touristes, toutes en bois et construites juste au-dessus de l’eau. On pouvait entendre le clapotis des vagues sous le lit, et la vue était impressionnante. L’eau était peu profonde autour du club et de nos chambres et nous pouvions voir toutes sortes de poissons somptueux nager autour des rondins de bois qui soutenaient notre lieu de villégiature.
Je sautais de joie en découvrant ce petit coin de paradis et je me jetais aux bras de Sébastien qui riait de me voir ainsi toute excitée. J’étais peut-être la plus démonstrative, mais mes camarades étaient tout aussi impressionnés et nous sentions que les vacances qui se profilaient avaient tout pour être parfaites.
Et lorsque nos hôtes nous proposèrent un cocktail de bienvenu, l’euphorie monta encore d’un niveau. Les deux instructeurs de plongée étaient également les gérants du lieu. Avec l’aide des villageois, ils organisaient l’intendance, le couchage et les plongées. Un homme et une femme du même âge que nous, quelque part autour de la trentaine. Bronzés et musclés grâce à leur travail dans ce coin de paradis, et c’est là que nous étions différents…
Tania était une très jolie malaisienne à la peau foncée et aux yeux clairs. J’échangeais un regard avec Julia qui n’avait pas besoin de mots : William et nos copains respectifs se donnaient beaucoup de mal pour ne pas montrer l’effet qu’elle leur faisait. Je marchais sur le pied de Sébastien qui éclata de rire. Il avait très bien compris le motif d’un pareil traitement et il accepta la punition en riant. Puis il se pencha vers moi et murmura :
– Moi aussi je dois te broyer un orteil à cause du copain de Tania ?
L’homme qui tenait le club avec Tania s’appelait Michael. Il était Néozélandais et il fallait bien avouer qu’il avait un sourire charmeur savamment travaillé. Un peu trop travaillé à mon goût. Il dégageait malgré tout quelque chose et son torse nu et musclé qui semblait ne pas connaître l’existence du gras était difficile à quitter des yeux. Mais Michael avait trop conscience de sa beauté, ce qui le rendait aussi un peu ridicule.
Ce fut donc autour d’un cocktail de bienvenu avec vue sur la mer et le soleil couchant depuis la grande terrasse de notre nouveau chez nous que nous organisâmes notre courte semaine.
Je fus obligée de céder à la première condition de mes amis : pas de plongée le lendemain matin. Même Julia qui me promit par ailleurs de m’accompagner sous l’eau chaque fois était d’accord avec cette première exigence. Ils avaient bien l’intention de se coucher tard pour fêter leur arrivée.
J’attendrais donc l’après-midi pour ma première plongée. Le voyage avait été épuisant pour arriver jusque dans cet endroit magique et un peu de repos ne me ferait sans doute pas de mal non plus. Une fois notre programme à peu près fixé, chacun partit se changer avant notre rendez-vous dans l’unique restaurant du village avec nos deux instructeurs.
Il faisait nuit lorsque nous nous retrouvâmes tous à une centaine de mètres du club de plongée, attablés sous des paillotes en paille, éclairés par des torches. Les garçons en étaient à leur troisième bière avant l’arrivée des premiers plats et les rires fusaient. Tania et Michael avaient apparemment l’habitude et ils nous observaient, amusés, comme si la cuite du premier soir était un passage obligé.
Andrew racontait des blagues salaces et Julia le frappait en riant pour qu’il se taise. Elle me jetait parfois un regard faussement exaspéré avant de se lover contre lui en l’embrassant dans le cou. Je me blottissais alors à mon tour contre Sébastien, heureuse de l’instant présent. William dévorait Tania des yeux et il était difficile de savoir ce qu’elle en pensait vraiment. Les trois garçons commençant à être saouls, il était possible que la belle instructrice soit réticente à des avances alcoolisées. William devait commencer à s’en douter parce que lorsque Sébastien et Andrew commandèrent une énième bière alors que le repas était fini depuis longtemps, William ne les accompagna pas. Je songeais en souriant qu’il était déjà trop tard.
En effet, les deux instructeurs se levèrent en nous souhaitant une bonne soirée. On s’indigna autour de la table, il était encore tôt, mais ils rirent en nous rappelant qu’ils n’étaient pas en vacances. Ils devaient gérer l’intendance, le matériel… Et ils seraient debout de bonne heure. Il était déjà près d’une heure du matin, ce qui était raisonnable. J’espérais que Sébastien profite de cette occasion pour qu’on aille se coucher également, mais il proposa un bain de minuit que les deux autres garçons s’empressèrent d’accepter. Tania ayant quitté la table, William retrouva son esprit de groupe et se précipita dans l’eau avec Sébastien et Andrew.
Tania et William disparurent derrière les cuisines du restaurant où se trouvaient leurs huttes en paille. Nous n’étions pas parvenus à savoir s’ils étaient en couple, mais aucun des deux n’avait semblé choqué par les œillades insistantes de William qui rêvait de mettre Tania dans son lit.
Julia et moi regardâmes un moment les trois garçons patauger dans l’eau avant de les laisser à leur ivresse nocturne. En marchant sur la plage vers nos chambres, nous échangeâmes nos impressions sur les deux instructeurs qui semblaient tout droit sortis d’une revue vantant le tourisme de la région. On plaisanta une dernière fois sur leur beauté exagérée avant de rejoindre nos chambres.
Je me brossai les dents et enfilai une chemise de nuit sans rien en dessous, il faisait suffisamment chaud, puis je m’allongeai dans notre lit. Il n’était pas d’un grand confort, mais le bruit des vagues contrebalançait largement le manque de souplesse du matelas. J’entendais également au loin les rires des garçons qui cuvaient leur bière dans la mer.
C’était vrai qu’ils étaient beaux tous les deux. Michael était trop prétentieux à mon goût, il tirait souvent la discussion à lui, mais je devais bien admettre qu’il était magnifique. Tout en regardant le plafond sur lequel était fixé un ventilateur qui tournait à pleine vitesse, je promenais mes phalanges sur ma cuisse. Le souffle soulevait doucement ma chemise de nuit, de l’air frais s’engouffrant dans mon entrejambe. Il y avait peu de chance que Sébastien soit capable de me proposer quoi que ce soit d’érotiquement à la hauteur ce soir. Il faudrait que je me débrouille.
Je fermai les yeux et déplaçai lentement ma main droite vers mon sexe tandis que de l’autre main, je remontais doucement ma chemise de nuit. Mon pubis dévoilé, je sentis mes poils vibrer légèrement sous l’air brassé. Je caressai mon clitoris du bout des doigts et lâchai un soupir un peu plus sonore que désiré. Julia était dans la chambre à côté et je ne voulais pas qu’elle m’entende. Mais les vagues couvraient largement mes soupirs.
J’essayais de ne pas penser à Michael, je refusais d’avoir la moindre attirance pour lui. Par culpabilité d’abord, vis-à-vis de Sébastien à qui j’avais écrasé le pied à cause de Tania, et puis parce que je ne voulais pas donner raison aux frimeurs qui exhibent ainsi leur beauté comme un cadeau au monde. C’était ridicule parce qu’il n’y avait que moi qui le saurai, mais c’était un principe. Je laissais le plaisir irradier mon sexe sous les coups agiles de mon doigt tout en essayant en vain de me débarrasser l’esprit du torse musclé et bronzé de Michael.
Le contexte apaisant, la chaleur et la perception des vacances m’ayant plongé dans un état de relaxation déjà avancée, l’orgasme monta facilement, me saisissant les jambes et le corps, mais avec quelque chose de décevant. Une sensation d’inachevée due aux entraves que j’imposais à mes fantasmes…
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