Beth se sentit déjà mieux lorsqu’elle respira l’odeur de lavande dans l’entrée du petit centre de bien-être. La lavande possède un parfum apaisant qui, selon ce qu’elle avait lu, calme les personnes qui arrivent en souffrant et qui ont besoin d’être soulagées. Tout comme la lavande, la musique d’ambiance subtile faisait sourire les patients, malgré l’absence de mélodie et de rythme. Il n’y avait que des vibrations aquatiques et auditives.
Afin d’atténuer encore davantage la rudesse physique et émotionnelle de la vie, les lampes hautes sur pied n’émettaient qu’une faible lueur. Cette faible luminosité permet d’éviter l’agitation de la vie tout en offrant aux clients la possibilité de s’évader dans un sanctuaire rare.
Les gros oreillers sur le canapé en cuir et les fauteuils assortis complétaient ce havre de paix. Un endroit où l’on peut se reposer. Les gens s’asseyaient et respiraient, se reposaient, souriaient, s’imprégnaient de l’atmosphère.
Mais voilà, Beth avait mal au dos. Elle avait dormi sur le canapé pendant les trois dernières nuits, car ses invités avaient réquisitionné sa chambre – accédant ainsi à son offre polie. Le matelas était mince et la barre horizontale ne pardonnait pas. Chaque position adoptée pendant la nuit avait pour conséquence de réveiller une douleur. Les premières nuits n’avaient pas été si mauvaises. Elle avait survécu. Mais au bout de la troisième nuit, la douleur était forte. Sa grand-mère avait une citation de Ben Franklin qui résonnait à présent tout particulièrement.
Sa grand-mère agitait son doigt et livrait sa propre interprétation de la citation : « Les invités sont comme les poissons. Au bout de trois jours, ils commencent à sentir mauvais ».
Ce matin-là, alors qu’elle venait d’ouvrir le centre de bien-être, Beth attrapa un coussin et ressenti la douleur d’avoir des invités et d’en payer les frais. Le bas de son dos se raidit. Elle bougea pour soulager la douleur profonde. Sans effet.
Elle avait un peu moins de trente ans pourtant elle se sentit vieille lorsqu’elle posa ses deux mains sur le bas de son dos pour se redresser.
« C’est pas la grande forme aujourd’hui hein, Beth ? » lui dit Gary en franchissant la porte d’entrée avec une poignée de dossiers et son sac en bandoulière sur la poitrine.
Elle essaya de minimiser. « Oui, ils sont toujours là. Plus que deux jours ». Elle gonfla la poitrine en prenant une grande inspiration qu’elle relâcha. « Encore deux jours. »
Il posa ses affaires dans son petit bureau.
« Besoin d’un massage ou que je te pose des ventouses ? »
« Je viens de commencer ce matin. Je ne peux pas… »
Gary l’arrêta sans dire un mot.
Il avait des yeux de marbre, froids, auxquels Beth se soumettait. Bien qu’elle ne l’ait jamais admis, il la calmait les jours de grande activité et l’intriguait les jours où il y avait moins de rendez-vous et plus de temps libre, lorsqu’ils se contentaient de discuter. Il connaissait beaucoup de choses – du soulagement de la douleur à la sagesse sur les choses quotidiennes en passant par la vie d’adolescent rebelle qu’il avait vécue autrefois.
Il avait vingt ans de plus qu’elle. C’était un autre aspect qu’elle appréciait chez lui. Il avait une cinquantaine d’années et était en pleine forme. Des cheveux grisonnants et des rides naissantes autour de ses yeux complices de la vie. Il avait des bras solides et une belle charpente. Et puis il y avait ses mains. Manucurées, fortes et larges. Pour son cabinet de chiropractie, bien sûr.
« Installe-toi dans l’autre pièce et allonge-toi. Je vais te mettre des ventouses sur le dos. »
Elle essaya de se dérober. Mais un petit mouvement du menton acéré de son collègue eut raison de son objection.
Les lumières de la pièce annexe étaient faibles, donnant une lueur orangée. Elle s’allongea sur le ventre. Sa première pensée, après la douleur, fut pour ses fesses.
Elle était petite et plantureuse. Elle n’aimait pas son corps. Elle aurait voulu être mince. Au lieu de cela, elle avait des joues rondes et rouges comme des fraises qui lui donnaient toujours l’air joyeux. Ses seins étaient visibles quelle que soit sa tenue. Même les manteaux d’hiver ne parvenaient pas à les cacher. Ses jambes étaient robustes et menaient à un cul rebondi. Ses seins avaient été attrapés, caressés, pincés toute sa vie, depuis la cour de récréation à l’école jusqu’à l’âge adulte dans les bars.
Allongée sur la table, elle souffrait en silence et se maudissait d’avoir mis un pantalon ajusté.
Gary entra. De sa manière rapide de chiropraticien, il lui toucha les hanches, et elle se raidit légèrement. Il souleva son chemisier noir. Trop serré pour cela.
« Déboutonne ta chemise pour je puisse te mettre les ventouses sur le dos. »
« Pour quoi faire ? » Elle le regardait, surprise. Il se tenait là, les bras croisés. Il attendait.
« Je ne peux pas remonter ta chemise. Il faut que tu l’enlèves. » Il parlait directement, à la manière d’un médecin.
« Oh, d’accord. »
Elle essaya de défaire le bouton du haut en restant allongée. La douleur la fit grimacer, lui rappelant que c’était la raison pour laquelle elle était allongée.
Elle décida de s’asseoir et de défaire les boutons.
« Donnez-moi la chemise. Je vais la poser sur la chaise ici. » Il lui tendit la main.
Elle craignait de montrer son soutien-gorge noir bonnet D et la ceinture serrée de son pantalon qui lui comprimait le ventre.
Elle lui lâcha son chemisier et remarqua alors son regard. Les yeux stoïques du médecin avaient changé l’espace d’un instant. Ils s’étaient transformés en yeux d’homme.
Elle s’allongea rapidement et ferma les yeux. Ses joues s’étaient réchauffées. Elles n’étaient plus couleur fraise, mais rouge framboise.
Elle sursauta lorsqu’elle sentit ses dix doigts s’enfoncer profondément dans sa chair. Ils commencèrent au centre, dans le bas de son dos, à quelques centimètres de l’endroit où ses fesses se gonflaient, et ces doigts s’élancèrent vers le haut. Elle sursauta lorsque la douleur reprit. Il la toucha un instant, dissipant la douleur. Il continua à monter, jusqu’à son soutien-gorge.
« Ça te dérange ? » demanda-t-il.
Avant qu’elle n’ait pu réfléchir, elle lui avait répondu : « Vas-y. »
Il le détacha facilement. Elle réalisa son expérience en la matière – peut-être celle d’un adolescent rebelle – lorsqu’il détachait crochetait les serrures sans problème.
Ses seins et son torse furent libérés de l’emprise de l’armature et de la sangle toujours inconfortable.
Il enfonça plus fort ses mains dans son dos. Il appuya le talon de sa main sur une côte, juste en dessous de l’endroit où la bande de son soutien-gorge avait comprimé sa cage thoracique.
Elle entendit un craquement et un soulagement soudain. Elle roucoula.
« Oui, c’est ça », chuchota-t-elle. « Juste là. Recommence. »
Allongée sur le ventre, ses lèvres pulpeuses ondulaient pendant qu’elle parlait. Elle réalisa que c’était le même son que lorsqu’elle faisait l’amour.
Elle se raidit. Gary le sentit.
« Est-ce que j’ai touché un point sensible ? »
« Juste un peu, je crois. »
Ses mains chaudes quittèrent son dos qui la picotait. Il attrapa quelques ventouses et les disposa sur son dos. Il en centra quelques-unes sur la moitié inférieure.
« Il faut que tu déboutonne ton pantalon pour que je puisse descendre deux ventouses un peu plus bas. »
Sa voix était redevenue celle d’un médecin. Elle passa la main sous elle, jusqu’au nombril, et desserra son pantalon. Un autre soulagement à relâcher la pression de vêtements serrés.
Il baissa légèrement son pantalon. Elle savait que sa culotte rose était visible. Qu’en penserait-il ? Que penserait-il d’elle ? En tirerait-il de bonnes ou de mauvaises suppositions ? La trouverait-il mignonne ou bizarrement juvénile ?
« Joli », dit-il simplement en touchant l’élastique.
Elle se demanda ce qu’il voulait dire. Il n’était pas clair du tout.
Il se déplaça un tout petit peu, puis apposa une ventouse contre elle. Il en plaça une autre en travers de sa colonne vertébrale. Il les resserra pour permettre à la ventouse d’augmenter le flux sanguin et de diminuer la douleur – tout cela en se basant sur un ancien traitement chinois.
« La pression est bonne ? »
« Oui, très bien. »
Il la couvrit d’une couverture.
« Je reviens dans quelques minutes. »
La pression exercée par les ventouses était un vrai plaisir après trois nuits passées sur le canapé. La chaleur de la couverture ajoutait à la paix. La lavande qui embaumait la pièce venait parfaire le tout.
Une dernière chose lui trottait dans la tête. Cet éclair dans ses yeux. La demi-seconde où il avait été un homme et non un médecin.
Avait-t-il aimé ce qu’il avait vu ?
Cette pensée la consumait, tandis que les deux côtés de son esprit se faisaient la guerre : il m’a trouvée trop grosse, trop petite. Non ! Il aime me voir ici, presque entièrement déshabillée. Il me voulait. Je ne peux pas croire qu’il m’ait trouvée attirante. Tu es folle. Une fille dans des sous-vêtements roses qu’une pré-adolescente porterait ! Et emballée dans ces vêtements comme une saucisse.
C’est alors que ce vieux souvenir lui revint en mémoire. Par une journée calme, ils discutaient tranquillement, tous deux détendus et joyeux. Il avait sauté sur le comptoir à côté de l’imprimante. Elle avait remarqué ses baskets Oxford en maille.
Il lui avait parlé de lui calmement, lui faisant découvrir une nouvelle facette de sa personnalité. Il aimait le bourbon et le ski nautique. Il avait fait une randonnée dans le Yukon à la fin de l’automne pour voir les aurores boréales. Sa prochaine étape serait la Polynésie française en bateau.
« Je veux voir des choses, être témoin du monde au lieu de me faire raconter des histoires », avait-t-il déclaré.
« Tu veux donc vérifier par toi-même que tout cela existe vraiment, et ne pas te contenter de croire quelqu’un d’autre sur parole ? »
« Et si tout cela n’était qu’une théorie du complot ? Des mensonges anciens. Peut-être que je vais dévoiler les mensonges ! »
Ils avaient ri tous les deux. C’est à ce moment-là qu’elle était tombée amoureuse de lui. Tout cela à cause de son rire. Peu de gens possédaient ce rire facile et confiant. C’était le rire d’un homme qui avait vu, qui avait vécu et qui savait.
« Fais-moi savoir quand tu partiras naviguer sur le Pacifique. Pour le bien du cabinet. »
« Je fermerai la boutique pendant un certain temps. »
« Je voulais dire que je viendrais bien avec toi. »
« Oh ? »
« Si tu découvres des siècles de mensonges sur le monde, je veux être là moi aussi. »
« Marché conclu. »
Il était descendu du comptoir et lui avait serré la main.
C’était l’une des plus belles attentions qu’il lui ait données. Jusqu’à ce qu’il l’allonge sur ce lit, à moitié nue physiquement et émotionnellement, et qu’il enfonce ses doigts profondément dans sa chair.
Il déteste me toucher. Il détesterait me voir en maillot de bain !
La guerre des pensées faisait rage et les missiles volaient à nouveau dans son esprit.
Je peux faire en sorte qu’il m’aime. Un peu d’attention. Un peu de féminité.
Tu portes une culotte de petite fille !
Elle expira très fort.
La porte s’ouvrit, soufflant l’air, faisant voler les bords de la couverture. L’air frais s’engouffra contre son torse. Elle frissonna.
« Cela devrait suffire pour l’instant. » Il déroula la couverture et enleva quelques ventouses.
« Je peux le faire quand tu veux », dit-il en enlevant quelques autres.
« Le faire ? »
« Quand tu en auras besoin. » Il enleva les deux dernières et toucha l’élastique de sa culotte.
Son téléphone sonna. Il partit.
Il n’avait pas parlé de la culotte. Du moins, il ne l’avait pas taquinée à ce sujet. Mais il n’avait rien dit non plus. Est-ce que c’était pire ?
Elle s’interrogea sur ses vêtements. Lesquels mettre en premier. La chemise ou le pantalon ? Il pouvait revenir n’importe quand, voire pas du tout.
Elle écarta ses jambes de la table. Ses orteils n’arrivaient pas à toucher le sol.
Elle maintint le soutien-gorge en place en passant son bras droit sur sa poitrine. Elle glissa jusqu’à toucher le sol.
Son pantalon était un peu plus lâche que prévu car légèrement ouvert.
C’est alors qu’il entra.
« Oh, mon Dieu ! » crièrent-ils à l’unisson.
Elle serra ses deux bras contre ses seins. Il se tapota la poitrine, la main toujours agrippée à la poignée de la porte.
Il ferma la porte. Ils étaient seuls.
Elle se trouvait alors surprise avec son pantalon défait, et sans soutien-gorge.
Il souleva son chemisier posé sur dossier de la chaise.
Elle lut dans ses yeux qu’il était à nouveau l’homme.
« Tu as un choix à faire », lui dit-il.
Il faisait pendre le chemisier, le tenant le col avec le pouce et l’index.
« Pantalon ou soutien-gorge », dit-il.
Beth reconnut le changement dans sa voix et sa respiration. Sa pomme d’Adam se souleva et s’abaissa tandis qu’il avalait sa dose d’excitation. Il aimait ce qu’il voyait. Les hommes étaient prévisibles. Elle en était contente.
Il jeta le chemisier sur la table. Il prit la ceinture de son pantalon. Il passa ses doigts autour de sa taille. Il le baissa sur ses fesses, dévoilant un peu plus la culotte. Il la tint fermement et lui sourit. Il regarda ensuite son pantalon.
Elle serrait ses bras contre ses seins qui étaient coincés dans le soutien-gorge défait.
Il sourit. Ses yeux étaient sauvages et sa bouche salivait. « Tu as un beau corps.
Ses mots détendirent ses bras. Ils lui faisaient plaisir. Ils l’excitaient.
Le soutien-gorge glissa avec une lenteur alléchante le long des deux monticules de chair. Ses aréoles claires commencèrent à apparaître comme le soleil se levant à l’horizon.
Le soutien-gorge tomba lorsqu’il toucha les mamelons durcis.
Elle se débarrassa du soutien-gorge et étudia l’accueil qu’il réservait à ses seins dénudés, relâchés.
Un bon accueil. Il s’avança et les prit dans ses mains. Il les souleva, soulageant son dos de leurs poids. Elle lui attrapa le cou et l’attira contre elle.
Il en mit autant que possible dans sa bouche.
Elle lui ébouriffa les cheveux pendant qu’il suçait. Elle aimait qu’un homme s’occupe de sa poitrine pour de multiples raisons – le soulagement physique peu sexy sur son dos, mais aussi le plaisir que procuraient une langue et des lèvres expertes.
« C’est si bon. Tellement, tellement bon. » Ses yeux étaient fermés. La lumière tamisée, la lavande, les chaises confortables, la musique d’ambiance n’avaient pas d’importance. La bouche de son patron chassait toutes les douleurs et les aspérités de la vie quotidienne.
« Continue », lui dit-elle.
Elle relâcha son étreinte et porta ses mains à la braguette de son pantalon. Il était dur et fort. Il était sans doute prêt.
« Avons-nous le temps ? » demanda-t-il à bout de souffle.
Elle connaissait le programme des rendez-vous de la journée.
« Oui, mais fais vite. »
Elle défit son pantalon, le descendit jusqu’aux chevilles et sauta sur la table – sans douleur.
Il se débarrassa de son polo sur lequel le logo du Wellness Center était brodé en haut à gauche. Elle tira sur son pantalon. Il portait un boxer. Elle le fit glisser sur ses jambes.
Ses joues avaient viré au rouge fraise, mais elles étaient redevenues framboise sous l’effet de cette fureur sexuelle.
Elle écarta les jambes. Mais il l’en empêcha. Il la fait descendre de la table d’examen et la retourna.
« J’ai toujours aimé ton cul. Je ne pouvais y jeter un coup d’œil que lorsque c’était possible. »
« Donne-lui des claques pendant que tu me baises. On n’a pas beaucoup de temps. »
Il s’exécuta. Sa chair bougeait et bloblotait pendant que sa bite s’enfonçait dans sa chatte. C’était une bonne baise, rapide. Elle grogna et grimaça. Il s’enfonça profondément dans sa jeune chatte. Elle se malaxa les seins avant de porter ses mains sur son clito pour le masser. En raison de la tension sexuelle et de l’incertitude qui s’étaient accumulées depuis longtemps entre eux, son orgasme monta rapidement. Le plaisir à l’endroit idéal.
Elle entendit son grognement à lui aussi. Un instant et quelques va-et-vient plus rapides et il explosa à son tour.
Beth et Paul expirèrent ensemble, soulagés. Il alla s’asseoir sur la chaise et elle s’appuya sur la table d’examen.
« Si tu as besoin de faire une pause ce soir par rapport à tes invités, n’hésite pas à venir me voir. »
* Cette fiction érotique a été écrite en anglais pour LELO par Claire Woodruff. Pour la lire dans sa version originale c’est par ici.
Et pour vous faire du bien :