Je ne sais plus comment je m’étais laissée convaincre, mais j’avais regretté dès les premières secondes d’attente sur le parking « réservé covoiturage ». Mon copain m’avait expliqué que pour le rejoindre dans le bled paumé où il bossait tout l’été, le mieux était de passer par un site de voitures en partage.
Je n’avais jamais testé ce type de service parce que j’aimais le confort du train et ma tranquillité. Pas besoin de parler à son voisin de banquette.
En voyant arrivée la vieille 206, j’ai soupiré avant d’afficher mon plus beau sourire de façade. La fille qui conduisait est sortie de la voiture en même temps que son petit copain qui l’accompagnait. Au moins, en voyageant avec un couple, je n’aurai pas besoin de faire la conversation.
J’ai fait la bise au couple qui devait avoir la vingtaine comme moi et après avoir jeté mon sac dans le coffre, je me suis assise à l’arrière en priant pour qu’ils ne me posent pas trop de question. Mais ils sont restés parfaitement silencieux pendant au moins dix kilomètres. Au lieu de me satisfaire, cet étrange silence me mettait au contraire mal à l’aise. Je n’ai pas tardé à comprendre pourquoi ils ne disaient rien : ils s’étaient engueulés avant que je monte. On en avait pour trois heures de trajet et j’en venais à espérer que l’ambiance se détende un peu.
J’ai donc fait le premier pas en les questionnant sur les raisons de leur voyage vers le bled paumé où bossait mon copain. Ils m’ont répondu sans enthousiasme qu’ils partaient en vacances. Assise derrière eux, j’ai finalement pris le parti de les observer en arrêtant de bavasser. Ils étaient tous les deux très beaux, un couple de sportifs probablement, en tout cas qui s’entretenait bien. Elle avait de beaux cheveux blonds bouclés qui tombaient sur ses épaules bronzées. Il portait un marcel qui dévoilait sa carrure athlétique et sa peau dorée. A défaut d’être de bonne humeur, ils étaient agréables à regarder.
Et leur mauvaise humeur ne s’est pas arrangée quand ça a commencé à bouchonner sur l’autoroute. Ils ont juré entre leurs dents, elle s’est excusée du fait qu’on arriverait probablement tard, j’ai répondu que c’était pas grave et j’ai fini par m’assoupir.
J’ai senti en me réveillant que j’avais dormi un bon moment. Mon corps était ankylosé. J’ai ouvert un œil en regardant par la fenêtre et j’ai constaté qu’on était toujours dans les embouteillages.
J’ai tourné la tête vers eux pour dire quelque chose de banal, du type qu’on dormait bien dans leur voiture ou pour m’excuser de m’être endormie, quand j’ai remarqué un mouvement étrange.
La conductrice était agrippée au volant tandis que son voisin avait la main sous sa jupe et la remuait doucement. Elle avait les yeux fermés et respirait bruyamment. Il était en train de la doigter.
Je n’en revenais pas. Ils avaient une passagère à bord et ils s’en moquaient. Ma colère ne dura pas longtemps. La gêne était plus forte et je fermais les yeux en espérant qu’ils n’avaient pas remarqué que j’étais réveillée.
« Vas-y… oui… c’est trop bon… »
Apparemment, elle ne m’avait pas vue… J’étais pétrifiée. En même temps, j’avais envie d’ouvrir les yeux et de les observer. Je sentais monter en moi un doux frisson, une excitation grandissante. J’ai risqué un œil et il était maintenant la tête plongée entre ses jambes. Elle tenait le volant d’une main tandis que de l’autre elle caressait la touffe de cheveux entre ses cuisses. Elle avait remonté sa jupe jusqu’à la taille et il se contorsionnait pour parvenir à dévorer son sexe.
Son ronronnement de plaisir me faisait frissonner d’envie. Je voulais être à sa place, profiter moi aussi d’un cunnilingus de son homme. Mon copain n’était pas le genre à se risquer à ce type d’aventure et jusqu’à cet instant, j’avais cru que ça m’allait très bien.
Il a levé la tête et elle a aussitôt attrapé son visage pour l’embrasser. Leurs têtes collées l’une contre l’autre, à s’embrasser avec désir, ils étaient superbes. Un couple enflammé capable de passer de la colère au sexe en quelques secondes et en se fichant, littéralement, du monde qui les entoure.
Après plusieurs minutes à faire tourner leurs langues avec une fougue incroyable, elle lui a murmuré dans un sourire : « on échange ? » et ils ont détaché leurs ceintures, ils se sont croisés tant bien que mal au dessus du levier de vitesse, et il a pris le volant. C’était désormais lui que je voyais dans mon champ de vision restreint par mon désir de me faire discrète.
Il a roulé quelques mètres dans les bouchons tandis qu’elle défaisait sa ceinture et les boutons un à un. Puis elle a dégagé le passage pour son pénis. Il s’est dressé d’un coup et j’ai sursauté. Dur, beau, majestueux. Elle l’a pris dans sa main et l’a masturbé doucement. Il a fermé les yeux et s’est relaxé sur son siège.
J’avais tellement envie de le prendre dans ma main aussi, ce si beau pénis. Ma main grattait mon jean au niveau de mon clitoris et mon excitation ne faisait qu’augmenter. Qu’est-ce qui m’avait pris de mettre un pantalon ? J’aurais tellement eu envie de pouvoir accéder à mon sexe aussi, le caresser, le masturber, le doigter comme il le lui avait fait… Et maintenant, je sentais mon vagin trempé réclamer de grimper sur ce pénis qui se dressait brillamment.
Je me suis mordu les lèvres pour éviter d’exprimer mes désirs à haute voix. J’ai retenu ma respiration quand elle s’est penchée vers lui et qu’elle a commencé à lécher doucement le sexe brandi. Il a émis un cri de plaisir étouffé, s’est concentré pour garder les mains sur le volant. Et dans ma bouche, ma langue reproduisait les mouvements de celle de la jeune femme se promenant sur le gland. Puis elle a avalé le sexe tout entier. Et j’ai dégluti.
Elle l’a sucé d’abord doucement, puis plus vite, ralentissant parfois, tenant la base dans sa main qu’elle agitait quelques fois. La circulation a repris, la voiture s’est remise à avancer, et juste avant que nous reprenions une allure normale, il a joui.
Elle a retiré sa tête et j’ai vu le liquide blanc jaillir du sexe et retomber sur la main de la jeune femme. Et nos regards se sont croisés.
Je n’ai pas fait semblant de n’avoir rien vu. Je n’ai pas fermé les yeux, je n’ai pas évité son regard, j’étais scotché par la sérénité de leur plaisir et par ma propre excitation. Elle m’a souri, puis elle a posé sa tête sur l’épaule de son homme et nous avons roulé sans rien dire.
Quand nous sommes arrivés sur la petite aire de covoiturage où m’attendait mon copain, je l’ai vu pour la première fois comme il était vraiment, c’est-à-dire éloigné de la façon dont j’envisageais ma vie.
« Je peux rester avec vous ? »
Ils ne se sont même pas concertés. Ils ont souri et il a redémarré la voiture sans prononcer une parole.