Christophe Colomb pensait découvrir une nouvelle route pour les Indes, Spencer qui travaillait dans les radars inventa le four à micro-onde, de même, George Taylor en 1869 inventait une machine à masser l’entrejambe féminin à des fins purement médicales…
Qu’on ne s’y méprenne pourtant pas, cet objet qui répondait au doux nom de ‘’Manipulator’’ vous aurait plus donné envie d’avouer tous vos crimes que de le rajouter dans votre tiroir de table de nuit. Ou plutôt au milieu de votre salon puisqu’il fonctionnait à l’aide d’un assez volumineux moteur à vapeur et nécessitait donc en outre une bonne réserve de charbon.
On ignore en fait qui est véritablement le père du vibromasseur et certains doutes subsistent, mais cette machine est communément considérée comme l’ancêtre officiel.
A des fins médicales ?
Tout vient de ‘’l’hystérie’’, ce mal assez vague mais apparemment très commun chez la femme, selon des dizaines d’ouvrages qui en témoignent depuis l’antiquité et jusqu’au début du XXème siècle. Le terme lui-même a été inventé par le médecin grec Hippocrate (né au Vème siècle avant J-C et mort au IVème) qui l’appelait ‘’hysteria’’.
Quel rapport avec un vibromasseur géant à vapeur ? Et bien justement, en grec, ‘’hysteria’’ désigne l’utérus. Ce mal atteignait en effet seulement les femmes et se manifestait par des crises de nerfs, des hurlements soudains, un besoin d’attirer l’attention… avec des conséquences aussi graves que l’automutilation, le suicide ou le meurtre dans les cas les plus extrêmes. Afin de calmer ces accès de folies et de soigner les patientes, la médecine, dès l’antiquité, préconisait ce qu’on appellera au XIXème siècle le « pénétrationnisme », c’est-à-dire en fait le massage du sexe féminin. Soigner le mal par le bien.
Si en France on propose entre autre la technique du jet d’eau à haute pression, en Angleterre ou aux Etats-Unis, ce sont les médecins ou les infirmières qui s’en chargent manuellement. Mais afin de s’épargner la fastidieuse tâche du massage jusqu’à l’orgasme soigneur qui passe souvent par la crampe au doigt du praticien, on a cherché à mécaniser le travail. Et oui, n’oublions pas que nous sommes en pleine révolution industrielle !
Et après le ‘’Manipulator’’ ?
Comme toute première invention, elle fut rapidement modernisée et améliorée. C’est ainsi que la paternité du premier vibromasseur électromécanique est attribuée parfois à un certain Vigouroux en 1878 à l’hôpital de la Salpêtrière à Paris ou à Joseph Mortimer Granville, un médecin anglais, en 1883. Ce dernier étant plus célèbre et son vibromasseur en forme de perceuse réputé pour sa possibilité d’amener l’orgasme en seulement 10 minutes contre 1 heure avec le dépassé Manipulator. Un film, ‘’Oh my God’’, est d’ailleurs sortie en 2011, plus ou moins sur le sujet, avec Maggie Gyllenhaal et Hugh Dancy dans le rôle du Docteur Granville.
Il s’en suit à la fin du XIXème siècle une course à la modernité avec une succession de modèles tantôt mécaniques, tantôt à essence ou hydrauliques… et qui feront par ailleurs la joie des visiteurs de l’exposition universelle de Paris en 1900.
L’apparition de l’électricité dans les foyers
En 1902, une firme américaine dépose le premier brevet pour un vibromasseur électrique à destination du foyer et non plus par l’intermédiaire des médecins. Différents objets voient alors le jour, en forme de batteurs à œufs électriques ou de sèche-cheveux… Mais ils sont toujours perçus dans les esprits comme d’innocents objets ayant des fins plus ou moins médicales. Les réclames incitent ainsi les maris à en acheter à leurs femmes pour les aider à se détendre.
Au début du XXème siècle, le vibromasseur est le 5ème produit ménager à devenir électrique, juste après le grille-pain et 10 ans avant l’aspirateur.
La connotation véritablement sexuelle n’apparaît que dans les années 1920, lorsqu’ils deviennent des acteurs de premier plan dans des films pornographiques. Cette nouvelle identité les bannit des foyers, les maris ayant enfin compris le sens du mot ‘’détente’’.
Un retour en grâce ?
Dans les années 1970, les vibromasseurs reviennent en assumant cette fois-ci leur rôle de pourvoyeur de plaisir en pleine période de revendications féministes et de libération sexuelle. Ils apparaissent alors petit à petit dans les magazines de vente par correspondance telles que La Redoute ou Les 3 Suisses sous la forme le plus souvent de ‘’masseurs’’ sans mentionner de quelle partie exactement. Puis à partir des années 1990, ils adoptent des formes plus explicites et on voit même leur promotion dans des magazines féminins populaires ou des journaux réputés. Le fil électrique qui s’emmêle et la nécessité d’être proche d’une prise ont disparu, ils fonctionnent désormais à piles.
Et de nos jours ?
Le vibromasseur d’aujourd’hui a cessé de se cacher et se revendique un accessoire non seulement de plaisir mais également d’élégance et de design avec notamment des créateurs de renom qui s’y intéressent comme Sonia Rykiel et son célèbre canard. Il n’y a plus aucune raison de cacher ses jouets favoris (à part peut-être quand on prend l’avion) et l’on organise même des réunions de présentation de sex-toys entre filles. Ils perdent peu à peu leurs piles et fonctionnent grâce à une batterie rechargeable, comme un téléphone.
En observant l’évolution de ces vibromasseurs passés d’outils médicaux à masseurs honteux puis à objets de plaisir design et à la mode, une chose est certaine : leur avenir semble plutôt rose et ils n’ont pas fini de nous faire vibrer !
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