Que pouvons nous faire par amour, que feriez vous par amour ? Sommes nous vraiment prêts à tout accepter en sachant que l’amour est un sentiment éphémère et qui peut s’étioler de jour en jour… Alors que les souvenirs, eux sont toujours là, insidieux, prêts à refaire surface.
On m’a fait pénétrer dans cette pièce aux volets fermés. Le silence y était palpable, sans avoir l’air coupable.
Ils m’ont fixée. Des regards glaciaux teintés de sadisme. Immédiatement je me suis sentie mal à l’aise face à eux. Ils m’ont proposé un siège au milieu d’un cercle posé. Ils m’ont fait asseoir, m’ont proposé à boire.
Les candélabres, ça et là disposés, diffusaient une lumière macabre. Loin d’être apeurée, je me suis sentie protégée, paradoxe de l’esprit. Bien que la peur me tiraillait le ventre, mon coeur empli d’amour pour lui, serein, savait que je devais passer par là. Un léger courant d’air dans cette immense pièce dont toute la structure craquée faisait vaciller la douce lumière des flammes ondulantes. Il était clair que cette bâtisse était vétuste mais entretenue. Combien avions nous été à passer ce rite ? Depuis combien de temps ces hommes étaient liés entre eux ?
Un coup, tapé lourdement sur le parquet sans ornement.
Je me suis sentie soudain perdue, mise à nue par les regards perçants de ces personnages tous différents. Nous étions 13. Superstition religieuse, malaise. Qui était le judas qui allait me faire perdre la raison?
Une voix ténébreuse a retenti, ouvrant la cérémonie.
– Savez vous pourquoi vous êtes ici ?
– Car je n’ai ni Dieu ni maître.
– Etes-vous prête à accepter tout ce que nous allons, voudrons et pourrons vous faire subir ?
– Oui je le suis, oui je le veux.
Oui je l’étais, pour lui, prête à tout. Je m’étais préparée psychologiquement à ce mariage symbolique. Ils allaient me faire subir les rituels de passage, m’offrant l’anneau doré si j’étais acceptée.
Non pas que je veuille absolument faire partie de cette petite confrérie aux rituels hors normes, mais il était impossible pour Gabriel de passer outres ses pères. Ils devaient lui donner l’autorisation de me prendre pour femelle. Je vous l’accorde, le terme n’est pas flatteur, enfin surtout pour moi, cependant nous ne formions pas ce genre de couple. Il me respectait, et avait mis très longtemps à accepter que je fasse cela pour lui. Il avait fait partie de ce monde, par hasard, comme il le dit. On ne devient pas membre de cette société en tombant sur un fouet, mais de père en fils. Glauque à souhait. Mais les membres sont tellement influents qu’il ne lui a pas été possible de les quitter. Il se serait socialement suicidé.
Me défaire de l’homme de ma vie où passer cette épreuve, le choix s’était imposé comme notre amour l’avait fait. Que fait-on par amour ? Tout, absolument tout, même l’inacceptable.
J’étais donc prête à passer les épreuves qui me donneraient l’autorisation officielle de devenir seule et unique femelle. J’allais devenir l’objet sexuel d’une bande de falabraques pervers.
Je tremblais de peur, et d’excitation aussi.
La vieille horloge a sonné. Lentement, les douze coups se balançaient, le son du carillon sourd est venu se poser sur mes épaules, a retenti dans ma poitrine.
11, 12…Puis trois coups de bâtons sur le parquet vieilli.
« La cérémonie est ouverte » a soufflé mon hôte.
Ils étaient tous masqués, habillés de la même façon. Costume sombre trois pièces, cravate rouge sang, gants de velours noirs posés sur la cuisse gauche, chevalière côté droit portée à l’index ornée d’une seule lettre » L » calligraphiée toute en rondeur et majesté.
Un homme s’est levé, d’une stature impressionnante, sans doute un ancien sportif, ses pas semblaient doux. Ils détonaient avec ses jambes longues et musclées. Il semblait flotter vers moi, comme une ombre, comme un spectre. De longs frissons m’ont piqué l’échine, se prolongeant dans le bas de mes reins. Ma respiration jusque là plus où moins normale s’est transformée en un désordre diabolique qui a soulevé ma poitrine et l’a bombé de façon à attirer le regard .
J’étais perdue mais en même temps pressée, j’étais oppressée mais en même temps libre de pouvoir découvrir cette sexualité qui tambourinait à l’orée de ma déraison .
Il a fait le tour de ma chaise, laissant traîner son index dans mon cou jusqu’à mon épaule. Je gardais mon calme, baissant les yeux, serrant les jambes pour tenter de contenir les pulsions et spasmes de mon vagin qui attendait sa victoire. Entre peur de passer pour une pute, et peur de ma réaction, mon coeur tambourinait dans ma poitrine.
Son souffle chaud s’est posé sous le lobe de mon oreille. Il sentait bon, et ses effluves se promenaient autour de mes narines dilatées.
« Pensez-vous méritez le titre de femelle ? »
Plus près encore, il s’est mis à taquiner de sa bouche pulpeuse mon oreille, laissant traîner sa langue chaude. Contenir mon envie, mon excitation, prendre de grandes respirations, rester calme. Je savais qu’il me faisait passer un test, je ne devais désirer que mon maître, lui seul et unique devait attirer l’envie. Seuls mes seins, aux pointes douloureuses pouvaient laisser transparaître mon trouble. J’ai senti ses lèvres se refermer, il me mordillait le lobe pour me faire perdre le contrôle. Je serrais les mâchoires en ne pensant qu’à lui. Me regardait-il, était-il là ? L’idée qu’il ait pu me voir prendre un certain plaisir avec quelqu’un d’autre a provoqué en moi une onde de satisfaction. Avais-je un penchant exhibitionniste ?
Du bout de ses lèvres, il tirait sur mon oreille, me léchant, me reniflant, pointant le bout de son nez dans le creux sensible, là où la peau n’est jamais exposée, là où le moindre contact pouvait déclencher un feu d’artifice pour peu que l’on sache s’y prendre. Et il savait s’y prendre.
« Vous êtes une bien vilaine femelle… me dit-il en me mordant par surprise et violemment. »
J’ai senti une goutte de sang, chaude et épaisse, couler dans mon cou, qu’il s’est mis à lécher en riant à gorge déployée.
« hum…Vilaine, j’adore petite femelle, vous êtes un délice à savourer ».
Il s’est arrêté de parler et de me lécher. Il a posé ses lourdes et sensuelles mains sur mes épaules qu’il a fait peser de tout son poids. Il a soupiré bruyamment et a mis une main dans sa poche. Il a posé sur mes yeux un bandeau de velours noir. Il était léger et sentait bon le musc blanc. Sa douceur contrastait avec l’obscurité dans laquelle j’étais maintenant plongée.
Des bruits de chaise qui bougent, des murmures, un ricanement ?
Un souffle sur mes jambes me faisait greloter. De plaisir où de froid, je ne savais pas, je ne savais plus.
Le noir, le silence, les frôlements de cet inconnu, la goutte de sang séché dans mon cou, et ma peau qui tirait légèrement là où sa langue était passée. Je perdais pied, je ne savais plus, je n’étais plus.
Étais-je vraiment prête à m’abandonner ainsi ? Oui, me criait mon corps assoiffé de caresses, non, me suppliait ma pudeur. Non, je ne voulais pas devenir un objet, une chose que l’on manipule, que l’on touche, avec laquelle on joue. Des jeux pervers, durant lesquels ma raison se perdait. Je devais lâcher prise, et ne penser qu’à lui, pour lui.
Je me concentrais sur les bruits sourds de la pièce. Je sentais que l’on bougeait, l’air était en mouvement autour de moi. Était-ce de l’impatience que je sentais poindre au bout de mes seins tendus ?
Des pas, un, puis deux, puis trois. Ce n’était pas le même homme que tout à l’heure, les pas étaient plus légers, moins assurés. Ils erraient, un peu comme une ombre charnelle qui allait s’abattre sur moi.
Plus rien, le vide, le néant.
Puis deux mains se sont posées sur mes genoux et m’ont fait sursauter. Elles étaient chaudes et moites, mes narines se dilataient de désir. Il devait être à genoux devant moi.
D’un coup, un instinct de protection et de pudeur m’a poussé à tenir fermement mes jambes fermées. Je n’avais pas de dessous, j’étais à sa merci. C’était le but.
Il m’avait été expressément demandé de m’habiller de cette façon : une jupe noir et courte, un chemisier blanc transparent. Sans soutien-gorge, sans culotte, juste des Dim-up. Des escarpins noirs. Orteils et mains ornés d’un rouge vif, épilée en totalité, aucun parfum, aucun bijoux, un trait de liner, du mascara, et un rouge à lèvre vif assorti.
Ses mains ont glissé le long de mes mollets, il les a caressés lentement, laissant traîner son majeur.
Il l’a porté à ma bouche, caressant mes lèvres, me procurant un frisson incontrôlable dans tous mes membres. Il m’a fait ensuite ouvrir la bouche. J’étais complètement perdue. Je perdais la tête, je haletais bruyamment, mes seins se soulevaient au rythme saccadé de ma respiration, ils se tendaient, durcis par le plaisir de la souffrance de l’attente. Je gardais les yeux ouverts sous le bandeau, j’avais le tournis, d’envie, de pur désir primaire et bestial de me faire prendre par le premier venu. J’en rêvais, j’en dégoulinais. Qu’étais-je devenue en cinq minutes de présence satanique ?
J’ai pris son majeur et le suçais avec délectation, je l’enroulais autour de ma langue, comme si ce simple appendice était le sexe promis. Je l’inondais de ma salive, je le collais contre mon palais et l’aspirais, attendant sans fin qu’il me délivre son sperme. Je délirais, je transpirais, je ne me reconnaissais pas.
Était-ce ma vraie nature qui se révélait ? Mon amour s’avait-il depuis le début que je prendrais un tel plaisir à me faire manipuler ainsi ?
Dans un bruit de succion suspendu, je perdais le doigt de cet homme. Je faisais la moue sans m’en apercevoir, ma salive gouttant au coin de ma lèvre .
Toujours assis entre mes jambes, il ne bougeait plus. Mes mains étaient libres, mais je ne songeais pas un instant à en faire quoi que ce soit. Ils me dominaient, et moi femme libérée, séductrice, je me laissais faire.
Sans ménagement, il a fait pénétrer son doigt humide en moi. Oh j’en rêvais, je me contractais autour de lui, mon bassin s’avançait, lui laissant plus de champ libre pour faire de moi tout ce qui lui plaisait.
Un second doigt est venu me remplir encore plus, il les recourbait de quelques millimètres, appuyait un peu plus, et faisait de légers va-et-vient, s’enfonçant un peu plus encore. J’allais vriller, je me sentais partir, mon corps prenait possession de tout. J’aimais, mes mains se crispaient sur la chaise, mes jambes s’écartaient encore davantage. Son pouce venait s’écraser sur mon clitoris gonflé qui ne demandait qu’à se faire masser, triturer. Je sentais monter en moi la première onde, chaude, vibrante. Mes seins quémandaient des caresses, mes pointes de douces tortures.
Il continuait, deux doigts en moi, son pouce qui tournant plus vite avec douceur.
Et la jouissance montait, grimpait, s’agrippait à ma peau, me piquait comme des dards venimeux pour me plonger dans un état extatique, dans un monde irréel aux sensations qui fournissaient aux ailes de mon plaisir une envolée sans nom. Mes mains s’agitaient, se crispaient, mes bras se tendaient sur le siège. Je renversais ma tête en arrière, j’allais jouir, devant tout le monde .
Et tout s’est arrêté. Il a enlevé ses doigts, a soufflé sur ma chatte humide, a resserré mes cuisses, s’est relevé. J’étais frustrée. Je n’avais qu’une seule envie, c’était que sa verge vienne s’enfoncer dans mon trou mouillé et tellement ouvert… Je n’en pouvais plus, encore une caresse et j’explosais.
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Article écrit par Sandrine Elle Aime
D’un âge certain, sans être d’un certain âge, l’auteure Sandrine Elle Aime pourrait-être l’archétype de la ménagère de moins de cinquante ans . Si ce n’est qu’elle avoue une passion pour l’écriture, pour les mots, pour les jeux de mots, les mots en tout sens, le sens de l’éveil, l’éveil amoureux, l’amour et le sexe, le sexe imagé, images et fantasmes, fantasques histoires, histoires érotiques.
Jouant sur plusieurs tableaux, elle manie les pinceaux des mots dans des styles différents. Du roman de l’été, aux nouvelles érotiques, elle écrit aussi des chroniques plus sérieuses ( pour l’hebdo-décapage, hebdomadaire algérien ), oscillant entre la philosophie et la « vraie vie » sa plume peut se faire moins légère et devenir sarcastique et assassine.
Bref, vous l’aurez compris cette auteure se définit comme une jongleuse de mots, surfant avec délectation sur les vagues de la vie, ou les mers agitées
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