Pour certains, le sexe sans orgasme, c’est comme un repas sans plat principal, une douche sans savon, un catamaran sans voile ou un livre auquel on aurait arraché des pages… Bref, c’est impensable. Et si la chose arrive assez souvent chez les femmes, l’orgasme féminin étant une fleur délicate qui n’éclot pas à tous les coups, la plupart des hommes ne conçoivent pas une galipette sans leur « happy ending ».
Alors peut-on réellement envisager une galipette sans orgasmes ? L’expérience en vaut-elle la peine ? Y a-t-il une vie (sexuelle) sans la (petite) mort ? On vous dit tout sur les atouts du sexe sans orgasme !
Un peu d’histoire
De même que le but des vacances n’est pas le retour à la maison, beaucoup d’hommes dans l’histoire du monde ont compris qu’on pouvait se faire plaisir au lit sans aller jusqu’à l’éjaculation. D’autant que pendant longtemps, le « coitus reservatus » (ou étreinte réservée) était de loin le plus sûr des moyens de contraception. On faisait l’amour, on prenait du plaisir, mais on n’éjaculait pas pour éviter un bébé non désiré.
Dans certains coins de la planète, on use également depuis des millénaires de pratiques sexuelles inspirées du tantrisme ou du taoïsme, basées sur la méditation et avec « interdiction » d’éjaculation.
Au XIXème siècle aux Etats-Unis, une communauté utopique a même été créée, la communauté d’Oneida, avec la rétention de l’éjaculation comme un de ses trois piliers ! Le but était à la fois d’allonger la durée des rapports sexuels et de réguler les naissances dans un contexte où les membres faisaient beaucoup l’amour… Et pour former les jeunes mâles au sexe sans éjaculation, c’étaient les femmes ménopausées de la communauté qui servaient de coach. En cas « d’accident », c’était ainsi sans conséquence !
Enfin, certaines personnalités comme le Prince Ali Khan ont prôné toute leur vie pour cette sexualité sans orgasme. Le Prince expliquait ainsi multiplier les conquêtes mais n’éjaculer qu’une seule fois par an !
La « Karezza », solution contre la dysfonction sexuelle
Alice Bunker Stockham, une gynécologue obstétricienne américaine connue pour ses combats pour la libération des femmes, l’égalité des sexes et le plaisir pour tous, va même encore plus loin en accusant l’orgasme d’être l’ennemi du plaisir sexuel et la principale cause des problèmes sexuels chez les couples mariés.
Elle utilise le terme de « karezza » (caresse en italien) pour décrire son approche du sexe dans une forme spirituelle assez proche des pratiques tantriques. Elle considère la « karezza » comme la solution à de nombreux problèmes de couples allant de l’infidélité jusqu’au viol conjugal.
Il existe par ailleurs un bienfait indéniable à cette pratique, c’est qu’elle renforce la sensation d’intimité partagée et de connexion entre les partenaires.
Le pic orgasmique contre l’orgasme prolongé
Les adeptes de la Karezza ne sont pas nécessairement contre l’orgasme, mais ils discernent deux types d’orgasme. L’un qu’ils qualifient de « mauvais », c’est l’orgasme classique sous forme de « pic orgasmique » avec spasme intense et baisse d’énergie. Et l’autre forme qu’ils approuvent, « l’orgasme prolongé » qui est une chevauchée extatique contrôlée. C’est ce second orgasme que l’on croise quand on s’intéresse à la pratique du edging ou contrôle de l’orgasme.
La Karezza propose de sortir de l’habitude coquine qui consiste en préliminaire puis galipette puis orgasme puis fin. La karezza s’applique aussi bien aux couples hétérosexuels qu’homosexuels. Il s’agit de faire monter le plaisir jusqu’à son niveau maximal juste avant orgasme. Puis on baisse l’intensité en calmant les ardeurs de façon à ce que monsieur soit suffisamment loin de l’envie d’éjaculer. Ces périodes de plaisirs intenses et de baisse des ardeurs peuvent s’alterner autant de fois que les amants le souhaitent.
Etant donné la nature des orgasmes féminins, il n’est pas aussi primordial que les femmes retiennent leur extase. Les hommes au contraire sont, de fait, ceux qui décident quand se termine la session. Ils peuvent ainsi choisir de multiplier les phases d’excitation et de calme jusqu’à l’éjaculation finale et peuvent même conclure sans éjaculer.
L’objectif n’est pas de torturer ces messieurs mais de jouer avec le cycle de l’orgasme opéré par notre cerveau en rompant avec le processus d’orgasme masculin comme fin du rapport sexuel.
La chimie du sexe
Le sexe booste les niveaux d’hormone dans notre corps, et le niveau de dopamine culmine au moment de l’orgasme avant de chuter subitement en créant un genre de « gueule de bois biochimique ». Phase durant laquelle on se sent parfois complètement vidée…
Avec la Karezza, les niveaux de dopamine n’explosent pas, mais restent à un niveau élevé constant, permettant des changements graduels et non une chute soudaine. Et surtout, durant toute la session, les niveaux d’ocytocine ne font qu’augmenter. Et si la dopamine est l’hormone de la récompense et de l’addiction (y compris celle au sexe), l’ocytocine est l’hormone de l’amour qui renforce la connexion entre les partenaires.
Alors, orgasme or not orgasme ?
Nous ne sommes pas les mieux placés pour vous suggérer d’arrêter d’avoir des orgasmes et cette extase à part est pourvoyeuse de beaucoup de bienfaits pour la santé. Mais dans une époque rythmée par la course à la performance, il peut être reposant parfois de se lancer dans cette sexualité plus méditative. Ce qui est certain, c’est que l’orgasme ne doit jamais être une fin en soi et qu’il vaut mieux une longue galipette délicieuse sans orgasme qu’une quête orgasmique effrénée qui n’aboutit qu’à un petit sommet vite redescendu…
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