Le pénis a-t-il un os ?

L’éducation sexuelle de la plupart d’entre nous a été plutôt terne et peu informative, entrecoupée des rires gênés de nos camarades de classe adolescent.e.s. Ce n’est donc pas de votre faute si vous vous interrogez encore sur les particularités de certaines parties du corps humain, notamment du pénis.

On entend parfois parler de fracture du pénis. On peut donc tout naturellement se demander si le pénis possède un os.

Toutes les questions relatives au corps humain et à la sexualité sont les bienvenues ici. Même si une question peut sembler évidente pour certains, il s’agit d’un espace sans jugement. L’éducation est synonyme d’autonomisation, alors n’hésitez pas à en poser plein !

Tout cela pour dire que la réponse est non… du moins plus maintenant. Il semble que les humains (ou du moins nos ancêtres) aient eu des os dans le pénis jusqu’à il y a environ 1,9 million d’années. Ce n’est pas pour rien qu’on les appelle homo erectus ! Appellation qui ne doit rien à leur anatomie génitale, évidemment.

L’os du pénis, également appelé baculum, est présent chez tous les mammifères placentaires. Les rongeurs, les hérissons, les chiens, les ours, les otaries, les lions de mer, les pandas, les loutres et bien d’autres encore en sont pourvus.

Le baculum peut mesurer de moins d’un millimètre à près d’un mètre de long et sa forme peut varier de celle d’une fourche à celle d’une aiguille. La longueur n’est pas toujours liée à la taille de l’animal : le baculum du lémurien catta représente environ 40 % de la longueur de son corps, tandis que celui du morse représente un sixième de la longueur de son corps !

Ces objets sont exposés au musée phallologique islandais, oui, vous avez bien lu, il s’agit d’un musée du pénis qui abrite la plus grande collection de pénis au monde et propose des choses comme un Café phallique avec des gaufres-pénis et une boutique de souvenirs avec des centaines d’articles sur le thème du pénis.

L’os pénien de 2 mm d’un hamster sous une loupe y est également présenté. Selon les scientifiques, l’étendue, la forme et les variations générales de l’os du pénis en font l’os le plus diversifié qui ait jamais existé. Fascinant.

What about les primates ?

Quasiment tous les primates ont un os pénien, y compris nos plus proches cousins, les chimpanzés et autres grands singes. Seuls trois primates en sont dépourvus : le singe araignée, le singe laineux et l’homme.

Il est donc beaucoup plus probable que l’homme, ou ses ancêtres, en ait été pourvu avant de le perdre plutôt que de penser qu’il ait poussé spontanément et indépendamment chez tous les autres primates, sauf chez nous ou nos amis laineux ou araignée.

Bien qu’il n’existe actuellement aucune preuve fossile que l’homo erectus possédait un baculum, il y a suffisamment d’autres éléments qui amènent les scientifiques à penser que nos ancêtres du passé en ont probablement eu un à un moment donné.

Par exemple, cela se produit encore parfois. Tout comme quelques rares individus naissent avec une « queue vestigiale », elle-même issue d’une évolution de plusieurs millions d’années, quelques très, très, très rares individus naissent avec un os de pénis vestigial. De même, le pénis génère parfois de l’os lorsqu’il se remet d’un traumatisme. Donc, au moins historiquement, c’est ce qu’il est censé faire.

Alors, où sont passés les os du pénis dans la population masculine générale ? C’est là que les choses deviennent encore plus intéressantes.

L’évolution vers la monogamie

Parlons un peu de sexe, nous sommes chez LELO après tout. Dans la nature, il est très courant que les rapports sexuels pénétrants donc, durent plusieurs minutes. Le mâle reste ainsi bien en place, ce qui augmente les chances de conception après l’éjaculation, tout en repoussant les concurrents qui pourraient tuer la femelle ou la féconder eux-mêmes.

Le sexe est une activité très compétitive dans le monde animal, et le fait d’avoir un os dans le pénis pour le maintenir en place avec l’urètre ouvert afin de pouvoir rester monté sur sa compagne aussi longtemps qu’il le faut pour assurer la conception est un avantage. La compétition est telle chez les grands félins qu’ils n’ont pas seulement un os, mais également des crochets ou des épines sur leur pénis. Ces épines peuvent également contribuer à stimuler les femelles et à déclencher l’ovulation.

La polygamie est de loin la stratégie de reproduction dominante dans la nature. Les mâles cherchent à féconder le plus grand nombre de femelles possible, en raison d’un besoin biologique de transmettre leurs gènes. La compétition est telle que les femelles chimpanzés ont des rapports sexuels avec plusieurs partenaires mâles en même temps, afin de faire croire aux mâles que leur progéniture est la leur, et ainsi réduire le risque que le bébé soit tué par l’un d’entre eux.

L’homme et ses ancêtres ont toujours procédé de manière un peu différente. Il y a environ deux millions d’années, probablement quelque part dans la région du lac Turkana au Kenya, l’homo erectus a commencé à développer des structures sociales beaucoup plus complexes que les autres primates, ce qui a entraîné un changement dans ses habitudes d’accouplement.

En bref, la monogamie a remplacé la polygamie comme stratégie de reproduction dominante. L’homo erectus et ses descendants ont de longues périodes de gestation, ce qui est une conséquence de la marche debout. Il était donc logique qu’un homme reste en présence de sa compagne pour s’assurer que le bébé naisse en toute sécurité et pour le défendre jusqu’à ce qu’il soit capable de se défendre lui-même, garantissant ainsi la transmission de ses gènes.

L’homme étant devenu essentiellement monogame, il y avait moins de pression pour repousser la concurrence pendant l’acte sexuel lui-même, et donc moins besoin de soutenir le pénis avec un os pendant que le mâle restait en place. Ainsi, en l’espace d’un million d’années environ, les anciens humains ont perdu leur os.

Il semble donc que nos ancêtres aient eu un os pénien à un moment donné, mais il a disparu progressivement avec l’évolution et les changements dans nos modes d’accouplement.

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