Nous avons tous entendu parler au moins une fois de l’acquittement d’un violeur dont la victime n’avait pas été suffisamment claire dans sa façon de dire non, ou avait porté des habits qui disaient oui même si sa bouche disait non, ou avait allumé le violeur toute la soirée et que ça voulait bien dire ce que ça voulait dire…
Pourquoi est-ce si difficile de comprendre le « non » en matière de sexe alors que pour une partie de Monopoly on ne se posera pas la question ?
« Votre honneur, mon client a entamé cette partie de Monopoly avec la plaignante parce qu’elle avait tenu des propos capitalistes valorisant le secteur de l’immobilier toutes la soirée, sans mentionner le fait qu’elle portait un blazer noir et un tailleur pantalon qui montraient sans équivoque son goût pour les transactions financières. »
Pourquoi, spécialement en matière de sexualité, faut-il que le « non » soit soutenu par des arguments solides contresignés par un juge d’application des pines ?
Pour comprendre le problème du consentement et trouver des solutions à ce problème plus qu’épineux, la solution devrait pouvoir se trouver du côté du BDSM… On vous explique pourquoi.
Quand c’est oui c’est oui
A l’inverse de la sexualité « classique » de deux corps qui soubresautent en cadence et dont les codes reposent sur un univers d’implicites et de non-dits (elle a cligné de l’œil, c’est sans doute le signal que je peux y aller) qui poussent à devoir déclarer fermement « quand c’est non c’est non », les adeptes du BDSM ont une façon de faire beaucoup plus positive : « quand c’est oui, c’est oui ».
Et ils vont même encore plus loin : ce n’est pas parce qu’on ne dit pas non que c’est oui. Cela peut paraître évident quand on le lit comme ça, mais cela ne l’est pas pour certains messieurs… Notre société a pris l’habitude de considérer que la femme doit clairement dire non et pas clairement dit oui. Et ça change tout.
La complexité des désirs de l’autre
Un autre élément capital que peut nous apprendre le BDSM, c’est la prise en compte de la complexité des désirs. Quand deux adeptes de BDSM se croisent et se cherchent, ils sont rapidement obligés d’évoquer leurs spécialités. Le monde du BDSM est large et on ne trouve pas toujours un accord érotique satisfaisant. On est alors obligés de se saluer poliment et de laisser tomber.
Mais en terme de sexualité classique, on ne se pose pas beaucoup de questions… (Un bon missionnaire fera toujours l’affaire !) Alors qu’il y a certaines choses que les hommes comme les femmes n’ont pas forcément envie de faire même si c’est considéré comme la norme. Et ce n’est pas toujours facile à expliquer…
Sûr, sain et consensuel
Cette formule sert de principes à bon nombre d’adeptes du BDSM, elle permet de régir la relation afin que chacun y trouve son compte. La relation doit être sûre, c’est-à-dire qu’elle ne doit pas blesser (plus que la limite définie) les protagonistes. Le terme de « sain » fait référence ici au cadre mental : pas de relation sous alcool, drogue, quand on n’est pas dans son état normal ! Enfin, les relations doivent être consensuelles, c’est-à-dire que la relation doit être acceptée par tous les participants. Et dire qu’on entend encore que le BDSM c’est un truc de déséquilibrés…
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La fixation des limites
Dans une relation BDSM, on fixe les limites avant de s’y mettre. On ne tente pas des trucs discrètement pour voir si ça passe. « Ah, désolé, comme tu m’as dit que t’avais étudié le grec ancien à l’école, je pensais que t’étais branchée sodomie. »
On parle de tout ce qu’on refuse et de tout ce qu’on désire, et dans les scénarios les plus extrêmes où on joue à ne pas se fixer de limite, on a toujours un « safe word », un mot qui met fin à la relation sitôt qu’il est prononcé. La différence fondamentale entre le BDSM et le sexe classique, c’est la prévoyance. Comme le BDSM admet qu’il peut aller dans des recoins surprenants, il balise le terrain. Mais on considère à l’inverse que dans le sexe classique, tout le monde est à peu près d’accord sur les règles à suivre… Et cette approximation contribue au flou.
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Le consentement, c’est maintenant
Un problème grave et récurrent du consentement dans la sexualité est la question du timing. En matière de BDSM, comme on l’a vu, les participants s’arrêtent quand ils le souhaitent. Mais dans les relations sexuelles classiques, beaucoup trop de gens estiment qu’une fois passé un certain cap, le « non » n’est plus acceptable.
Si madame a commencé à se déshabiller et que finalement elle ne le sent pas, « ah bah ouais mais là c’est trop tard, fallait y penser avant ». Au nom de quoi ? En fait, pour beaucoup, si la dame a accepté de monter dans la chambre, c’est déjà trop tard pour dire non. Et l’injustice est d’autant plus forte que certaines femmes ont intégré ce non-retour et ne s’autorisent pas à dire non.
Le manque de communication dans la société puis au lit
La société nous a bien appris que le sexe, on ne doit pas en parler. C’est un tabou dont on a du mal à se débarrasser et qui est responsable, lui aussi, de bien des problèmes liés au consentement.
Comment arriver à parler avec un partenaire de ce qu’on veut ou qu’on ne veut pas quand la société vous dit de vous taire dans le domaine ? Et si on ne parvient pas à parler de ses désirs, le consentement n’est pas plus facilement exprimable. Alors que dans les faits, rien n’est plus excitant que de savoir qu’en face, le ou la partenaire est chaud(e) comme la braise !
Vous permettez ?
Si la notion de consentement est aussi complexe en matière de sexualité, c’est parce qu’elle est nourrie aux sous-entendus. Evidemment, l’idée n’est pas de dénaturer les rapports sexuels en demandant l’approbation avant chaque caresse, mais il faut mettre fin à l’hypocrisie du « c’était pas super clair qu’elle voulait pas » et surtout, accepter une fois pour toutes qu’on a le droit de changer d’avis (d’envie), même quand on a la culotte sur les chevilles. Alors inspirez-vous du BDSM et incitez le monde à faire pareil ! Enfin, seulement si vous y consentez…
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