Gwyneth Paltrow s’est donnée pour mission de faire connaître les tendances relatives au bien-être considérées comme taboues auprès du grand public via sa marque Goop. Des soins du visage pour vampires aux bougies parfumées senteur vagin en passant par les œufs vaginaux en jade, Gwyneth et l’équipe de Goop sont de réels précurseurs en matière de tendances bien-être.
Si vous regardez sa mini-série sur Netflix The Goop Lab, vous y verrez l’équipe rencontrer des experts en bien-être du monde entier pour étudier comment les gens peuvent mieux vivre. Le plaisir est un élément essentiel du bien-être, ce que Goop comprend parfaitement.
Dans l’épisode le plus marquant de cette série (le n°3 sur les 6 que compte la mini-série), l’équipe se familiarise avec le plaisir grâce à l’éducatrice sexuelle féministe Betty Dodson. Betty Dodson est décédée à l’âge de 91 ans après la fin du tournage, mais son héritage perdure.
La révolution du plaisir
La sexualité féminine est plus que jamais l’objet de discussions animées, et cela en grande partie grâce au travail de pionnières comme Betty Dodson. Née en 1929, Betty Dodson a participé activement au mouvement sex-positif des années 1960.
Elle a organisé ses célèbres « ateliers Bodysex », au cours desquels elle a encouragé les femmes cis à se connecter à leur corps et à leurs zones érogènes tout en guérissant la honte et en promouvant l’amour de soi. Ses ateliers quelque peu controversés consistaient à encourager les femmes à se masturber, souvent en groupe.
Betty Dodson avait constaté le manque de connaissances sur leur corps et sur les stimulations sexuelles féminines de nombreuses femmes. En parallèle de ses ateliers, le travail de Betty Dodson s’est étendu à d’autres domaines, notamment à travers la Betty Dodson Foundation, qui se consacre à la création et au partage de matériel d’éducation sexuelle. Elle a également publié trois livres traitant de différentes thématiques relatives au féminisme et aux orgasmes. Son travail a été salué par de nombreuses publications scientifiques et des médias parmi les plus importants du monde.
Le fossé orgasmique (ou orgasm gap)
L’un des éléments centraux des travaux de Betty Dodson est précisément ce fossé orgasmique, c’est-à-dire l’idée que les hommes ont tendance à avoir beaucoup plus d’orgasmes que les femmes, en particulier pendant les rapports sexuels. Pour vous donner une idée plus précise de l’ampleur de cet écart, une étude montre que, dans un échantillon d’Américains âgés de 18 à 59 ans, plus de 90 % des hommes déclare avoir eu un orgasme lors de leur rapport sexuel le plus récent, contre seulement 65 % des femmes. D’autres études estiment que 5 à 10 % des femmes n’ont jamais eu d’orgasme, que ce soit en se masturbant ou avec un partenaire.
C’est en organisant des orgies dans les années 1960 que Betty Dodson réalise que bon nombre de femmes simulaient le plaisir. Surnommée la « marraine de la masturbation », Betty Dodson a mis à jour le fait que bien des femmes n’atteignaient pas l’orgasme avec leur partenaire, voire qu’elles n’en avaient pas du tout, et elle a voulu faire quelque chose pour y remédier.
Elle considérait le plaisir comme un outil essentiel de la quatrième vague du féminisme et de la promotion de l’égalité entre les hommes et les femmes. Orgasmes et pouvoir personnel vont de pair.
De près et de manière toute personnelle
Maintenant que vous avez une meilleure compréhension du travail et de l’héritage de Betty Dodson, vous vous demandez probablement en quoi consiste la méthode Dodson !
Les séances et les ateliers organisés par Dodson pour ses clientes visaient à donner aux femmes cis la possibilité d’apprendre à connaître leur corps. Ces séances commençaient souvent par une leçon d’anatomie à l’aide d’un miroir portatif afin que les participantes puissent regarder et comprendre leur vulve. Dans les ateliers de groupe, cela s’est transformé en une « présentation des organes génitaux », ce qui a permis de normaliser les vulves de toutes formes, tailles et couleurs.
Le simple fait d’identifier la vulve, le clitoris et le vagin est une étape importante pour de nombreuses personnes. D’autant plus qu’une étude menée auprès d’étudiants américains a révélé que 80 % des hommes et 73 % des femmes étaient incapables de localiser correctement le vagin.
Le vagin est le canal interne, tandis que la vulve est tout ce que vous voyez à l’extérieur, avec les grandes lèvres, les petites lèvres et le clitoris.
Comment mettre en œuvre la méthode Dodson ?
Après l’observation et la présentation dans ses ateliers, venait le temps du cercle de masturbation, ou de la mise en pratique guidée s’il s’agissait d’une séance privée. Elle expliquait qu’au cours d’un atelier, les participantes pouvaient « partager leur orgasme avec le groupe tout en contrôlant leur propre clitoris ».
La méthode Dodson utilise un gode lesté, du lubrifiant et une baguette clitoridienne vibrante. Les animatrices guidaient ensuite les participantes à travers la technique de l’orgasme « Rock ‘n Roll » de Dodson.
La méthode Dodson étape par étape
- Allongez-vous sur le dos, les jambes pliées et écartées de la largeur des hanches. Assurez-vous d’être bien au chaud et confortable, en plaçant un oreiller sous votre tête.
- Commencez à basculer votre bassin vers l’avant, en direction de votre nombril, tout en alternant la contraction et la relaxation des muscles du plancher pelvien et en ramenant votre bassin vers le matelas.
- Inspirez lorsque vous basculez votre bassin vers l’avant et contractez, expirez lorsque vous ramenez votre bassin vers le matelas et relâchez les muscles du plancher pelvien.
- Une fois que vous aurez assimilé le mouvement combiné aux techniques de respiration et de compression, vous pourrez commencer à ajouter la pénétration vaginale à l’aide du gode lesté et la stimulation clitoridienne à l’aide de la baguette de stimulation clitoridienne.
Betty Dodson affirmait que l’apport d’oxygène dans la circulation sanguine grâce à la technique de respiration est essentiel pour l’engorgement du clitoris – elle encourageait les participantes à inspirer par le nez et à expirer par la bouche, d’éviter de se crisper et de rouler les hanches comme si l’on dansait en s’allongeant. Il s’agit de s’amuser et de se sentir bien.
Des chercheurs ayant appliqué la méthode Dodson auprès de femmes anorgasmiques ont pu constater que, sur 465 patientes, 93 % d’entre elles ont eu un orgasme pendant la thérapie. C’est impressionnant si l’on considère que 25 % des participantes n’avaient jamais eu d’orgasme et que toutes les participantes souffraient d’anorgasmie chronique depuis 12 ans en moyenne.
Un héritage toujours bien vivant
Bien que Betty Dodson ne soit plus de ce monde, son associée Carlin Ross continue d’animer des ateliers utilisant la méthode caractéristique de Betty Dodson.
Il existe de nombreuses façons d’éprouver du plaisir, mais si l’on considère que Betty Dodson a commencé à travailler sur le sujet du plaisir féminin dans les années 1960, on peut dire que sa méthode était vraiment en avance sur son temps. Et qu’elle était bien une pionnière en la matière.
Nous terminerons par quelques sages paroles de Betty Dodson dans une interview accordée au Guardian en 2014 : « Entretenez une relation sexuelle avec vous-même, vous pouvez avoir des orgasmes de premier ordre par vous-même ; arrêtez de faire ce que vous pensez que votre partenaire veut voir au lit – cela semble d’autant plus nécessaire à une époque où la pornification croissante de notre culture rend ces idéaux plus difficiles à atteindre pour les femmes. »