« Fais-moi signe la prochaine fois que tu viens à Paris. » Voilà ce que me disait un ancien collègue par mail. Je l’avais rencontré lorsque je vivais dans la capitale.
Oh fais-moi confiance je le ferai, pensais-je en moi-même. Si seulement tu savais combien de fois j’ai joui en pensant à toi toutes ces années…
J’avais étudié le français à l’université et en parallèle de cet apprentissage de la langue, j’avais dû passer un an en stage dans une multinationale à Paris. Cela peut sembler très sophistiqué, pourtant je traversais à cette époque une période où je ne me trouvais vraiment pas très belle, physiquement parlant. J’avais grossi et j’avais vraiment les cheveux abimés. Au départ, j’avais mis ça sur le compte des croissants, du pain, du beurre et de ma sédentarité, assise toute la journée devant un ordinateur. Mes kilos en trop me mettaient mal à l’aise et pour couronner le tout je venais juste de rompre avec mon petit-ami (ma 2e histoire sérieuse). Je voulais changer quelque chose physiquement qui refléterait mes changements internes. Je me suis donc fait une frange, qui finalement ne m’allait pas du tout.
Mon manque de confiance en moi n’a pas suffi à rebuter un de mes collègues masculins âgé d’une quarantaine d’années et prénommé Jacques.
Il était séduisant avec son genre de geek et ses regards intenses me faisaient rougir et me donnaient envie de croiser les jambes sous la table lorsqu’il me parlait. Bien que nous n’ayons jamais eu à collaborer sur quoi que ce soit d’un point de vue professionnel, il se faisait un devoir de me parler chaque fois qu’il passait devant mon bureau. Il était célibataire, aimait l’art et la nature, et adorait sa moto. Il parlait toujours lentement et corrigeait mon français, si bien que chaque conversation me donnait toujours l’impression d’apprendre quelque chose.
Bien qu’il soit toujours très gentil avec moi, il était assez mal à l’aise et maladroit lorsqu’il se trouvait en groupe et il mangeait toujours seul. Son intérêt évident pour moi avait attiré l’attention des commères du bureau. Elles me disaient que Jacques avait un goût de luxe en ce qi concernait les femmes et qu’il avait pris l’habitude, au fil des ans, d’accorder une attention particulière aux jeunes femmes séduisantes de la société. Le fait d’être considérée comme appartenant à cette catégorie alors que je me sentais au plus bas physiquement était incroyablement flatteur. Bien que je n’aie jamais eu l’intention de faire quoi que ce soit avec Jacques, son attention m’a donné le regain de confiance dont j’avais besoin et a provoqué en moi des sentiments que je ne savais pas vraiment comment gérer à ce moment-là.
Un jour, je me suis réveillé pour découvrir que l’ensemble du réseau de transport public parisien était en grève. C’était le chaos dans toute la ville. Comment allais-je pouvoir me rendre au travail ? Je me suis alors souvenue que Jacques avait une moto et qu’il apprécierait sans doute de me la montrer. J’ai été comme submergée par une vague soudaine de confiance en moi et d’énergie espiègle, ce qui était inhabituel pour moi à l’époque. J’ai appelé Jacques directement pour lui demander s’il pouvait passer me prendre. Comme je l’avais prévu, il se faisait une joie de venir me chercher.
« On se retrouve devant la tour Eiffel dans une heure » lui dis-je.
Jusqu’à ce moment-là, j’avais toujours eu peur des motos et jamais de ma vie je n’en avais enfourché une. Mais ce jour-là, j’avais envie de faire une exception à mes propres règles. C’était en plus, le seul moyen pour moi de me rendre au bureau. Voilà ce que je me répétais pour me justifier.
Je me suis habillée pour l’occasion et j’ai enfilé un ensemble à rayures et des chaussures avec des petits talons. Lorsque je suis arrivée à notre point de rencontre, il était déjà là, vêtu de cuir de pied en cap. Je découvris que sa moto n’était pas une simple moto mais une Harley-Davidson. Pour quelqu’un qui ne connaissait rien aux motos, j’étais impressionnée. Après nous être salués, il est descendu de sa moto et m’a aidée à enfiler mon casque avec une incroyable délicatesse. J’étais là, presque immobile, les yeux clos et à chaque fois que ses doigts m’effleuraient, je sentais – bien involontairement – une décharge électrique me traverser le corps.
Le casque était serré et me rendait claustrophobe, comme jamais je ne l’avais été. Jacques s’est rassis sur la moto et m’indiquait comment me placer derrière lui. Au départ, cela me parut bizarre de devoir m’accrocher à sa taille mais dès qu’il eut démarré son engin, je me suis cramponnée à lui aussi fort que possible.
Mes seins fermes se pressaient inévitablement contre son dos et mon clitoris palpitant ne pouvait s’empêcher d’être excité alors que je profitais d’un type spécial de frottage sur le luxueux siège en cuir que j’avais entre les cuisses. Grâce au puissant moteur, j’avais l’impression de chevaucher un gros vibromasseur en cuir. C’était particulièrement vrai chaque fois qu’il ralentissait et accélérait. Les accélérations et les ralentissements constants ressemblaient à un délicieux titillement sans fin. Je ne pouvais m’empêcher de m’accrocher à lui encore plus fort.
Découvrir la ville de cette façon fut un véritable choc. Nous nous faufilions entre les voitures qui avançaient très lentement. J’en oubliais même mon appréhension initiale à l’idée de monter sur une moto. Jacques était un conducteur responsable et je me sentais en sécurité alors que je contemplais les plus beaux monuments parisiens d’un point de vue totalement neuf. J’avais l’impression que nous étions dans une bulle, totalement inconscients du chaos qui nous entourait. Je voulais que ce moment éphémère dure le plus longtemps possible. Les conducteurs frustrés étaient nombreux à klaxonner furieusement, tandis que moi, au contraire, j’étais secrètement ravie de cette grève. Je n’avais jamais pensé que la conduite pouvait être si érotique.
Alors que nous approchions de La Défense, le quartier d’affaires où se trouvait notre bureau, je ne pouvais m’empêcher d’être déçue que la balade soit déjà terminée. Quand il s’est garé, je sentis que j’étais très excitée. Je suis descendue de la moto maladroitement et je l’ai remercié alors qu’il m’aidait à enlever mon casque. Puis, nous nous sommes dirigés vers nos bureaux respectifs. J’étais à peine capable de le regarder dans les yeux après avoir collé mon corps ainsi contre le sien.
Bien que la chevauchée soit terminée, dans mon esprit, elle se poursuivait et se répétait encore et encore et nous n’arrivions jamais tout à fait à destination. Je m’allonge, je ferme les yeux, j’ouvre les cuisses et je presse un sextoy contre mon clitoris palpitant. Parfois, lorsque j’active un mode de vibration pulsatoire ou ondulatoire, je me souviens du moteur de la moto de Jacques. Je suis transportée par la nostalgie de la chevauchée de ma vie.
Dans mon fantasme, je m’accroche de plus en plus fort et je fais basculer mon pelvis vers l’extase. J’imagine différents scénarios avec des fins différentes mais qui ne manquent jamais de me faire jouir. Parfois, c’est même moi qui conduis la moto et Jacques le passager derrière moi. Au lieu de s’accrocher à moi pour garder l’équilibre, je sens ses mains sur tout mon corps, qui m’explorent lentement. Alors que je me tortille sur mon lit défait et que j’augmente l’intensité du vibromasseur, je me souviens de son regard pénétrant, de sa voix, de la façon dont ses lèvres bougent à peine lorsqu’il parle, de sa bizarrerie générale et penser à lui me fait systématiquement jouir à chaque fois.
Il est intéressant de noter que je ne suis pas remontée sur une moto depuis. Mais aujourd’hui, alors que je me prépare pour mon prochain voyage à Paris, je ressens un certain frisson en imaginant retrouver Jacques après toutes ces années. Je me souviens ce cette folle chevauchée, et je ne peux m’empêcher de me demander s’il y en aura une autre un jour. Mais cette fois, sans la moto.
* Cette nouvelle a été écrite en anglais pas Venus O’Hara. Traduite par nos soins, vous pouvez la lire en version originale en cliquant ici.