J’adore mon appartement. Vraiment. Je m’y sens bien. Mais j’avoue que le confinement imposé au pays entier commence à être très pesant. Mon appartement a des allures de prison dorée et ma chambre, qui d’ordinaire est mon sanctuaire, mon refuge tantrique, ressemble désormais à une cellule. J’avais besoin de plus. De plus de quoi ? J’étais bien incapable de définir ce besoin.
Je continuais de travailler et j’avais une journée consacrée aux visioconférences avec mes collègues chaque semaine. J’adorais pouvoir leur parler en ne portant qu’une chemise, et rien d’autre.
Cette semaine c’était mon tour d’animer la réunion. J’optai pour une chemise bleu pâle, une cravate rayée et un pantalon d’intérieur en soi. Sans caleçon en dessous ça va sans dire. Tout en parlant à mon équipe d’une nouvelle formule d’investissements financiers, je me caressais doucement, savourant le délicieux frottement de la soie sur mon pénis. J’essayais de maîtriser le plaisir, faisant de mon mieux pour parler d’une voix stable et confiante sans laisser deviner ce qui se passait sous le bureau. Tout le monde semblait convaincu par ma présentation. Enfin presque tout le monde.
La réunion terminée, j’éteignis la caméra. Je déboutonnai ma chemise et retirai ma cravate. Les vêtements venaient d’atterrir par terre de l’autre côté du canapé lorsque j’entendis à travers le haut-parleur de ma caméra :
– Rallume ta caméra.
En regardant l’écran de mon ordinateur, je pus constater qu’une personne était toujours connectée à la salle de réunion virtuelle. Trina. Je rallumai mon micro.
– Tu as une autre question Trina ?
– Oui.
– Ok dis-moi. En quoi puis-je t’aider ?
– Rallume ta caméra.
Trina s’occupe chez nous du contrôle-qualité. Elle s’assure que tout ce que nous entreprenons respecte les règles et régulations du secteur. Elle est également incroyablement sexy avec son mètre 75, sa peau foncée et ses fossettes. Ses fossettes ont fait flancher mes genoux la première fois que ses yeux noisette se sont plantés dans les miens et qu’elle m’a souri. Nous parlions boulot bien sûr, nous nous disputions parfois et nous avions même un peu flirtés quelques fois, dans le monde d’avant.
– Est-ce que ma caméra a besoin d’être allumée pour répondre à ta question ? Je me suis mis à l’aise.
– Justement.
– Excuse-moi ?
Elle soupira :
– Pourquoi est-ce que tout est toujours si compliqué avec toi ?
Mon écran s’illumina et je la vis, seins nus, les aréoles entourant ses tétons pointés vers moi. Son image disparut aussi vite qu’elle était apparue.
– Oh, fut tout ce que je fus capable d’articuler.
– A ton tour, me répondit-elle. Le curseur de ma souris passa sur le bouton « vidéo ». Je cliquai.
– Aaah, voilà, me dit-elle.
Je me regardai sur l’écran. Le torse bien dessiné depuis le début du confinement grâce aux « pompes de l’ennui ». L’écran de l’ordinateur clignota. Elle était de retour. Les seins toujours à l’air, son sourire à fossettes et le regard planté vers sa caméra directement braqué sur moi.
– Je voudrais en voir plus, osai-je courageusement.
L’image se brouilla. Quand elle redevint nette, Trina s’était reculée et je voyais à présent sa culotte en dentelle et sa poitrine. Son visage était seulement une ombre jusqu’à ce qu’elle allume une lampe et que je le distingue mieux.
– J’en veux plus, me dit-elle.
C’était mon tour à nouveau. Je déplaçai mon ordinateur portable pour avoir le meilleur angle possible et me reculai sur mon siège afin qu’elle puisse avoir une vue sur la bosse dans mon pantalon, mon torse et mon visage.
A l’unisson, nous nous écriâmes : J’en veux plus !
Ce qui nous fit beaucoup rire. Nous nous regardions dans les yeux à travers nos écrans interposés. Elle s’empara des bords élastiques de sa culotte tandis que je dénouai le lien de mon pantalon. En un clin d’œil, nous les avions fait glisser le long de nos hanches, sur nos cuisses puis nos pieds. La technologie avait du mal à suivre notre rythme et nos écrans étaient partiellement pixelisés.
Nous avions ajusté nos positions respectives. Trina s’était allongée sur son lit, soutenue par d’épais coussins, les jambes écartées, révélant son intimité. J’étais sur mon canapé, une jambe posée par terre, mon sexe fièrement dressé.
Elle murmura “Encore plus” en dirigeant sa main vers sa vulve. La mienne avait atteint mon pénis alors qu’elle commençait à caresser son clitoris. Nous soupirâmes en même temps.
– Encore plus.
Je ne sais pas lequel de nous deux avait prononcé cette phrase. Les mots avaient été lâchés et nous obéissions. Ma main pressait mon sexe, le caressant de bas en haut. Mon pouce s’attardait sur un point juste en dessous du gland qui me procurait à chaque fois des étincelles de plaisir dans tout le corps. Ses doigts à elle bougeaient en petits cercles lents puis en décrivant la forme d’un huit. Elle gémissait et son regard ne lâchait pas le mien.
Je ne savais pas quant à moi où poser mon regard : dans ses yeux qui m’amenaient dangereusement au bord de l’orgasme ? Sur ses seins dressés ? La peau de ses aréoles ? La ligne entre ses seins ? Ou sur mes propres caresses afin de ne pas éjaculer comme une fusée. Je flottais dans un moment suspendu, glissant doucement avec Trina sur le chemin de l’orgasme.
Nous étions bloqués dans ce moment, séparés mais ensemble dans notre cocon par le truchement de nos écrans d’ordinateur, nos claviers, nos haut-parleurs et notre luxure. Partager notre énergie érotique sans pouvoir nous toucher.
Encore plus, murmura-t-elle.
Encore plus, acquiesçai-je.
Sa main bougeait de plus en plus vite, ses jambes commençaient à trembler, sa bouche s’ouvrait et se fermait, son dos se cambrait. La mienne quant à elle agissait en véritable chef d’orchestre. Mon pénis en était l’instrument principal. Les poils se dressaient sur mon corps, mes yeux se fermaient et mes hanches se démenaient. Quand j’ai entendu son gémissement, mélange de plaisir et de soulagement, venu du plus profond d’elle-même, je me laissai aller à mon tour. Je jouis les yeux fermés, une farandole de couleurs devant moi. Du bordeaux, du bleu, des jaunes vifs. Chaque muscle de mon corps était détendu et satisfait.
Je ris, elle rit également, tous les deux un peu mal à l’aise après ce moment partagé à distance.
– Bon alors Trina, comment se passe le confinement ?
– Écoute Billy, je suis un peu en manque de sexe. Parfois, je me masturbe pendant nos réunions.
Elle leva un sourcil et me sourit. Nous avons éclaté de rire en même temps.
**Cette nouvelle a été traduite de l’anglais d’après un texte écrit par J. Word. Vous pouvez découvrir le texte en version originale ici.