- Lire le début de l’histoire : Exotique Poison – Partie 1
Quand Alou se réveilla dans l’après-midi du lendemain, l’esprit embrumé par les excès d’alcool, il se rappela immédiatement la scène de la veille, chez Inès. Il se souvenait de tout en détail, comment il s’était introduit chez elle, comment il avait tenté de la prendre de force…
Mais au lieu d’éprouver de la culpabilité et de regretter cette entreprise menée alors qu’il n’était pas dans son état normal, il sentit la colère monter contre la jeune femme. Il avait échoué à la posséder parce qu’elle s’était refusée à lui. Son pénis avait refusé de durcir et elle n’avait rien fait pour l’aider. Il était fou de rage contre elle et son désir de la prendre et de lui faire mal n’en était que plus fort.
Il se leva et but de grandes lampées d’eau en portant directement la cruche à sa bouche puis il contempla son corps nu devant un vieux miroir qui trainait dans un coin. Il était beau, il le savait, son corps noir et musclé faisait chavirer les Parisiennes. Alors pourquoi Inès se refusait-elle à lui ? Il jeta la cruche contre le mur de rage, puis s’habilla à la hâte sans prendre le temps de ramasser les morceaux de terre cuite éparpillés. Il était pressé, la Comtesse l’attendait.
La perspective de devoir faire encore l’amour à une vieille femme frustrée lui donna la nausée mais il chassa les images de son esprit. Cette activité lui rapportait beaucoup et bientôt il aurait suffisamment d’argent de côté pour commencer une nouvelle vie.
La pluie tombait à grosses gouttes et Alou trottinait dans les rues encombrées de Paris, en jurant contre cette météo qui le trempait d’un froid glacial. C’était les rares fois où son Afrique natale lui manquait. Il arriva à la propriété de la comtesse complètement trempé et se glissa en frissonnant dans le petit escalier qui menait à la cave secrète.
Quelques filles, employées comme lui pour répondre au plaisir des femmes de la noblesse, étaient déjà en train de se maquiller dans l’arrière sale. Il se faufila parmi elles pour rejoindre le poêle et se réchauffer. Il retira ses habits mouillés jusqu’à se retrouver avec un simple caleçon et certaines jeunes femmes gloussèrent en l’observant. Alou aimait sentir le regard de ces jeunes femmes dans son dos.
— Mon pauvre, Alou ! Vous êtes dans un état !
La comtesse le rejoignit devant le poêle en arborant une mine exagérément attristée, comme toujours.
— Suivez-moi, Alou, vous allez attraper la mort.
Elle lui tendit une couverture et lui emboita le pas. Ils montèrent par un escalier qu’il n’avait jamais emprunté et arrivèrent directement dans les appartements de la Comtesse, sans passer par le petit salon de l’hôtel particulier.
— Je m’apprêtais à prendre un bain chaud, mais il est pour vous Alou. Vous êtes frigorifié. Et ce soir, c’est un grand soir. Il faut que vous soyiez à la hauteur.
Alou ne posa aucune question et suivit la comtesse dans sa salle de bain.
— Déshabillez-vous.
Il jeta la couverture au sol et retira son caleçon en regardant la comtesse dans les yeux. Elle se mordilla les lèvres en le découvrant nu. Après s’être attardée quelques instants à le contempler, elle lui intima l’ordre de s’immerger dans la baignoire.
Il obéit avec plaisir et fut immédiatement saisi par la douceur de l’eau brulante. C’était très agréable et il ferma les yeux en profitant de cette chaleur qui couvrait son corps. La Comtesse s’agenouilla près de lui et passa une éponge contre ses épaules. Elle frottait doucement sa peau, allant d’une épaule à l’autre, puis elle descendit vers le cou, le torse, elle atteignit l’aine puis remonta vers la cuisse, le genou, elle sortit le reste de la jambe de l’eau et la caressa jusqu’à la plante des pieds…
Elle regardait Alou avec un air amusé. L’homme souriait bêtement, apaisé par la chaleur de l’eau et le traitement dont il bénéficiait. Elle continua de passer l’éponge sur son corps, en repartant de l’autre jambe et en remontant à nouveau vers le bas-ventre, le torse, les épaules… sans jamais toucher son sexe.
Elle lui fit signe ensuite de sortir. Il se leva dans la baignoire et pointa fièrement son érection. Elle sourit, satisfaite, et lui tendit la main pour l’aider à enjamber le bord glissant. Il la suivit dans la chambre attenante, dégoulinant d’eau et nu comme un vers.
En un mouvement bref, la Comtesse fit tomber sa robe au sol et elle se retrouva nue à son tour. Elle avait manifestement préparé la chose, songea Alou. Elle avait un corps splendide, bien plus beau qu’il ne l’avait imaginé. Elle s’allongea sur le lit et fit signe à Alou de la rejoindre.
— Venez vous réchauffer sous les draps, Alou.
Et comme toujours, il obéit et la rejoignit dans le lit sans rien dire. Elle les recouvrit tous les deux intégralement du drap blanc et contempla le corps noir et humide d’Alou. Son index glissait sur sa peau et suivait le dessin de ses muscles.
— C’est contraire au règlement que je me suis fixée, Alou. Mais j’ai décidé de faire une exception. Parce que le règlement, c’est moi. Vous comprenez, Alou ?
Il hocha la tête et observa la comtesse poser ses lèvres humides sur son torse, les promener avec sensualité sur son ventre et descendre jusqu’à la base de son sexe. Puis elle remonta le long du pénis du bout de sa langue tiède et Alou ferma les yeux. Il sentit le délicat plaisir de la bouche humide enveloppant son sexe. La comtesse savait y faire et il avait l’impression de sentir son pénis pris dans un tourbillon chaud.
Il avait même réussi à séduire la patronne, et cette fierté narcissique participait aussi grandement à son plaisir. Il plaça ses deux mains derrière la tête, satisfait de sentir une bouche de comtesse s’appliquer à lui donner du plaisir, à lui, qui n’était encore qu’un petit paysan dans son village il y avait encore quelques mois.
La comtesse se tourna sur le dos, jambes écartées, et tout en essuyant la salive sur les coins de sa bouche, elle déclara :
— Je veux que tu me prennes, Alou. Ne me ménage pas sous prétexte que je suis une comtesse. Oublie qui je suis et dépêche-toi, on est attendus.
Il bascula sur elle et guida son sexe pour la pénétrer sans attendre. Il s’enfonça en elle en l’étranglant d’une main pour la forcer à le regarder dans les yeux. Elle ouvrit la bouche de délectation au moment où elle se sentit remplie. Elle plaça ses mains sur les fesses musclées d’Alou et impulsa de cette façon le rythme qu’elle attendait. Alou y allait de bon cœur, donnant des à-coups toujours plus forts, son bassin se dandinant toujours plus violemment quand il sentait les ongles de la comtesse s’enfoncer dans sa chair.
Il la sentait trempée, son sexe était serré, baigné du liquide de son plaisir. Il avait envie de lui faire mal, de la prendre encore plus violemment. Il plaqua ses deux mains sur les petits seins qui ondulaient au rythme de ses assauts, il les serra fort, pinçant les tétons et aussitôt le visage de la Comtesse se métamorphosa, un mélange de douleur et de plaisir qui la transportait. Et bientôt, il sentit l’emprise des mains sur ses fesses se relâcher. Son corps tout entier se détendit, elle n’était plus qu’une chose vulnérable sous son corps puissant. En la voyant ainsi partie, les yeux dans le vague, vulnérable, à sa merci, il sentit la jouissance monter en une salve violente et incontrôlable. Il déchargea son plaisir en elle dans un cri mêlant surprise et soulagement. La comtesse tressaillit entre ses bras, surprise elle aussi par ce dernier sursaut orgasmique.
Elle ne le laissa pas reprendre ses esprits longtemps. Elle se leva, s’habilla rapidement et ordonna à Alou de faire de même. Elle avait soudain un ton désagréable, presque de reproche et Alou se demanda si c’était à cause de lui, s’il n’avait pas été à la hauteur… Il l’avait peut-être déçue. Au fond, il s’en moquait.
Il descendit avec elle sans rien dire jusque dans la cave. Trois jeunes hommes faisaient l’amour à trois jeunes femmes devant des femmes de la noblesse masquées, s’apprêtant à faire leur choix. Alou se demanda ce qu’il allait faire puisque la soirée avait commencé sans lui.
Mais une des femmes se leva en le voyant arriver. La comtesse la rejoignit et elles échangèrent quelques mots avant qu’elle fasse signe à Alou de les suivre.
Ils rejoignirent une petite chambre qu’Alou ne connaissait pas. Quand il entra, il découvrit des accessoires en tout genre. Des fouets, des chaînes, des bougies, des raquettes de bois… Il comprit immédiatement ce que la femme masquée attendait de lui. Il sourit. C’était exactement ce qu’il désirait. Se défouler sur une marquise ou une baronne ou n’importe quelle noble à l’air condescendant…
La comtesse s’approcha d’Alou, lui banda les yeux, puis lui demanda de lever les bras en l’air. Elle grimpa ensuite sur un tabouret et il entendit un bruit de chaine. Elle venait de le menotter. Quand il essaya de ramener ses bras vers le bas, il sentit qu’il était prisonnier. La comtesse lui retira le bandeau et il découvrit les chaines montant jusqu’au plafond. Elles étaient solides et hautes et tiraient déjà sur ses bras. Il chercha le regard de la Comtesse pour comprendre ce qu’on attendait de lui, il découvrit alors Camille dans un coin de la pièce. Sans un mot, elle ferma la porte et il aperçut alors, cachée derrière celle-ci, une jeune femme qu’il ne reconnut pas immédiatement dans l’obscurité.
— Inès !
Son cœur battait à toute vitesse, il tirait de toutes ses forces sur la chaine.
— C’est inutile, Alou. Elles ont supporté plus lourd que vous. Je regrette que nous en arrivions là, Alou. Mais je ne peux pas accepter les violeurs…
— C’est un malentendu, Comtesse, je n’ai violé personne…
— Ce n’est pas faute d’avoir essayé, si j’ai bien compris.
Camille prit Inès dans ses bras en lançant un regard haineux à Alou. La jeune femme sanglotait.
— Elle voulait, vous ne l’avez pas vue la dernière fois…
— De toutes façons, ça ne change rien.
— Qu’est-ce que vous voulez dire ?
— Si je ne peux pas tolérer les violeurs, Alou, je peux encore moins accepter d’avoir dans mon équipe… un meurtrier.
A cet instant, la femme masquée dévoila son visage. Alou reconnut la femme du Français qu’il avait fait tuer en Afrique. Camille avait parlé. Elle avait vengé Inès de cette façon… Il s’agita, suppliant, pleurant…
— Je ne peux pas vous garder, je ne peux pas vous livrer à la justice… Alors on va faire ça entre nous, Alou. C’est dommage, j’aurais pu faire de vous une vedette.
Quand la comtesse ferma la porte derrière elle, laissant Alou avec Inès, Camille et la veuve, le jeune homme avait tourné de l’œil. Elles sauront le réveiller, et faire durer leur plaisir, songea-t-elle. Il fallait s’attendre à ce que cette chambre soit occupée toute la nuit.