L’ultime vague nous ramène sur la plage. Nous ramons chacun sur notre planche dans un dernier effort jusqu’à atteindre le sable, puis nous trottinons pour éviter que la vague nous emporte en se retirant vers le large. Nous nous effondrons sur le sol humide, les yeux fixant le ciel encore rosi par l’aube. Nos respirations se calment peu à peu, nos rythmes cardiaques ralentissent. Nous profitons de cet instant de repos ultime après avoir surfé presque quarante-cinq minutes dans l’eau fraîche du matin.
La plage est déserte. Personne ne vient surfer ici en semaine, et il est trop tôt. C’est pour cette raison que nous apprécions particulièrement cet endroit. Les vagues ne sont pas les plus impressionnantes mais elles sont à nous.
Martin se lève et titube jusqu’à nos serviettes abandonnées sur le sable plus loin derrière nous. Il me jette la mienne au visage et je murmure un « merci » étouffé en riant. Nous retirons nos combinaisons en néoprène. Elles nous tenaient chauds dans l’eau mais nous préférons maintenant la douceur tiède du tissu.
Je regarde Martin à la dérobée. Il est assis dans le sable, la serviette sur les épaules. En retirant sa combinaison, il a trop tiré sur son caleçon et j’aperçois sa toison sombre ainsi que le début de son sexe.
— Tu vas voir Caroline cet après-midi ?
— J’espère…
Caroline est sa petite amie. Il la vante partout où nous allons. Il répète à qui veut l’entendre combien elle a un corps magnifique, des seins énormes, un bassin sculpté et des fesses voluptueuses. Il raconte même à des inconnus que le goût de son sexe rose est si bon qu’il n’est jamais rassasié. Il s’extasie de ces lèvres intimes parfaites surmontées par un fin trait de poils blonds. Nous connaissons le corps de Caroline par cœur. « c’est vrai que ses seins sons beaux », je lui ai dit une fois. Pour lui faire plaisir, pour flatter son égo. Mais la vérité est que je me fous de ses seins, ces deux grosses boules lourdes qui pendouillent. Je ne comprends pas cette fascination.
Caroline est distante, ces derniers temps elle l’évite. Et Martin, ça le rend fou. Parce que les hommes ne sont jamais plus attirés que par ce qui leur est refusé, et parce qu’il est en manque de ce corps qu’il adule. A dix-huit ans, le besoin de sexe est pressant, surtout quand on y a déjà goûté.
Le besoin de sexe est pressant… Je le sais mieux que personne. Même si je n’y ai jamais goûté.
Martin laisse tomber la serviette, le soleil est monté un peu plus haut et nous réchauffe agréablement la peau. Son ventre est musclé, les abdominaux saillants, le corps du sportif. Sa peau est bronzée, le contraste avec le blanc au-dessus de son sexe est flagrant.
— Tu crois qu’elle va te plaquer ?
— Je pense pas… Je sais pas.
— Tu l’aimes ?
— J’aime son corps.
Nous éclatons de rire. Encouragé par cet instant d’hilarité partagée, il poursuit et me rappelle en riant combien ce corps sculpté le rend dingue. Et pendant qu’il la décrit une fois de plus, qu’il décrit ses seins, ses fesses, son ventre, sa nuque, sa taille fine et ses jambes douces, j’observe son short de bain.
La bosse se forme doucement au fil de son excitation. Il se remémore chaque centimètre du corps de Caroline et en même temps son pénis se dresse. Martin remue, se tortille, il ne sait pas comment caler ce sexe encombrant qui cherche à s’échapper. Incapable de quitter des yeux cette bosse alléchante, je salive. Je m’approche doucement, pas menaçant.
— Fais voir.
Doucement je baisse son caleçon et son pénis sort d’un bond.
— Qu’est-ce que tu fous ?
Je ris, gêné de ce que je viens de faire, honteux et troublé.
— Je voyais bien qu’il voulait sortir, je voulais aider.
— T’es con…
Il garde malgré tout le sexe sorti, à l’air libre, soulagé. Il regarde autour de nous, pour vérifier, mais il n’y a personne. Nous sommes seuls.
— Caroline, elle suce bien ?
— Si tu savais…
— Dis-moi.
Et il me raconte comme elle lui attrape parfois le sexe sans prévenir, du bout des lèvres, il énumère les étapes. Je m’approche encore. Il ferme les yeux en poursuivant son récit. J’attrape son sexe dans ma main et il s’arrête un instant de parler. Il hésite. Et puis finalement, il raconte à nouveau, comme s’il préférait faire semblant de ne pas savoir que j’ai son pénis entre mes doigts.
Je le masturbe doucement et aussitôt mon sexe se dresse à son tour, dur comme la pierre, excité comme jamais. Je n’ai jamais touché un garçon. Une fille non plus… Mais les filles, je n’en ai jamais eu envie. Son récit est moins précis, plus décousu. J’avance mon buste et j’approche mes lèvres de son pénis.
Il est salé comme la mer. J’aime son goût, sa texture, sa douceur. Je l’avale doucement et je monte et descends lentement mon visage sur son pénis dur. Je veux que son plaisir soit à l’égal du mien. J’ai tellement rêvé de ce jour, j’ai tellement souvent voulu être Caroline, lui donner du plaisir, toucher son corps, le caresser.
Il a cessé de parler et a mis son bras sur ses yeux, pour les maintenir fermés et se concentrer sur ses pensées. Il imagine sans doute être avec elle en ce moment mais je m’en fous. C’est bien moi qui le suce, c’est ma salive qui coule sur sa hampe. Quelques fois j’ouvre un peu plus la bouche et fais tournoyer ma langue autour de son gland. Il se cambre, il soupire, il retient des cris.
J’ai léché tout le sel, il n’y a plus que le goût pur de son sexe dans ma bouche. Je retire mes lèvres pour contempler son pénis épais que je tiens entre mes doigts. Une perle séminale pointe à la sortie de l’urètre, je la lèche doucement, il crie de plaisir. Alors je replonge sur son pénis, je le gobe et l’aspire et son corps se raidit. Je pose la main sur son ventre musclé pour sentir les spasmes. Il jouit. Je ne bouge plus qu’à peine, profitant de chaque soubresaut, sentant le liquide chaud se répandre dans ma bouche. Je l’avale, je savoure son goût acre et doux. Puis son corps se détend, il a fini de se décharger en moi.
Je garde son sexe en moi, ferme les yeux et savoure enfin ce que j’attends depuis si longtemps : être Caroline.