Je monte les escaliers deux à deux, je ne veux pas réfléchir, pas anticiper, pas me projeter, suivre cet élan, cet élan qui me rend vivant. Devant la porte je stoppe, essaye de reprendre mon souffle tant bien que mal. Je sais que je n’ai pas réellement transpiré et je souris à cette idée : même si elle ne le dira jamais, je sais que ça va lui plaire cette subtile odeur d’hormone qui accompagne ma montée.
Je suis devant cette porte en bois, semblable aux autres, avec quelques griffures de clefs près de la poignée. Je sens mes questions revenir : suis-je assez bien habillé pour elle, et s’il y a quelqu’un ? et si elle est occupée ? pas là ? Et si elle ne veut pas me voir… J’arrête et me focalise sur la seule question importante à ce moment-là : est-ce que je frappe à la porte, ou est-ce que j’entre comme ça ? Si je toque, va-t-elle entendre, et m’ouvrir ? Si je rentre sans frapper, je n’aime pas l’image que je donne de moi, et je ne suis pas sûr qu’elle aime être prise au dépourvu.
Je toque alors, deux coups, forts. J’entends une chaise bouger : était-elle en train d’étudier ? Va-t-elle avoir ses lunettes encore sur le nez ou dans les cheveux ? S’attend-elle à ce que quelqu’un vienne ? Est-elle habillée… oui, on est en novembre, évidemment qu’elle va être habillée. Je tente de chasser les pensées de son corps contre le mien, mais c’est déjà trop tard, je sens de nouveau le désir se répandre dans mon bas ventre.
J’entends la chaîne de la porte coulisser, et je vois la poignée bouger. Elle ouvre, et je la regarde droit dans les yeux. Elle hausse les sourcils de surprise, mais je ne lui laisse pas le temps d’esquisser le moindre mouvement. Je me précipite à l’intérieur, l’encercle de mes bras, et referme la porte avec le pied. Je la respire contre moi, le nez dans ses cheveux, je la maintiens fermement contre moi. Elle sent bon, évidemment. Un mélange discret de son parfum et de son odeur à elle. Il y a une odeur d’encens, mais dilué dans son appartement aussi, et quelques effluves de lessive.
Je sens son corps se détendre petit à petit sous mon étreinte, et elle frotte sa joue contre mon torse, dans un geste de tendresse qui me fait perdre mes moyens. Puis elle caresse doucement mon dos du plat de sa main, afin de me signifier subtilement que notre étreinte va prendre fin. Ce geste ne m’étonne tellement pas d’elle. Elle semble chercher mes yeux quand elle s’écarte avec douceur, mais avant de les rencontrer elle baisse subitement les siens, comme si elle se rappelait vivement quelque chose.
Elle s’écarte, et me tourne le dos pour aller dans la pièce d’à côté. Je la suis, en regardant le balancement de ses cheveux. Elle a un gros pull en laine bleu, d’un bleu électrique et profond qui se marie à merveille avec ses cheveux longs et bruns. Je remarque qu’ils sont détachés mais qu’elle n’a pas ses lunettes pour les retenir. N’était-elle pas en train d’étudier ?
Elle s’occupe les mains en déplaçant des objets, toujours sans me regarder. Ce n’est pas à moi de casser ce silence, alors je l’observe. Je me doute que c’est pour se donner une contenance, et je ne veux pas la brusquer et retirer son armure du premier coup, je sais qu’elle ne me laissera jamais faire. On entend un fond de musique classique, elle devait étudier ou lire un livre. Sans savoir pourquoi, cette idée me rassure. Je la vois se diriger vers la cuisine ouverte, et me tourner le dos. Elle est trop loin, sans même m’en rendre compte je la rejoins.
Mes yeux glissent de ses cheveux à la courbe de ses reins jusqu’à ses fesses. Je retiens de justesse une exclamation, je ne me souvenais pas qu’elles étaient aussi canons, je m’en veux de ne pas y avoir fait attention plus tôt. C’est au moment où je sens ses cheveux qui chatouillent ma joue que je prends conscience que je me suis collée à elle, par reflexe. Mon érection vient frotter contre ses fesses, et je perds complètement les pédales. Je fonds sur sa gorge blanche, la respire, y dépose quelques baisers.
Instinctivement elle pousse ses fesses contre mon membre dur, ce qui me fait la mordre légèrement, elle gémit. Le son qu’elle produit m’électrise, je pose mes mains sur ses hanches et la colle un peu plus contre moi. Elle penche la tête en arrière en soupirant, je glisse une main sous son pull. Au contact de sa peau sous mes doigts, je grogne à son oreille :
— Ta peau…
Son souffle s’accélère et je remonte mes mains sur ses côtes, caresse chaque centimètre de sa peau, effleure son ventre, saisis le haut de sa hanche, remonte le long de sa côte. Je passe le plat de la main sur son ventre, et je la sens contracter ses abdos, je remonte mes doigts entre ses seins. Je sens qu’elle essaie de se dégager, je la maintiens un peu plus fermement et lui mords le lobe de l’oreille. Elle gémit de plaisir, confirmation de son corps qu’elle apprécie ce que je lui fais.
Je constate qu’elle ne porte pas de soutien-gorge. Je souris contre sa nuque : évidemment, j’aurais dû m’en douter. Lorsque ma main arrive sur son sein gauche et que je sens la pointe de son téton toute dure, mon sexe me fait presque mal. Elle se cambre, pour aller à la rencontre de ma main. Je la colle contre moi en la tenant avec ma main droite sur son ventre tout en poursuivant l’exploration de sa poitrine. Son souffle est court, je sais qu’elle résiste encore, qu’elle essaie d’invoquer les quelques restes de conscience qui m’échappe. Je ne me rends même plus compte de ce que je fais, je ne suis que désir pour elle, et je sais qu’elle aussi.
Je lutte de toute mes forces pour ne pas la prendre brutalement contre le plan de travail, et pourtant, qu’est-ce que j’en rêve. Ma main glisse jusqu’à sa culotte, et je constate du bout des doigts qu’elle est trempée. Elle se tortille, je sens que son désir la domine complètement, qu’elle est maintenant incapable de ne pas y succomber, et que son corps hurle à la délivrance. Elle gémit un peu plus, contre mon oreille. Je la retourne face à moi.
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Article écrit par PS.
Je compare très souvent le sexe à la vie, parce qu’en effet : quand on communique c’est mieux, quand on essaye, c’est bien, quand on sait ce qu’on aime, c’est plus simple ; que parfois on est bien seul.e, mais qu’à deux c’est aussi sympa, mais qu’on ne fait pas forcément les mêmes choses à plusieurs.
Et dans la vie, comme dans le sexe, je me laisse guider par mon corps. Corps, qui depuis déjà plusieurs années m’a fait comprendre, pas toujours subtilement, que ce qui me fait vibrer ce sont les mots, encore et encore.
Alors dans un pic de libido, lorsqu’il se met à taper sur mon clavier pour y déposer les miens, de mots, je le laisse faire, et me mener, sans que je ne m’en rende réellement compte, jusqu’à vous.