Boris n’aimait pas y penser, mais l’idée revenait sans cesse : à la fin de la saison de ski, Vanessa repartirait et il en était déjà désespéré. Il aurait aimé être capable comme elle de profiter de l’instant présent, de jouir du bonheur d’aujourd’hui sans songer aux tristesses du lendemain. Elle avait été claire dès le début, leur relation serait libre, sans attache et se terminerait aussitôt qu’elle quitterait la station. Il s’en voulait de passer des heures à chercher les façons qu’il aurait de la retenir, de la convaincre de ne pas le quitter. Boris passait l’essentiel de ses journées seul dans sa voiture de gendarmerie à faire des rondes dans la région et cette solitude rendait inévitable les divagations de l’esprit.
Comme il le faisait souvent les jours où la neige tombait abondamment, il s’éloigna de la station afin de terminer sa tournée sur l’autoroute enneigée où certains conducteurs pouvaient avoir besoin d’aide. Avançant prudemment sous les flocons de plus en plus abondants, il revoyait Vanessa l’accueillant chez lui la veille au soir, entièrement nue au milieu de son salon, avec sa peau tellement noire, tellement sublime, un corps d’une perfection comme jamais il n’en avait touché. Il sentait à nouveau le contact de sa peau sur la sienne, le parfum cuivré de son intimité, la douceur de leurs sexes mêlés et la puissance de son vagin qui se contractait de plaisir autour de sa verge dure. Alors que ces douces pensées faisaient monter son excitation, il entra sur l’autoroute au moment où une voiture fonçait entre les flocons à plus de 150 kilomètre-heure. Ce retour à la réalité interrompit brusquement ses rêveries érotiques, il enclencha son gyrophare et accéléra pour rattraper le dangereux chauffard.
Il poursuivit la voiture pendant un bon kilomètre avant qu’elle n’emprunte une sortie et qu’elle se gare enfin sur le bas-côté. C’était une petite voiture immatriculée hors de la région et Boris était certain que son conducteur se rendait à la station pour quelques jours de ski. La neige tombait maintenant à très gros flocons qui virevoltaient dans un vent glacial et la lumière se faisait de plus en plus rare, le soleil n’étant pas loin de se coucher. Boris soupira à l’idée de devoir affronter le froid glacial puis les excuses empreintes de mauvaise foi du conducteur imprudent. Il sortit de sa voiture à contrecœur.
« Je suis désolée, j’ai complètement dépassé la vitesse autorisée. Je pensais à des souvenirs désagréables et la rage montant, j’ai oublié de vérifier mon compteur. Je suis sincèrement désolée. »
Boris n’avait pas su quoi répondre à cet aveu aussi naïf que sincère et il avait laissé la jeune demoiselle fautive repartir comme si de rien n’était, lui recommandant simplement de passer la nuit dans un hôtel tout près de là plutôt que de tenter la route de montagne de nuit et dans la bourrasque enneigée. Est-ce qu’il aurait été aussi compréhensif si elle n’avait pas été à ce point jolie ? Boris devait reconnaître que 150 kilomètre-heure dans la neige, jamais il n’avait laissé passer pareille infraction. Il ne pouvait enlever de son crâne ce visage aussi joli, aussi fascinant. Il arriva devant l’hôtel qu’il avait recommandé à la jeune femme, gara sa voiture et attendit.
Après quelques minutes à guetter l’arrivée de la jolie conductrice, un sentiment de honte le saisit. Après avoir passé des heures à se lamenter sur le départ proche de sa belle Vanessa, voilà qu’il était en train d’attendre une autre femme pour le plaisir de revoir son visage. Vanessa avait raison, l’être humain était par nature volage et il aurait été stupide de se rendre malheureux en allant contre cet état de chose. Sa vision était juste mais il fallait avoir le courage de la vivre et Boris admettait qu’il ne l’avait pas. Il se sentait définitivement lâche et perdu.
Aucune voiture n’était en vue, la jeune femme devait avoir emprunté la route menant à la station de ski malgré ses avertissements. Sa journée était maintenant terminée et il aurait pu rentrer chez lui tranquillement, mais il voulait s’assurer que la conductrice n’avait pas tenté l’ascension. Il remit le contact.
Environ dix minutes plus tard, il trouva la voiture de la jeune femme garée sur le côté dans une pente raide. Les marques dans la neige prouvaient qu’elle avait essayé en vain de poursuivre sa route. Il affronta à nouveau le vent glacial et la neige pour aller voir comment se portait la jeune femme. Il la trouva à l’arrière de sa voiture, emmitouflée sous une pile d’habits. Elle avait les yeux dans le vague, le teint rouge et paraissait extrêmement fatiguée. Boris pensa qu’elle divaguait car lorsqu’il lui proposa de l’emmener dans son chalet le temps de trouver un hôtel, elle lui demanda s’il avait un jacuzzi…
A peine avait-il démarré, que la belle passagère s’endormit. Lorsqu’il arriva devant son chalet, la voiture de Vanessa était là. Il se demanda comment expliquer la présence d’une si belle femme sans avoir l’air coupable. Même si Vanessa ne lui demanderait jamais de justifier ce genre de situation. Il soupira. Il réveilla la jeune femme en douceur et tous deux pénétrèrent dans sa maison chaude et douillette où la cheminée offrait un joli brasier.
Tandis que Boris expliquait à Vanessa la voiture, l‘hôtel et la route de montagne, elle s’activait à préparer du thé et à envelopper l’hôte dans des couvertures chaudes.
« Comment vous vous appelez, demanda Vanessa ?
– Léa, répondit-elle timidement. »
Boris n’avait même pas pensé à lui demander son nom. Vanessa se présenta ensuite, ainsi que son gendarme, avant de rassurer Léa sur le fait que sa présence ne les gênait pas du tout. Léa était encore secouée par les riches émotions qu’elle avait traversées ces dernières heures et notamment par ce plaisir qu’elle s’était octroyée dans la voiture. Il n’avait pas fallu longtemps à Vanessa pour remarquer que Boris était sous le charme de la jolie Léa. Elle songea qu’elle avait là une belle occasion de démontrer à Boris que les plaisirs étaient faits pour circuler entre les Hommes et pas seulement entre deux êtres enchaînés l’un à l’autre pour la vie. Elle s’assit dans le canapé près de Léa et passa son bras autour de son dos qu’elle frictionna pour la réchauffer.
Léa regarda cette femme magnifique à la peau d’un noir profond et se sentit immédiatement en sécurité. Il y avait quelque chose dans son expression de parfaitement rassurant et elle oubliait peu à peu les raisons de sa venue dans cette station et son Xavier qu’elle avait voulu quitter le soir même… Vanessa poursuivit son rapprochement et caressa avec une infinie douceur la joue de Léa qui fermait maintenant les yeux. Vanessa comprenait aisément que Boris puisse être subjugué et n’en ressentait aucune jalousie. Elle fit signe à son gendarme de leur servir un whisky pour réchauffer l’ambiance et briser la timidité ambiante.
Une petite heure plus tard, l’alcool avait commencé à dérider les trois occupants du chalet et Léa se sentait déjà beaucoup mieux, comme flottant dans un rêve dans lequel se trouvait un couple magnifique. Vanessa qui voyait bien que Léa dévorait Boris des yeux décida de prendre les choses en main. Tandis que Léa était assise sur le canapé entre les deux amoureux, Vanessa prit doucement la main de Boris et la posa sur la cuisse de Léa qui fut incapable de réagir. Elle regarda Vanessa, cherchant à comprendre ce qu’il se passait et elle trouva à nouveau cette lueur rassurante qui la faisait se sentir tellement bien. Léa relâcha toute la tension qu’elle avait en elle. Alors que Boris retirait sa main, gêné par la situation, Léa la saisit et la reposa sur sa cuisse. Elle regardait Boris dans les yeux, ce désir dévorant qu’il avait assaillie dans la voiture revenant peu à peu. Elle avança son visage vers celui de Boris et l’embrassa tendrement, faisant glisser sa langue tiède dans sa bouche. Boris fut aussitôt foudroyé par le désir, excité à la fois par cette jeune fille tellement belle et fragile et par le fait que ce contact avait été incité par Vanessa.
Léa retrouvait cette rage de désir, ce manque de plaisir intime qui la saisissait depuis quelques mois et elle s’abandonnait complètement dans les bras du gendarme. Après quelques secondes à s’embrasser, elle saisit la main de Boris qui la caressait et la glissa sans attendre dans son jean, jusqu’à sentir les doigts effleurer son intimité. Pendant que Boris caressait Léa, Vanessa déboutonna le pantalon de la jeune fille dont les soupirs prouvaient l’ardente satisfaction. Elle fit glisser lentement le pantalon et caressa la peau douce de ses jambes pendant que Boris continuait de l’embrasser et de bouger ses doigts à l’entrée de son sexe. Il l’embrassa ensuite dans le cou, sur les épaules, et descendit petit à petit son visage vers l’entrejambe de Léa. Il poussa légèrement le fin tissu en dentelle de sa culotte, juste de quoi pouvoir promener sa langue sur l’intimité. Léa fermait les yeux et profitait de ce bonheur inattendu de l’instant, l’esprit divagant en cette journée où rien ne se passait comme prévu. Au bout de quelques minutes de ces délicieuses caresses qui, pour la première fois depuis des années, venaient d’une autre langue que celle de Xavier, sans qu’elle s’y attende et alors que le plaisir la submergeait, elle éclata en sanglot.
Elle pleurait , sans pouvoir s’arrêter ni parler, prise par un hoquet de larmes sans fin. Boris avait immédiatement cessé ses caresses et Vanessa prit Léa dans ses bras. Lorsqu’elle se fut enfin un peu calmée, Léa leur raconta tout. Depuis sa décision de quitter Xavier, jusqu’à sa rencontre avec Boris sur la route, le plaisir qu’elle n’avait plus dans son couple et qu’elle s’était donné dans sa voiture, son errance, sa tristesse, sa rage envers Xavier… Ses aveux lui faisaient du bien et elle se sentait apaisée avec ces deux inconnus. Boris s’en voulait d’avoir cédé au désir d’une femme vulnérable mais Léa le rassura en lui disant combien ses caresses avaient été douces. Vanessa et Boris préparèrent une chambre pendant que Léa prenait une douche chaude pour se remettre de ses émotions. Elle s’endormit presqu’aussitôt après, exténuée par sa folle journée.
Pendant ce temps, Vanessa réfléchissait. Elle s’était bien gardée de lui dire que la veille encore son Xavier avait essayé de la mettre dans son lit. Devant le désarroi de Léa et même si elle était la première à prôner le partage des corps, elle avait un désir de vengeance. Elle voulait faire payer à Xavier sa lâcheté qui avait duré toutes ces années. Debout devant l’immense miroir du salon, une idée commença doucement à germer. Petit à petit les éléments venaient s’imbriquer les uns aux autres. Elle avait trouvé, elle savait comment venger Léa et lui rendre pour toujours sa liberté. La réponse était dans ce miroir, ou plus exactement, derrière ce miroir…
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