J’arrivais à atteindre l’accoudoir avec mon pied droit, abandonnée à mon désir naissant. Je le posais délicatement sur le velours grenat du fauteuil crapaud juste en face de moi, alors que mon ventre se consumait littéralement à te regarder imaginer ma hardiesse. Mes jambes maintenant séparées de la largeur du fauteuil tentèrent de décupler ton désir. Il fallait que je te garde. Ici et maintenant. Je voulais que tu dormes dans mon ventre, rien d’autre ne comptait. J’essayais de te résister à longueur de semaine, mais j’abdiquais dans un incendie de dentelles. Or ce soir-là, alors que nous nous étions ignorés depuis quatre semaines, tu émettais des sons de percussionniste en faisant claquer ta langue contre ton palais. Chaque claquement que tu suggérais suivi par une aspiration gonflait mon sexe, ce bruissement savant à lui seul me convertissait à Eros. Ta danse sur le tapis autour du crapaud, suggérait le pire des châtiments pour mes fesses et je commençais à te laisser faire, du moins en pensée.
Tu ne pouvais cacher plus longtemps cet émoi qui faisait l’ombre vacillante dans tes yeux, tu fondis sur moi comme un félin et me lapas comme une écuelle. La musique forte dictait à mes hanches des rythmes venus d’un âge primitif, tu me voulais femelle, je me transformais pour le plus grand plaisir de tes doigts, en cette femme aux clapotis sauvages. Chacun de tes gestes annonçait la danse élégante de ton sexe qui balançait à cet instant ton bassin vers le mien. Tu me pris à ta guise et j’interprétais toutes tes intentions pour mes longues nuits suivantes. Partiellement déshabillé comme un voleur de nuit, tu pimentais mon imaginaire, ma rose cathédrale jaillit entre tes lèvres, et tu ne me lâchas plus jusqu’au petit matin.
Je n’étais plus que la sueur séchée sur ta peau lorsque ta fuite se poudra les doigts sur la rampe de l’escalier. Quelques instants plus tard je m’engouffrais dans ma voiture pétillante de nous. Pendant que mon ventre rejouait nos ébats je me posais mille questions sur ce que tu faisais la journée. Je ne savais que les coups de fils où tu débattais de brevets. Tu restais mystérieux.
Sur le chemin du retour j’ignorais les appels de ma sœur, et je m’autorisais une halte sur l’autoroute pour narguer les autres humains qui ignoraient nos nuits. Je toisais les regards anonymes qui assistaient malgré eux à ma joie. Je me sentais comme la reine du bal qui au printemps cueillait des lilas pour prolonger les parfums mêlés à nos sueurs de plaisir. Ma voiture semblait regorger d’interdits, des tumultes dans le regard je regagnais la maison retrouver Léa.
J’effilochais mes pensées quand ton texto huit jours plus tard me proposa une collision entre mes attentes et tes envies. « Ce soir vingt-trois heures devant le 31 rue des jasmins – Clara, viens. »
Je vivais chaque déplacement jusqu’à toi comme une séance de préliminaires. Vingt- deux heures quarante-huit au cadran de l’horloge. Trente et un rue des Jasmins. Escarpins vert anglais, petite jupe à boutons, une tenue qui te plairait, j’en étais certaine.
Back to black s’échappe de la radio pendant que je regarde dans la rue si je t’aperçois. Je tremble. Nos rendez-vous, des premières fois éternelles. Une température complice propage une ondulation à tout mon corps quand je t’aperçois à vingt-deux heures cinquante-sept dans le rétroviseur. Je tente l’air décontracté, mon vide de toi n’a pas de secret il te récite infiniment. Je respire une ou deux fois profondément pendant que ton pas assuré s’approche de ma voiture. Tu frappes au carreau.
— Bonsoir Boris, es-tu garé par ici ?
— Pourquoi ? Tu veux mettre un mot sur le pare-brise, Clara ?
Tu me souris
— Non, je disais ça comme ça.
Je sors de la voiture comme si la vie venait d’inscrire le prologue sur la première page.
— Tu viens ?
— Où ?
— Tourne-toi et laisse toi faire.
— Tu me fais quoi ?
— Je te mets un bandeau, prends ma main et ne dis rien.
L’éternité que je croyais futile vient me titiller à nouveau. Tu ouvres une fenêtre sur la nuit ourlée d’étonnements. Je ne peux te voir mais j’entends ton souffle. Nous rentrons dans un immeuble dont tu sembles avoir les clés, je ne sais rien de cet endroit, ça sent le savon de Marseille et le citron outrancier. De la propreté forcée. Tu me fais passer devant toi et tu me tiens les hanches, je me guide grâce à la rampe en bois. Je compte trois étages, tes mains glissent sur le côté de ma taille et caressent mes cuisses. Tu ne dis rien. Tu viens près de moi, tu appuies sur ma tête et je m’agenouille pour le plus grand plaisir de mon imagination. Tu sembles vouloir occuper ma bouche mais quand je cherche ton sexe, tu es à ma hauteur et tu m’embrasses fougueusement. Nous sommes agenouillés face à face, je ne te vois pas, je caresse ton visage, je passe mes mains sur tes yeux et tes joues barbues, j’ai envie de naviguer en haute mer mais tu m’ancres à ton torse que je libère de sa chemise. Puis en prenant ma tête entre tes mains tu nous allonges et nous commençons à faire l’amour sur le parquet comme deux amoureux égarés à une nouvelle adresse. Tes élans me font comprendre que tu me veux accroupie, je m’exécute. Tu te glisses sous mon sexe et ta bouche me dévore…
Des pas dans l’escalier, tu ne t’arrêtes pas, je ne sais plus vers quelle urgence me tourner ; mon ventre de savane ou l’échappée belle à un étage supérieur ? A ce moment tu m’enlèves le bandeau et je surprends notre scène délicieusement indécente. Les pas se rapprochent. Ton regard me laisse le choix. Je ne veux rien arrêter, mais la lumière de l’escalier comme un flash nous a surpris tels des animaux dans la nuit.
Alors que les pas sont maintenant à quelques minutes, tu te lèves et tu sors un trousseau de clés dont une que tu introduis immédiatement dans la serrure de la porte juste derrière nous, l’entrée de l’appartement nous avale dans sa lumière tamisée et tu reprends tes baisers sans autre forme d’explications. Mon excitation, comme la tienne, réhydratée par ce débusquement, repart de plus belle. Tu me plaques au mur pour me prendre encore plus savamment que sur le parquet du pallier.
Je n’ai le temps que de la pause réglementaire entre deux rounds. Je te sens diablement affamé par ma peau et mon sexe. Tu commences alors un savant mélange d’accélérations diaboliques et de glissements quasi mélodieux. Tes yeux semblent brûler de l’intérieur je roussis sous tes ardeurs. Des mots chauds comme des râles s’échappent de ton embrasement.
— Tu veux encore du temps ma belle ?
— Oui, encore de tout ce qui nous retiendra ici.
— Va dans la cuisine et prépare-nous un dessert sucré comme toi.
— Maintenant ?
— Oui maintenant.
— Y’a ce qu’il faut tu crois ?
— Je ne sais pas, regarde, attends, attends encore deux secondes, reste.
Pendant que tu me parles tes doigts n’arrêtent pas de caresser ma queue de sirène et mes cheveux en drapeau au sol. Tu harponnes mes seins lourds, tu cambres mes reins en des gestes blancs, la couleur revient quand tu râles à mon oreille, tu halètes que tu veux un gâteau… Tu te régales de mes rouges groseille, une clé dans la serrure et tu ouvres ma cage. Je crie comme une cantatrice, tu te dégages de cette étreinte comme le gagnant de la course de « one o’clock in the morning I make love to you ».
Tu ressembles à un cambrioleur imaginaire. Nous sommes dans un autre appartement que le tien, mais tu en as les clés. Que fais-tu le jour quand je ne te touche plus ? Travailles-tu comme détective ? Juste ma vie remplie de toi, toi qui ne promets rien. Je suis dans la cuisine quand j’aperçois trois valises noires rangées les unes à côté des autres. Malgré la torpeur qui m’enlace, je marche comme une souris jusqu’à elles et tente d’en ouvrir une.
La boucle cède et le contenu se déverse sur le sol. Je sais que tu serais fâché de me voir fouiller, alors je m’improvise cuisinière en même temps. J’ai posé certains dossiers sur la table pour lire leur contenu, je consulte les textes : des rapports d’activités.
— Madame Berton rentre à 19 heures tous les soirs de la semaine sauf le vendredi à 21 heures 45.
— Le premier lundi de chaque mois elle passe à la banque vers 9 heures 30 et se rend à son travail à 10 heures 30.
Cette femme semble n’avoir aucun secret pour toi, mais est-ce toi qui écris ces rapports ? Je soupçonne la minutie de celui qui la surveille car tout y est scrupuleusement noté. Comme je n’entends plus de bruits dans l’appartement, je retourne dans l’entrée pour te voir endormi au sol, juste un coussin posé sous ta nuque et tes longues jambes sur le tapis moelleux. Je m’approche doucement en photographiant de mes yeux inquisiteurs la langueur sur ton corps, chaque parcelle de ta peau m’émeut, et je repense au gâteau. Dans la cuisine je range les dossiers. Je commence alors le mélange de la farine, des œufs et le gâteau prend corps sous mes doigts. Je trouve du citron que je presse dans la pâte sans oublier quelques morceaux de chocolat. J’enfourne ma préparation et tu apparais quelques vingt minutes plus tard dans l’embrasure de la porte. Tu es nu, je n’ai que mon chemisier qui cache mes seins. En me retournant je sais ce que j’offre à tes yeux. Des étages qui vont de mon cou à mes bas. Tu t’approches, tu m’effleures et tu regardes dans le four notre prochain aparté gustatif.
— J’ai faim ! ça sent presque aussi bon que toi, à table ?
— Dans une quinzaine de minutes – je souris –
— Viens là, mon thermostat a besoin d’un bon réglage – tes yeux se rallument –
— Tu as quel goût ? chocolat ? citron ? – les miens sont plein phares –
— Tiens, goûte, et tu me diras.
C’est alors que le coussin me fait défaut sous les genoux. Je salive de toi. Te prendre dans ma bouche est une gourmandise à laquelle je ne résiste pas. Tu ne dis rien, les mains plaquées sur mes cheveux que tu tiens fermement derrière ma nuque. Tu es très vite excité et tu bandes comme au printemps de tes pulsions. Je ne te regarde plus et laisse mon animalité agir.
— Ma belle, oui … oui…oui …
Tu retiens tes mots et ta prochaine fulgurance semble retenue toute entière dans ton ventre, je te sens arriver, proche d’une exaltation tellurique, ton gland est si doux et chaud que ma gorge ne lâche rien, je te fais patienter un peu. Quand mes yeux brûlent de te voir en éruption, tu jouis comme un tonnerre d’applaudissements. Je te lape doucement pour finir le voyage, rien ne m’a échappé et tu sembles ailleurs, comme distancé par le coureur de fond qui lui, continue à ton insu à se demander combien de fois encore ce parcours de titan pourra être relevé.
Je surgis près de ta bouche pour la manger. Je te laisse à présent trouver les repères et les mots d’après, pendant que je vaque à la surveillance du gâteau.
Tu ressors de la salle de bain férocement séduisant, le gâteau répand ses effluves citronnés. J’ai trouvé deux assiettes à dessert, tu souris de ce détail et me vole un baiser.
— On dort ici cette nuit ?
— Oui, je pourrai abuser de toi comme ça !
— Pfff ! Abuser, comme tu y vas, – je souris comme la femme du gros lot sur le journal
— Offre-moi encore ton ventre.
— J’attendais la lune – dis-je en sautillant devant le four
— Tourne encore autour de moi et tu vas voir !
Je souris à la perspective de cette lune érotique pendant que je sors le gâteau du four. Je coupe deux parts et je te sers.
— J’ai vu trois valises dans la cuisine, elles sont à toi ?
— En quelque sorte, je n’ai pas envie d’en parler.
— D’accord, tu me diras un jour ?
— Pas sûr ! Il est bon ton gâteau… viens, viens près de moi.
— Mais tu n’as pas fini ce que tu as dans la bouche !
— Ce n’est pas grave, mange avec moi
— Des petits morceaux alors.
— Tiens, prends celui-là dans la bouche, je te mets l’autre plus bas…
— Il aura moins le goût du citron ! – nous sourions tous les deux –
— C’est ton parfum que je hume tout le temps, laisse-moi y tremper ce gâteau.
— J’ai envie de toi encore, mets ton gâteau où tu veux…
Tu introduis le gâteau comme si tu venais d’inventer une recette et aussitôt ta bouche retourne à son dessert préféré. Nous quittons vite la table bistrot en marbre pour nous retrouver à nouveau allongés sur le sol, pendant que tu me dévores accompagné par le miel que tu fais couler maintenant sur les miettes. Je ressemble à un dessert ambré que tu finis toute affaire cessante. L’assiette imaginaire posée entre mon ventre et mon sexe colle à ta barbe, tu as tout mangé : le gâteau et mes yeux.
Il est tôt ma belle, me dis-tu, entre deux rides vibrantes de fatigue. Pendant que tu te laves la barbe et que tu te brosses les dents en mordillant mon portrait d’écumes dans le miroir, j’enfile un tee-shirt. Nous rentrons dans la chambre à coucher aménagée d’un grand lit en bois d’autrefois, tu me prends la main comme si tu venais de me rencontrer et aussitôt entre les draps frais nous sombrons.
Le matin s’annonce avec ton téléphone qui fait un bruit tonitruant, du rock’n roll à la guitare et à la batterie !
— Waouh !
– tu te mets assis dans le lit après avoir insulté le téléphone du regard
— Mes maux de tête vont sûrement écrire à Apple pour invalider le nom de réveil matin !
— Tu crois qu’il reste du café ?
— Je n’en sais rien Boris, cette nuit nous n’en n’avons pas bu.
— Prends ton temps, je me débrouille.
— Ne me dis pas ça, Boris, où je reste toute la vie.
— Je te rendrai visite sans te prévenir quelquefois.
Je viens de vivre une nuit à voix basse où la beauté se tait pour mieux éclabousser le jour. Tu es encore là, c’est bien la première fois que tu restes ou que tu ne me demandes pas de partir, mais il y a ce quelquefois.
— Fais toi belle et hop …
— Je ne peux pas rester un peu ?
— A onze heures je bouge, alors toi aussi.
— Ok.
Je souris pour donner le change. Je ne dis rien par peur de précision encore plus nette et j’emmène le flou sous la douche. Quelques vingt minutes plus tard, je sors de la salle de bain et je surprends une conversation. Ton interlocuteur, je ne l’entends pas, mais je devine un supérieur te donnant des indications précises à qui tu réponds :
— Je vous dis qu’elle n’a pas dérogé à la règle de son planning professionnel.
Puis après une autre phrase, tu t’insurges contre ce qui te parait ne pas être adapté à la situation, du moins c’est ce que j’en comprends.
— « Mais enfin, la conception de ce papier est financé par trois géants industriels, comment voulez-vous qu’une seule femme de l’entreprise puisse vendre ces brevets à des puissances étrangères ? Surtout la Chine, tout le monde sait qu’elle est en perte de vitesse… Vu le prix demandé au marché noir : 400 millions d’euros au moins !
— Oui, je sais qu’elle a été l’épouse de Ping Yuan.
— Ouais, je retourne dès ce soir au 42 rue Furet Benjamin, on se rappelle plus tard. »
Tu raccroches et tu bougonnes. J’apparais dans l’embrasure de la porte, pouponnée à souhait.
— Ben j’y vais Boris.
Tu avances vers moi, j’en profite pour t’embrasser mais je te sens déjà parti. Tu fermes la porte avec ce sourire que j’aime tant. J’ai tout de même noté l’adresse de ce soir au 42, rue Furet Benjamin, je ne sais pourquoi. Je retourne à la maison où Léa m’attend. Elle tente l’interrogatoire dès que j’ai passé la porte :
— Tout s’est bien passé Clara ?
— Oui … nous, oui. Et puis j’ai entendu une conversation, espions, brevet. Enfin pas
d’autres infos.
— Et vous deux ?
— Ben tu sais !
— Oui, je vois tes yeux quand tu parles de lui, je me pose des questions ?
— S’il te plait Léa je suis une grande fille, veux-tu que mon beau sourire d’aujourd’hui
s’éteigne ? Mon bonheur ne te suffit pas ?
Ma sœur acquiesce plus ou moins convaincue, elle ramasse un bout de papier qui tombe de mon sac sur le sol du salon, salon qui a subi ses assauts ménagers. Je laisse trainer sur la table basse mes affaires sous son regard réprobateur, il y a bien longtemps que ce petit jeu entre nous est une délicatesse pour valider les compétences de chacune. Elle adore ranger alors je dérange avec volupté. C’est une rédactrice méthodique éprise de rangement. Je monte dans ma chambre épuisée par cette nuit. Je m’allonge sans me déshabiller et m’endors après avoir écrit une simple lettre d’amour.
Quand je me réveille la journée est bien avancée. Je m’étire longuement. Aucun texto de toi.
— « Oh, 18 heures ? Ben tu parles d’un RTT ! Léa tu es où ? »
— « Tu n’es pas là sœurette ? »
Je descends au salon pour vérifier où se trouve ma sœur, personne. Je retourne à l’étage dans sa chambre où je découvre un mot sur le bureau :
« Je suis allée me renseigner sur ce que tu pouvais bien attendre de ce bellâtre. Je t’embrasse. »
Je m’en doutais. En bonne fouineuse elle a dû noter l’adresse et autres numéros de téléphone. Je me prépare rapidement, et je pars à Lille toute affaire cessante. Une heure et demie de route jusqu’au 42 rue Furet Benjamin enregistré dans le GPS. Pendant mon trajet je ressasse tout ce que tu ne promets pas et que j’aurais tellement voulu. Un rai de dernier soleil m’accueille à l’adresse où tu dois avoir tes rendez-vous. Je ne tarde pas à être attirée par le bruit au rez-de-chaussée de l’immeuble.
Le spectacle est pour le moins étrange, tu es de côté avec ma sœur dans les bras que tu protèges d’une femme armée en face de vous deux. Bien sûr, pour Léa, tu ne peux pas savoir.
La femme qui vous menace vocifère :
— « Je n’ai rien à voir avec le vol des brevets ! Vous n’aviez pas à vous introduire chez moi ! Ne bougez pas ! J’appelle la police ! »
— Mme Berton, calmez-vous, il s’agit d’une erreur, je me tue à leur répéter ! Vos connaissances les ont poussés à vous croire coupable, posez cette arme, et parlons calmement, Clara n’y est pour rien, laissez-la sortir …
— Mais que fait-elle chez moi ? C’est votre secrétaire ?
— Non, Clara passait me voir, elle a cru à tort qu’il s’agissait d’une adresse de rendez- vous !
— Peu m’importe, ne bougez pas !
A cet instant je pousse la porte d’entrée restée ouverte, Madame Berton reste stupéfaite, Boris, quant à toi, tu es bouche bée en regardant la femme que tu as toujours dans les bras et moi qui apparais habillée comme la nuit précédente.
— Je peux vous expliquer, Madame Berton. Ma sœur a cru que Boris était ici pour un autre rendez-vous avec moi, mais ni elle ni moi n’avons quelque chose à voir avec vos affaires.
— Mais enfin vous en avez combien, Boris, des amies qui se ressemblent comme deux gouttes d’eau ?
— Je, je, je n’en sais rien…
Tu sembles désorienté, je te souris, tu lâches Léa, je me rapproche de toi, oubliant tout le cirque environnant. Je me hisse sur la pointe des pieds, je t’embrasse jusqu’à la fin du monde. Je te tends la lettre que j’ai préparée.
— Madame Berton, je vais partir avec ma sœur, je vous laisse finir votre entrevue, mais je peux témoigner que Boris n’a jamais cru que vous étiez coupable.
Je me retourne mes yeux dans les tiens, je te souris une dernière fois. Toi, tu regardes interloqué les deux Clara, nous partons Léa et moi, pendant que tu ouvres la lettre :
« Un jour où mes caprices de femme ne seront plus que des souvenirs, j’écarquillerai mes paupières bleu nuit et je regarderai dans mes autrefois, ceux où mon corps fredonnait des vibrations bien après que tu l’aies effleuré… je me remémorerai les instants où ta langue faisait de la luge sur mes cuisses et où ton souffle tiède dorait le roux de mes cheveux. Je me pincerai pour distiller la morsure des départs pour toujours, les « je ne t’écrirai plus »… Mes yeux délavés se juxtaposeront à ceux d’aujourd’hui et l’éclat lointain d’une lumière moelleuse fera poindre sur ma peau hivernale des frissons endormis. Aurons-nous fait le choix qui bruissait alors ? Celui de laisser un crédit d’années à d’autres pour qu’ils parcourent le fil des erreurs délicieuses… Je vois tes tempes grisonnantes et je sais l’amour jusqu’à la cendre, là où je ne te dérangerai plus… »
Clara
Marie la cinquantaine ébouriffée d’absence et de poésie
A toujours préféré le beau au convenable et aux faux semblants un caractère assumé mais pas une péronnelle ^^
Mère de quatre enfants aussi voyageurs que charmants
amoureuse de la lecture où fulgurance et beauté naturelle s’installent au côté d’une histoire passionnante.
Des écrivains que j’adore / Yann Moix qui est renversant
et puis tellement d’autres qu’il me faudrait deux pages pour ne pas louper les poètes
Evidemment Baudelaire évidemment Breton Mallarmé … et puis tous les contemporains que je lis tous les jours, enfin pas moins de deux heures de lecture par jour …
Beaucoup de nouvelles de poésies et un ou deux romans en même temps 😉