Lacy remit en place encore une fois les coussins de son canapé couleur crème, puis se demanda ce qui, dans son appartement, pourrait avoir besoin d’être rafraîchi. Le tapis du salon avait été fraîchement aspiré, on pouvait encore y voir les lignes du passage de l’aspirateur. La grande horloge qui trônait sur le manteau de la cheminée avait été époussetée. Le casier à vins était rempli des bordeaux sombres qu’elle aimait tant. Les trois petites mèches de sa bougie parfumée au thé au miel vacillaient, et l’endroit sentait bon. Comme à la maison.
Elle devait se répéter que tout était en ordre. Au fond d’elle, elle n’en était pas intimement convaincue. Durant cette année de solitude et d’une vie sociale sur Zoom, son appartement avait été pas mal en désordre. Et c’était peu de le dire. Elle avait laissé l’aspirateur dans son placard. Les mouchoirs, les tasses de café, les bouteilles d’eau, les chaussures, les emballages en tous genre et les paquets de bonbons vides s’étaient amoncelés sur sa table basse, au pied de ses halogènes et sur le sol autour du canapé. Le canapé lui avait servi de lit pendant de nombreuses nuits. Un grand nombre de couvertures s’était donc entassé sur le canapé et certains s’étaient même égarés derrière le canapé. Être en temps normal, une femme aimant vivre dans un endroit chic, les couleurs vives et les choses bien nettes ne lui avait pas beaucoup servi ces derniers mois.
Elle n’avait tenu rangé que ce qui était visible derrière elle lors de ses réunions vidéo. Pourtant, aujourd’hui, elle devait élargir le champ de la caméra et tout ranger car ses copines venaient lui rendre visite. En personne.
Elle était excitée de les retrouver. Cela faisait si longtemps qu’elles n’avaient pas été vraiment réunies pour une soirée jeux. Elle avait tellement eu envie de voir ses meilleures amies en chair et en os ! Mais ce genre de réunion avait été interdit ces derniers mois. Elles n’habitaient pourtant qu’à quelques blocs d’écart. Ces quelques blocs s’étaient transformés en kilomètres et même en années-lumière à la lueur de l’agitation et la peur qui s’étaient emparées du monde.
Lacy avait organisé plusieurs soirées de jeux pendant le confinement. Elle commençait toujours ces soirées-là en essayant de remonter le moral des troupes : « Merci à toutes pour votre fidélité. On ne peut pas se retrouver comme d’habitude mais nous pouvons toujours nous voir en vidéo. »
Les 4 filles parlaient de leur vie sous confinement, de leurs exercices sportifs, leur consommation massive des dernières séries Netflix et des plats à emporter avalés. Malgré tout, elles devenaient les unes pour les autres des images numériques sur un écran. Elles perdaient lentement leur connexion. Lacy détestait avoir l’impression que ses copines se transformaient en pixels. Elle voulait les toucher et les regarder bien en face dans les yeux. Ces nuits avaient été émotionnellement glaciales malgré un temps plutôt clément. Se rappeler ces moments pouvait la faire frissonner si elle s’attardait à y penser trop longtemps. Se voir en face à face permettait à une amitié de se renforcer et de s’approfondir. Se voir face à face permet de déceler vérité et mensonge dans les yeux et les attitudes de l’autre. Être ensemble renforçait l’amour entre deux personnes. Sans cela, les gens étaient perdus. Ils semblaient s’éteindre. Les relations digitales affadissaient les relations. La situation extérieure avait transformé et flouté leurs liens.
Les réunions en ligne avaient eu leurs lots de moments gênants et de couacs technologiques. Souvent, Anna, une femme pleine d’entrain, commençait à parler en agitant les mains, toujours très vivante. Et Lacy devait l’arrêter en lui disant « Ton micro est coupé ». Anna se battait alors ensuite avec son ordinateur pour réactiver son micro. « Je disais juste que rien ne vaut une rencontre en personne ni d’être à côté de vous toutes ». Elle envoyait ensuite une volée de baisers virtuels à ses amies.
A présent s’envoyer des baisers ne serait plus nécessaire.
Lacy était excitée lorsqu’elle entendit la sonnette. Alors qu’elle avait accordé l’accès pendant des mois sur le plan technologique, la sonnette était un son doux. Un retour à la vraie vie pour accorder l’accès à la réunion.
Les deux femmes poussèrent un cri d’excitation libérant ainsi leur colère. Elles se prirent dans les bras puis se reculèrent sans se lâcher les mains.
« C’est bien toi n’est-ce pas ? Mon cerveau n’est pas en train de me jouer un mauvais tour ? »
« Touche moi. Sens moi. C’est bien moi en chair et en os » dit Anna.
« On fera tout ça plus tard. »
Les deux jeunes femmes éclatèrent de rire. Elles étaient à nouveau réunies.
« Le thé est dans la cuisine. Tout comme les boissons fortes d’ailleurs. La bougie est sur la table. »
« Ça fait si longtemps que je ne suis pas venue qu’il va peut-être falloir que tu me rappelles où se trouve la cuisine » dit Anna, sarcastique.
« Toujours au même endroit », répondit Lacy.
Alors qu’Anna venait de prendre place dans le canapé avec son Long Island au thé glacé, la sonnette retentit à nouveau. Lacy se précipita vers la porte. Anna s’approcha également, abandonnant son verre derrière elle.
« Maria ! Shelly ! » cria Lacy.
Toutes criaient, riaient, se prenaient dans les bras comme pour célébrer leur amitié en chair et en os.
« Vous avez l’air en forme, leur dit Anna. Vous avez fait du sport ? »
Maria enleva sa veste légère : « Les séances d’entraînement sur YouTube font des merveilles. Mais je n’arrivais pas à décrocher de Netflix donc j’ai raté tous les entraînements. »
« Cette réponse est donc un bon gros non » rigola Shelly en embrassant Anna.
« Je préfère un petit non tout maigre plutôt qu’un gros non » dit Maria enfonçant son coude dans les côtes de Shelly avec un grognement enjoué.
Lacy les invita à s’installer dans le salon, dans le grand canapé ou les fauteuils. Instinctivement, chacun se dirigea vers le siège qu’elle avait eu l’habitude d’occuper plus d’un an auparavant lorsqu’elles se réunissaient régulièrement.
Après quelques minutes, Lacy recentra la conversation. Elle sortit le jeu Candy Land sur la table basse devant le canapé.
« Avant de commencer, je tiens à souligner que nous avons désormais un meilleur moyen de surveiller celles qui souhaiteraient contourner les règles. Pas de triche ! Ok Maria ? » dit Lacy en secouant son index comme une maman grondant un enfant.
« Moi ? Tricher ? » dit Maria en tapotant sa lèvre inférieure et en faisant rouler ses yeux de droite à gauche.
Les jeunes femmes se mirent à rire, se remémorant la dernière tricherie de Maria.
« Tu as toujours des cartes sous la table » lui dit Shelly.
« Ou dans les manches ! » renchérit Anna.
« Je ne porte même pas de manches ! C’est dire si vous racontez n’importe quoi ! » leur répondit Maria.
« On va garder un œil sur Maria ou bien les dieux du jeu se chargeront de son cas » dit Lacy. C’est la plus jeune qui commence. Maria, c’est à toi ! »
« Plus jeune de 6 mois. J’adore ce concept » répondit la jeune femme d’origine latino en levant les poings en l’air comme si elle était une pompom girl.
Maria attrapa la première carte de la pioche.
Lacy remarqua ses ongles rouges et ses longs doigts. Ils étaient fins et ses tendons bougeaient sur sa peau marron clair. Elle avait accessoirisé ses jolies mains avec des bagues en or. L’une d’entre elles était ornée d’un gros diamant qui reflétait la lumière, cadeau de son mari. En regardant ainsi Maria, Lacy se sentait excitée par la suite de la soirée. Cela faisait longtemps qu’elle attendait cette soirée. Il y avait bien longtemps qu’elles n’avaient pas joué. Elles avaient organisé des réunions régulièrement, et elle et les autres femmes avaient souvent exploré et repoussé les limites au cours des derniers mois. Ce soir, Lacy interrogeait sur ce qu’elles allaient explorer.
Maria grogna quand elle vit qu’elle avait tiré une carte avec deux collines de chewing-gum.
« Lacy, je ne veux pas de cette carte ! Est-ce que je peux en piocher une autre s’il-te-plaît ? Ça m’a fait sauter par-dessus deux petits points noirs et je rate deux fois le Baron Réglisse. »
Maria fronçait les sourcils et murmura « S’il-te-plaît ».
« Désolée, c’est la carte que tu as piochée » lui dit Shelly en se frottant les mains.
« Tu connais les règles. Tire la carte particulière et tu en seras protégée, lui dit Lacy pour contrer sa demande.
« En être protégée ? Mais je ne veux pas en être protégée ! »
« Et on a toutes envie de voir tes collines de chewing-gum ! » lui dit Shelly.
« Allez Maria ! Montre-nous tes collines magiques » dit Anna en se déplaçant vers le bord du canapé.
Maria grogna : « J’avais tellement envie de tomber sur le Baron Réglisse… »
Lacy adorait regarder Maria. Elle était exotique, à l’opposé physiquement de ce qu’elle était elle. Ces différences la rendaient terriblement attirante. Lacy comparait son attrait pour elle à la possibilité de goûter dans les assiettes de tous ses amis au restaurant plutôt que de se concentrer sur sa seule assiette.
Maria souleva son t-shirt. Elle dégrafa son soutien-gorge. Lacy savait que Maria calculait la vitesse de ses mouvements, qu’elle adoptait le bon rythme pour les laisser haletantes et prêtes à lui hurler d’accélérer.
Elle libéra ses seins ronds. Somptueuses boules de chair. Elle le pressa l’un contre l’autre et tira sur ses larges tétons caramel.
Shelly rompit la contemplation générale : « Wow, j’ai déjà chaud. J’avais oublié à quel point tout cela m’avait manqué ». Elle passa une main sur sa propre poitrine.
Continuant délibérément, Maria porta ses seins à sa bouche, sortit sa langue rose et épaisse et la passa autour de ses larges aréoles plusieurs fois. Elle suça ensuite intensément l’un de ses seins, tout en continuant à tordre d’une main le téton du second.
Une fois qu’elle eut fini, elle ajusta son t-shirt, sans remettre son soutien-gorge.
« C’est à ton tour Anna ».
* La suite la semaine prochaine !
** Cette nouvelle écrite par Claire Woodruff a été traduite de l’anglais. Vous pouvez lire le texte original ici.