- Lire la première partie de l’histoire : Affaire De Goût (Constance)
Affalée dans son grand canapé, accueillant mais démesuré dans l’espace offert par son confortable deux pièces, India raccrocha son téléphone en s’attardant sur la photo de son interlocutrice. En la fixant intensément, elle pouvait sentir son parfum… Constance lui évoquait un bouquet de roses blanches et de fleurs de coton. Elle renversa la tête sur l’amas de coussins qu’elle avait empilé dans son dos. Son amie avait dit « vingt minutes ». Ce n’était donc pas raisonnable de s’attarder entre ses jambes. Elle avait besoin d’une douche froide, de se changer et surtout d’arrêter de se caresser.
Les yeux mi-clos, India souleva son bassin engourdi pour se débarrasser de sa paire de collants qu’elle abandonna sur le plancher. Ce n’était pas sa faute : Constance l’avait allumée la première au bout du fil et toutes deux avaient l’étincelle facile à chacun de leurs contacts. Elle avait chaud rien qu’à l’imaginer sonner en bas de l’immeuble… le claquement croissant de ses escarpins gravissant les deux étages, son sourire timide discrètement démenti par la longueur de sa robe. Son air sage et sa voix douce, additionnés à sa bouche et sa poitrine se mélangeant dans l’esprit d’India en une équation puissamment érotique. Elle fit rapidement le calcul, cinq minutes d’habillage, cinq minutes de douche, cinq minutes de plaisir orgasme compris : finalement elle était large !
Sa jupe et son pull rejoignirent les collants. Ces doigts fins ne portaient ni bagues ni manucure contrairement à ceux de sa délicate amie. Ils n’en étaient que plus agiles, même à travers le coton sombre de ses dessous. India les laissa glisser sous le tissu de son shorty. Il n’y avait que l’anticipation de Constance, cette raideur dans son allure, contrariée par la rondeur de ses formes pour la faire mouiller comme ça. Ses gémissements lui échappèrent pour s’accorder au rythme du frottement de son majeur contre sa chair humide. Ce seraient des notes semblables, aussi sucrées que l’intérieur de ses cuisses que chanterait bientôt son invitée. Son doigt accéléra le mouvement tandis qu’elle imaginait cette caresse reçue directement des lèvres de Constance, le satin de sa bouche bougeant contre son sexe, ses yeux bruns se relevant vers les siens. Le timbre d’India s’enroua, emporté par un orgasme des plus réconfortants. Se contraignant à reprendre ses esprits à la hâte, elle ramassa ses affaires et ses jambes encore instables la portèrent tant bien que mal sous une douche fraiche.
Le carillon de la porte retentit alors qu’elle déposait un second long verre à pied sur la table basse. Après une journée passée debout à servir des clients, India se satisfaisait d’habitude d’un pull douillet et d’une paire de chaussettes épaisses. L’entrée de Constance chargée de sa jolie boîte de pâtisseries ne lui fit pas regretter d’avoir pris la peine de passer une robe, même confortable, même sans rien dessous. Juste pour le plaisir de retrouver dans son regard un peu de la gourmandise qui alourdissait le sien. Elle l’examina langoureusement. Les boutons de son corsage et la fermeture éclair de sa jupe avaient définitivement plus à craindre ses assauts que l’emballage des éclairs dans ses mains… La fraicheur de son parfum l’enveloppa quand Constance s’attarda pour imprimer la marque rouge de ses lèvres sur sa joue. « Toujours d’humeur pour un dessert ? », lui lança-t-elle avant de filer dans la cuisine.
India l’observa disposer, tranquillement, ses gâteaux dans deux assiettes, sélectionner couverts et serviettes avec des gestes lents. Elle jouait avec ses nerfs. Sans un regard mais avec le sourire. Alors, s’accoudant près d’une des assiettes elle ouvrit l’un des éclairs et enduit ses cinq doigts de chantilly avant de lâcher un « Mmmmm » provocateur. L’expression dont elle fut gratifiée en retour lui confirma qu’elle venait de récupérer toute son attention.
Elle dégusta donc avec application la crème, en commençant par engloutir tout entier son majeur le long duquel elle fit traîner ses lèvres. Constance, hypnotisée, tâtonna sur la table pour se salir généreusement un index à son tour. India captura sa main pour le nettoyer en le suçant doucement. Ses lèvres encore nappées de sucre et de salive gagnèrent celles de la bouche rivale pour s’en emparer en douceur.
Elle laissa sa langue l’envahir, gardant juste assez de concentration pour déboutonner sa chemise et dévoiler sa poitrine. L’effleurer, à travers la dentelle bleu marine avant d’accentuer ses caresses, griffant le bout de ses seins tendus sous le tissu ajouré qui peinait déjà à contenir les généreuses mensurations de sa victime consentante. Elle fit glisser les bretelles pour libérer l’une après l’autre les pointes roses où s’acharnèrent sa langue, puis ses dents.
Les mains baladeuses de Constance sur ses cuisses montèrent de plus en plus haut sous sa robe. Son amie étouffa un ricanement en découvrant qu’elle ne portait rien en dessous. Ses deux pouces profitèrent de ce champ libre pour simultanément lui masser le clitoris et s’introduire à l’entrée de son vagin. India jouit rapidement sous ces gestes qui connaissaient sur le bout des doigts la gamme à jouer pour la faire décoller. Les siens trouvèrent la fermeture de la jupe de Constance qui tomba à ses pieds. Elle fit courir ses lèvres sur la soie de son ventre en la poussant contre la table. Agenouillée devant sa proie, India l’embrassa à travers le petit triangle de dentelle marine de sa culotte. Elle tira sur l’élastique et la lui baissa jusqu’à mi-cuisses. Pour qu’elle ne puisse les écarter davantage et subisse à son tour le supplice de l’attente. Elle dégusta sa peau nue, promenant sa bouche de son pubis à ses lèvres trempées en évitant soigneusement son clitoris. Quand elle s’en approcha enfin, ce fut pour souffler tout doucement dessus, et savourer le spectacle : Constance haletante, chemisier ouvert dévoilant sa poitrine, soutien-gorge et culotte baissés, agrippée au rebord de la table et mouillée jusqu’à la naissance de ses cuisses. India souffla encore et frotta sa bouche entrouverte, lui arrachant un gémissement. Faisant preuve de la même lenteur qui l’avait exaspérée plus tôt, elle ramena en arrière sa belle chevelure brune et la retint d’une main. Elle plongea ses yeux dans les siens et l’effleura enfin, légèrement, du bout de la langue. Constance gémit plus fort. India la lécha encore, appuyant plus longuement sa caresse. Elle intensifia le mouvement jusqu’à le rendre impitoyable, les décharges imprimées à son clito gonflé résonnant dans le timbre de ses cris perdus dans les aigus. Sa langue, douce, tiède, rapide, imposait sa cadence, la précipitant vers le vertige. Le plaisir d’entendre Constance exprimer le sien à l’aide de son prénom céda à l’excitation. India la laissa jouir sous sa langue diaboliquement acérée.
Elle se redressa, armée de son regard de vainqueur. Ce n’était pas son genre d’avoir le triomphe modeste… Un doigt sous son menton, elle releva le visage de Constance. « Le jour où un dessert te fera hurler comme ça » murmura-t-elle contre sa bouche « je serai peut-être tentée de suivre le chemin de la pâtisserie. En attendant, c’est toujours un délice de te donner à réfléchir… » acheva India, s’emparant de l’éclair intact et d’une bouteille de vin pour les emporter, victorieuse, dans le salon.
Fin
Article écrit par La Plume et le Scarabée
« Elle ne cherchait pas le plaisir d’autrui. Elle s’enchantait égoïstement du plaisir de faire plaisir » (Simone de Beauvoir).
L’encre est une muse délicieuse que j’aime voir couler et se répandre sur le papier.
L’écriture est un guide… Cédez à la tentation par le plaisir des mots.
- Pour écrire à La Plume et le Scarabée: laplumeetlescarabee@hotmail.com