Vous voyez ce moment pendant lequel vous vous sentez extrêmement proche de votre partenaire ? Après une relation sexuelle ou lorsque vous partagez un moment qui renforce votre lien et qui vous fait vous sentir encore plus amoureux ou qui exacerbe votre désir ?
Il semblerait que l’ocytocine joue un rôle important dans la création de ce lien spécial. Mais son rôle ne s’arrête pas là… !
QU’EST-CE QUE L’OCYTOCINE ?
L’ocytocine est une hormone puissante qui agit comme neurotransmetteur dans le cerveau. Pour beaucoup, l’ocytocine est appelée « hormone de l’amour » ou « hormone du bonheur ». Excusez du peu.
Et si l’ocytocine est souvent associée aux relations romantiques entre partenaires, elle joue également un rôle important dans les liens mère-enfant, l’activité et l’excitation sexuelles ainsi que la santé mentale.
Certains endocrinologues (spécialistes des glandes et des hormones) pensent que l’ocytocine pourrait être comparée à l’ecstasy, car toutes deux augmentent le sentiment de confiance et d’intimité (nous y reviendrons plus tard…).
L’ocytocine ne produisant pas de sensation de « défonce », il n’y a donc pas de crainte à avoir d’un d’abus d’une forme synthétique d’ocytocine.
L’OCYTOCINE, IMPLIQUÉE DANS LE SEXE ET L’AMOUR
Cette hormone a été associée au sexe et à l’amour en raison de sa capacité à induire du lien social, de la confiance et à favoriser la communication (notamment lors des disputes), ce qui est essentiel pour la survie des espèces et la formation de relations affectives.
Un certain nombre de tests effectués sur des animaux ont révélé qu’une injection d’ocytocine entraînait des comportements sexuels et amoureux incroyables.
Par exemple, les campagnols de prairie femelles sont plus susceptibles de former des relations monogames avec leur partenaire lorsqu’on leur injecte de l’ocytocine pendant l’activité sexuelle. Autre exemple intéressant : chez les rats mâles, des injections d’ocytocine dans le liquide céphalo-rachidien provoquent des érections spontanées.
Et lorsqu’il s’agit de nous, les humains, il a été constaté que les individus au début d’une relation amoureuse ont des niveaux d’ocytocine plus élevés (et ce pendant six mois) que ceux qui sont célibataires.
Ce qui est également fascinant, c’est que des recherches menées en 2012 ont montré que les hommes ayant des niveaux plus élevés d’ocytocine semblent être plus enclins à se tenir éloignés de femmes inconnues qu’ils trouvent séduisantes, réduisant ainsi la probabilité d’infidélité.
Cela pourrait s’expliquer par le fait que la relation entre romance et oxytocine fonctionne en vase clos : plus on passe de temps avec son partenaire, plus on produit d’ocytocine. Plus on produit d’ocytocine, plus on désire ou on se sent proche de son/sa partenaire.
Il a également été constaté que « les personnes ayant des niveaux d’ocytocine plus élevés avaient plus de rapports sexuels avec moins de partenaires ». Ces personnes entretiennent donc des relations plus durables.
L’OCYTOCINE ET L’ORGASME
Vous savez maintenant que l’ocytocine est libérée lorsque deux personnes passent du temps ensemble et qu’il y a une attraction. L’ocytocine est également libérée pendant l’orgasme, mais seulement pendant une courte période, ce qui peut être nous induire en erreur.
Après l’orgasme partagé, deux individus ont un niveau de confiance plus élevé, ce qui crée une émotion positive. Et tout comme chez les animaux, les humains apprécient le sentiment procurés par les rapports sexuels et l’orgasme. Mais cette montée éphémère d’ocytocine provoque des réactions différentes chez les hommes et les femmes.
Chez la femme, l’ocytocine peut créer un sentiment d’intimité et de proximité avec son partenaire, lui laissant croire que son partenaire pourrait être le partenaire idéal pour elle. Ainsi, une femme peut parfois être aveuglée par les effets puissants de l’ocytocine. Cette hormone n’a pas le pouvoir de déterminer si nos partenaires sont dignes de confiance ou non.
Les hommes, en revanche, une fois le moment d’intimité terminé, « retournent généralement à eux-mêmes », selon Graziano Breuning, docteur en médecine.
L’OCYTOCINE ET LE BONHEUR
Ce n’est un secret pour personne : l’ocytocine a la capacité de faire ressentir des émotions positives à quelqu’un. Et selon Paul Zak, docteur en médecine, des niveaux élevés d’ocytocine sont corrélés à des sentiments accrus de bonheur et de bien-être, ainsi qu’à la gentillesse.
Il a éprouvé cette théorie en recrutant 60 étudiantes et en analysant leurs échantillons de sang avant et après qu’elles ont reçu de l’argent de la part d’un inconnu. Ces femmes avaient la possibilité de rendre une partie de l’argent ou de le garder. Les résultats ont été les suivants : les femmes ayant rendu une partie de l’argent avaient des niveaux plus élevés d’ocytocine.
Zak a également étudié la corrélation entre les hommes et leurs niveaux d’ocytocine. Il a constaté que les hommes ayant des niveaux plus élevés d’ocytocine (ingérée par voie nasale) étaient plus généreux après avoir regardé des publicités d’intérêt public sur des sujets sensibles, comme le réchauffement climatique. Les hommes ayant reçu l’hormone ont donné 56 % d’argent de plus à ces causes que ceux du groupe placebo.
Fait amusant ? Zak pense que les publicitaires se servent du pouvoir de l’ocytocine pour vendre leurs produits. Par exemple, les publicités pour le papier toilette qui mettent des chiots en scène. Les gens aiment les chiots, donc ils libèrent de l’ocytocine, ce qui les rend plus susceptibles d’acheter le produit. Alors que vous en conviendrez, le lien entre un chiot et du papier toilette n’est pas évident !
L’OCYTOCINE, LA REPRODUCTION FÉMININE ET LE LIEN MÈRE-ENFANT
Tout comme l’ocytocine provoque des sentiments de proximité et d’attachement entre les partenaires, elle crée également un lien fort entre la mère et l’enfant. Elle joue un rôle important sur l’appareil reproducteur de la femme.
Par exemple, chez les femmes enceintes, c’est l’ocytocine qui envoie des signaux à l’utérus pour qu’il se contracte afin de déclencher le travail.
Après l’accouchement, l’ocytocine facilite l’allaitement. En effet, lorsqu’un bébé s’accroche au sein de sa mère, l’ocytocine est libérée, ce qui provoque l’écoulement du lait.
Il est intéressant de noter que ce lien mère-enfant ne concerne pas seulement les mères biologiques, mais aussi les mères adoptives…
L’OCYTOCINE ET LA RELATION PÈRE-ENFANT
S’il apparaît que le lien mère-enfant est influencé par la libération d’ocytocine, il semble que les pères aussi peuvent adopter un comportement plus positif grâce à cette hormone.
Une étude a révélé que les pères qui aident leurs enfants à diriger leur attention sur certains objets et les encouragent à explorer ont des niveaux d’ocytocine plus élevés que les pères qui ne manifestent pas ce type de comportement vis-à-vis de leurs enfants.
La chercheuse principale de cette étude, Ruth Feldman Ph.D, a déclaré :
« Nous avons constaté qu’après l’administration d’ocytocine, le taux d’ocytocine salivaire des pères augmente de façon spectaculaire ; il est multiplié par plus de 10 fois. On constate également des augmentations similaires dans le taux d’ocytocine des nourrissons. Avec ces taux d’ocytocine plus élevé, les comportements parentaux évoluent chez le père : plus tactile et faisant preuve d’une plus grande réciprocité. Le comportement social du nourrisson est également modifié : notamment l’importance accordée au regard social et un comportement exploratoire plus prononcé. »
OCYTOCINE ET SANTÉ MENTALE
Si l’ocytocine avait besoin d’encore plus d’éloges, sachez que cette puissante hormone a une vertu supplémentaire. Il a été démontré qu’elle jouait en effet un rôle positif chez les enfants autistes, les personnes souffrant d’anxiété sociale et celles qui vivent avec une dépendance.
OCYTOCINE ET AUTISME
Bien qu’aujourd’hui un peu ancienne, une étude réalisée en 1998 a révélé que les enfants autistes présentaient des niveaux d’ocytocine significativement plus faibles que les enfants non autistes.
Plus tard, une autre étude a montré qu’il y avait une diminution des comportements répétitifs du spectre autistique lorsque l’ocytocine était administrée par voie intraveineuse à des adultes autistes.
Une troisième étude, réalisée en 2007, a montré que les adultes à qui l’on administrait de l’ocytocine étaient capables de reconnaître et de retenir l’importance de l’intonation de la voix.
OCYTOCINE ET ANXIÉTÉ SOCIALE
Nous l’avons vu, l’ocytocine augmente les sentiments de bien-être et la capacité à créer des liens solides. C’est pourquoi le chercheur Jason Yee, docteur en médecine, a été intrigué par les effets de l’ocytocine sur les personnes stressées et anxieuses.
Son étude a été réalisée sur des campagnols de prairie. Après avoir créé une brève situation stressante pour ces animaux, il leur a administré une dose d’ocytocine. Les résultats ont montré que ceux qui étaient seuls pendant qu’ils recevaient l’hormone présentaient des niveaux d’anxiété plus élevés que ceux qui étaient accompagnés d’un compagnon animal.
« Lorsque les animaux reçoivent de l’ocytocine et ont la possibilité de récupérer en présence d’un partenaire familier, leur corps peut libérer de l’ocytocine supplémentaire, ce qui semble faciliter un comportement moins anxieux », a déclaré Yee.
Les chercheurs s’interrogent donc sur l’effet que l’ocytocine pourrait avoir sur les humains souffrant d’anxiété et pensent que couplée à une présence amicale ou du moins familière et rassurante, elle pourrait réduire les niveaux d’anxiété.
OCYTOCINE ET COMPORTEMENTS ADDICTIFS
Une étude sur les campagnols des prairies a appris à Yan Liu et à son équipe de chercheurs que la création de liens entre deux individus tend à diminuer les propriétés gratifiantes associées aux psychostimulants (méthamphétamine).
Une autre étude menée par Mary R. Lee et son équipe de recherche a montré que l’utilisation répétée de drogues chez les animaux entraînait une baisse des niveaux d’ocytocine…
Applaudissons l’hormone ocytocine pour sa capacité à nous rendre plus heureux, plus calmes et plus amoureux !