Cet été-là, j’avais eu du mal à regarder les matchs de baseball. Ils avaient été gâchés par le bruit sourd de la musique provenant de l’appartement du dessous.
Comme je l’avais fait tout l’été, je tapais du pied et cogné mon Louisville Slugger en bois sur le sol. Cette technique ne fonctionnait pas, la personne du dessous n’éteignait jamais cette musique. Le pire, c’est que parfois, lorsque le dernier lancer de la neuvième manche était effectué, la musique s’arrêtait. Mais à ce moment-là, j’étais trop frustré pour m’en soucier ou me plaindre. J’étais passé par toutes les phases de la colère : lancer de la télécommande, apitoiement… Puis finalement, le renoncement. Je m’affalai dans mon fauteuil. C’était clairement rapé pour la relaxation. Pourtant, cet après-midi-là, subissant la musique qui résonnait, j’en eus vraiment assez.
J’enfilai mes mocassins et je descendis. Je frappai à la porte de l’appartement. Le volume baissa, et j’entendis des bruits de pas et des paroles étouffées derrière la porte. Le pêne dormant cliqueta, la porte se déverrouilla et la poignée tourna.
Soudain, une bouffée de chaleur m’envahit. Et cette chaleur n’était pas seulement due à l’été. Mais bien à celle qui se trouvait en face de moi dans l’encadrement de la porte.
« Holà, » me dit gentiment la femme. « Como esta usted señor ? Euh, que puis-je faire pour vous Monsieur ? » Elle s’était repris et me parlait à présent en français après avoir commencé dans sa langue maternelle.
Elle était adorable avec ses longs cheveux, épais et noirs, qui lui arrivaient aux épaules. Une peau veloutée. Des yeux très noirs. Et un grand sourire engageant.
Elle se passa la main sur le front.
Elle portait un chemisier avec des épaulettes, à manches courtes et à volants. La blouse traditionnelle mexicaine, blanche et bordée de vert et de rouge.
Toute la colère accumulée pendant l’été s’évanouit, comme la vapeur qui disparaît au-dessus d’une casserole bouillante. Pourtant, je tâchai de rester fort : « J’entends votre musique de chez moi. C’est vraiment trop fort. » C’était tout ce que je pus dire à ces yeux innocents et noirs qui me regardaient ou plus exactement qui s’étaient plongés dans les miens.
Ses yeux s’agrandirent sous l’effet de la surprise. « La musica. Je suis désolée » me dit-elle penaude, avec son accent très fort. « Je, nous, bailamos, estamos praticando. Nous dansons. Moi et mon partenaire. »
Un homme de grande taille apparut à grandes enjambées. Il s’appuya contre le cadre de la porte avec assurance. Son autre main enroula autour de la taille de la jeune femme, comme pour la protéger, et il la serra contre lui. Elle lui donna un coup de coude amusé dans le ventre. Ils commencèrent alors à se chamailler dans leur langue, à flirter. Puis elle s’est retourna vers moi.
« Nous baissons musique pour vous, » me dit-elle.
Son partenaire de danse était déconcerté. Il l’a fit tourner vers lui. « C’est impossible, nous devons nous entraîner. Nous ne gagnerons pas si nous abandonnons maintenant. » Il délaissa l’anglais et se mit à parler espagnol. Je ne comprenais rien de ce qu’ils disaient. A travers leurs échanges de regards, je compris qu’ils se disputaient. Finalement, ils s’arrêtèrent de parler.
Elle se tourna vers moi timidement : « Nous… Euh, est-ce que vous aimeriez nous regarder ? »
« Vous regarder danser tous les deux ? » Sa demande m’avait surpris. La danse ne m’intéressait pas. Mais la jeune femme m’intéressait beaucoup.
Je vis la base de son cou bronzé et le haut de sa poitrine briller de transpiration.
« Euh oui d’accord. Je n’ai rien de prévu. Le match de baseball est terminé. »
L’homme se rapprocha, laissant la femme entre nous deux. Il me serra la main fermement : « Je m’appelle Ricardo. » Il roulait les r. Il lâcha ma main et la posa sur l’épaule de la jeune femme : « Et voici Catalina. »
Elle fit une petite révérence puis me prit la main pour me conduire à l’intérieur de l’appartement. L’endroit dégageait une odeur persistante de transpiration et de café.
Le centre de la pièce avait été dégagé. Le mobilier : un canapé, une table basse, une lampe et ce maudit sound system – avait été poussé contre les murs. Le parquet semblait abimé par leurs longues heures d’entraînement.
Ricardo saisit la main de Catalina et la fit tourner avec assurance. Sa longue jupe se souleva dans un tourbillon, dévoilant ses jambes brunes et musclées. Puis il serra son corps contre le sien. Sa jupe retomba mollement, tout comme ses cheveux. Ses yeux rencontrèrent les siens. Ils ne faisaient plus qu’un. Ils flottaient sur le sol, main dans la main, les yeux verrouillés, le dos arqué, le cou tendus, une attitude dramatique dans chacun de leurs mouvements.
Je m’assis sur le canapé pour les regarder virevolter et danser. C’était agréable de les voir évoluer ainsi. Si gracieux. Elle surtout. De façon inattendue, quelqu’un frappa à la porte. Le couple s’arrêta net en plein mouvement, et elle cria : « La porte est ouverte ! »
Un homme en pantalon et chemise entra avec un large sourire sur le visage.
« Holà, como estas ? » dit-il avec un piètre accent espagnol.
« Prêt à nous regarder danser ? » dit Catalina avant que Ricardo de la fasse tourner sur le sol. Sa jupe remonta assez haut, dévoilant ses jambes une fois de plus.
Le nouveau venu s’assit à côté de moi avant de me tendre la main : « Je suis Mark. Et toi ? »
«Shawn. »
“Comment as-tu entendu parler de cet endroit ? »
« J’habite juste au-dessus. Leur musique est trop forte et je suis descendu pour me plaindre. Voilà comment je me suis retrouvé à les regarder danser. »
« Trop forte ? » Il rit. « Tu as entendu autre chose qui venait d’ici ? »
« Seulement la musique. Il y a autre chose que j’aurais dû entendre ? »
« La musique c’est le moins intéressant mec. »
Catalina captura l’attention de Mark immédiatement en lui faisant un signe de l’index.
« Mark, mi amor ! Tu danses avec moi ? » lui demanda-elle- en faisant la moue comme une petite fille inquiète de ne pas obtenir ce qu’elle souhaite.
« Oh oui, Catalina ! » Il sauta sur ses pieds et effectua le pire tour sur lui-même de l’histoire pour gagner le centre de la pièce.
Alors qu’elle l’attirait facilement loin du canapé, ses yeux ne quittaient pas les siens. La danse flamenco que je supposais qu’elle et Ricardo pratiquaient était terminée. Elle commença à frotter ses fesses contre Mark. Elle se pencha, en plaçant ses cheveux derrière son oreille, pour pouvoir regarder le visage de l’homme. Elle a relevé sa jupe sur ses genoux et plus haut sur ses cuisses brunes et musclées. Un tout petit peu plus haut et on aurait vu sa culotte.
Ricardo se laissa tomber sur le canapé élimé, en faisant grincer ses ressorts : « Super non, amigo ? »
« Catalina ? Oh oui, vraiment. » lui répondis-je, surpris par son arrivée soudaine. « Vous étiez en train de répéter. Est-ce que ce type fait partie de votre spectacle ? »
« Non, non, non, Shawn. » Il affichait un grand sourire. « Ils…euh…font… »
« Font quoi ? »
« Il aime la baiser. »
Je ne comprenais plus rien et mon visage déformé par le doute l’indiqua à Ricardo.
« Toi aussi tu aimes bien Catalina ? »
« Comment ? »
« Tu peux si tu veux. Elle. Ici. Maintenant. » Ricardo parlait avec les mains, espérant ainsi expliciter ses paroles et abolir la barrière de la langue.
Je ris devant cette idée absurde que j’avais probablement mal comprise. « Je suis descendu pour te demander de baisser la musique. Rien d’autre, rien. Je ne voulais rien lui faire à elle. »
Alors que je prononçais ces paroles, Catalina gémit de façon stridente. Mark était penché sur elle. Il avait remonté sa jupe et avait coincé sa culotte rouge entre ses fesses. Il se mit à embrasser ses fesses.
« Mark ! No pares, no pares ! » cria-t-elle joyeusement.
Ricardo me donna un coup de coude en les regardant : « Cool non ? »
Avant que je puisse répondre, un nouveau coup fut frappé à la porte.
« Entrez ! » cria Ricardo.
Une très jolie femme entra à son tour dans l’appartement. Grande, à la peau foncée et à la silhouette bien dessinée. Son marcel était tendu sur ses seins et son short contenait à peine ses cuisses épaisses.
« Anna, chica » lui dit Mark. Il se leva précipitamment du canapé, le faisant grincer. « Ça fait plaisir de te voir. Tu es prête à danser ? »
« Vamos a bailar » lui répondit-elle avec un fort accent américain.
Ricardo et Ana commencèrent à danser tout en riant et appréciant visiblement ce moment passé ensemble. Très vite, ils furent couverts de sueur mais continuèrent à danser sur la piste.
Je restai sur le canapé usé, à observer ces quatre corps. C’était gênant. Mes joues rougissaient à cause d’un mélange de cette gêne et de la température croissante dans la pièce. De la chaleur semblait s’échapper de mon cuir chevelu. Était-il temps de m’en aller ?
Ma température monta d’un cran lorsqu’Ana retira son t-shirt. Elle l’envoya valser à travers la pièce. Ses seins volumineux rebondissaient et bougeaient comme si son soutien-gorge pouvait à peine les contenir.
« Regarde ça Catalina », lui cria Ricardo par-dessus la musique en pointant du doigt le marcel d’Ana qui pendait sur l’abat-jour. « Elle a gagné. »
Catalina fit non avec son index : « Oh non elle n’a pas gagné. »
Elle farfouilla sous sa jupe et en sortit cette culotte rouge, tachée de sueur ou autre… Elle était sur le point de la lancer en l’air, comme Ana l’avait fait avec son marcel, mais son regard rencontra le mien avant qu’elle ne s’en débarrasse. Laissant Mark toujours en train de danser, elle s’approcha de moi en traînant les pieds à chaque pas.
Elle se tenait devant moi, me fixant avec avidité, comme un loup. Ses seins étaient à la hauteur de ses yeux. Sa culotte pendait entre son pouce et son index, comme pour me préparer. Elle fit glisser la culotte sur ma tête et l’ajusta afin que son entrejambe mouillé se retrouve contre mon nez. L’odeur était un mix entre une odeur de serviette de toilette abandonnée sur le sol et celle d’un désir violent. Une odeur délicieuse.
Je pris une grande inspiration puis alors que j’ouvris les yeux et déplaçai la culotte, elle se pencha, attrapa les bords de sa jupe et les remonta bien haut de chaque côté, comme un pétale de fleurs. Catalina avait un étroit buisson d’épais poils noirs qui couvrait sa chatte.
Ma mâchoire se décrocha. Mon cœur accéléra et je sentis une pulsation dans mon cou battre la chamade.
« Tu aimes ? »
« Euh oui… incroyable Catalina. » Je crachai ces mots. Elle m’avait coupé le souffle en restant à un mètre de moi.
« Bailar conmigo ? » me dit-elle.
Je me levai du canapé, ses ressorts grincèrent. Elle me prit la main.
« J’espère que tu es content, satisfait, d’être venu me voir. »
Elle passa sa main sur érection. Ce geste m’ensorcela et j’aurais accepté de faire n’importe quoi à ce moment-là. Et elle me le demanda.
« Quítate los pantalones. Shawn, enlève ton pantalon.”
Ricardo, Mark et Ana se tournèrent vers moi. Eux, se demandaient si j’allais vraiment obéir.
Je mettais trop de temps à réagir au goût d’Ana.
« J’ai enlevé mon haut, Shawn. La culotte de Catalina est sur ta tête. Obéis. »
“Je veux tout voir : pas de pantalon, pas de sous-vêtements, pas de calzoncillos. » Un sourire coquin naissait sur ses lèvres. Elle savait qu’elle me tenait sous sa coupe.
« Allez Shawn. Montre-nous » reprit Ana.
Mark lança : « Moi je vais enlever mon pantalon pour toi Catalina. »
« Moi aussi » ajouta Ricardo, déjà en train de déboutonner sa ceinture.
« Je les ai déjà tous vus. Je veux voir du nouveau, Shawn » répondit Catalina sans jeter un coup d’œil aux deux garçons pleins de bonne volonté.
* La suite la semaine prochaine !
** Cette nouvelle érotique a été écrite en anglais par Claire Woodruff. Pour la lire en version originale, c’est par ici !