Nous avons la chance de vivre dans une époque où la santé mentale est prise au sérieux et traitée plus humainement.
Pourtant, les premiers écrits traitant de dépression remontent au 2e millénaire. A cette époque, on pensait que les personnes qui en étaient atteintes étaient possédées par des démons ou des esprits démoniaques. Le traitement ? Les gens étaient battus, physiquement empêchés et/ou affamés dans l’espoir de faire partir les démons…
Aujourd’hui, le regard sur la dépression a, fort heureusement, beaucoup changé. Il existe des médicaments adaptés, des professionnels capables d’accompagner les patients et des petites techniques ou pratiques du quotidien qui peuvent nous aider à améliorer les choses.
De nombreuses recherches ont été (et continuent d’être) menées dans le domaine de la dépression, nous avons appris à connaître les différentes façons de la traiter, ainsi que l’effet secondaire tant redouté qu’est la baisse de la libido pendant la dépression.
Plaisir sexuel et dépression
La dépression peut être si forte qu’elle peut avoir un effet important sur différentes sphères de la vie d’une personne, notamment sur sa libido. La libido peut être faible ou la satisfaction sexuelle amoindrie, ce qui finit par se traduire par un désintérêt et/ou un manque de plaisir à passer du temps dans la chambre à coucher.
La dépression en elle-même peut être tenue responsable de cela. Mais ce sont souvent ses traitements qui agissent sur la libido (certains anti-dépresseurs – très efficaces pour lutter contre la dépression mais connus pour faire chuter la libido – par exemple).
Pour autant, sachez que tout n’est pas perdu et qu’il existe des moyens pour retrouver un peu d’envie et de plaisir sexuel lorsque l’on traverse une dépression.
L’insatisfaction sexuelle pendant la dépression
Pourquoi est-ce que le sexe est tellement impacté par la dépression ? cela à à voir avec certains composés chimiques de notre cerveau : les neuro-transmetteurs.
Ces neuro-transmetteurs agissent comme des communicants entre votre corps et votre cerveau, là où naît le désir. Pour ceux qui traversent une dépression, ces composés chimiques qui jouent un rôle dans notre sexualité ne sont plus équilibrés, ce qui peut déboucher sur une baisse du désir sexuel et parfois sur des sensations de plaisir émoussées.
Souvent, les personnes qui souffrent de dépression sont bloquées dans leur souffrance. Le processus d’excitation sexuelle démarre avec l’anticipation du plaisir à venir, qui ne se met plus en place avec la dépression. C’est ce que nous explique le professeur en psychiatrie Frederick K. Goodwin.
Comment peut-on se concentrer sur le plaisir sexuel alors qu’on se sent totalement prisonnier de son état actuel ? Il est important de traiter la dépression en premier lieu et d’aborder les préoccupations sexuelles plus tard. Cela signifie consulter et travailler avec votre médecin ou votre psychiatre qui pourra vous recommander des médicaments ou des alternatives pour soulager les symptômes de la dépression.
Par alternatives, nous entendons les remèdes à base de plantes. Le millepertuis, par exemple, a été étudié comme traitement de la dépression légère à modérée. Certains patients ont constaté qu’il les aidait à surmonter leur dépression sans nuire à leur libido.
Nous vous recommandons toutefois d’en parler à votre professionnel de santé avant de prendre un quelconque médicament. La dépression est une chose sérieuse. Et le millepertuis peut être contre-indiqué chez certaines personnes (notamment celles qui reçoivent déjà un traitement médicamenteux pour d’autres pathologies).
Le problème du traitement de la dépression est qu’il n’existe pas de solution universelle. Il s’agit donc de travailler avec votre professionnel pour trouver l’approche qui vous conviendra le mieux.
Plus tard, lorsque vous aurez pris les mesures nécessaires pour traiter votre dépression, vous devrez peut-être aussi passer par un processus de « désapprentissage » de certaines choses.
Il vous faudra peut-être vous défaire de l’idée préconçue selon laquelle une dépression affecte systématiquement le fonctionnement sexuel, mais ce n’est pas le cas. Lorsque vous « déconstruisez » certaines croyances grâce à la psychothérapie, vous avez la possibilité de vous lier d’une nouvelle manière à votre partenaire. C’est pourquoi la communication, comme toujours, est essentielle (nous y reviendrons plus tard).
La dépression peut également affecter la vie sexuelle d’une personne en ne lui laissant qu’un faible niveau d’énergie, des sautes d’humeur et une baisse de l’estime de soi. En cas de baisse d’énergie et de sautes d’humeur, le sexe n’est pas exactement la première chose à laquelle on pense – que l’on traverse une dépression ou non.
Une mauvaise estime de soi peut sincèrement entraver la capacité d’une personne à avoir confiance en elle, en son pouvoir d’attraction dans la chambre à coucher.
Tous ces facteurs peuvent contribuer à une perte d’épanouissement sexuel pendant la dépression.
L’insatisfaction sexuelle consécutive à la prise de médicaments
L’efficacité des médicaments pour traiter la dépression, notamment celle des anti-dépresseurs, n’est plus à démontrer. Mais cette efficacité peut être accompagnée de son lot d’effets secondaires. De nombreux anti-dépresseurs (en particulier les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine) ont un effet sur la sexualité des patients.
Les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine augmentent le niveau de la sérotonine dans le cerveau, ce qui améliore son état. Dans le même temps, ils peuvent également empêcher la communication habituelle entre le cerveau et les organes sexuels. Par exemple, tenir une érection ou expérimenter l’orgasme pourrait être plus compliqué qu’à l’accoutumée.
Si vous êtes actuellement traité(e) avec des anti-dépresseurs et ressentez une insatisfaction sexuelle, parlez-en avec le médecin qui vous les a prescrits. Il ou elle pourra si besoin vous proposez de changer de molécules.
Il nous apparaît intéressant d’avoir en tête qu’entre 35 à 50 % des gens qui traversent une dépression majeure mais non traitée par des médicaments relatent des dysfonctionnements dans leur vie sexuelle (antérieurs à la prise d’un traitement médicamenteux).
Dans ce cas, c’est la dépression elle-même qui est responsable de ces changements.
Bonne nouvelle : l’effet des anti-dépresseurs sur la libido et la sexualité tend à diminuer avec le temps. Cela vaut le coup d’attendre un peu donc, surtout si le traitement vous apporte par ailleurs un réel mieux-être.
5 manières de retrouver un épanouissement sexuel avec votre partenaire pendant une dépression
Que vous soyez sexuellement insatisfait(e) ou que vous connaissiez une baisse de la libido en raison de votre dépression et/ou du traitement anti-dépresseur, nous avons ici dressé une liste de qui pourrait bien vous aider à retrouver un certain épanouissement sexuel.
1 . La communication
Premièrement, rappelons qu’il n’y a pas de règles, de standards sur le nombre de rapports sexuels qu’il faudrait avoir par semaine. Chacun son rythme selon ses envies. Trouvez-le sien au sein de son couple est un bon moyen de se libérer d’une forme de pression. Il est normal de connaître une baisse de libido lors d’une dépression mais il est essentiel de maintenir le dialogue à ce sujet avec votre partenaire et de lui expliquer ce que vous ressentez (ou de rester à l’écoute de votre partenaire si c’est lui/elle qui traverse un épisode dépressif).
2 . Changer de médicament
Certains anti-dépresseurs ont plus d’effets secondaires sur la libido que d’autres. De plus, chaque personne réagira différemment au traitement. Parlez-en avec votre médecin. Il ou elle pourra peut-être vous proposer un autre traitement qui limiterait votre baisse de libido.
3. Prévoir un moment pour le sexe
Si vous remarquez que vous vous sentez mieux (plus excité(e) ou moins déprimé(e)) tel ou tel jour ou à tel ou tel moment de la journée, vous pouvez essayer de planifier vos séances de sexe pendant ces périodes. Cela vous permet également de vous préparer mentalement et physiquement à ce partage d’intimité, ce qui est important.
4. Les préliminaires
On ne vous apprendra sans doute rien, les préliminaires sont un moyen idéal pour créer l’intimité avec votre partenaire, faire monter le désir en faisant affluer le sang vers les parties génitales. Massages sensuels, sexe oral, caresses, baisers, jeux sexuels… A vous de voir ce qui marche le mieux pour vous et votre partenaire.
5. La thérapie
Si vous prenez des anti-dépresseurs, c’est qu’a priori, vous consultez un ou une psychiatre. Afin de maximiser les effets de ces médicaments, il pourrait être utile de consulter un ou une psychologue ou psychothérapeute pour essayer de déterminer, non seulement ce qui a provoqué votre dépression mais également échanger sur votre insatisfaction sexuelle. Vous pourriez désapprendre certaines croyances sur le sexe.
Conclusion
La dépression est une maladie. Soyez indulgent(e) envers vous-même. En guérir est un processus qui prend du temps. Cela peut parfois être dur à imaginer mais vous ne vous sentirez pas toujours aussi mal. Il faut garder espoir. On peut guérir de la dépression.