Charlotte dénoua sa serviette dans sa salle de bains embuée. A son grand désarroi, le simple fait de frotter le tissu rêche de la serviette contre sa peau la faisait onduler.
Elle accrocha la serviette blanche sur un cintre et essuya la buée sur le miroir avec la main. En voyant son reflet dans la glace, une réflexion lancée par un ancien amant lui revint en mémoire. Elle serait superbe moulée dans un pantalon de policier en polyester. Il ne pensait pas à mal mais l’image de cette petite phrase l’avait durablement marquée.
Le lendemain, elle tendait sa carte de crédit au jeune homme de l’accueil qui en échange lui remit sa carte de membre de la salle de gym pour un an.
Des rangées de tapis s’alignaient accueillant des femmes aux petits corps musclés qui couraient en regardant la télévision. Les disques de poids se cognaient les uns aux autres pendant que des hommes travaillaient leurs corps en s’observant dans des miroirs muraux. Des baskets crissaient sur le sol lisse d’un terrain de basket d’intérieur. Un adolescent matait une jeune femme qui était à la moitié d’un mur d’escalade.
Charlotte marcha sur un tapis pendant une demi-heure mais s’ennuyait ferme.
Elle fit quelques exercices trouvés sur Internet au préalable pour travailler ses jambes et ses fessiers. Elle se sentait fatiguée et décida qu’elle en avait fait assez pour sa première séance de sport et se dirigea vers la piscine intérieure. Elle s’enfonça dans l’eau jusqu’à la taille. Elle était froide, ce qui fit ressortir ses tétons. Tout le monde devait s’en rendre compte puisque ses seins étaient un peu compressés dans son maillot. A sa grande déception, dans la piscine, il n’y avait que de vieilles personnes réalisant des mouvements d’aquagym et des mamans jouant avec leurs jeunes enfants.
Dans le vestiaire des femmes, elle repéra que la salle de gym comportait un sauna. Elle retira son maillot de bain, le rinça sous la douche rapidement et enveloppée dans une serviette de bain, elle pénétra dans la pièce faite de bois de tremble. La chaleur lui coupa la respiration pendant quelques secondes. Elle s’assit sur un banc de bois en hauteur et essaya de s’acclimater à la chaleur extrême et à la sécheresse de l’air.
Comme elle était seule, elle dénoua sa serviette, libérant ses seins lourds mais garda son entre-jambes couvert. Bientôt, elle entendit des gloussements, des chuchotements puis à nouveau des gloussements. La porte du sauna s’ouvrit et une adolescente y entra avec son petit-ami. Ils étaient en train de flirter et de se chercher l’un l’autre mais s’arrêtèrent tout net en apercevant Charlotte, seins nus.
La jeune fille était effarée :
– Oh mon Dieu, je suis vraiment désolée !
Charlotte ouvrit les yeux et constata l’embarras de la jeune fille et la sidération de son copain. Probablement déjà excité en entrant, son regard était à présent fixé sur les seins de Charlotte ; sa bouche grande ouverte se tordit en un sourire. Il en avait oublié sa jeune et mince petite-amie.
Les seins de Charlotte étaient beaucoup plus gros que ceux de la jeune fille. Bien que ces derniers soient beaucoup plus fermes. Les seins de Charlotte avaient su capter l’attention du jeune homme qui ne parvenait pas à s’en détourner.
– Je suis vraiment désolée, murmura la jeune fille, il faut que nous partions.
Elle dut traîner son petit-ami médusé hors du sauna.
Bien qu’un peu étrange, ce moment avait ravi Charlotte. Elle était contente de savoir qu’elle avait encore le pouvoir de capter et garder l’attention des hommes, quel que soit leur âge.
Charlotte fréquentait régulièrement la salle de sport. Pour s’entraîner et regarder les gens. Elle se mit au yoga et au kick boxing. Elle commençait à se sentir beaucoup mieux même s’il était probable que la police n’avait toujours pas de pantalon moulant en polyester dans lequel elle aurait pu caser ses fesses.
Un soir, elle était allongée sur un banc, prête à lever la barre de poids. Avant qu’elle puisse s’en emparer, quelqu’un lui dit :
– Vous avez besoin d’un pareur Madame ?
Elle se releva.
– Madame ?
– Bonjour, je m’appelle Brad.
Il s’agissait du jeune homme qui avait fait irruption dans le sauna avec sa petite-amie quelques semaines auparavant.
– Il ne s’agit que de 20 kg. Je pense que je peux me débrouiller toute seule. Et mon nom c’est Charlotte, pas Madame.
– Vous devriez faire quelques levers et puis ajouter un peu de poids ? lui suggéra-t-il.
Allongée sur son banc, elle souleva la barre très facilement 4 fois. Il l’arrêta avant qu’elle ne la soulève une 5e fois.
– Vous pouvez soulever plus lourd.
Elle le regarda :
– Je ne veux pas que la barre tombe et m’écrase.
– Vous pouvez faire plus que ce que vous croyez. Poussez un petit peu plus.
– La machine à pousser, la machine à pousser ?
Elle effectua une petite danse sur le banc toujours allongée sur le dos.
– Comment ? Brad semblait confus.
– Laisse tomber, une vieille chanson des années 80.
Elle savait qu’ils n’étaient clairement pas de la même époque. S’il ne savait rien de la sienne, elle en savait peut-être plus long sur sa génération qu’il ne pouvait le penser.
Il ajouta des galettes de 5 kg de chaque côté de la barre.
– C’est juste quelques kilos en plus. Pas de quoi vous effrayer.
Elle se rallongea sur le dos. Les pieds plantés sur le sol en gomme, les mains agrippées à la barre de musculation, elle leva la barre et la reposa immédiatement sur le repose-barre.
– C’est beaucoup plus lourd ! Prépare-toi à me filer un coup de main.
Elle avait reposé sa tête sur le banc et le regardait. Il était grand et plutôt très mignon vu d’en bas. De beaux cheveux bouclés, un corps jeune et musclé, des mains puissantes.
– Je vous assure sur ce coup-là, ne vous inquiétez pas. Je vous aiderai à lever la barre si vous en avez besoin. Je pense que vous pouvez le faire seule. Vous avez la force nécessaire.
Elle se replaça. Elle souleva la barre depuis le repose-barre jusqu’au-dessus de sa poitrine. Ses biceps et triceps tremblaient mais se durcirent lorsqu’elle abaissa la barre avant de la relever. Une fois, deux fois, trois fois, quatre fois, cinq fois. Ensuite, Brad dirigea la barre jusqu’au repose-barre.
– Beau travail ! J’étais sûr que vous en étiez capable.
Elle se rassit :
– C’était plus facile que ce à quoi je m’attendais.
Elle décida de prolonger le temps passé en sa compagnie. Après tout, un jeune garçon était une compagnie agréable.
– Est-ce que tu peux ajouter 2,5 kg de chaque côté s’il-te-plaît ? Je vais essayer de faire une session de 5 levers.
Brad trottina jusqu’au rack de rangement et attrapa deux petits disques. Charlotte le regardait bouger. Un jeune homme élancé aux bras et aux épaules musclées. Ses jambes semblaient fortes et il avait de belles fesses. Il allait bien avec la jeune fille avec laquelle il était venu au sauna.
Brad se plaça derrière le repose-barre et aida Charlotte à soulever la barre.
– Vous êtes prête ?
Elle baissa la barre et elle fut surprise par son poids. Elle réussit cependant à la soulever.
– Une, dit-il.
Elle l’abaissa et la souleva à nouveau.
– Deux.
– Trois.
– Quatre.
Elle serrait les dents et sentait la transpiration couler le long de son crâne. Ses muscles étaient à leur maximum. Elle souleva la barre.
– Cinq ! Bravo. Faites-en encore deux.
– Deux ?
– Allez, je suis sûr que vous pouvez le faire, l’encouragea-t-il. Expirez en remontant. Poussez !
Elle baissa la barre, la souleva, le bras droit plus haut que le gauche. Elle ne pouvait pas faire plus et la barre avait un angle étrange. Brad vint à son secours. Ce faisant, son short effleura le visage de Charlotte. Elle risqua un coup d’œil et vit que tout était bien maintenu dans un petit boxer gris. Aussi bref que fut ce moment, elle put voir qu’il était manifestement content de s’entraîner avec elle.
Avec l’aide de Brad, elle reposa la barre sur le repose-barre. Elle s’assit et s’essuya le front avec le dos de la main.
– Je savais que vous y arriveriez, lui dit-il en lui tendant une petite serviette. Vous avez drôlement progressé et vous êtes affutée au cours des derniers mois.
Sa remarque surprit Charlotte. Elle se tourna vers lui. Il l’avait donc observée.
– Ses derniers mois ?
Dans le club de gym, elle pensait être la seule à passer autant de temps à observer les autres. Mais apparemment les autres la regardaient en retour. Elle se demandait combien de personnes le faisaient.
Charlotte remercia Brad pour son aide et ses encouragements :
– J’aime bien venir ici. Ça me fait du bien.
– Tu viens souvent ? lui demanda-t-il.
Elle sourit. Comme s’il ne le savait pas déjà.
– Trois fois par semaine maximum. Les longues journées au bureau, le nettoyage de la maison, mes séries télévisées préférées, tout cela occupe la plupart des soirées.
Brad rit.
Charlotte lui demanda :
– Tu as une copine en ce moment ?
– J’avais une copine. On s’est séparés il y a un mois ou deux.
Elle lui toucha le bras, se demandant comment il allait réagir. Elle remarqua que ce contact le troublait. Il avait compris son message.
– Navrée de l’entendre. Mais il y a plein d’autres filles. Regarde autour de toi. Des jolis culs partout.
– Ici ? Je ne crois pas non. Je n’ai trouvé personne.
– Est-ce que tu venais souvent ici avec ton ex ? Pour profiter du sauna ?
Brad rougit et laisse échapper un bruit embarrassé avant de se cacher la figure dans les mains.
– Oh la la… Je savais que vous vous souveniez de cette journée. Quel embarras. Et dans toutes ses dimensions…
– Toutes ses dimensions ?
– Ne le prenez pas mal. Je ne veux pas dire que vos s…. Enfin, je veux dire que mon attitude… Je n’aurais pas dû…
– J’espère que toutes les dimensions ne t’ont pas mis mal à l’aise, lui dit Charlotte avec un sourire coquin.
– Pour être honnête, je suis gêné par mon comportement.
Il fit une pause avant de poursuivre.
– Il m’a fallu beaucoup de temps avant d’oser venir vous aborder. Je détestais l’idée que vous vous souveniez de ce moment dans le sauna.
Ses yeux regardaient à droite, à gauche, un peu partout dans la pièce mais jamais vers Charlotte.
– Ne t’inquiète pas, lui dit-elle en touchant sa main. J’ai l’habitude de recevoir ce genre de regards.
Brad restait silencieux. Il se remettait peut-être de ce qu’il venait de confesser à cette femme.
– Avant de partir, est-ce que vous n’avez pas envie de…
Il fit une pause, se passa la main dans les cheveux, regardant à nouveau ailleurs. On aurait dit un garçon timide en train d’inviter son crush de longue date. Et c’est peut-être ce qu’il était.
Elle l’encouragea d’un sourire à parler sans détour.
– Après une séance d’entraînement, le sauna est un bon moyen pour récupérer et se détendre. J’y vais justement. Si vous voulez m’accompagner ?
– Y aller avec toi ?
Elle laissa le sous-entendu flotter.
– Est-ce qu’on va au sauna hommes ou femmes ?
Il était stupéfait par son assentiment si rapide. Il n’avait sans doute pas imaginé qu’elle accepterait sa proposition. Ayant reçu son approbation, il se sentait plus sûr de lui, plus fort, plus confiant.
– Je pense que le sauna des hommes est plus enclin à accepter le sexe opposé.
Tout en s’essuyant le cou et la poitrine avec sa serviette, elle se pencha vers lui jusqu’à le toucher avec sa poitrine :
– J’aime la façon dont tu as prononcé ce mot.
– Sauna ?
– Non. La façon dont tu as dit « sexe ».
* La suite la semaine prochaine !
** Cette nouvelle a été traduite de l’anglais d’après un texte écrit par Claire Woodruff. Vous pouvez découvrir le texte en version originale ici.