Ce bar, je le connais très bien, il y a quelques années je me suis chargée de sa vente et il est maintenant entre les mains d’un couple d’amis. LE JAZZ. De son nom à la déco, ils ont su donner une âme au lieu qui avait vraiment besoin d’être dépoussiéré.
J’aime ces adresses qui ont du potentiel, mon métier d’agent immobilier en met souvent sur ma route, de l’appartement à rénover aux locaux commerciaux qui attendent une nouvelle respiration.
— Salut beauté !
— Bonsoir Samuel, ça va ?
— Oui, bien, tu arrives tard ce soir.
— Dure journée, j’avais plein de paperasse en retard. C’est vrai qu’il est déjà 21h30 ! Je voulais faire un coucou à ta chère et tendre avant de rentrer.
— Je te sers un verre quand même ? Ton cocktail habituel ?
— Oui, merci. Laurène est là ?
— Oui, elle sert un client au fond.
Je me retourne pour trouver mon amie. De dos, elle ne m’a pas encore vue et masque le client avec qui elle est visiblement en discussion.
Je commence à siroter mon verre, espérant que les tensions de la journée vont s’envoler au fur et à mesure que le niveau de ma coupe baissera…
— Bisous ma Candice, je suis contente de te voir, ça fait longtemps, me dit chaleureusement mon amie en me faisant la bise.
— Salut Laurène, oui je sais, j’ai beaucoup bossé ces derniers temps.
En discutant avec elle, je l’ai aperçu. J’ai eu envie de lui tout de suite, une véritable pulsion, une montée de désir irrépressible. Je me suis concentrée sur les nouvelles que me donnaient Laurène et Samuel, leur vie, leurs petites, sur les potins du quartier. Mais j’avais du mal à refréner mon envie de le regarder, encore et encore, de le dévorer des yeux. C’est surprenant, rarement un homme n’avait allumé cela en moi, en quelques secondes. Rarement, non, jamais !
Étais-ce lié aux dernières semaines d’abstinence que je venais de traverser comme une épreuve ? Boulot, séries, dodo et au cœur de la nuit mes doigts enfoncés loin dans mon sexe pour rester vivante.
— Il a pris quoi ? demandais-je à mon amie.
— Qui ?
— Le beau black au fond.
— Tu es bien curieuse… Secret professionnel, je ne vous dirai rien sauf si vous avez un mandat d’arrêt.
— Tu es chiante !
— Et toi, tu es quoi ?
— En manque de cul !
Elle rit et moi avec elle.
— Il a pris une pina colada, il est très sympa, il vient pour un congrès de trois jours.
Le bar diffusait l’une de mes chansons préférées, In a sentimental Mood de Duke Ellington & John Coltrane. Mon cocktail, mes amis, la fatigue et la présence de ce bel inconnu avaient définitivement chassé ma journée chargée.
Pour me rendre aux toilettes, il me fallut emprunter le salon où il était en train de consulter son portable, il n’y avait que lui dans cette partie du bar.
— Bonsoir, lui dis-je en me dirigeant vers les commodités.
Il me répondit sans un mot par un hochement de tête et un sourire. Beau sourire.
Il portait magnifiquement sa cinquantaine, il était grand, et semblait pouvoir se targuer d’une attitude décontractée en toutes circonstances, ce qui n’était malheureusement pas mon cas.
Cet homme m’intriguait, n’importe quel lourdaud aurait saisi l’opportunité d’engager la discussion et de me draguer ouvertement, sans subtilité. Il ne le fit pas.
De retour au comptoir après quelques minutes, je vis qu’il venait de régler sa consommation et partait. Je n’avais même pas eu le plaisir d’entendre le son de sa voix, regrets… Sa carrure, humm, j’aurais voulu entrer dedans, comme on se pare d’une nouvelle peau. Il quittait le bar, jean, blouson, démarche, ma rétine photographiait chaque détail de sa personne. Quant à mon envie de lui et mes pensées lubriques… j’allais devoir les enfouir.
Je suis restée encore cinq minutes, mais je n’avais plus le goût à prolonger la soirée ici sans une agréable compagnie masculine. Dans la rue, personne, seuls mes pas résonnaient dans cette partie de la vieille ville, mon esprit divaguait et échafaudait des scénarios érotiques de la nuit que j’aurais pu, voulu plus exactement, passer avec ce beau black en visite dans ma ville.
Pour rejoindre mon appartement, plusieurs traboules écourtaient le trajet. Ces passages entre les immeubles, pour passer d’une rue à l’autre, étaient de véritables institutions et certains étaient même classés monuments historiques, comme La Cour des Voraces, vers laquelle je me dirigeais.
Son monumental escalier de façade de six étages m’impressionnait toujours, même quinze années après mon arrivée. Je m’engageai dans la traboule, et ressentis une présence quelques secondes avant d’être collée contre la paroi. Le geste ne provoqua pas en moi de la peur, comme lors d’une agression, le mouvement avait été doux pour me protéger du choc qu’il aurait pu causer, je ne criai pas.
Mon sac à main tomba à mes pieds, la pression dans mon dos se fit plus grande, enveloppante. Quand il me prit les poignées pour les plaquer sur le mur au-dessus de ma tête, je sus que c’était lui. Sa couleur chocolat m’avait séduite et ses grandes mains, que j’avais scrutées à la dérobée au bar, promettaient tous les délices. Ces mêmes mains qui me tenaient, sans me contraindre, semblaient demander l’autorisation d’aller plus loin. Un soupir d’envie, entre mes lèvres impatientes, l’invita à plus d’audace. Et pour l’assurer plus encore de mon désir, aussi fort que le sien, je passai ma main droite sur la sienne et vint placer sa paume contre mon sein.
— Continue, soufflais-je.
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Article écrit par Candice
Il a été le premier à lire mes mots, ces mots étaient pour lui, je les lui offre de nouveau, et vous les propose.
Candice, elle est mon double sur les touches d’un clavier et l’écran d’un ordinateur, tellement moi et à la fois une autre, des autres… Bonne lecture !