J’ai été lassée de la mièvrerie tiède et insipide qu’on nous sert à toutes les sauces depuis le succès gênant de Fifty Shades of Grey. Pourtant, j’avais toujours autant envie d’explorer la soumission dans le rapport charnel et l’univers BDSM en général. Et c’est là que je tombe sur Nathalie. Son histoire m’a fascinée et excitée en même temps. Malgré sa timidité évidente, et la pointe de crainte que j’ai ressentie quand elle m’a raconté son récit, j’ai aussi vu son immense appétit de plaisirs. C’est son histoire que je vous raconte.
« J’habite à Paris mais j’ai fait le déplacement pour les vacances annuelles à la montagne avec mon groupe d’amis. C’est un soir d’hiver. L’ambiance est festive. Comme on aime la connaître lorsqu’on se retrouve à dîner avec ses plus vieux amis d’enfance.
La soirée chaude et conviviale dans le restaurant contraste avec la froideur de la neige qui a recouvert la montagne et ses vallées. On rit aux éclats. Les batteries de cuisine battent leur plein, et les verres sont levés au rythme des toasts qui s’enchaînent. Toutes les occasions sont bonnes pour célébrer la vie.
C’est à ce moment-là, que je l’aperçois. La classique envie de plaire quand je remarque un homme ne vient pas. Étonnamment, je me sens fragile, et quand son regard croise le mien, l’innocence me gagne. En fait, il me domine déjà.
Il se lève et se dirige vers moi avec un naturel déconcertant. Je me demande ce qu’il peut bien se dire durant tout ce temps où il m’observe. J’ai déjà envie de jouer avec lui. Et je me demande si lui aussi. Est-il comme moi, déjà en train d’imaginer nos deux corps ensemble ? Il semble que oui, il me demande mon numéro de téléphone.
Il s’appelle Cédric, est parisien lui aussi, extrêmement élégant, beau et rassurant. Je quitte mon dîner entre amis avec un sourire et l’envie pressante de le revoir. Une phase d’échange par textos s’ensuit, et je devine déjà qu’entre nous, ce sera physiquement intense. À travers ses messages, ses mots justes et un rythme d’échanges équilibré, je me sens en confiance. En le découvrant, il me met à l’aise. Je commence à deviner ce qu’il a en tête : il veut prendre les choses en main. Petit-à-petit, il m’explique SES règles du jeu. Je suis en train de me rendre compte que je ne vais pas mener la danse. Et c’est un piège délicieusement charnel et voluptueux qui est en train de se refermer sur moi. Il pose ces lettres que j’ai dans un coin de ma tête depuis trop longtemps déjà : BDSM. Elles sont là, écrites, devant mes yeux. Et elles représentent un fantasme enfoui en moi depuis toujours. Vais-je avoir le cran de me laisser envahir ?
Je mets quelques jours à me décider, ce qui ne fait qu’accroître le désir que Cédric ressent pour moi. Pour ma part, je suis trop préoccupée à gérer ma peur pour me concentrer sur ce dont j’ai envie. Mais je décide enfin de me laisser aller et l’excitation commence à m’envahir.
En quelques messages, et même s’il se montre ferme, je ressens de la tendresse. J’en suis sûre, avec lui, les choses vont être menées progressivement.
Un jour, je reçois ce message : « Serais-tu d’accord pour que je prenne les choses en main ? J’ai envie de t’initier avec passion à ce que j’aime et que tu sois ma soumise. »
Je lui demande de préciser, car je ne connais rien à cet univers. Il me répond que ça veut juste dire que c’est lui qui guidera toute notre séance. Je ne donne pas encore mon accord, mais j’accepte de dîner avec lui.
Quand il m’écrit, je ressens un goût bizarre : c’est comme s’il savait déjà que j’allais accepter. Il me domine déjà. Et ainsi durant tout le temps où j’essaie de refouler mon rôle de soumise, il gagne en assurance.
Avec l’intention résolue de tout prendre en main, il propose de venir me chercher. Du haut d’un 4×4 puissant et solide, sur ces routes de montagne que nous allons emprunter, il me rassure. Je le trouve beau, grand et élégant.
On arrive chez lui, dans un chalet immense qui surplombe la montagne. Un dîner simple mais raffiné nous attend devant le feu de cheminée qui crépite et éclaire la pièce. Je me dis que tout ce cliché ne me déplait pas. Ça fonctionne, il me charme.
On dîne tranquillement, il me raconte son enfance à Paris, ses vacances à la montagne l’hiver dans ce chalet familial, et ses voyages à travers le monde. Dans un sens, je l’admire un peu. Il me regarde longuement dans les yeux, et ça m’envoûte. Le vin commence à faire effet, et je ressens comme un flottement agréable. Il sent le bon moment et m’embrasse. On se découvre à travers des caresses.
Le désir monte et je me sens prête. Il me propose un massage que j’accepte. Je me déshabille et m’allonge sur le ventre, juste avec une culotte. Il commence à me masser. Ses gestes sont fermes et plein de douceur. Assis sur mes fesses, il se penche vers moi pour embrasser ma nuque. Il se rapproche de mon visage en mordillant le lobe de mon oreille et en profite pour m’embrasser avec passion. Il commence à toucher mes fesses. Ses doigts courent sur mes jambes. Il se remet à m’embrasser, sa langue caresse la mienne, et je ressens énormément d’excitation.
Ses doigts viennent caresser mon entrejambe, il descend pour me lécher. Je suis excitée comme rarement je l’ai été. Je me retourne, car j’ai envie de lui dire que je suis prête. Prête à me laisser guider et découvrir ses règles du jeu. Il stoppe tout et s’écarte de moi. Je le vois heureux. Il me demande de m’asseoir sur les genoux et de l’attendre.
Il revient avec une paire de menottes et j’ai un peu peur. Avec assurance, il me dit de me lever pour m’embrasser à nouveau tout en menottant mes poignets. Puis il commence son discours :
« Ce soir, tu seras ma chose. Tu devras faire tout ce que je te demande de faire. Tu devras rester silencieuse et ne rien exprimer, pas même ton plaisir. Aucun cri, aucun gémissement ne sera permis. Et à chaque fois que tu me désobéis, tu seras punie. Je vais te faire tout ce que j’ai envie de te faire, sans que tu n’y opposes de résistance. Et si je dépasse les limites, tu devras prononcer le mot Buenos Aires. Et là, tout s’arrêtera. »
J’acquiesce, silencieuse. Il prend mes mains attachées et me demande de le suivre. On arrive dans une chambre. Et torse-nu, habillé juste de son jean, il me porte pour m’allonger sur le lit. Sur le dos, il me chevauche et relève mes bras. Mes poignets sont encore attachés et, avec un foulard en soie, il attache le tout aux barreaux du lit, en veillant à laisser du lest.
Allongée sur le dos, je suis excitée comme jamais je ne l’ai été. Il s’allonge sur moi pour m’embrasser, il me mordille les lèvres, et je commence à sentir ses doigts rentrer en moi. Disciplinée, je rentre dans son jeu : je me rappelle la règle de rester silencieuse. Je ressens une frustration délicieusement douloureuse. Je ne sais pas encore que ce n’est que le début.
Il descend légèrement pour embrasser mes seins et me mordiller les tétons. Je commence à gémir, il s’arrête net pour me regarder dans les yeux et me rappeler à l’ordre : « Reste silencieuse. » Il descend de plus en plus pour finir par me lécher. Sa langue se tortille entre mon clitoris et mes lèvres, et je ne peux plus contenir mon plaisir. Je gémis discrètement, il ne s’arrête pas. Je gémis de plus en plus fort, et ses baisers entre mes jambes vont de plus en plus vite. Je décide de me lâcher un peu plus, voyant que cela ne soulève aucune réaction de sa part. Sauf peut-être celle de mettre encore plus d’enthousiasme à me donner du plaisir. Et c’est là que je pousse un cri.
Il s’arrête net, se lève du lit, va chercher un deuxième foulard et me dit : « J’avais demandé que tu restes silencieuse. Tu ne m’as pas obéi. Je vais devoir te punir. »
À nouveau, il s’allonge sur moi et me bande les yeux. Il me retourne. Je suis donc allongée sur le ventre, toujours attachée. Il me met une première fessée. C’est davantage le geste que la douleur en elle-même qui me fait frémir et m’excite. La deuxième fessée est plus soutenue, je commence à ressentir une douleur frissonnante. Mon excitation grandit au rythme des fessées qui s’enchaînent.
Je parviens à me retenir de gémir. Docile, je suis récompensée et la punition est levée.
Il me retourne sur le dos et insère ses doigts en moi, tout en m’embrassant. J’ai toujours les yeux bandés et ses baisers ont un goût que je n’avais jamais connu : je peux réellement me concentrer sur ses caresses. Sur mon sein qu’il prend dans le creux de sa main, et sur ma fesse endolorie qu’il saisit fermement. Il se lève, je suis nue et seule sur son lit. Au bord de l’explosion.
J’entends qu’il se déshabille, pour venir ensuite s’allonger sur moi. Nous avions convenu d’un rapport protégé et je sens enfin qu’il est en moi. Là, j’ai véritablement du mal à me retenir de crier de plaisir.
Je découvre un sentiment nouveau : me retenir de jouir me fait mal. Je suis au paroxysme de l’excitation, mais je ne peux l’exprimer. Jamais je n’ai autant été enveloppée de volupté. Jamais je n’ai été autant excitée.
Tout mon corps est tendu, mes bras engourdis, mes poings serrés et mes orteils crispés. Tous mes sens sont en éveil. Ses mains se lèvent de mon corps, je ne sens plus ses caresses et j’entends que les choses s’affairent au-dessus de ma tête. Il détache la paire de menottes des barreaux, et ramènent mes bras sur mon ventre. Je ne vois toujours pas ce qu’il se passe, mais je sens la paire de menottes qui lie mes poignets se déverrouiller. Enfin libérée, j’ai désormais les bras le long de mon corps.
Il écarte mes jambes, et genoux pliés, je me retrouve avec les chevilles au niveau de mes poignets. Ma main droite, celle qui est toujours ornée des menottes, se retrouve attachée à ma cheville droite. Une deuxième paire de menottes vient terminer le travail avec la partie gauche. Et je le sens à nouveau en moi. Ses va-et-vient sont de plus en plus rapprochés et je suis complètement à sa merci. Je suis en train de bouillonner de désir. Je le sens en moi, très excité lui aussi, et je me mords les lèvres pour ne laisser s’échapper aucun cri.
J’ai envie de le toucher, mais je ne peux pas. J’ai envie de l’embrasser, mais je ne peux le faire que si lui le décide. Après plusieurs minutes de supplice délicieux, il se contient et s’arrête. Il me dit que je suis une bonne soumise, et me récompense. Je ressens à nouveau toute sa tendresse. Il enlève le bandeau de mes yeux, m’embrasse et me libère également des liens qui me tiennent. Je suis exténuée. C’est comme si le niveau d’émotions atteint était trop intense pour moi, et je me sens comme vidée.
Il s’allonge près de moi, me caresse délicatement et dépose quelques baisers sur mon corps. Après quelques minutes de repos, on fait l’amour sans aucune règle. Et mon excitation atteint un niveau que je n’avais jamais connu. On vit un orgasme mutuel, simultané, très rapidement après avoir commencé. On ne ressent aucun besoin de débriefer de tout ça. Et je m’endors dans ses bras, épuisée, emplie de douceur et de tendresse. »
FIN
Nouvelle écrite par Julie Khoum
Nomade, rédactrice et apprentie journaliste, je m’intéresse à un éventail large de sujets différents, dont l’émancipation de la femme qui a toujours été important pour moi.