On imagine souvent Cunégonde et son mari Sigismond, les corps raidis par les principes austères de la surpuissante chrétienté de leur époque moyenâgeuse. Ils font l’amour sans envie, par nécessité de pondre un repreneur de l’affaire familiale, mais le plaisir n’est pas là et c’est seulement par le jappement sinistre de Sigismond que Cunégonde apprend que la corvée est enfin terminée…
Et bien sachez que cette image tragique que vous avez de la sexualité du moyen-âge n’est pas tellement loin de la vérité ! Du moins dans la théorie… Car comme nous l’apprend l’ouvrage passionnant de Jacques Rossiaud « Sexualités au Moyen-Âge », il y a les interdits et la réalité du lit ! Pour mieux comprendre la luxure à l’époque de Jeanne d’Arc, voici 10 anecdotes coïtales et médiévales.
1) La sodomie comme contraceptif
Au moyen-âge, aller chercher les plaisirs par derrière, c’est le summum de l’horreur et du pêché. Proscrite à tous (et particulièrement aux homosexuels), la sodomie est à peine tolérée chez les couples mariés. Et pourtant, à une époque où on ne maitrise pas encore très bien la contraception, la sodomie est un moyen efficace d’éviter une grossesse non désirée. On pense qu’elle fut notamment pratiquée avec les domestiques lorsque les maitres voulaient s’assurer que nul rejeton ne viendrait témoigner de leur passage.
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2) Une sexualité virile
La femme était au service érotique de son mari qui n’hésitait pas à pratiquer une sexualité relativement violente sur son épouse. La femme n’était pas censée être entreprenante et devait suivre le rythme donné par le chef de famille. L’écart d’âge entre les mariés devait certainement participer à cet état de chose. Jacques Rossiaud précise qu’à Florence au XVème siècle, la différence d’âge entre époux était en moyenne de 15 ans ! Monsieur avait ainsi une ascendance naturelle sur madame.
3) Les prostituées formatrices
Au XVème siècle, les prostituées étaient assez bien acceptées et faisaient office de prof de sexe aux jeunes hommes qui n’allaient pas tarder à se marier. Ils s’assuraient ainsi un futur érotique meilleur car mieux préparé aux subtilités de la chair. Cette leçon était d’autant plus commode qu’on pensait à l’époque que le sexe avec une prostituée ne pouvait entraîner de grossesse !
4) L’homosexualité italienne
Grands haïsseurs de la sodomie, les habitants du moyen-âge n’étaient pas tendres avec les homosexuels ! Les clercs préféraient envoyer les jeunes hommes voir des prostituées que de risquer qu’ils s’amusent entre eux… Au XIVeme siècle, l’Italie a l’horrible réputation d’être le pays des homosexuels ! Bernardin de Sienne déclare ainsi que l’Italie est « Mère de sodomie ». Une situation risquée puisque les nations à tendance homosexuelle finissent par connaître les foudres divines sous la forme de quelques catastrophes…
5) La masturbation est proscrite pour les hommes
La masturbation masculine est considérée comme un péché relativement mineur, surtout si le coupable est un adolescent. On s’en méfie malgré tout car elle peut rendre idiot ou n’être que les prémices d’une vie de débauche bien plus grave ! Sans compter qu’on craint qu’un homme amoureux des vices solitaires délaissent les femmes et l’avenir de l’humanité par la même occasion ! Sa semence est sacrée…
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6) Mais tolérée pour les femmes
On est plus tolérant avec la masturbation féminine. Albert Legrand (philosophe et ecclésiastique du XIIIème siècle) encourage même la pratique de l’onanisme chez les jeunes filles non encore mariée. En se caressant, elles contrôlent leurs ardeurs et deviennent ainsi plus chastes. Par ailleurs, il reste des témoignages attestant que certaines femmes taillaient leurs propres sex-toys adaptés à leur goût ! En revanche, interdiction absolue de se masturber avec l’aide d’un animal en posant de la nourriture sur son sexe pour que la bête s’en régale !
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7) Les bonnes mœurs perturbées par la mort
À une époque où on obligeait à la monogamie, seule vertu possible, la mort embarrassait les religieux. Un couple durait en moyenne 16 ans chez les nobles et 12 ans au sein du peuple avant que l’un des deux époux ne meurent… Ainsi, hommes et femmes pouvaient facilement se marier quatre ou cinq fois au cours d’une vie et connaître ainsi autant de partenaires ! Une monogamie toute relative, donc.
8) Un clergé pas si chaste
Au moyen âge, la grande majorité des ecclésiastiques avaient une sexualité bien établie, ce qui était un sujet de moquerie régulier. Jacques Rossiaud livre ainsi une anecdote à ce propos : une femme s’était plainte à un évêque que son mari ne la touchait pas. L’ecclésiastique lui avait alors répondu : « Tu veux que ton mari retrouve ses ardeurs ? Je vais en faire un prêtre. »
9) Toute position n’est pas bonne à prendre
Même au sein du lit conjugal, seul lieu où le sexe est toléré par l’Eglise, on ne peut pas faire n’importe quoi. Nous l’avons dit plus haut, on n’est pas grand fan de la sodomie, mais même du côté de la pénétration vaginale, il y a des règles à suivre. Le missionnaire est la seule position valable et certaines sont particulièrement proscrites. Parmi celles-là, on trouve la levrette, car elle est la façon de copuler des animaux !
10) Les canons de beauté
On le sait, les critères esthétiques évoluent à chaque époque et le moyen-âge avait ses propres canons de beauté féminins : des petits seins bien fermes, signe qu’aucune grossesse n’a encore eu lieu, et une peau blanche comme la neige qui prouve que l’on n’est pas une travailleuse des champs, summum du mauvais goût !
On avance et on recule
On imagine la tête des gardiens de la morale moyenâgeuse parcourant « 50 Nuances de Grey » ou découvrant le masseur vaginal à plusieurs modes de vibration… Ils succomberaient probablement d’une crise d’apoplexie, mais les années ne garantissent pas pour autant plus de largeur d’esprit. Le XIXème siècle a été marqué par un retour en force de l’austérité sexuelle, particulièrement chez nos voisins britanniques où l’on a publié des manuels pour couple assez saisissants. Toutes les libertés, y compris sexuelles, sont fragiles et il faut rester vigilant pour ne pas les voir régresser… En sexualité, reculer doit toujours être pour mieux sauter !