La sexualité a vécu l’enfer du tabou durant de longs siècles et n’a pas terminé de souffrir de l’obscurantisme dans laquelle on la plonge encore parfois. Et il n’y a rien de tel que l’art pour constater le niveau de pruderie dans lequel une époque et une société sont plongées.
Sculptures, peintures, photographies… Si les œuvres d’art les plus célèbres sont souvent celles qui ont divisé en leur temps, certaines d’entre elles ont particulièrement bien rempli leur rôle de remueuse des foules en allant montrer leur caractère érotique à tous les passants… Voici 8 œuvres d’art qui ont défrayé la chronique pour raison licencieuse !
1) L’origine du monde
Voilà sans doute la peinture la plus célèbre dans le genre de l’entrejambe qui choque. En 1866, date à laquelle Gustave Courbet peint ce sexe féminin ultra réaliste et en plan serré, pareille représentation était considérée comme de la pornographie et aucunement comme de l’art.
Mais il ne faut pas croire que les avis aient complètement changé : en 1994, ce tableau servit de couverture à un roman et la police obligea plusieurs librairies à retirer le livre de leur vitrine. Et en 2011, un professeur s’est vu supprimer son compte facebook pour avoir publié une reproduction de ce tableau sur son mur.
2) Le jugement dernier
Cette fresque de Michel-Ange ne se trouve pas n’importe où : elle est sur le mur de l’autel de la Chapelle Sixtine à Rome ! Et pourtant, malgré cette situation privilégiée au cœur même des détenteurs du pouvoir de la religion catholique, souvent à l’origine des contrôles et interdictions d’œuvres d’art pour raison érotique, ce « Jugement Dernier » a choqué ceux-là même qui en avaient fait la commande.
Lorsque la fresque fut achevée, le Pape de l’époque, Paul IV, hésita dans un premier temps à détruire l’œuvre… La raison ? La totalité des 400 personnages représentés sont entièrement nus ! Finalement, Paul IV se contenta de faire rajouter quelques habits à certains de ces personnages. Une entreprise qui sera poursuivie sous différents Papes, et jusqu’au XXème siècle sous Pie XI !
3) Olympia
Ce tableau de Manet qui se trouve au Musée d’Orsay à Paris, tout comme « l’Origine du Monde » de Courbet, a été peint en 1863, soit cinq années à peine avant celui de Courbet. La représentation d’une femme nue à l’époque n’était tolérée que dans des sujets mythologiques ou historiques. Dans le cas présent, il s’agit sans équivoque d’une prostituée, ce qui n’est pas du goût de la bourgeoisie de l’époque. La critique et le public s’acharnent avec sévérité contre cette œuvre.
Même après la mort de Manet, lorsque Monet propose d’acheter l’œuvre et de l’offrir au Musée du Louvre, le grand musée parisien n’en veut pas ! Il atterrira finalement au Musée du Luxembourg avant de passer par le Louvre près de vingt ans plus tard.
4) La danse
Jean-Baptiste Carpeaux a créé cette sculpture sur commande au moment de la construction de l’Opéra Garnier à Paris. Il s’agit d’une des quatre sculptures qui ornent les murs extérieurs de l’Opéra. Elle fut installée en 1869 et créa aussitôt un scandale… La raison étant que les quatre femmes sont entièrement nues !
Après qu’elle ait reçu jets d’encres et insultes diverses, certains demandent que l’œuvre soit retirée pour ne point choquer le badaud qui passe par là… Monsieur Garnier propose de mettre la sculpture à l’intérieur de l’Opéra, dans le foyer de la danse, mais les danseuses signent une pétition pour s’y opposer… Finalement, au moment où Napoléon III s’apprête à accepter de supprimer « La danse », la guerre de 1870 éclate et la population se retrouve confrontée à des problèmes plus graves… La sculpture doit son salut à la guerre !
5) Rolla
C’est sans aucun doute le tableau le plus célèbre du peintre Henry Gervex. Il a été inspiré par un poème d’Alfred de Musset, « Rolla », un jeune homme qui se perd dans la débauche et finit par se suicider. Il est ici présent au fond du tableau, la demoiselle nue représentant Marie, une prostituée.
Si le tableau a choqué à l’époque, c’est pour sa résonnance érotique et immorale : le consentement de la femme est soulignée par les habits éparpillés, sa position et par la canne que l’on voit dépasser des sous-vêtements et qui apparaît comme une métaphore phallique.
6) Man in a polyester suit
L’œuvre photographique de Robert Mapplethorpe, né en 1946 et mort du SIDA en 1989, a choqué aux États-Unis d’abord d’où il est originaire, mais aussi à Paris en 1978 lorsqu’il y est exposé. Ce qui gêne particulièrement à l’époque, ce sont ses photos à caractère clairement homosexuel d’hommes nus exhibant parfois leur sexe, comme dans le cas de cette photo de 1981, « Man in a polyester suit », sur laquelle apparait Milton Moore, son amant.
Une poignée de conservateurs du congrès américains alors en lutte contre le financement public des œuvres d’art considérées comme « sales », voit en cette photo l’exemple type de cet art dégénéré soutenu par les finances de l’État. Une opinion qui n’est visiblement pas partagée par tous puisque l’œuvre a été vendue aux enchères en octobre 2015 pour près de 500 000 dollars.
7) Tree
On connaît cette œuvre gonflable plutôt sous le surnom qu’on lui donna durant ses 24 heures d’existence : le Plug anal de la Place Vendôme. Cet arbre vert est une commande de la Mairie de Paris à Paul McCarthy à l’occasion de l’ouverture de la FIAC (Foire Internationale d’Art Contemporain).
L’érection en plein Paris d’une œuvre représentant un Plug géant n’a pas fait l’unanimité et l’artiste est même frappé au visage lors de son installation. L’œuvre est ensuite littéralement crevée (puisque la sculpture était gonflable) la nuit, après une très brève existence. McCarthy renoncera à la regonfler.
8) Dirty Corner
Difficile d’avoir raté cette polémique retentissante si vous n’avez pas passé l’année 2015 dans une grotte. Avant de devenir le sordide support à des inscriptions racistes, cette œuvre d’Anish Kapoor exposée dans les jardins du château de Versailles avaient déjà commencé à faire parler d’elle de par son surnom de « vagin de la Reine ».
Du fait du lieu d’exposition et de sa forme évocatrice, on accusa en effet l’artiste de manquer de respect au Château de Versailles et à l’histoire de France… Un vagin géant dans le joli parc du château était une faute de goût intolérable pour certains.
Art et sexe
Le cinéma connaît également son lot de films qui ont choqué le public pudibond, et même la littérature dépourvue d’image a su agresser certains imaginaires de par son excès d’érotisme dérangeant. L’art et le sexe font bon ménage et leur alliance a permis quelques chefs-d’œuvre. Et dès lors que ces œuvres choquent, qu’elles touchent violemment leurs détracteurs, elles ont au moins gagné d’avoir enflammé les foules.
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