« 50 Nuances de Grey » a beau avoir apporté un peu d’exploration érotique au sein des couples du monde entier, le livre et son film n’ont pas réussi pour autant à modifier les stéréotypes et les mythes autour du BDSM (bondage, discipline, domination, soumission, sadisme et masochisme) qui sont solidement ancrés dans les consciences occidentales.
Jusqu’à une époque récente, il était difficile de s’insurger contre les idées reçues à l’encontre du BDSM sans donner d’exemples personnels un peu gênants. Heureusement, le phénomène « 50 Nuances » a permis un regain d’intérêt pour le genre, y compris dans les milieux scientifiques, nous offrant ainsi un grand nombre d’études sur le sujet. Celles-ci ont permis de déboulonner certains mythes furieusement installés autour de la pratique du BDSM et ses adeptes : voici 6 de ces mythes mis KO par la science !
1) Seule une petite partie de la population est adepte du BDSM
Il est vrai qu’en 2001, une étude menée en Australie avait révélé que seulement 2% de la population sexuellement active déclarait avoir pratiqué le BDSM au cours des dernières années. Cela dit, certaines pratiques érotiques appartiennent au monde du BDSM sans que les personnes qui s’y adonnent parfois n’en aient conscience. Répondants d’un sondage inclus.
Il faut ajouter à cela que bon nombre de personnes n’ont jamais osé aborder les plaisirs du BDSM ou n’en ont pas eu l’occasion alors qu’ils ne seraient pas contre. Une étude québécoise de 2014 portant sur 1000 participants avaient ainsi démontré que la moitié des interrogés exprimaient de l’intérêt pour au moins un fantasme appartenant à l’univers du BDSM comme le voyeurisme, l’exhibitionnisme, le fétichisme, le masochisme, le sadisme, le travestissement, le frotteurisme… Entre 5% et 50% des hommes et entre 3% et 21% des femmes ont déclaré avoir passé à l’action en ce qui concerne l’un de ces exemples au moins une fois dans leur vie.
En d’autres termes, les désirs et comportements BDSM ne sont peut-être pas la norme, mais ils sont loin d’être étrangers à la masse !
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2) On est soit sexe classique ou « vanille » soit BDSM
Il y a souvent la croyance que les personnes adeptes du BDSM ne pratiquent jamais une sexualité « classique » ou « vanille », qu’ils ont besoin impérativement d’une ambiance cuir pour sentir l’excitation monter et être satisfaits sexuellement. Cela peut être vrai pour certains fans incontestés du genre, mais une étude canadienne de 2014 suggère qu’ils ne sont qu’une petite minorité.
En faisant écouter aux participants de l’étude des lectures de textes érotiques, les chercheurs ont mesuré les taux d’excitation (érection pour les hommes, pression sanguine dans le vagin pour les femmes). Ceux qui se déclaraient adeptes du BDSM étaient tout autant excités par les histoires de sexe « classique » que ceux qui ne l’étaient pas. Evidemment, les non adeptes des plaisirs BDSM étaient de leur côté bien plus excités par les histoires classiques que par celles autour du l’univers du BDSM.
3) Les adeptes du BDSM sont des personnes qui ont été abusées sexuellement
Voilà un préjugé véhiculé par certains pour trouver une raison à un intérêt érotique qu’ils ne comprennent pas. Mais encore une fois, la science prouve que c’est faux ! Grâce à deux études, les mêmes que mentionnées plus haut, l’une australienne et l’autre québécoise.
Elles ont toutes deux mis en lumière le fait que les personnes adeptes du BDSM n’avaient pas subi plus de violences sexuelles que la moyenne et donc pas plus que les amoureux du sexe classique. Ni en étant en enfant, ni à l’âge adulte. La seule « déviance » sexuelle effectivement associée à l’attouchement pendant l’enfance s’est révélée être le frotteurisme, cette pratique qui consiste à frotter son sexe contre une autre personne, dans les transports en commun le plus souvent et donc contre le gré de la victime…
4) Les adeptes du BDSM sont plus sujets à des maladies mentales
Encore un mythe que l’on peut briser sans difficulté, d’autant qu’il semblerait que pour les adeptes de certaines pratiques, ils sont au contraire moins sujets aux troubles mentaux et plus équilibrés que les personnes pratiquant le sexe sage.
Notre étude australienne a noté moins de problèmes psychologiques (dépression et angoisse) chez les hommes pratiquant le BDSM comparés à ceux qui se contentent du sexe classique, et aucune différence chez les femmes. L’étude québécoise quant à elle a révélé que les supporters du fétichisme, du masochisme et de l’exhibitionnisme étaient persuadés que leur vie sexuelle était bien plus épanouissante que la moyenne…
Une troisième étude, hollandaise cette fois, s’est penchée sur 1000 pratiquants du BDSM et a pu ainsi affirmer qu’ils étaient moins névrosés, qu’ils avaient moins peur d’être rejetés, qu’ils se sentaient plus connectés à leur partenaire et qu’ils étaient mieux dans leur peau que la moyenne de la population.
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5) Les hommes sont les dominants et les femmes les soumises
Même s’il est vrai que dans la majorité des cas, les hommes et les femmes endossent effectivement ces rôles, il y a un pourcentage important d’hommes soumis / masochistes et de femmes dans la domination / sadisme.
Un sondage réalisé au Québec en 2011 sur 1500 personnes a permis de constater que dominer quelqu’un était un fantasme pour 60% des hommes et 47¨% des femmes alors que 65% des femmes et 53% des hommes fantasmaient à l’idée d’être dominés.
D’autres fantasmes tels qu’être attaché, fessé ou fouetté et être forcé à faire l’amour étaient partagés par 30% à 50% des hommes comme des femmes. Plus intéressant encore, les fantasmes de soumission / masochisme et domination / sadisme étaient complètement liés. Ceux qui salivent à l’idée d’être attachés ou fessés sont émoustillés également en imaginant être l’attacheur ou le fesseur.
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6) Les adeptes du BDSM (surtout les hommes) sont des gens violents, sexistes et agressifs
En fait, il semblerait que ce soit tout l’inverse. Une étude publiée en 2016 et menée par l’Université de l’Illinois auprès de personnes recrutées au sein de la communauté BDSM, a permis de démontrer que les hommes en question faisaient moins preuve de sexisme bienveillant (la croyance que les femmes sont des petits êtres fragiles qu’il faut protéger) et croyaient moins au mythe du viol consenti.
Une autre étude datant de 2014 démontrait déjà que les adeptes du BDSM ne présentaient pas d’intention ou de passifs liés à de la sexualité forcée. Ni plus ni moins que chez les amateurs de sexe classiques. A l’inverse, les personnes ayant déjà forcé sexuellement quelqu’un ou ayant l’intention de le faire avaient moins de tentations BDSM.
Orgueil et préjugés
Il est donc important de se défaire une fois pour toutes de ces croyances sur la folie malsaine supposée des adeptes du BDSM. Cette pratique très codifiée demande au contraire beaucoup de contrôle de soi et de connaissance de son corps. Mais c’est le problème des minorités incomprises : elles sont souvent sujettes au dénigrement des ignorants. Pour nous aider à lutter contre cette tendance négative, la meilleure solution est encore de transformer cette minorité en une majorité en vous laissant tenter par les plaisirs du BDSM soft à votre tour !
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