C’est la Journée de la Bisexualité : 10 Mythes à Éradiquer Plutôt Deux Fois Qu’une

Septembre est traditionnellement le mois où les bisexuel.le.s s’expriment plus qu’à l’ordinaire avec un point d’orgue la journée du 23 où ils font entendre leur voix dans tout un tas d’endroits du monde. Une visibilité aussi soudaine qu’éphémère dont le but est d’amener un peu plus de lumière sur leur situation. L’ombre planant autour des bisexuel.le.s allant de paire avec tout un tas de préjugés, comme c’est souvent le cas dès lors qu’on ne connaît pas bien son sujet (surtout quand il y a « sexuel » dedans).

 

S’identifiants ni à la communauté LGBTQ ni à celle des hétérosexuels, ils revendiquent plus de visibilités et cherchent à mettre fin à la « biphobie » dont ils sont victimes. Afin de montrer notre soutien à cette catégorie sexuelle qui a la chance de pouvoir aimer tout le monde sans distinction de sexe, voici 10 mythes sur les bisexuels qui ne leur font pas du bien et que nous vous invitons à piétiner à nos côtés.

1) Les bisexuels cherchent juste à se faire remarquer

C’est l’un des mythes les plus répandus : se revendiquer bisexuel, c’est faire son intéressant. Un préjugé encore plus fort à l’égard des femmes et qui conforte une certaine vision de la sexualité féminine au service des hommes. On a tendance à oublier l’échelle de Kinsey qui démontrait déjà en 1948 que l’hétérosexualité stricte n’est qu’une possibilité d’un spectre plus grand.

2) Ce sont des gays qui n’ont pas osé sortir complètement du placard

Il y a une citation tirée d’un épisode de Sex and the City et qui résume parfaitement la pensée générale. En français on pourrait la traduire ainsi : « La bisexualité n’existe pas, c’est juste une escale avant d’arriver à Homosexualité-ville ». C’est toujours cette idée qu’on ne peut pas vraiment s’intéresser à plusieurs genres à la fois. C’est une croyance particulièrement ancrée pour les hommes. Une fois qu’un mâle a goûté à un autre mâle, il est homosexuel, un point c’est tout ! Eh bien non.

3) Ils n’arrivent pas à choisir

Quand on parle d’homosexualité ou d’hétérosexualité, beaucoup de gens reconnaissent qu’il ne s’agit pas d’un choix. Alors pourquoi ce ne serait pas la même chose pour les bisexuels ? Aimer à la fois les hommes et les femmes est tout aussi inné que jeter son dévolu sur un seul des deux sexes.

4) Ils sont autant attirés par les hommes que par les femmes

En fait, c’est un petit peu plus complexe. Le terme de « bi » ne veut pas dire qu’on divise les choses en deux parts égales, une semaine avec des filles et l’autre avec des garçons… Certain.e.s bisexuel.le.s ne sortent qu’avec des femmes, d’autres qu’avec des hommes : ils/elles se savent bisexuel.le.s sans pour autant avoir d’aventures sexuelles multiples. Mais alors comment ils/elle savent ? De la même façon qu’avant de perdre votre virginité vous saviez avec qui vous vouliez le faire !

5) Les bisexuels sont juste des gens qui veulent tout avoir

Si l’unique raison pour laquelle vous ne vous considérez pas comme bisexuel.le, c’est que vous estimez être quelqu’un de modéré, sachez que vous pouvez goûter à toutes les choses avec parcimonie. Certaines personnes pensent en effet que les bisexuel.le.s sont des gens qui veulent tout et tout le monde dans leur lit pour satisfaire un insatiable besoin de posséder. Mais même en ne s’intéressant qu’à 50 % des sexes de la planète, il y a de quoi faire !

6) Les bisexuels ont des mœurs légères et/ou ne peuvent pas être monogames

Il y a des bisexuels qui ne sont pas monogames, c’est vrai, mais il y a des homosexuels et des hétérosexuels qui ne le sont pas non plus. La monogamie et la fidélité n’ont rien à voir avec l’orientation sexuelle. L’association bisexualité et mœurs légères est le préjugé le plus véhiculé par les médias, le cinéma, la littérature… (Sharon Stone dans Basic Instinct !) Encore une fois, il n’y a non seulement aucun mal à avoir des mœurs légères (ce qui est déjà une notion étrange en soi), mais de toutes les façons, ce n’est pas lié à l’orientation sexuelle.

7) Les bisexuels sont des fans de plans à trois

Si vous recherchez une femme ou un homme pour se joindre à votre couple pour un plan à trois de compétition, il y a effectivement plus de chances qu’un(e) bisexuel(le) réponde favorablement à votre demande. Mais cela ne veut absolument pas dire que tous les bisexuel.le.s adorent prendre du bon temps au lit à plusieurs ou qu’ils/elles répondront tous favorablement à votre requête.

8) Ils deviennent hétéro quand ils sont en couple avec une personne du sexe opposé

Il n’existe aucun formule magique qui rende un homme ou une femme hétéro sitôt qu’il ou elle se met en couple avec le sexe opposé. De même, aucune chance de devenir homo pour toujours en cas d’installation durable avec une personne du même sexe. L’attirance pour les deux sexes ne disparaît pas dès qu’on se met en couple !

9) Tout le monde est un peu bisexuel

Voilà une phrase qui semble apparemment idéale en présence d’une personne qui se revendique bi. Mais en fait, cela sonne terriblement « biphobe »… Une étude récente a révélé que 29 % des Américains entre 18 et 29 ans se considèrent comme bisexuels. C’est beaucoup, mais ce n’est pas tout le monde. En disant que tout le monde est un peu bi, on efface l’identité bisexuelle que l’on relègue au second plan derrière les homos et les hétéros, seules vraies catégories…

10) Les bisexuels ne sont pas discriminés

L’une des raisons pour lesquelles il existe une journée consacrée à la bisexualité est justement que les bisexuels ont leur lot de problèmes et de discriminations et qu’ils ont besoin de faire entendre leur voix. Voici quelques statistiques pour illustrer ces discriminations, des chiffres qui nous viennent de la Rainbow Health Ontario, une association LGBTQ.

  • La part de femmes souffrant du syndrome de stress post-traumatique est de 26 % chez les femmes bisexuelles contre 6,6 % chez les femmes hétéro.
  • Les hommes bisexuels ont 6,3 fois plus de chances de se suicider que les hétéros, et les homosexuels 4,1 fois plus de chances.
  • Les bisexuels consomment plus de drogues que les gays et lesbiennes.
  • Les bisexuels sont plus touchés par l’anxiété, la dépression et les maladies mentales que les gays et lesbiennes.
  • Les programmes créés pour aider les bisexuels ne perçoivent que 0,3 % des fonds consacrés aux gays et lesbiennes (Canada).

La vie des autres

Alors la prochaine fois que vous êtes tenté d’émettre quelques réserves en public quant à l’annonce de telle célébrité se revendiquant bisexuelle, tournez plus de deux fois votre langue dans votre bouche : statistiquement, votre interlocuteur/trice a une chance sur trois d’être lui/elle-même bisexuel.le !